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ANALYSE

Tchad : la lutte contre les inégalités de genre commence à la naissance


Alwihda Info | Par Barra Lutter King - 17 Juillet 2024



Illustration. © Unicef Tchad
Illustration. © Unicef Tchad
Beaucoup de parents manifestent une joie particulière à la naissance d'un garçon, souvent considéré comme l'héritier et garant de la sécurité, de la protection, et de la perpétuité de la famille.

Cette préférence, profondément enracinée dans certaines cultures, crée une inégalité de genre dès la naissance.

Toutefois, cette perception n'est pas unanime et mérite une exploration plus approfondie au sein des ménages. Dans certaines familles, les parents ne partagent pas le même engouement pour la naissance d'un garçon.

Fatimé Harire, vendeuse de beignets au quartier Gassi dans le 7ème arrondissement, et mère de trois filles et un garçon, témoigne : « Il est vrai que dans notre culture, les filles sont moins privilégiées. Mon mari a compris plus tard que le sexe de l'enfant ne dépend pas de nous, mais leur éducation oui. Sur les trois filles, deux sont des fonctionnaires, tandis que le garçon n'a pas un bon parcours scolaire », explique-t-elle.

En revanche, Moussa Haroun, un autre parent, exprime une opinion différente : « Investir sur une fille est une peine perdue. Chez nous, l'héritage appartient à un garçon », affirme-t-il. Cette préférence pour les garçons a des conséquences sur les filles, qui souffrent souvent en silence.

Dans certaines familles à N'Djamena, les filles vivent discrètement à l'intérieur de la cour, comme le raconte Zeneba Abdoulaye, née dans une famille polygame et conservatrice : « Dans notre concession, nous habitions dans une pièce au fond, avec une seule porte souvent fermée dont la sortie était contrôlée. Mes frères, eux, étaient libres de tout mouvement », décrit-elle.

Un tel environnement n'est pas propice à une bonne éducation. Heureusement, cette tendance commence à être remise en question dans des ménages plus modernes.

Mathurin, père de deux garçons et trois filles, partage son point de vue : « C'est une question d'éducation. Mes filles ont un bon niveau d'études, et je crois qu'elles réussiront et fonderont un bon foyer. Il faut changer cette mentalité », lance-t-il.

Malgré ces évolutions, l'inégalité de genre dès la naissance demeure une réalité triste, où les filles sont souvent marginalisées, notamment en matière de partage d'héritage. Souvent, lors de la vente de la concession familiale, les filles ne reçoivent que la moitié.

Cette inégalité pèse lourdement sur le code de la famille, et entrave la lutte contre les inégalités de genre. Pour que ce combat porte ses fruits, il est essentiel de traiter tous les enfants avec une stricte égalité dès leur naissance. Sans cela, toute lutte contre les inégalités de genre reste superficielle.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)