Respecter sa place dans une cérémonie, sinon...
Ne pas s'asseoir à une place réservée/attitrée lors d'une cérémonie officielle. Anecdote : le refus d'un secrétaire d'État de changer de place lors d'une cérémonie a conduit à son éviction deux semaines après l'incident, après que le Protocole s'en est plaint. "Ce n'est pas le Protocole d'État qu'il n'a pas respecté, nous ne sommes rien. C'est le président de la République qui a signé l'ordre de préséance", indique Allah-Maye Halina.
Selon lui, "à une cérémonie, la gestion de préséance est un domaine dans lequel le Protocole peut être impitoyable. Si vous n'avez pas respecté le fauteuil ou le siège que le Protocole vous a réservé, le Protocole peut être impitoyable. Pourquoi ? Parce que la personne qui a été désignée pour occuper cette place va se tenir debout et c'est là où un incident peut arriver. À cet égard, le Protocole ne fait pas de cadeaux. C'est pourquoi on considère quelques fois que les protocoles sont arrogeants vis-à-vis des responsables."
Une autre anecdote : lors d'une cérémonie, une membre du gouvernement s'est assise à une place qui n'est pas la sienne mais réservée à l'un de ses collègues. Sollicitée gentillement par le Protocole, elle a répondu d'un ton sec : "On est tous nommés par le même décret."
Mauvaise utilisation des titres ou mots
Certains titres sont "très mal utilisés". Des usages et des mots sont essentiels à connaitre pour adresser une correspondance. Par exemple, "on ne dit pas Monsieur le Pape" mais plutôt "Souverain pontife". De même, les formules de fin de correspondance doivent être respectées.
Usage excessif du mot Excellence
Le mot "Excellence" est utilisé à tort et à travers au Tchad. Selon l'ambassadeur Allah-Maye Halina, "ce terme est employé de nos jours par tout le monde. Et il est dans toutes les sauces". Il n'est pas attribué à tout le monde. (...) Chaque mot approprié pour les dignitaires qui y ont droit."
"Au cours des deux dernières années, le mot Excellence a connu une inflation fâcheuse. On l'emploi de manière inappropriée à tous les niveaux de personnalités et dignitaires. La tendance est si prononcée que les chefs de village, on les appelle Excellence, les sous-préfets, les préfets, les gouverneurs, les ministres. Tout le monde est devenu Excellence. Même moi on m'appelle Excellence. Non", explique-t-il.
"Si vous êtes ministres, soyez heureux qu'on vous appelle Monsieur le ministre au lieu de Son Excellence Monsieur le ministre (...) Vous êtes Mesdames et messieurs les ministres, vous n'êtes pas des Excellences (...) N'abusons pas des termes. C'est bien qu'on vous fasse grandir mais attendez le jour où vous allez devenir grand pour prendre ce titre", indique l'ambassadeur Allah-Maye Halina.
Exemple : dans le gouvernement, on ne dit Excellence qu'au ministre des Affaires étrangères car il est un plénipotentiaire et a reçu du Président de la République -chef de la diplomatie au sommet- le pouvoir de signer les accords, traités et autres sur le plan international. En dehors de lui, le Président de la République est appelé Excellence.
En dehors du président de la République et du ministre des Affaires étrangères qui peuvent avoir le titre d'Excellence, il y a les ambassadeurs accrédités qui sont les représentants de leur pays à l’étranger. Ils sont des plénipotentiaires. Ils représentent leur État. Toutefois, lorsqu'un ambassadeur rentre au Tchad, il ne s'appelle plus Excellence. L'appellation est liée à la fonction et non à la personne.
Maréchal ou Excellence ?
Au Tchad, cette appellation d'Excellence disparait avec le titre de Maréchal. "Nous avons un président qui est un Maréchal. On l'appelle Maréchal du Tchad. On ne dit pas Son Excellence le Maréchal du Tchad."
Quelle formule pour écrire une correspondance au chef de l'État ?
Pour un ministre : "au Maréchal du Tchad, président de la République, chef de l'État". Ils n'ont pas besoin de le nommer par son nom car ils sont dans son gouvernement.
Pour une correspondance qui vient de l'extérieur, un chef d'État, un homologue : "au Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, président de la République, chef de l'État".
Pour un militaire qui s'adresse au chef de l'État : "au Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, président de la République, chef de l'État, chef suprême des armées".
"Honorable", "ils ont trouvé ça où ?"
Dans le protocole du Tchad, le terme Honorable n'existe pas. Le terme "Honorable" ou "Très honorable" est un abus de langage, selon le Protocole d'État. N'en déplaise aux élus du peuple.
"Le président de l'Assemblée nationale arrive à la Présidence, on lui dit Très Honorable. Malgré les observations que nous faisons, cela persiste", précise Allah-Maye Halina.
"Très honorable ? Est-il le sommet ? À ce que je sache, il n'y a qu'un seul sommet", rappelle-t-il.
Doit-on dire Sa Majesté à un chef de canton ?
Non. Il s'agit aussi d'un abus de titre. « Le chef de canton s'appelle aujourd'hui Majesté. Le décret dit clairement chef de canton", précise Allah-Maye Halina qui reconnaît que le Protocole est parfois lui-même fautif pour certaines appellations, à cause de la persistance de certains agents.
Habillement, "dress code"*
Il ne faut pas mélanger les couleurs. En matière de protocole, il faut éviter les couleurs qui cassent les yeux. "Si vous êtes en grand boubou, en blanc c'est bon. (...) Mais en costume tout blanc, on appelle ça les couleurs qui cassent les yeux. On appelle ça aussi les excès de couleurs en matière de protocole (à moins que ce soit un deuil)."
Les chaussettes doivent remonter au niveau des mollets. Les chaussettes qui s'arrêtent au niveau des chevilles, en matière de protocole, ce n'est pas admis car on ne doit pas montrer une partie de son corps. Les chaussures doivent être nettoyées, propres.
"Si vous êtes en conseil des ministres ou en réunion, n'enlevez pas les chaussures pour rester en chaussettes. Ça s'appelle un peu de l'incommodité vis-à-vis de vos collaborateurs. Ça risque d'amoindrir le respect à votre égard", précise le Protocole d'État.
S'agissant de la cravate, il ne faut pas que le nœud soit très gros. D'après le Protocole d'État, il faut s'exercer tout seul à mettre la cravate, sans miroir. "Exercez-vous"
Ainsi, la tenue doit toujours être propre et en conformité avec le contexte.
Des règles de salutations
Baisemain : "ne pas laisser couler la salive. Mettre sa main par-dessus pour faire le baiser sur son pouce."
Bise : "ne pas forcément toucher la joue de la femme. Passer d'un coté en touchant légèrement la joue seulement."
En cas d'audience avec le chef de l'État...
Règle n°1 : Respecter l'horaire. Être présent 15 minutes avant. "Vous arrivez, ce n'est pas à vous de lui tendre premièrement la main. S'il vous tend la main, ne pas serrer (trop fort), ni secouer."
"Si je suis à coté, je vois que vous serrez, je tape vos mains, je vous sépare", prévient le directeur général du Protocole d'État.
"Il faut parler de telle manière qu'il vous écoute, ne faites pas en sorte qu'il vous dise "pardon ?". Il faut parler de manière à être écouté et posément. Quand il prend la parole, c'est à vous d'être attentif. Ne dites-pas M. le Président, qu'est-ce que vous avez dit ? (...) Ne croisez jamais les jambes devant lui. Ne mettez pas un pied sur l'autre", énumère le Protocole d'État.
Pour les femmes, si elles sont en jupes, "elles croisent les jambes, elles ne restent pas comme ça". Au cas contraire, "peu d'importance".
"En présence du Maréchal, on ne se cache pas le visage avec le turban. Le Protocole vous prie d'enlever le turban. Les dames peuvent très bien porter le voile."
Bonus : Le ministre de l'Enseignement supérieur David Houdeingar n'a pas manqué d'interpeller le chef du Protocole d'État sur la désorganisation qui se répète à chaque événement. "Dès que le chef de l'État quitte une cérémonie, c'est le désordre". L'ambassadeur Allah-Maye Halina a reconnu cette situation qu'il vit depuis plus de 10 ans au Protocole et a demandé le soutien des uns et des autres pour mieux surmonter les défis.
* Code vestimentaire
Ne pas s'asseoir à une place réservée/attitrée lors d'une cérémonie officielle. Anecdote : le refus d'un secrétaire d'État de changer de place lors d'une cérémonie a conduit à son éviction deux semaines après l'incident, après que le Protocole s'en est plaint. "Ce n'est pas le Protocole d'État qu'il n'a pas respecté, nous ne sommes rien. C'est le président de la République qui a signé l'ordre de préséance", indique Allah-Maye Halina.
Selon lui, "à une cérémonie, la gestion de préséance est un domaine dans lequel le Protocole peut être impitoyable. Si vous n'avez pas respecté le fauteuil ou le siège que le Protocole vous a réservé, le Protocole peut être impitoyable. Pourquoi ? Parce que la personne qui a été désignée pour occuper cette place va se tenir debout et c'est là où un incident peut arriver. À cet égard, le Protocole ne fait pas de cadeaux. C'est pourquoi on considère quelques fois que les protocoles sont arrogeants vis-à-vis des responsables."
Une autre anecdote : lors d'une cérémonie, une membre du gouvernement s'est assise à une place qui n'est pas la sienne mais réservée à l'un de ses collègues. Sollicitée gentillement par le Protocole, elle a répondu d'un ton sec : "On est tous nommés par le même décret."
Mauvaise utilisation des titres ou mots
Certains titres sont "très mal utilisés". Des usages et des mots sont essentiels à connaitre pour adresser une correspondance. Par exemple, "on ne dit pas Monsieur le Pape" mais plutôt "Souverain pontife". De même, les formules de fin de correspondance doivent être respectées.
Usage excessif du mot Excellence
Le mot "Excellence" est utilisé à tort et à travers au Tchad. Selon l'ambassadeur Allah-Maye Halina, "ce terme est employé de nos jours par tout le monde. Et il est dans toutes les sauces". Il n'est pas attribué à tout le monde. (...) Chaque mot approprié pour les dignitaires qui y ont droit."
"Au cours des deux dernières années, le mot Excellence a connu une inflation fâcheuse. On l'emploi de manière inappropriée à tous les niveaux de personnalités et dignitaires. La tendance est si prononcée que les chefs de village, on les appelle Excellence, les sous-préfets, les préfets, les gouverneurs, les ministres. Tout le monde est devenu Excellence. Même moi on m'appelle Excellence. Non", explique-t-il.
"Si vous êtes ministres, soyez heureux qu'on vous appelle Monsieur le ministre au lieu de Son Excellence Monsieur le ministre (...) Vous êtes Mesdames et messieurs les ministres, vous n'êtes pas des Excellences (...) N'abusons pas des termes. C'est bien qu'on vous fasse grandir mais attendez le jour où vous allez devenir grand pour prendre ce titre", indique l'ambassadeur Allah-Maye Halina.
Exemple : dans le gouvernement, on ne dit Excellence qu'au ministre des Affaires étrangères car il est un plénipotentiaire et a reçu du Président de la République -chef de la diplomatie au sommet- le pouvoir de signer les accords, traités et autres sur le plan international. En dehors de lui, le Président de la République est appelé Excellence.
En dehors du président de la République et du ministre des Affaires étrangères qui peuvent avoir le titre d'Excellence, il y a les ambassadeurs accrédités qui sont les représentants de leur pays à l’étranger. Ils sont des plénipotentiaires. Ils représentent leur État. Toutefois, lorsqu'un ambassadeur rentre au Tchad, il ne s'appelle plus Excellence. L'appellation est liée à la fonction et non à la personne.
Maréchal ou Excellence ?
Au Tchad, cette appellation d'Excellence disparait avec le titre de Maréchal. "Nous avons un président qui est un Maréchal. On l'appelle Maréchal du Tchad. On ne dit pas Son Excellence le Maréchal du Tchad."
Quelle formule pour écrire une correspondance au chef de l'État ?
Pour un ministre : "au Maréchal du Tchad, président de la République, chef de l'État". Ils n'ont pas besoin de le nommer par son nom car ils sont dans son gouvernement.
Pour une correspondance qui vient de l'extérieur, un chef d'État, un homologue : "au Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, président de la République, chef de l'État".
Pour un militaire qui s'adresse au chef de l'État : "au Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, président de la République, chef de l'État, chef suprême des armées".
"Honorable", "ils ont trouvé ça où ?"
Dans le protocole du Tchad, le terme Honorable n'existe pas. Le terme "Honorable" ou "Très honorable" est un abus de langage, selon le Protocole d'État. N'en déplaise aux élus du peuple.
"Le président de l'Assemblée nationale arrive à la Présidence, on lui dit Très Honorable. Malgré les observations que nous faisons, cela persiste", précise Allah-Maye Halina.
"Très honorable ? Est-il le sommet ? À ce que je sache, il n'y a qu'un seul sommet", rappelle-t-il.
Doit-on dire Sa Majesté à un chef de canton ?
Non. Il s'agit aussi d'un abus de titre. « Le chef de canton s'appelle aujourd'hui Majesté. Le décret dit clairement chef de canton", précise Allah-Maye Halina qui reconnaît que le Protocole est parfois lui-même fautif pour certaines appellations, à cause de la persistance de certains agents.
Habillement, "dress code"*
Il ne faut pas mélanger les couleurs. En matière de protocole, il faut éviter les couleurs qui cassent les yeux. "Si vous êtes en grand boubou, en blanc c'est bon. (...) Mais en costume tout blanc, on appelle ça les couleurs qui cassent les yeux. On appelle ça aussi les excès de couleurs en matière de protocole (à moins que ce soit un deuil)."
Les chaussettes doivent remonter au niveau des mollets. Les chaussettes qui s'arrêtent au niveau des chevilles, en matière de protocole, ce n'est pas admis car on ne doit pas montrer une partie de son corps. Les chaussures doivent être nettoyées, propres.
"Si vous êtes en conseil des ministres ou en réunion, n'enlevez pas les chaussures pour rester en chaussettes. Ça s'appelle un peu de l'incommodité vis-à-vis de vos collaborateurs. Ça risque d'amoindrir le respect à votre égard", précise le Protocole d'État.
S'agissant de la cravate, il ne faut pas que le nœud soit très gros. D'après le Protocole d'État, il faut s'exercer tout seul à mettre la cravate, sans miroir. "Exercez-vous"
Ainsi, la tenue doit toujours être propre et en conformité avec le contexte.
Des règles de salutations
Baisemain : "ne pas laisser couler la salive. Mettre sa main par-dessus pour faire le baiser sur son pouce."
Bise : "ne pas forcément toucher la joue de la femme. Passer d'un coté en touchant légèrement la joue seulement."
En cas d'audience avec le chef de l'État...
Règle n°1 : Respecter l'horaire. Être présent 15 minutes avant. "Vous arrivez, ce n'est pas à vous de lui tendre premièrement la main. S'il vous tend la main, ne pas serrer (trop fort), ni secouer."
"Si je suis à coté, je vois que vous serrez, je tape vos mains, je vous sépare", prévient le directeur général du Protocole d'État.
"Il faut parler de telle manière qu'il vous écoute, ne faites pas en sorte qu'il vous dise "pardon ?". Il faut parler de manière à être écouté et posément. Quand il prend la parole, c'est à vous d'être attentif. Ne dites-pas M. le Président, qu'est-ce que vous avez dit ? (...) Ne croisez jamais les jambes devant lui. Ne mettez pas un pied sur l'autre", énumère le Protocole d'État.
Pour les femmes, si elles sont en jupes, "elles croisent les jambes, elles ne restent pas comme ça". Au cas contraire, "peu d'importance".
"En présence du Maréchal, on ne se cache pas le visage avec le turban. Le Protocole vous prie d'enlever le turban. Les dames peuvent très bien porter le voile."
Bonus : Le ministre de l'Enseignement supérieur David Houdeingar n'a pas manqué d'interpeller le chef du Protocole d'État sur la désorganisation qui se répète à chaque événement. "Dès que le chef de l'État quitte une cérémonie, c'est le désordre". L'ambassadeur Allah-Maye Halina a reconnu cette situation qu'il vit depuis plus de 10 ans au Protocole et a demandé le soutien des uns et des autres pour mieux surmonter les défis.
* Code vestimentaire