1. Vous êtes un spécialiste du terrorisme. Que pensez-vous du terrorisme qui gagne du terrain en Afrique Centrale ?
Je suis effectivement un spécialiste du terrorisme, des questions de défense et sécurité, et j’ai occupé les fonctions de Directeur Général du Bureau National de la Documentation, l’équivalent de la DGSE française. J’affirme aujourd’hui avec force et respect de la brillante institution que vous diriger que : l’irrésistible montée, partout en Afrique, de l’empire social et politique des terroristes et autres malades, est sans doute l’un des évènements de notre époque, les plus difficiles à comprendre et à intégrer par nos grands leaders politiques.
Il ébranle nos institutions, nos cultures, nos systèmes de relations et, sans exagérer, nos mœurs mêmes. Nous sommes aux prises, avec ce que Marcel Mauss aurait appelé un phénomène social total.
L’aimable dialectique qui permettait, naguère, à ceux qui ont quelques expériences et à ceux qui ne comprennent rien à la vie, de résoudre leurs désaccords éventuels, s’est en plus d’un lieu, transformée en dialogue de sourds. Pourtant, tous sont appelés à assumer ensemble un même et identique destin.
Cela fait des années que je tire la sonnette d’alarme à qui veut m’entendre par publications, à l’occasion de mes conférences, notes adressées à des autorités et institutions internationales, pour dire que l’Afrique centrale était potentiellement un nid pour les terroristes. Ben Laden avait séjourné au Soudan et avait laissé des cellules plus ou moins dormantes. Qui dit Soudan, dit forcément Tchad et Centrafrique en tant que pays voisins situés en Afrique centrale. Aujourd’hui, Boko Haram qui sévit principalement au Nigéria est en train de s’implanter durablement au Tchad et au Cameroun où les autorités de ces pays essaient de déployer de gros moyens et développer une synergie afin de faire face au mouvement d’Abubakar Shekau. On dénombre plusieurs victimes, morts, blessés, déplacés au Nigéria, Cameroun et Tchad. Ils ont fait sauter le pont de Ndjamena, exploser le marché central de Ndjamena. Au Cameroun à Maroua, ils sévissent en utilisant même des gosses pour commettre des attentats. En Centrafrique, des éléments de Boko Haram sont déjà présents y compris à Bangui. En plus, on ne doit pas oublier la présence et l’activisme terroriste depuis des années de Joseph Kony et de ses hommes de la LRA dans l’est du pays. Le problème est grave car les frontières ne sont pas bien maitrisées et contrôlées en Afrique centrale. Le territoire n’est pas bien sécurisé malgré l’existence des forces de défense et de sécurité.
Il faut concevoir une bonne politique de défense et de sécurité, un bon quadrillage du territoire, et des moyens conséquents aux forces de défense et de sécurité. Il faut aussi mener à bien le DDR, et la réforme du secteur de sécurité. La signature des accords avec les groupes armés ne suffit pas. Pour Boko Haram, il faut identifier leurs fournisseurs d’armes, il faut mettre sur pied une grande armée panafricaine et dotée des moyens adéquats, avec l’aide des puissances occidentales pour liquider tous ces groupes terroristes et rebelles en Afrique. Il faut aussi de bons services de renseignements dans chaque Etat, par exemple : Au centre du continent africain, la Centrafrique est située au point amphidromique d’une porosité de frontières, que lui a imposé une complexe contigüité territoriale.
La continuité socioculturelle des diverses régions limitrophes se fait le vecteur d’un enchevêtrement de trajectoires criminelles, transcendant les limites frontalières des structures étatiques. Il en résulte l’installation progressive d’une violence structurelle multiforme qui prolifère sur la disparition progressive de l’intégrité territoriale.
L’instabilité politique qui en est la source et la conséquence, devient quasi instantanément, instabilité sociale locale et phénomène aux conséquences internationales. Boko Haram qui dans la région s’impose comme le leader de la violence antiétatique n’est pas éternelle si de la Centrafrique, il lui est imposé une difficulté tactique et opérationnelle, par récupération de la maîtrise d’un territoire et par multiplication des menaces qui lui sont imposées.
2. Nous allons changer de sujet et parler politique centrafricaine. Que pensez-vous de la démarche de Nicolas Tiangaye qui a demandé à la communauté internationale de désigner 3 constitutionnalistes étrangers pour interpréter l’article 106 de la Charte Constitutionnelle de Transition du 18 juillet 2013 ?
Je dois vous avouer que venant de la part d’un Avocat connu sur le plan international, cette démarche de Me Tiangaye m’a très désagréablement surpris, et a surpris les centrafricains ! Comment un homme de droit peut commettre une telle erreur ? Les dispositions de la Charte Constitutionnelle de Transition sont claires. D’après l’article, la seule institution dotée de la compétence pour interpréter les dispositions de la Charte Constitutionnelle de Transition, c’est la Cour Constitutionnelle de Transition, comme l’affirme l’article 76 de cette loi constitutionnelle. Et un autre principe ajoute que si la décision de la la Cour Constitutionnelle de Transition est rendue, tout le monde doit la respecter. Comment Nicolas Tiangaye qui est un avocat a pu ignorer ces articles au point de saisir la communauté internationale ? D’ailleurs, l’Union Européenne qui comporte d’excellents juristes a refusé de trancher, et renvoyé Me Nicolas Tiangaye devant les juges constitutionnels de transition, les juges de son pays qu’il a voulu contourner, comme si ces juges sont mauvais.
Nicolas Tiangaye a été Premier Ministre de Transition sur la base des textes de transition ; aujourd’hui qu’il ne l’est plus, il veut choisir telle ou telle disposition de la Charte qui l’arrange le plus. Quand il était aux affaires, la Charte Constitutionnelle de Transition était bonne ; maintenant que Tiangaye n’est plus Premier ministre on doit changer les règles du jeu pour que ça l’arrange ? Cette manie de toujours confier notre sort à la communauté internationale doit cesser. Tiangaye a été désigné Premier Ministre de Transition à Libreville et limogé à Ndjamena. Il a tenté d’obtenir de la communauté internationale qu’elle fasse pression sur la Cour Constitutionnelle de Transition, mais s’est planté. Maintenant, si Tiangaye veut la paix, il faut qu’il attende et accepte la décision de la Cour Constitutionnelle, comme tous les centrafricains.
D’après mes sources, Tiangaye n’est pas seul dans sa démarche auprès de la communauté internationale ; il est poussé et soutenu par quelques personnalités politiques. Il ne vous a pas échappé qu’un vice-doyen de la fac de droit de Bangui a même sorti récemment un papier avec un raisonnement bizarre, orienté et subjectif pour conclure à la place de la Cour constitutionnelle que Tiangaye doit être candidat ! Mais c’est grave !
Je suis effectivement un spécialiste du terrorisme, des questions de défense et sécurité, et j’ai occupé les fonctions de Directeur Général du Bureau National de la Documentation, l’équivalent de la DGSE française. J’affirme aujourd’hui avec force et respect de la brillante institution que vous diriger que : l’irrésistible montée, partout en Afrique, de l’empire social et politique des terroristes et autres malades, est sans doute l’un des évènements de notre époque, les plus difficiles à comprendre et à intégrer par nos grands leaders politiques.
Il ébranle nos institutions, nos cultures, nos systèmes de relations et, sans exagérer, nos mœurs mêmes. Nous sommes aux prises, avec ce que Marcel Mauss aurait appelé un phénomène social total.
L’aimable dialectique qui permettait, naguère, à ceux qui ont quelques expériences et à ceux qui ne comprennent rien à la vie, de résoudre leurs désaccords éventuels, s’est en plus d’un lieu, transformée en dialogue de sourds. Pourtant, tous sont appelés à assumer ensemble un même et identique destin.
Cela fait des années que je tire la sonnette d’alarme à qui veut m’entendre par publications, à l’occasion de mes conférences, notes adressées à des autorités et institutions internationales, pour dire que l’Afrique centrale était potentiellement un nid pour les terroristes. Ben Laden avait séjourné au Soudan et avait laissé des cellules plus ou moins dormantes. Qui dit Soudan, dit forcément Tchad et Centrafrique en tant que pays voisins situés en Afrique centrale. Aujourd’hui, Boko Haram qui sévit principalement au Nigéria est en train de s’implanter durablement au Tchad et au Cameroun où les autorités de ces pays essaient de déployer de gros moyens et développer une synergie afin de faire face au mouvement d’Abubakar Shekau. On dénombre plusieurs victimes, morts, blessés, déplacés au Nigéria, Cameroun et Tchad. Ils ont fait sauter le pont de Ndjamena, exploser le marché central de Ndjamena. Au Cameroun à Maroua, ils sévissent en utilisant même des gosses pour commettre des attentats. En Centrafrique, des éléments de Boko Haram sont déjà présents y compris à Bangui. En plus, on ne doit pas oublier la présence et l’activisme terroriste depuis des années de Joseph Kony et de ses hommes de la LRA dans l’est du pays. Le problème est grave car les frontières ne sont pas bien maitrisées et contrôlées en Afrique centrale. Le territoire n’est pas bien sécurisé malgré l’existence des forces de défense et de sécurité.
Il faut concevoir une bonne politique de défense et de sécurité, un bon quadrillage du territoire, et des moyens conséquents aux forces de défense et de sécurité. Il faut aussi mener à bien le DDR, et la réforme du secteur de sécurité. La signature des accords avec les groupes armés ne suffit pas. Pour Boko Haram, il faut identifier leurs fournisseurs d’armes, il faut mettre sur pied une grande armée panafricaine et dotée des moyens adéquats, avec l’aide des puissances occidentales pour liquider tous ces groupes terroristes et rebelles en Afrique. Il faut aussi de bons services de renseignements dans chaque Etat, par exemple : Au centre du continent africain, la Centrafrique est située au point amphidromique d’une porosité de frontières, que lui a imposé une complexe contigüité territoriale.
La continuité socioculturelle des diverses régions limitrophes se fait le vecteur d’un enchevêtrement de trajectoires criminelles, transcendant les limites frontalières des structures étatiques. Il en résulte l’installation progressive d’une violence structurelle multiforme qui prolifère sur la disparition progressive de l’intégrité territoriale.
L’instabilité politique qui en est la source et la conséquence, devient quasi instantanément, instabilité sociale locale et phénomène aux conséquences internationales. Boko Haram qui dans la région s’impose comme le leader de la violence antiétatique n’est pas éternelle si de la Centrafrique, il lui est imposé une difficulté tactique et opérationnelle, par récupération de la maîtrise d’un territoire et par multiplication des menaces qui lui sont imposées.
2. Nous allons changer de sujet et parler politique centrafricaine. Que pensez-vous de la démarche de Nicolas Tiangaye qui a demandé à la communauté internationale de désigner 3 constitutionnalistes étrangers pour interpréter l’article 106 de la Charte Constitutionnelle de Transition du 18 juillet 2013 ?
Je dois vous avouer que venant de la part d’un Avocat connu sur le plan international, cette démarche de Me Tiangaye m’a très désagréablement surpris, et a surpris les centrafricains ! Comment un homme de droit peut commettre une telle erreur ? Les dispositions de la Charte Constitutionnelle de Transition sont claires. D’après l’article, la seule institution dotée de la compétence pour interpréter les dispositions de la Charte Constitutionnelle de Transition, c’est la Cour Constitutionnelle de Transition, comme l’affirme l’article 76 de cette loi constitutionnelle. Et un autre principe ajoute que si la décision de la la Cour Constitutionnelle de Transition est rendue, tout le monde doit la respecter. Comment Nicolas Tiangaye qui est un avocat a pu ignorer ces articles au point de saisir la communauté internationale ? D’ailleurs, l’Union Européenne qui comporte d’excellents juristes a refusé de trancher, et renvoyé Me Nicolas Tiangaye devant les juges constitutionnels de transition, les juges de son pays qu’il a voulu contourner, comme si ces juges sont mauvais.
Nicolas Tiangaye a été Premier Ministre de Transition sur la base des textes de transition ; aujourd’hui qu’il ne l’est plus, il veut choisir telle ou telle disposition de la Charte qui l’arrange le plus. Quand il était aux affaires, la Charte Constitutionnelle de Transition était bonne ; maintenant que Tiangaye n’est plus Premier ministre on doit changer les règles du jeu pour que ça l’arrange ? Cette manie de toujours confier notre sort à la communauté internationale doit cesser. Tiangaye a été désigné Premier Ministre de Transition à Libreville et limogé à Ndjamena. Il a tenté d’obtenir de la communauté internationale qu’elle fasse pression sur la Cour Constitutionnelle de Transition, mais s’est planté. Maintenant, si Tiangaye veut la paix, il faut qu’il attende et accepte la décision de la Cour Constitutionnelle, comme tous les centrafricains.
D’après mes sources, Tiangaye n’est pas seul dans sa démarche auprès de la communauté internationale ; il est poussé et soutenu par quelques personnalités politiques. Il ne vous a pas échappé qu’un vice-doyen de la fac de droit de Bangui a même sorti récemment un papier avec un raisonnement bizarre, orienté et subjectif pour conclure à la place de la Cour constitutionnelle que Tiangaye doit être candidat ! Mais c’est grave !
3. Que pensez-vous de la prolongation de la transition jusqu’au 30 décembre 2015 ?
Tout le monde sait qu’à ce jour, il y a une réelle impréparation des élections. Le matériel électoral n’est pas totalement réuni et acheminé dans les différentes circonscriptions électorales et bureaux de vote, la formation des agents recenseurs n’est pas terminée en provinces, l’enrôlement des électeurs dans les provinces n’est effectif que partiellement.
Il faut faire attention à ne pas bâcler les élections, pour éviter d’autres troubles dans le pays. Donc, je dis que c’est une bonne chose que ce nouveau report soit intervenu. Mais il ne faut pas qu’on dépasse la fin 2015 sans nouvelles autorités et sans nouveau parlement.
4. Que dites-vous à propos du nombre des candidatures aujourd’hui très élevé pour la présidentielle de 2015 ?
Je dis qu’il faut qu’on arrête de jouer avec les centrafricains. Vous avez raison d’évoquer ce sujet car j’ai des amis étrangers qui me posent souvent cette question, et si nous faisons bien le calcule, c’est pas en espace d’une vie que nous pouvons satisfaire tous ces prétendants a la magistrature suprême en République centrafricaine si non il faut organiser un mode de scrutin a un tour, d’une période de cinq jour par semaine et non renouvelable, cet a dire en un mot ,un mandat d’une semaine, car j’ai peur que les nombres des candidats finissent par dépasser le nombre des électeurs et aussi. Beaucoup de candidats déclarés sont des aventuriers, des criminels aux cols blancs, des Bernard Maddof en miniature, avec seul un projet de prendre le pouvoir pour régler le compte de leurs ennemis. Ces aventuriers, on les connaît bien. Mais, si ces candidats Madoff et candidats criminels sont candidats, je sortirai des dossiers sur chacun d’eux pour révéler leur vrai visage aux centrafricains. On a besoin d’un président intègre, sérieux et non quelqu’un qui viendra voler les sous. Attention. D’ailleurs, je demande aux centrafricains de ne pas voter un Madoff, ou criminel. Si la Cour Constitutionnelle de Transition fait son travail, beaucoup ne seront pas éligibles. Beaucoup d’autres de candidats n’auront pas les moyens pour la campagne, y compris pour payer la caution.
Tout le monde sait qu’à ce jour, il y a une réelle impréparation des élections. Le matériel électoral n’est pas totalement réuni et acheminé dans les différentes circonscriptions électorales et bureaux de vote, la formation des agents recenseurs n’est pas terminée en provinces, l’enrôlement des électeurs dans les provinces n’est effectif que partiellement.
Il faut faire attention à ne pas bâcler les élections, pour éviter d’autres troubles dans le pays. Donc, je dis que c’est une bonne chose que ce nouveau report soit intervenu. Mais il ne faut pas qu’on dépasse la fin 2015 sans nouvelles autorités et sans nouveau parlement.
4. Que dites-vous à propos du nombre des candidatures aujourd’hui très élevé pour la présidentielle de 2015 ?
Je dis qu’il faut qu’on arrête de jouer avec les centrafricains. Vous avez raison d’évoquer ce sujet car j’ai des amis étrangers qui me posent souvent cette question, et si nous faisons bien le calcule, c’est pas en espace d’une vie que nous pouvons satisfaire tous ces prétendants a la magistrature suprême en République centrafricaine si non il faut organiser un mode de scrutin a un tour, d’une période de cinq jour par semaine et non renouvelable, cet a dire en un mot ,un mandat d’une semaine, car j’ai peur que les nombres des candidats finissent par dépasser le nombre des électeurs et aussi. Beaucoup de candidats déclarés sont des aventuriers, des criminels aux cols blancs, des Bernard Maddof en miniature, avec seul un projet de prendre le pouvoir pour régler le compte de leurs ennemis. Ces aventuriers, on les connaît bien. Mais, si ces candidats Madoff et candidats criminels sont candidats, je sortirai des dossiers sur chacun d’eux pour révéler leur vrai visage aux centrafricains. On a besoin d’un président intègre, sérieux et non quelqu’un qui viendra voler les sous. Attention. D’ailleurs, je demande aux centrafricains de ne pas voter un Madoff, ou criminel. Si la Cour Constitutionnelle de Transition fait son travail, beaucoup ne seront pas éligibles. Beaucoup d’autres de candidats n’auront pas les moyens pour la campagne, y compris pour payer la caution.