Pendant longtemps, les dirigeants centrafricains ont exercé le pouvoir sans aucun contrôle, comme les chefs coutumiers, sans opposition politique, mais sous les vivats des partis uniques, sans médias critiques, mais avec une radio nationale au service de leurs intérêts, sans projet de société, mais en ayant pour tout horizon social le bonheur du cercle familial, élargi à l 'ethnie présidentielle.
Aujourd'hui, les médias centrafricains, sans grands moyens, mais dopés par la ruine de leur pays, et sa propension à s'enfoncer dans la misère, ont décidé de mettre la pression sur les hommes politiques. Sera encensé dorénavant celui qui travaille. Et les branleurs et les voleurs seront critiqués. Car ils contribuent à l'aggravation de la misère dans leur pays.
J'ai remarqué et apprécié le professionnalisme de certains sites d'informations, qui usent à merveille de la carotte et du bâton. Ils ont copieusement critiqué Samba Panza qui, il est vrai, prêtait le flanc à la critique. Mais dès que son Premier ministre s'est mis à construire des routes à Bangui, le ton a radicalement changé. D'acide il est devenu dithyrambique. Avec cette réserve près que Bangui n'est pas la République Centrafricaine. La Coquette va se parer de quelques kilomètres de bitume, mais son marché central n'en finit pas de brûler, les routes provinciales sont terriblement accidentogènes, même la voie navigable Mobaye Bangui a été transformée en coupe-gorge par les groupes armés.
Une paix armée n'est pas une paix véritable. Gardons-nous des satisfecits, des éloges vite décernés à des gens qui n'ont fait que leur travail. Les mauvaises langues pourraient nous rétorquer que le léger mieux que nous observons actuellement est dû à l'intervention de pratiquement toute la terre, au chevet de la Centrafrique. L'ONU fait la police, le FMI joue le rôle du banquier, et le pape celui du pacificateur.
A propos du souverain pontife, Samba Panza aurait été mieux inspirée d'aller le remercier avant le Fonds Monétaire International. Mais au Vatican, on ne prononce pas le genre d'allocution qu'elle s'apprêtait à prononcer à l'université George Washington.
1. REGLEMENT DE COMPTES A WASHINGTON DC
J'ai souvent reproché à la présidente son silence pour me taire au moment où elle reprend la parole. Sans langue de bois, à Washington, et comme par hasard, à quelques jours de la fin de son mandat, et à quelques encablures de la Maison Blanche.
Pourquoi Washington ? Parce que les Américains étaient les seuls à exiger, immédiatement après le renversement du président Bozizé, un retour à l'ordre constitutionnel. Ecoutons Samba Panza devant les étudiants de l'université George Washington : << Le but de la Transition : organiser des élections en vue d'un retour à l'ordre constitutionnel. >> Et pour cela, il fallait passer par trois années dont les deux dernières, dirigées par elle, sont bien << meilleures >> que la première année << catastrophique >> dirigée par << un homme >>. Cette autocongratulation lui a valu des applaudissements. CSP était aux anges. Elle parlait posément, sur un ton jubilatoire, dans une salle détendue et acquise à sa cause de << mère courage >>.
Mais la tambouille centrafricano-centrafricaine pourrait ne pas suffire, aux yeux des étudiants américains, à la faire mousser durablement. Alors elle sort la grosse artillerie et passe à l'offensive, contre ses voisins, que s'apprête pourtant à visiter son successeur : << Quand je suis arrivée en janvier 2014, j'avais pris des engagements de ne pas me présenter aux élections présidentielles, et de respecter la charte constitutionnelle. Contrairement aux pays qui entourent la République Centrafricaine, nous n'avons pas changé notre Constitution. >> Quelle audace ! L'attaque est mémorable, mais il convient de la relativiser en précisant que CSP est sur le départ, et qu'elle tenait, avant de tirer sa révérence, à se venger de ses pairs, qui l'avaient snobée à Malabo, le 27 juin 2014. Ce jour-là, elle avait été priée de quitter une réunion, où devait être débattu le sort de son pays. Elle s'était retrouvée seule, dans une salle, à maugréer contre cette avanie.
Plus de vingt mois plus tard, elle ne l'a encore pas digérée. D'où cette charge de Washington, contre des présidents qui, il faut le reconnaître, l'ont financièrement aidée.
Espérons que cette vengeance à retardement n'aura pas d'incidence sur les nouvelles relations que le nouveau président entend tisser avec ses voisins. Apparemment, sa tournée de présentation s'est déroulée sans accroc diplomatique. Il se prépare maintenant à prendre la tête d'un pays en plein chaos. Quelle sera sa thérapie ? Et surtout :
2. COMBIEN DE TEMPS VA DURER SON ETAT DE GRACE
Question difficile, d'autant que tout le monde semble avoir rallié le camp présidentiel. A commencer par les autorités de la Transition, dès qu'il est apparu que Touadéra allait être plébiscité. L'alternance, même formelle, n'est pas pour demain. En Centrafrique, celui qui perd gagne, celui qui échoue passe, celui qui finit recommence...
Il n'est pas exagéré d'écrire que pour le moment, le nouveau président ne compte que des amis et que des soutiens. Les opposants se manifesteront plus tard, quand il aura commencé à travailler. En attendant, une question se pose : comment va-t-il gérer tous ceux qui l'ont rejoint ? La question ne se poserait pas si tous ses compatriotes n'étaient mus que par l'intérêt supérieur de la Nation ( à construire )...
Il n'est pas non plus exagéré de dire que s'il existait un institut de sondage en Centrafrique, il nous afficherait jusqu'à son investiture, une cote de popularité élevée du nouveau président. Popularité qui restera stable au mois d'avril, avant de s'infléchir probablement en mai, après les premières nominations. Pourquoi après les premières nominations ? Parce qu'il y aura forcément des déçus, Monsieur Touadéra ne pouvant nommer quatre millions de ministres et huit cent mille secrétaires d'Etat dans son gouvernement.
Aujourd'hui, les médias centrafricains, sans grands moyens, mais dopés par la ruine de leur pays, et sa propension à s'enfoncer dans la misère, ont décidé de mettre la pression sur les hommes politiques. Sera encensé dorénavant celui qui travaille. Et les branleurs et les voleurs seront critiqués. Car ils contribuent à l'aggravation de la misère dans leur pays.
J'ai remarqué et apprécié le professionnalisme de certains sites d'informations, qui usent à merveille de la carotte et du bâton. Ils ont copieusement critiqué Samba Panza qui, il est vrai, prêtait le flanc à la critique. Mais dès que son Premier ministre s'est mis à construire des routes à Bangui, le ton a radicalement changé. D'acide il est devenu dithyrambique. Avec cette réserve près que Bangui n'est pas la République Centrafricaine. La Coquette va se parer de quelques kilomètres de bitume, mais son marché central n'en finit pas de brûler, les routes provinciales sont terriblement accidentogènes, même la voie navigable Mobaye Bangui a été transformée en coupe-gorge par les groupes armés.
Une paix armée n'est pas une paix véritable. Gardons-nous des satisfecits, des éloges vite décernés à des gens qui n'ont fait que leur travail. Les mauvaises langues pourraient nous rétorquer que le léger mieux que nous observons actuellement est dû à l'intervention de pratiquement toute la terre, au chevet de la Centrafrique. L'ONU fait la police, le FMI joue le rôle du banquier, et le pape celui du pacificateur.
A propos du souverain pontife, Samba Panza aurait été mieux inspirée d'aller le remercier avant le Fonds Monétaire International. Mais au Vatican, on ne prononce pas le genre d'allocution qu'elle s'apprêtait à prononcer à l'université George Washington.
1. REGLEMENT DE COMPTES A WASHINGTON DC
J'ai souvent reproché à la présidente son silence pour me taire au moment où elle reprend la parole. Sans langue de bois, à Washington, et comme par hasard, à quelques jours de la fin de son mandat, et à quelques encablures de la Maison Blanche.
Pourquoi Washington ? Parce que les Américains étaient les seuls à exiger, immédiatement après le renversement du président Bozizé, un retour à l'ordre constitutionnel. Ecoutons Samba Panza devant les étudiants de l'université George Washington : << Le but de la Transition : organiser des élections en vue d'un retour à l'ordre constitutionnel. >> Et pour cela, il fallait passer par trois années dont les deux dernières, dirigées par elle, sont bien << meilleures >> que la première année << catastrophique >> dirigée par << un homme >>. Cette autocongratulation lui a valu des applaudissements. CSP était aux anges. Elle parlait posément, sur un ton jubilatoire, dans une salle détendue et acquise à sa cause de << mère courage >>.
Mais la tambouille centrafricano-centrafricaine pourrait ne pas suffire, aux yeux des étudiants américains, à la faire mousser durablement. Alors elle sort la grosse artillerie et passe à l'offensive, contre ses voisins, que s'apprête pourtant à visiter son successeur : << Quand je suis arrivée en janvier 2014, j'avais pris des engagements de ne pas me présenter aux élections présidentielles, et de respecter la charte constitutionnelle. Contrairement aux pays qui entourent la République Centrafricaine, nous n'avons pas changé notre Constitution. >> Quelle audace ! L'attaque est mémorable, mais il convient de la relativiser en précisant que CSP est sur le départ, et qu'elle tenait, avant de tirer sa révérence, à se venger de ses pairs, qui l'avaient snobée à Malabo, le 27 juin 2014. Ce jour-là, elle avait été priée de quitter une réunion, où devait être débattu le sort de son pays. Elle s'était retrouvée seule, dans une salle, à maugréer contre cette avanie.
Plus de vingt mois plus tard, elle ne l'a encore pas digérée. D'où cette charge de Washington, contre des présidents qui, il faut le reconnaître, l'ont financièrement aidée.
Espérons que cette vengeance à retardement n'aura pas d'incidence sur les nouvelles relations que le nouveau président entend tisser avec ses voisins. Apparemment, sa tournée de présentation s'est déroulée sans accroc diplomatique. Il se prépare maintenant à prendre la tête d'un pays en plein chaos. Quelle sera sa thérapie ? Et surtout :
2. COMBIEN DE TEMPS VA DURER SON ETAT DE GRACE
Question difficile, d'autant que tout le monde semble avoir rallié le camp présidentiel. A commencer par les autorités de la Transition, dès qu'il est apparu que Touadéra allait être plébiscité. L'alternance, même formelle, n'est pas pour demain. En Centrafrique, celui qui perd gagne, celui qui échoue passe, celui qui finit recommence...
Il n'est pas exagéré d'écrire que pour le moment, le nouveau président ne compte que des amis et que des soutiens. Les opposants se manifesteront plus tard, quand il aura commencé à travailler. En attendant, une question se pose : comment va-t-il gérer tous ceux qui l'ont rejoint ? La question ne se poserait pas si tous ses compatriotes n'étaient mus que par l'intérêt supérieur de la Nation ( à construire )...
Il n'est pas non plus exagéré de dire que s'il existait un institut de sondage en Centrafrique, il nous afficherait jusqu'à son investiture, une cote de popularité élevée du nouveau président. Popularité qui restera stable au mois d'avril, avant de s'infléchir probablement en mai, après les premières nominations. Pourquoi après les premières nominations ? Parce qu'il y aura forcément des déçus, Monsieur Touadéra ne pouvant nommer quatre millions de ministres et huit cent mille secrétaires d'Etat dans son gouvernement.