BOKO HARAM, SI TU TOUCHES LE TCHAD, TU SERAS WAL DAL HARAM.
Au Tchad, la guerre est notre sport favori et la victoire est notre religion bénie. Voici brièvement nos bilans élogieux.
Le 3 septembre 1939, la seconde guerre mondiale éclate, le territoire du Tchad sera le premier à répondre à l’appel anxieux du Général de Gaulle du 18 juin 1940. Les meilleurs fils de mon pays sous le mât bois sacré du drapeau tricolore ont démontré leur courage mâle à ce rendez-vous de l’histoire. Sur les quinze Africains qui ont été décorés par le General de Gaulle en personne, cinq sont des Compatriotes Tchadiens. Ces lauréats bénéficiaires de cette haute distinction honorifique sont :
- Primo le Lieutenant Koli Yorgui
- Secundo le Lieutenant Mouniro
- Tertio l’Adjudant Doursam Idriss
- Quarto le Sergent Chef Nimir
- Quinto le Caporal Chef Kaïlao André
Concernant d’autres guerres fratricides ou avec le voisin gênant (la Libye), le tchadien a un palmarès auréolé de gloire.
Apres l’indépendance du 11 Août 1960, le Président Tombalbaye par l’ordonnance N° 2 du 27 Mai 1961 crée une armée dite nationale. Quelques mois après en date du 19 janvier 1962 par ordonnance N° 3, il supprime tous les Partis politiques sauf le sien. Les Chefs de ses sensibilités politiques dissoutes réagissent contre cette dérive dictatoriale.
La voie pour l’alternance étant obstruée, les remous politiques s’installent dans la Capitale. C’est ainsi que le lundi 16 Septembre 1963, une manifestation politique fera couler le sang tchadien. La nouvelle armée à l’état embryonnaire fait parler la poudre contre les manifestants. Le pouvoir de la Première République entre dans la tourmente. Des arrestations arbitraires furent opérées au sein des personnalités politiques. Leurs Cadres qui ont échappé aux griffes du pouvoir de la zone cotonnière s’expatrient et créent par la suite des mouvements armées.
Dans ce pays où les balafres devinrent le symbole d’oppression, notre salut ne dépendra que de la lutte armée disent certaines mauvaise langues et d’autres clament haut je cite : « Nous sommes des traditions guerrières honorables mais pas eux ». Ainsi le Tchad s’embrase. La jacquerie administrative survenue à Mangalmé servira de détonateur. La guerre et son cortège de malheur élit domicile dans la zone septentrionale.
Le 10 et 12 décembre 1965, le Front de Libération du Tchad du Compatriote Hassane Ahmat Moussa fait son baptême de feu en attaquant la localité d’Adré. Son Chef d’Etat Major Zacaria Al Habo trouva la mort. Le 22 juin 1966, un second mouvement armé naquit à Niala (Soudan). Son Chef d’Etat Major Abderassoul Mahamat Dancar tombera le 3 juillet 1966 à Mangalmé. Le 5 mars 1968, une aile armée dénommée 2ème armée du Frolinat attaque Aouzou (scandale géologique pour le Tchad). Son Chef politico-militaire Mahamat Tahir Abbadi trouvera plus tard le 5 septembre 1969 la mort à Bouddo(Borkou) au cours d’un combat avec les forces françaises du General Edouard Cortadellas. Cet obscur officier supérieur français connaitra un deuil dans sa famille. Son fils le Sergent Chef Bertrand Cortadellas sera abattu le 23 janvier 1971 à Moursou(B.E.T).
La presse française séduite par le goût des risques des combattants Toubbous écrit je cite :
« Tibesti : Contre 600 rebelles Toubbous, les forces françaises rencontrent les plus grandes difficultés et subissent l’essentiel de leurs pertes (30 morts). Les officiers français admettent qu’il ne saurait y avoir de solution militaire à cette rébellion, que certains observateurs imputent au refus des Nomades musulmans du Nord de reconnaître la prépondérance des tribus animistes du Sud, à la peau plus sombre, dont ils faisaient leurs esclaves avant l’ère coloniale.
Piqués au vif par l’apparente arrogance des Toubbous, les autorités se sont mises à humilier ces musulmans, leur interdisant notamment le port du Turban et du couteau en ville et les frappent d’un impôt sur leurs épouses ».
Un autre lynchage médiatique toujours dans : les Evénements du Tchad, page 44, s’insurge contre cette dictature de pacotille qui sévit à N’djamena je cite :
« N’ayant reçu aucune formation préalable pour la plupart, n’ayant retenu de leurs prédécesseurs que les formes et les gestes, ils ont cru qu’il suffisait de porter un insigne et d’être accompagné des Gardes pour recevoir pleine et entière obéissance. La quasi-totalité de nouveaux promus étaient originaires du Sud.
L’invasion du Nord par les gens du Sud ne se situe d’ailleurs pas seulement à l’échelon le plus élevé des Préfets et des Sous-préfets, mais à tous les niveaux. Dans les villes musulmanes du Nord (et même en brousse), en effet un très grand nombre de fonctionnaires étaient des Chrétiens ou des Animistes ».
Qu’est ce qui se passe aujourd’hui ? C’est plutôt l’invasion du Sud par les Eleveurs du Nord que nous constatons. Cohabiter avec ce genre d’humain qui ne connait dans sa culture que l’arrogance, insolence et violence n’est pas chose aisée. Reprenons le film de ce récit.
En Octobre 1971 le Compatriote Hissène Habré, cadre intellectuellement compétent, débarque au maquis du Frolinat. C’est lui qui conduira la lutte armée au firmament de la victoire. Dès son arrivée Habré connaîtra des sérieux ennuis avec les Libyens à Tripoli. Ennuis tissés par les Cadres du Frolinat. En effet, le Chef de la Grande Cellule du Bureau Politique du Frolinat de N’djamena qui est en même temps membre du Bureau Politique National du PPT/RDA, le Parti au pouvoir, informe par correspondance le Secrétaire General du Frolinat le Docteur Abba Siddick que Hisène Habré est envoyé en mission par le Président Tombabaye auprès de Derdei Weddeye Kihidemi pour déstabiliser le Frolinat. A cette époque, le Chef de la 2ème armée du Frolinat est le Camarade Goukouni Weddeye, fils de Derdeï Weddeye le Chef spirituel des Toubbous. Une campagne médiatique est dressée par les cadres originaires du Centre contre celui qui par ses idées lumineuses conduira cette lutte armée à son terme.
Hissène Habré aussitôt arrivé au maquis, tient un Congrès le 20 octobre 1972 à Gomour au Tibesti et crée le Conseil de Commandement des Forces Armées du Nord. Il devient Président de cet organe politico-militaire. Pour joindre l’utile à l’agréable, il prend en otage le 21 Avril 1974 Madame Françoise Claustre un archéologue épouse de Monsieur Pierre Claustre chef de la M.R.A (Mission pour la Reforme Administrative). Celui-ci se rend au Tibesti pour négocier la libération de son épouse, il sera le bienvenu car, il sera un otage de plus. Le 2ème émissaire sera le Capitaine Pierre Galopin adjoint au Commandant français Camille Gouvernec, chef de la police politique de N’djamena et Conseiller Spécial du Président Tombalaye. Hissène Habré l’arrête et l’interroge sur l’assassinat du Docteur Outel Bono survenu le 26 Août 1973 à Paris. Il révèle le nom de l’assassin, un certain Léon Hardy, ancien Garde du corps du Président Bokassa de la RCA et intime ami du Commandant Gouvernec.
Une commission d’enquête est aussitôt constituée, Monsieur Galopin est condamné à mort et sera publiquement raccourci le 4 Avril 1975.
En octobre 1976, une dissension tombe entre Habré et son adjoint Goukouni. Les deux hommes se séparent, Habré quitte son BET natal pour Aramkolé. Au cours de la traversée du désert selon mon compagnon de la permanence du CDR à Syrte, le Colonel feu Adoum Guemourou Plastic, son armée de terre s’est accrochée cinq fois avec la colonne de Hissène Habré. L’accrochage la plus cruelle est celle du 4 janvier 1977 à Ouadi Djadid. La Compara N° 4 de Mongo fut décimée. D’autres accrochages eurent lieu à Bir Djamouss et Ouadi Goutoune. A peine atteint le Mont d’Aramkolé, il se heurtera aux troupes du Commandant d’Escadron kamougué wadal Abdelkadre. La bataille se tourne en faveur de Kamougué et le Président du CCFAN est délogé de sa grotte. Il regagne le Soudan et engage de pourparlers avec le CSM du Président Félix Malloum. Un accord dénommé Accord de Khartoum est signé le 17 Septembre 1977.
Le 25 Août 1978, Hissène habré signe la Charte Fondamentale et le 29 Août 1978, il est nommé Premier Ministre et forme son gouvernement le 31 Août 1978. Un gouvernement des faucons, un gouvernement antithèse de la paix.
Le 25 Septembre 1978, en guise de premier message à la Nation, le Premier Ministre Hissène Habré fait l’inventaire de ses options pour le Tchad partant d’un bilan qui frustre, qui glace les proches des ex CSM :
« Le Tchad connaît sur le plan socio-économique une quasi-banqueroute due à l’irresponsabilité, à la mauvaise gestion, au laisse aller et au gaspillage ». On imagine sans mal les visages des ex Ministres du CSM se crisper, abasourdi par la violence de l’attaque.
En attendant la diffusion radiophonique de son discours, Hissène Habré doit savourer les conséquences de celui-ci. Ce message officiel doit être diffusé en Français et Arabe, mais ce jour là, le traducteur en arabe a eu la mauvaise idée d’être en retard. Que ce soit une crise de paludisme, un problème de circulation dans la Capitale ou une mauvaise grippe, bref quelque soit la cause, les conséquences de cette anomalie anodine dépassait l’imagination.
Les Employés de la Radio Nationale Tchadienne (RNT) décident de diffuser la traduction en Sara en seconde position, en attendant le retardataire. Pendant la diffusion du dit discours en Sara, Hissène Habré furieux fait irruption à l’enceinte de la radio pour interrompre le traducteur. La rumeur gronde dans les quartiers sudistes de la Capitale. Cet incident s’est passé à l’absence du Président Félix Malloum qui se trouvait en visite officielle en Chine Populaire. En guise de représailles, une mesure est infligée au Premier Ministre. Les rations de ses éléments de protection sont coupées. Hissène Habré ne restera bras croisé, il envoie le Secrétaire Général du Gouvernement Abakar Zaïd de lui faire venir le Commerçant et militant de FAN, Al Hadj Yakhoub Nassour. Il demande à ce dernier de lui emprunter une somme de dix millions de francs CFA pour subvenir au besoin de ses éléments. Je rembourserai au retour du Président Félix Malloum lui a-t-il dit.
Al hadj Yakhoub Nassour, un FAN pur et dur, réunit les commerçants autour d’un repas et sur le champ, une somme de soixante dix millions est déboursée gratuitement. Al Hadj Yakhoub Nassour apporte cette somme colossale au Premier ministre. Celui-ci satisfait par cette vertu de générosité lâche superbe une phrase en arabe : « Nichifou ma al kirdi dol » (on verra avec ces mécréants). La suite est connue. Pour des raisons de pagination je clos ce chapitre et j’ouvre un second relatif aux évènements douloureux survenus au B.E. T en 1986. C’est pour dire à BOKO Haram que s’il touche le Tchad, il sera wal dal Haram. Le peuple tchadien est un peuple guerrier qui ne s’amuse pas avec son patriotisme. Voici le récit d’un événement émouvant :
« Suite aux exécutions sommaires des cadres et combattants du Conseil Démocratique Révolutionnaire(CDR) survenues à Faya Largeau au mois de Mai 1986, des combats extrêmement violents éclatent entrent les deux armées (CDR et FAP) stationnées à Fada.
Le rapport de force n’étant pas égale, les deux affrontements ont tourné en faveur du C D R. Les FAP sont délogés de leur site. D’aucuns ont regagné kalaid et d’autres sont restés au périmètre de Fada pour de pourparlers avec l’émissaire de Habré.
Le 24 octobre 1986, Adoum Togoye délégué aux relations extérieures du GUNT (Gouvernement d’Union Nationale de Transition) annonce qu’un accord de cessez le feu a été conclu avec les Forces Armées Nationales du Tchad (FANT) du Président Hissène Habré. Ne dit on pas que chaque animal ne s’accouple qu’avec un animal de la même espèce ? L’accord en question prévoit la prise en charge de l’intendance et de la logistique des FAP (Forces Armées Populaires) par le haut commandement des FANT, leur intégration au sein de ce commandement unique.
Le 30 octobre 1986, il est 16 heures lorsqu’une vingtaine des militaires libyens conduits par le Colonel Issaoui viennent chercher Goukouni Weddeye dans sa villa. Il n’en faut pas plus pour que l’intéressé et ses Gardes du corps comprennent qu’il s’agit d’un piège. La fusillade éclate laissant l’ancien Président du Tchad à terre, touché par une balle à l’abdomen.
Les dirigeants libyens vont être confrontés dans les jours à venir à des affrontements au Tibesti, car les Goranes dans leur culture n’accepte pas de défis, ils doivent absolument le relever. Des bombardements de l’aviation libyenne vont bientôt faire des ravages au sein des populations civiles.
L’ASSAUT LIBYEN
Le dispositif d’attaque est commandé par le Colonel Arrifi Ali chef des Forces libyennes au Tchad. Deux mille hommes se préparent à partir à l’assaut des ex alliés. Le 11 décembre 1986, une colonne libyenne partie d’Aouzou attaque Bardai. Les hommes de Goukouni Weddeye, ralliés au gouvernement de la 3ème République, résistent et abattent un avion Sukhoi. Une deuxième colonne attaque le poste de Yebbi Bu. Le 13 décembre 1986, une troisième colonne partie de Sebha (Libye) attaque Wour puis descend vers Zouar. La situation sera bientôt désespérée pour les FAP mais le moral est haut.
Le Général français Lacaze et Fernand Wibaux sont envoyés par Matignon et reçus le 14 décembre par le Président Hissène Habré. Il faut absolument ravitailler les nouveaux ennemis du colonel kadhafi. C'est-à-dire aider les forces de Goukouni Weddeye.
Pour un Tchadophile averti, l’information relève du « tout est possible au TCHAD » et engendre l’adaptation immédiate aux réalités du terrain. Pour le Président François Mitterrand, la décision à prendre interpelle le bon sens. La proximité du Général Lacaze avec Jean Christophe Mitterrand va permettre une exceptionnelle rapidité pour l’acheminement d’un soutien aux assiégés de Tibesti.
Tous feux éteints, deux Transall arrivent nuitamment le 16 décembre à proximité de la localité de Zouar. Six mille litres de carburant, des couvertures, des vivres et des munitions (missiles antichars et sol-air sont largués pour tenir quelques jours de plus).
La réaction libyenne est meurtrière, les troupes de Kadhafi décident de faire bombarder les palmeraies à l’aveuglette et d’empoisonner les puits avec du gas-oil lorsqu’elles sont contraintes au repli. Une deuxième offensive libyenne déclenché le 18 décembre à 6 heure locales contre Bardai, Wour et Zouar. Une contre offensive repousse l’assaut sur Bardai.
François Mitterrand réunit d’urgence jacques Chirac et André Giraud. De nouveaux parachutages sont décidés dont les contenus ne sont pas révélés.
Mireille DUTEIL (le Point, 29 décembre 1986) n’exclut pas la présence de Conseillers français auprès des Forces Armées Populaires dirigées auprès de Adoum Togoye et Adoum Yakhoub. Ainsi les FANT et FAP opèrent leur jonction. 1500 combattants de Goukouni sont renforcés par une centaine d’hommes de Habré le 20 décembre et reçoivent de nouveaux parachutages décidés par l’armée française.
Hissène Habré demande à nouveau une couverture aérienne au nord de la ligne rouge, demande refusé par Paris qui ne franchira pas ce cap officiellement fixé. François Mitterrand envoie par Transmission un message informant son homologue tchadien de la décision de la France de renforcer son aide au Tchad sans engager ses forces armées.
Zouar est aux mains de libyens le 29 décembre
Si paris réaffirme sa volonté de ne répliquer aux libyens qu’au sud de la ligne rouge, un appui logistique peut devenir systématique et officiel, conformément à la volonté de l’Etat français exprimé lors du sommet de Lomé. Cependant la situation d’invasion par la Libye sans véritable tendance inféodé, redonne le sentiment aux africains que leur « mère patrie la France » n’est plus capable d’assurer leur sécurité. Jamais l’agression n’a été aussi visible. Pierre sergent signe dans le Figaro du 2 janvier un point de vue très réaliste exprimé sans détours : « la France cherche à fuir ses responsabilités, par crainte d’une escalade militaire. Invoquer le caractère défensif du dispositif Epervier ou le faible rayon d’action des Jaguars et des Mirages n’est pas plus sérieux… nous disposons d’un instrument à la mesure de notre politique.
A condition d’en avoir une ! Car le moment est venu pour la France d’avoir une attitude claire si elle ne veut pas se déconsidérer aux yeux de ceux qui comptent avec elle ».
Durant cette guerre de 1986 au Tibesti, des grands baroudeurs comme le Général ALLATCHI Sirreï ont montré leurs preuves d’héroïsme et leurs gouts de risques. C’est le moment de lui rendre un vibrant hommage à ce martyr tombé glorieusement au champ de combats. Le Tchadien est né guerrier, les Islamistes qui ont occupé une partie du Mali en savent quelques choses. BOKO HARAM si tu nous touches, tu seras converti en WAL DAL HARAM.
AL Hadj Garondé Djarma
Tel : 235 68 40 82 18
Le 3 septembre 1939, la seconde guerre mondiale éclate, le territoire du Tchad sera le premier à répondre à l’appel anxieux du Général de Gaulle du 18 juin 1940. Les meilleurs fils de mon pays sous le mât bois sacré du drapeau tricolore ont démontré leur courage mâle à ce rendez-vous de l’histoire. Sur les quinze Africains qui ont été décorés par le General de Gaulle en personne, cinq sont des Compatriotes Tchadiens. Ces lauréats bénéficiaires de cette haute distinction honorifique sont :
- Primo le Lieutenant Koli Yorgui
- Secundo le Lieutenant Mouniro
- Tertio l’Adjudant Doursam Idriss
- Quarto le Sergent Chef Nimir
- Quinto le Caporal Chef Kaïlao André
Concernant d’autres guerres fratricides ou avec le voisin gênant (la Libye), le tchadien a un palmarès auréolé de gloire.
Apres l’indépendance du 11 Août 1960, le Président Tombalbaye par l’ordonnance N° 2 du 27 Mai 1961 crée une armée dite nationale. Quelques mois après en date du 19 janvier 1962 par ordonnance N° 3, il supprime tous les Partis politiques sauf le sien. Les Chefs de ses sensibilités politiques dissoutes réagissent contre cette dérive dictatoriale.
La voie pour l’alternance étant obstruée, les remous politiques s’installent dans la Capitale. C’est ainsi que le lundi 16 Septembre 1963, une manifestation politique fera couler le sang tchadien. La nouvelle armée à l’état embryonnaire fait parler la poudre contre les manifestants. Le pouvoir de la Première République entre dans la tourmente. Des arrestations arbitraires furent opérées au sein des personnalités politiques. Leurs Cadres qui ont échappé aux griffes du pouvoir de la zone cotonnière s’expatrient et créent par la suite des mouvements armées.
Dans ce pays où les balafres devinrent le symbole d’oppression, notre salut ne dépendra que de la lutte armée disent certaines mauvaise langues et d’autres clament haut je cite : « Nous sommes des traditions guerrières honorables mais pas eux ». Ainsi le Tchad s’embrase. La jacquerie administrative survenue à Mangalmé servira de détonateur. La guerre et son cortège de malheur élit domicile dans la zone septentrionale.
Le 10 et 12 décembre 1965, le Front de Libération du Tchad du Compatriote Hassane Ahmat Moussa fait son baptême de feu en attaquant la localité d’Adré. Son Chef d’Etat Major Zacaria Al Habo trouva la mort. Le 22 juin 1966, un second mouvement armé naquit à Niala (Soudan). Son Chef d’Etat Major Abderassoul Mahamat Dancar tombera le 3 juillet 1966 à Mangalmé. Le 5 mars 1968, une aile armée dénommée 2ème armée du Frolinat attaque Aouzou (scandale géologique pour le Tchad). Son Chef politico-militaire Mahamat Tahir Abbadi trouvera plus tard le 5 septembre 1969 la mort à Bouddo(Borkou) au cours d’un combat avec les forces françaises du General Edouard Cortadellas. Cet obscur officier supérieur français connaitra un deuil dans sa famille. Son fils le Sergent Chef Bertrand Cortadellas sera abattu le 23 janvier 1971 à Moursou(B.E.T).
La presse française séduite par le goût des risques des combattants Toubbous écrit je cite :
« Tibesti : Contre 600 rebelles Toubbous, les forces françaises rencontrent les plus grandes difficultés et subissent l’essentiel de leurs pertes (30 morts). Les officiers français admettent qu’il ne saurait y avoir de solution militaire à cette rébellion, que certains observateurs imputent au refus des Nomades musulmans du Nord de reconnaître la prépondérance des tribus animistes du Sud, à la peau plus sombre, dont ils faisaient leurs esclaves avant l’ère coloniale.
Piqués au vif par l’apparente arrogance des Toubbous, les autorités se sont mises à humilier ces musulmans, leur interdisant notamment le port du Turban et du couteau en ville et les frappent d’un impôt sur leurs épouses ».
Un autre lynchage médiatique toujours dans : les Evénements du Tchad, page 44, s’insurge contre cette dictature de pacotille qui sévit à N’djamena je cite :
« N’ayant reçu aucune formation préalable pour la plupart, n’ayant retenu de leurs prédécesseurs que les formes et les gestes, ils ont cru qu’il suffisait de porter un insigne et d’être accompagné des Gardes pour recevoir pleine et entière obéissance. La quasi-totalité de nouveaux promus étaient originaires du Sud.
L’invasion du Nord par les gens du Sud ne se situe d’ailleurs pas seulement à l’échelon le plus élevé des Préfets et des Sous-préfets, mais à tous les niveaux. Dans les villes musulmanes du Nord (et même en brousse), en effet un très grand nombre de fonctionnaires étaient des Chrétiens ou des Animistes ».
Qu’est ce qui se passe aujourd’hui ? C’est plutôt l’invasion du Sud par les Eleveurs du Nord que nous constatons. Cohabiter avec ce genre d’humain qui ne connait dans sa culture que l’arrogance, insolence et violence n’est pas chose aisée. Reprenons le film de ce récit.
En Octobre 1971 le Compatriote Hissène Habré, cadre intellectuellement compétent, débarque au maquis du Frolinat. C’est lui qui conduira la lutte armée au firmament de la victoire. Dès son arrivée Habré connaîtra des sérieux ennuis avec les Libyens à Tripoli. Ennuis tissés par les Cadres du Frolinat. En effet, le Chef de la Grande Cellule du Bureau Politique du Frolinat de N’djamena qui est en même temps membre du Bureau Politique National du PPT/RDA, le Parti au pouvoir, informe par correspondance le Secrétaire General du Frolinat le Docteur Abba Siddick que Hisène Habré est envoyé en mission par le Président Tombabaye auprès de Derdei Weddeye Kihidemi pour déstabiliser le Frolinat. A cette époque, le Chef de la 2ème armée du Frolinat est le Camarade Goukouni Weddeye, fils de Derdeï Weddeye le Chef spirituel des Toubbous. Une campagne médiatique est dressée par les cadres originaires du Centre contre celui qui par ses idées lumineuses conduira cette lutte armée à son terme.
Hissène Habré aussitôt arrivé au maquis, tient un Congrès le 20 octobre 1972 à Gomour au Tibesti et crée le Conseil de Commandement des Forces Armées du Nord. Il devient Président de cet organe politico-militaire. Pour joindre l’utile à l’agréable, il prend en otage le 21 Avril 1974 Madame Françoise Claustre un archéologue épouse de Monsieur Pierre Claustre chef de la M.R.A (Mission pour la Reforme Administrative). Celui-ci se rend au Tibesti pour négocier la libération de son épouse, il sera le bienvenu car, il sera un otage de plus. Le 2ème émissaire sera le Capitaine Pierre Galopin adjoint au Commandant français Camille Gouvernec, chef de la police politique de N’djamena et Conseiller Spécial du Président Tombalaye. Hissène Habré l’arrête et l’interroge sur l’assassinat du Docteur Outel Bono survenu le 26 Août 1973 à Paris. Il révèle le nom de l’assassin, un certain Léon Hardy, ancien Garde du corps du Président Bokassa de la RCA et intime ami du Commandant Gouvernec.
Une commission d’enquête est aussitôt constituée, Monsieur Galopin est condamné à mort et sera publiquement raccourci le 4 Avril 1975.
En octobre 1976, une dissension tombe entre Habré et son adjoint Goukouni. Les deux hommes se séparent, Habré quitte son BET natal pour Aramkolé. Au cours de la traversée du désert selon mon compagnon de la permanence du CDR à Syrte, le Colonel feu Adoum Guemourou Plastic, son armée de terre s’est accrochée cinq fois avec la colonne de Hissène Habré. L’accrochage la plus cruelle est celle du 4 janvier 1977 à Ouadi Djadid. La Compara N° 4 de Mongo fut décimée. D’autres accrochages eurent lieu à Bir Djamouss et Ouadi Goutoune. A peine atteint le Mont d’Aramkolé, il se heurtera aux troupes du Commandant d’Escadron kamougué wadal Abdelkadre. La bataille se tourne en faveur de Kamougué et le Président du CCFAN est délogé de sa grotte. Il regagne le Soudan et engage de pourparlers avec le CSM du Président Félix Malloum. Un accord dénommé Accord de Khartoum est signé le 17 Septembre 1977.
Le 25 Août 1978, Hissène habré signe la Charte Fondamentale et le 29 Août 1978, il est nommé Premier Ministre et forme son gouvernement le 31 Août 1978. Un gouvernement des faucons, un gouvernement antithèse de la paix.
Le 25 Septembre 1978, en guise de premier message à la Nation, le Premier Ministre Hissène Habré fait l’inventaire de ses options pour le Tchad partant d’un bilan qui frustre, qui glace les proches des ex CSM :
« Le Tchad connaît sur le plan socio-économique une quasi-banqueroute due à l’irresponsabilité, à la mauvaise gestion, au laisse aller et au gaspillage ». On imagine sans mal les visages des ex Ministres du CSM se crisper, abasourdi par la violence de l’attaque.
En attendant la diffusion radiophonique de son discours, Hissène Habré doit savourer les conséquences de celui-ci. Ce message officiel doit être diffusé en Français et Arabe, mais ce jour là, le traducteur en arabe a eu la mauvaise idée d’être en retard. Que ce soit une crise de paludisme, un problème de circulation dans la Capitale ou une mauvaise grippe, bref quelque soit la cause, les conséquences de cette anomalie anodine dépassait l’imagination.
Les Employés de la Radio Nationale Tchadienne (RNT) décident de diffuser la traduction en Sara en seconde position, en attendant le retardataire. Pendant la diffusion du dit discours en Sara, Hissène Habré furieux fait irruption à l’enceinte de la radio pour interrompre le traducteur. La rumeur gronde dans les quartiers sudistes de la Capitale. Cet incident s’est passé à l’absence du Président Félix Malloum qui se trouvait en visite officielle en Chine Populaire. En guise de représailles, une mesure est infligée au Premier Ministre. Les rations de ses éléments de protection sont coupées. Hissène Habré ne restera bras croisé, il envoie le Secrétaire Général du Gouvernement Abakar Zaïd de lui faire venir le Commerçant et militant de FAN, Al Hadj Yakhoub Nassour. Il demande à ce dernier de lui emprunter une somme de dix millions de francs CFA pour subvenir au besoin de ses éléments. Je rembourserai au retour du Président Félix Malloum lui a-t-il dit.
Al hadj Yakhoub Nassour, un FAN pur et dur, réunit les commerçants autour d’un repas et sur le champ, une somme de soixante dix millions est déboursée gratuitement. Al Hadj Yakhoub Nassour apporte cette somme colossale au Premier ministre. Celui-ci satisfait par cette vertu de générosité lâche superbe une phrase en arabe : « Nichifou ma al kirdi dol » (on verra avec ces mécréants). La suite est connue. Pour des raisons de pagination je clos ce chapitre et j’ouvre un second relatif aux évènements douloureux survenus au B.E. T en 1986. C’est pour dire à BOKO Haram que s’il touche le Tchad, il sera wal dal Haram. Le peuple tchadien est un peuple guerrier qui ne s’amuse pas avec son patriotisme. Voici le récit d’un événement émouvant :
« Suite aux exécutions sommaires des cadres et combattants du Conseil Démocratique Révolutionnaire(CDR) survenues à Faya Largeau au mois de Mai 1986, des combats extrêmement violents éclatent entrent les deux armées (CDR et FAP) stationnées à Fada.
Le rapport de force n’étant pas égale, les deux affrontements ont tourné en faveur du C D R. Les FAP sont délogés de leur site. D’aucuns ont regagné kalaid et d’autres sont restés au périmètre de Fada pour de pourparlers avec l’émissaire de Habré.
Le 24 octobre 1986, Adoum Togoye délégué aux relations extérieures du GUNT (Gouvernement d’Union Nationale de Transition) annonce qu’un accord de cessez le feu a été conclu avec les Forces Armées Nationales du Tchad (FANT) du Président Hissène Habré. Ne dit on pas que chaque animal ne s’accouple qu’avec un animal de la même espèce ? L’accord en question prévoit la prise en charge de l’intendance et de la logistique des FAP (Forces Armées Populaires) par le haut commandement des FANT, leur intégration au sein de ce commandement unique.
Le 30 octobre 1986, il est 16 heures lorsqu’une vingtaine des militaires libyens conduits par le Colonel Issaoui viennent chercher Goukouni Weddeye dans sa villa. Il n’en faut pas plus pour que l’intéressé et ses Gardes du corps comprennent qu’il s’agit d’un piège. La fusillade éclate laissant l’ancien Président du Tchad à terre, touché par une balle à l’abdomen.
Les dirigeants libyens vont être confrontés dans les jours à venir à des affrontements au Tibesti, car les Goranes dans leur culture n’accepte pas de défis, ils doivent absolument le relever. Des bombardements de l’aviation libyenne vont bientôt faire des ravages au sein des populations civiles.
L’ASSAUT LIBYEN
Le dispositif d’attaque est commandé par le Colonel Arrifi Ali chef des Forces libyennes au Tchad. Deux mille hommes se préparent à partir à l’assaut des ex alliés. Le 11 décembre 1986, une colonne libyenne partie d’Aouzou attaque Bardai. Les hommes de Goukouni Weddeye, ralliés au gouvernement de la 3ème République, résistent et abattent un avion Sukhoi. Une deuxième colonne attaque le poste de Yebbi Bu. Le 13 décembre 1986, une troisième colonne partie de Sebha (Libye) attaque Wour puis descend vers Zouar. La situation sera bientôt désespérée pour les FAP mais le moral est haut.
Le Général français Lacaze et Fernand Wibaux sont envoyés par Matignon et reçus le 14 décembre par le Président Hissène Habré. Il faut absolument ravitailler les nouveaux ennemis du colonel kadhafi. C'est-à-dire aider les forces de Goukouni Weddeye.
Pour un Tchadophile averti, l’information relève du « tout est possible au TCHAD » et engendre l’adaptation immédiate aux réalités du terrain. Pour le Président François Mitterrand, la décision à prendre interpelle le bon sens. La proximité du Général Lacaze avec Jean Christophe Mitterrand va permettre une exceptionnelle rapidité pour l’acheminement d’un soutien aux assiégés de Tibesti.
Tous feux éteints, deux Transall arrivent nuitamment le 16 décembre à proximité de la localité de Zouar. Six mille litres de carburant, des couvertures, des vivres et des munitions (missiles antichars et sol-air sont largués pour tenir quelques jours de plus).
La réaction libyenne est meurtrière, les troupes de Kadhafi décident de faire bombarder les palmeraies à l’aveuglette et d’empoisonner les puits avec du gas-oil lorsqu’elles sont contraintes au repli. Une deuxième offensive libyenne déclenché le 18 décembre à 6 heure locales contre Bardai, Wour et Zouar. Une contre offensive repousse l’assaut sur Bardai.
François Mitterrand réunit d’urgence jacques Chirac et André Giraud. De nouveaux parachutages sont décidés dont les contenus ne sont pas révélés.
Mireille DUTEIL (le Point, 29 décembre 1986) n’exclut pas la présence de Conseillers français auprès des Forces Armées Populaires dirigées auprès de Adoum Togoye et Adoum Yakhoub. Ainsi les FANT et FAP opèrent leur jonction. 1500 combattants de Goukouni sont renforcés par une centaine d’hommes de Habré le 20 décembre et reçoivent de nouveaux parachutages décidés par l’armée française.
Hissène Habré demande à nouveau une couverture aérienne au nord de la ligne rouge, demande refusé par Paris qui ne franchira pas ce cap officiellement fixé. François Mitterrand envoie par Transmission un message informant son homologue tchadien de la décision de la France de renforcer son aide au Tchad sans engager ses forces armées.
Zouar est aux mains de libyens le 29 décembre
Si paris réaffirme sa volonté de ne répliquer aux libyens qu’au sud de la ligne rouge, un appui logistique peut devenir systématique et officiel, conformément à la volonté de l’Etat français exprimé lors du sommet de Lomé. Cependant la situation d’invasion par la Libye sans véritable tendance inféodé, redonne le sentiment aux africains que leur « mère patrie la France » n’est plus capable d’assurer leur sécurité. Jamais l’agression n’a été aussi visible. Pierre sergent signe dans le Figaro du 2 janvier un point de vue très réaliste exprimé sans détours : « la France cherche à fuir ses responsabilités, par crainte d’une escalade militaire. Invoquer le caractère défensif du dispositif Epervier ou le faible rayon d’action des Jaguars et des Mirages n’est pas plus sérieux… nous disposons d’un instrument à la mesure de notre politique.
A condition d’en avoir une ! Car le moment est venu pour la France d’avoir une attitude claire si elle ne veut pas se déconsidérer aux yeux de ceux qui comptent avec elle ».
Durant cette guerre de 1986 au Tibesti, des grands baroudeurs comme le Général ALLATCHI Sirreï ont montré leurs preuves d’héroïsme et leurs gouts de risques. C’est le moment de lui rendre un vibrant hommage à ce martyr tombé glorieusement au champ de combats. Le Tchadien est né guerrier, les Islamistes qui ont occupé une partie du Mali en savent quelques choses. BOKO HARAM si tu nous touches, tu seras converti en WAL DAL HARAM.
AL Hadj Garondé Djarma
Tel : 235 68 40 82 18