Mais bon, je me lance…
L’ouvrage s’ouvre avec cette phrase :
« Le jour où maman est partie, on me prévient que j’irai passer quelques jours chez ma grand-mère ».
Quelques lignes plus tard, on lit ceci :
« Je n’aime pas ma grand-mère parce que je n’aime personne. Je suis un sauvage, on me le dit tout le temps. Un ours. Un asocial. Un solitaire. Un cas. C’est pour ça qu’on m’apprécie, parait-il. Mais je ne veux pas qu’on m’apprécie. Je veux qu’on me foute la paix ».
Lorsque le jeune Antoine, personnage principal du roman, est sur la route pour rejoindre sa grand-mère à Chamonix, on lit ceci :
« Germain aime conduire lentement. On dirait qu’il se dandine. Qu’il transporte la reine d’Angleterre. Ça bloque les routes, mais personne n’ose klaxonner une Rolls bleu glacier. Comme on ne peut pas doubler avant l’autoroute, les gens attendent. Au début, ça m’amusait de regarder leurs têtes. Plus maintenant. Encore une heure de route. Je m’endors en pensant à maman ».
Antoine arrive chez sa grande mère. On lit ceci :
« Les chiens se sont approchés, mais ils n’aboient plus. Ils ont des mœurs de chats. Et puis, comment en placer une lorsque grand-mère parle ? Même eux ont renoncé. »
Que j’ai ri en lisant ce livre ! Que j’ai apprécié la manière qu’à l’auteur, par son écriture, de nous faire vivre les scènes ! Que dire de plus sur cette œuvre, à part avouer que je me suis délecté et vous en souhaiter autant ?
Entretien avec l’auteur :
M.T.F : Qui est réellement Stéphane Hoffmann ?
S.H : Un écrivain qui raconte gaiement des histoires tristes.
M.T.F : Parlez-nous de ce roman si original ; comment est-il né ?
S.H : De l’envie de raconter l’histoire d’une famille où le manque d’amour se transmet de génération en génération – par maladresse plus que par méchanceté – jusqu’à un enfant qui découvre, grâce à un chien, qu’il peut être aimé. Et, donc, qu’il peut aimer. Grâce au chien Jojo, qui l’aime de manière absolue, Antoine découvre à 13 ans la force et la puissance de l’amour.
M.T.F : Qu’est-ce qui vous inspire le plus quand vous écrivez, et pourquoi ?
S.H : La volonté de se libérer de l’air du temps, qui est pesant, pour retrouver un peu de légèreté, c’est-à-dire de liberté. C’est parce que la vie est à pleurer qu’il faut la chanter.
M.T.F : Serait-il possible de nous parler de l’un de vos plus beaux moments de culture ?
S.H : La culture m’assomme, je n’aime que le plaisir. La culture est scolaire, gouvernementale, obligatoire : une mainmise de la société. C’est, par exemple, la Fête de la Musique : à fuir.
Le plaisir, au contraire, élève et libère, à condition d’être exigeant avec lui. J’aime ce qui n’a l’air de rien et qui, pour peu qu’on y accorde de l’attention, devient l’essence même de la vie. Ce qui protège et qui élève. Ce qui donne à la fois une armure et des ailes.
J’ai eu cette sensation chaque fois que j’ai vu Charles Trenet sur scène. La première en 1975 à l’Olympia, la dernière à Pleyel en 1999. Un récital de Trenet avait l’air tout bête : un vieux bonhomme, deux pianistes, un contrebassiste, une vingtaine de chansons connues par cœur. Et ce tout bête donnait en deux heures une force et une vaillance incroyables.
Si, parfois, mes livres pouvaient atteindre à cela, j’en serais très heureux et n’aurais pas perdu mon temps sur cette terre.
Extraits du livre :
« Elle dit non à quelque chose qui lui déplaît. Elle en a la possibilité et elle a bien de la chance. C’est pour ça que j’ai hâte d’être vieux. Pour pouvoir dire non. Comme grand-mère. »
« Je hais ce blondinet qu’on appelle le Petit Prince. Le petit con du bouquin de Saint-Ex, lavement que les profs flanquent dans le cul des élèves. Il fait bien chier, ce Petit Prince ».
Résumé :
Dans ce portrait d'une famille où la tendresse passe mal, on croise une chanteuse qui ne veut plus chanter, un Anglais qui n'aime que les chaussettes et la reine, un petit chien bien imprudent et une égoïste qui veut être ministre. On fait des virées à Londres et à Monaco et une traversée du lac Majeur. Il y a encore des blessures d'amour mal guéries et, bousculant tout ce monde, un enfant qui cherche la liberté. Stéphane Hoffmann retrouve ici le ton des Autos tamponneuses, des Filles qui dansent et de Château Bougon.
Il aime rire des choses graves et nous émouvoir du spectacle souvent pitoyable des grandes personnes.
Mini-bio de l’auteur :
Journaliste et critique littéraire, Stéphane Hoffmann publie Le Gouverneur distrait en 1989 et obtient le prix Nimier pour Château Bougon en 1991. Des filles qui dansent (2007) et Des garçons qui tremblent (2008) le consacrent comme un de nos plus brillants romanciers. Les autos tamponneuses, en 2011, confirment son succès.
L’ouvrage s’ouvre avec cette phrase :
« Le jour où maman est partie, on me prévient que j’irai passer quelques jours chez ma grand-mère ».
Quelques lignes plus tard, on lit ceci :
« Je n’aime pas ma grand-mère parce que je n’aime personne. Je suis un sauvage, on me le dit tout le temps. Un ours. Un asocial. Un solitaire. Un cas. C’est pour ça qu’on m’apprécie, parait-il. Mais je ne veux pas qu’on m’apprécie. Je veux qu’on me foute la paix ».
Lorsque le jeune Antoine, personnage principal du roman, est sur la route pour rejoindre sa grand-mère à Chamonix, on lit ceci :
« Germain aime conduire lentement. On dirait qu’il se dandine. Qu’il transporte la reine d’Angleterre. Ça bloque les routes, mais personne n’ose klaxonner une Rolls bleu glacier. Comme on ne peut pas doubler avant l’autoroute, les gens attendent. Au début, ça m’amusait de regarder leurs têtes. Plus maintenant. Encore une heure de route. Je m’endors en pensant à maman ».
Antoine arrive chez sa grande mère. On lit ceci :
« Les chiens se sont approchés, mais ils n’aboient plus. Ils ont des mœurs de chats. Et puis, comment en placer une lorsque grand-mère parle ? Même eux ont renoncé. »
Que j’ai ri en lisant ce livre ! Que j’ai apprécié la manière qu’à l’auteur, par son écriture, de nous faire vivre les scènes ! Que dire de plus sur cette œuvre, à part avouer que je me suis délecté et vous en souhaiter autant ?
Entretien avec l’auteur :
M.T.F : Qui est réellement Stéphane Hoffmann ?
S.H : Un écrivain qui raconte gaiement des histoires tristes.
M.T.F : Parlez-nous de ce roman si original ; comment est-il né ?
S.H : De l’envie de raconter l’histoire d’une famille où le manque d’amour se transmet de génération en génération – par maladresse plus que par méchanceté – jusqu’à un enfant qui découvre, grâce à un chien, qu’il peut être aimé. Et, donc, qu’il peut aimer. Grâce au chien Jojo, qui l’aime de manière absolue, Antoine découvre à 13 ans la force et la puissance de l’amour.
M.T.F : Qu’est-ce qui vous inspire le plus quand vous écrivez, et pourquoi ?
S.H : La volonté de se libérer de l’air du temps, qui est pesant, pour retrouver un peu de légèreté, c’est-à-dire de liberté. C’est parce que la vie est à pleurer qu’il faut la chanter.
M.T.F : Serait-il possible de nous parler de l’un de vos plus beaux moments de culture ?
S.H : La culture m’assomme, je n’aime que le plaisir. La culture est scolaire, gouvernementale, obligatoire : une mainmise de la société. C’est, par exemple, la Fête de la Musique : à fuir.
Le plaisir, au contraire, élève et libère, à condition d’être exigeant avec lui. J’aime ce qui n’a l’air de rien et qui, pour peu qu’on y accorde de l’attention, devient l’essence même de la vie. Ce qui protège et qui élève. Ce qui donne à la fois une armure et des ailes.
J’ai eu cette sensation chaque fois que j’ai vu Charles Trenet sur scène. La première en 1975 à l’Olympia, la dernière à Pleyel en 1999. Un récital de Trenet avait l’air tout bête : un vieux bonhomme, deux pianistes, un contrebassiste, une vingtaine de chansons connues par cœur. Et ce tout bête donnait en deux heures une force et une vaillance incroyables.
Si, parfois, mes livres pouvaient atteindre à cela, j’en serais très heureux et n’aurais pas perdu mon temps sur cette terre.
Extraits du livre :
« Elle dit non à quelque chose qui lui déplaît. Elle en a la possibilité et elle a bien de la chance. C’est pour ça que j’ai hâte d’être vieux. Pour pouvoir dire non. Comme grand-mère. »
« Je hais ce blondinet qu’on appelle le Petit Prince. Le petit con du bouquin de Saint-Ex, lavement que les profs flanquent dans le cul des élèves. Il fait bien chier, ce Petit Prince ».
Résumé :
Dans ce portrait d'une famille où la tendresse passe mal, on croise une chanteuse qui ne veut plus chanter, un Anglais qui n'aime que les chaussettes et la reine, un petit chien bien imprudent et une égoïste qui veut être ministre. On fait des virées à Londres et à Monaco et une traversée du lac Majeur. Il y a encore des blessures d'amour mal guéries et, bousculant tout ce monde, un enfant qui cherche la liberté. Stéphane Hoffmann retrouve ici le ton des Autos tamponneuses, des Filles qui dansent et de Château Bougon.
Il aime rire des choses graves et nous émouvoir du spectacle souvent pitoyable des grandes personnes.
Mini-bio de l’auteur :
Journaliste et critique littéraire, Stéphane Hoffmann publie Le Gouverneur distrait en 1989 et obtient le prix Nimier pour Château Bougon en 1991. Des filles qui dansent (2007) et Des garçons qui tremblent (2008) le consacrent comme un de nos plus brillants romanciers. Les autos tamponneuses, en 2011, confirment son succès.