Alwihda : Vous avez été critiqué pour avoir soutenu l’envoi des troupes tchadiennes au Mali? Regrettez-vous aujourd’hui votre déclaration ?
Ahmat Yacoub Dabio: On doit être fier de l’armée tchadienne. Voilà ce que j’ai dit. Comme toujours, certains ont voulu sciemment déformer mes propos. On peut être opposant au régime mais ne pas dénigrer son armée. J’étais de passage en France quand le Tchad a annoncé l’envoi de 2000 soldats et Dieu seul sait la fierté que j’ai vécue lorsque je rencontre des africains surtout des maliens. L’envoi de l’armée tchadienne au Mali est évoqué avec fierté par les autres. Ça me fait mal quand je lis certains de l'exil dénigrer l’armée en l’accusant de tous les défauts.
Soutenez vous l’intervention française au Mali ?
Ahmat Yacoub Dabio: Les extrémistes n'ont laissé d'autre choix que de soutenir l’intervention militaire, pour soulager les maliens et stopper la propagation de ce virus au reste du Sahel. Mais attention, il faut que la communauté internationale étudie minutieusement la source et les raisons de cet extrémisme et trouver des solutions intelligentes.
Alwihda: D’après vous, quelles sont les sources de cet extrémisme ?
Je suis peut être mal placé à extrapoler sur ce sujet mais d’une manière modeste, je peux me permettre de dire qu’une des sources de l’extrémisme est l’absence de perspectives à long terme pour la jeunesse. Les jeunes dans la plus grande partie du Tiers Monde sont en grande souffrance, déstructurés et en désarroi. Ils se cherchent sans se retrouver. Cette situation n’intéresse pas certains gouvernements du tiers monde. Et en fournissant des matériels de répression technologiques et sophistiqués aux dictateurs, l’Occident encourage leur maintien au pouvoir même en marchant sur des cadavres. Ce qui empêche toute alternance politique et freine tout développement économique ; et du coup on est plongé dans le chômage, la pauvreté, la rébellion etc. Face à ce blocage, les jeunes deviennent pessimistes. Ils perdent tout espoir et sont finalement obligés de se laisser facilement embrigader par des réseaux islamistes dans des aventures terroristes dont on sait les conséquences. Un djihad chasse un autre, ça commencé depuis septembre 2001 et ça continue, d’Amérique où les plus gros attentats ont eu lieu, jusqu’au Mali en passant par l’Afghanistan, l’Irak, la Somalie.. Et Dieu seul sait quelle sera la prochaine des extrémistes surtout en l’absence d’une mobilisation internationale pour inculquer dans l’esprit des leaders tiers Mondistes l’adoption d’une politique sage, ouverte, basée sur la justice, le respect des droits de l’homme, la démocratie participative et le partage des richesses. Le seul moyen de maintenir un pays dans la stabilité et l’unité, c’est d’éviter les scrutins frauduleux, accepter de distribuer la richesse du pays à la jeunesse et aux plus démunis, œuvrer à la débalcanisation des mentalités au profit de l’unité, respecter les droits de l’homme… Sans cela, il y aura toujours des surprises désastreuses comme celle de Mali, Libye, Tunisie, Egypte etc…
Alwihda: Certains analystes font état de possibles déstabilisations du pays via le désert libyen ou encore le Nigeria. Quelle est votre point de vue ? Faut-il prendre ces affirmations à la légère ?
Ahmat Yacoub Dabio: Certains analystes aiment exagérer. J'ai même lu ce soir un article dans Jeune Afrique qui, selon une source diplomatique, quelque cinq cents membres de Boko Haram, la secte islamiste nigériane, auraient réussi à s'infiltrer à N'Djamena. On donne même le nombre. C'est comme si ils sont enregistrés à la police frontalière avant de rentrer au pays. Il ya de fois des informations qui font sourire. J'ai suivi avant hier, le leader de la rébellion soudanaise (MJE) annoncer à une télévision étrangère l'arrivée au Darfour d'environ 100 islamistes !! Une autre information indique qu'une cinquantaine de véhicules des islamises maliens sont rentrés au Soudan en traversant le désert tchadien!!! J'ai suivi un spécialiste israélien à la télévision Guyzen dire que les islamistes au Mali sont approvisionnés grâce à leurs réseaux en Iran et au Tchad!! Quelle connerie? Il y a des gens qui ne trouvent leur compte que dans l’instabilité, et ne cessent de propager des informations fallacieuses. Leur espoir est de faire vivre le monde dans le trouble pour en tirer profit. Il est vrai je ne suis pas spécialiste en la matière mais l'expérience nous a apprit d'être prudent et ne pas céder aux spécialistes qui balancent n'importe quoi. C'est vrai que je suis mal placé pour avoir une idée exacte sur ce sujet, mais je me demande si nous ne sommes pas victimes de la désinformation?Nous avons en mémoire encore l'arme de destruction massive en Irak. Certes, nous devons sans dramatiser la situation, être vigilant et encourager les forces de sécurité de ne pas fermer les yeux.
Alwihda: Selon vous, « le ralliement de Baba Laddé est un exemple à suivre ». Alors que la Médiature a réalisé un travail hors du commun dans le retour à la paix au Tchad. Qui doit aujourd’hui en particulier suivre cet exemple ?
Ahmat Yacoub Dabio: La Médiature travaille -sans trompette ni tambour battant- sur le dossier relatif au retour au bercail de tous les fils du Tchad. C’est une stratégie de consolidation de la paix.
Alwihda: En 2010, vous avez travaillé sur un projet de réconciliation entre les mouvements politico-militaires centrafricains et le Président François Bozizé. Est-ce vrai que Bangui est responsable du sabotage du projet à la dernière minute?
Ahmat Yacoub Dabio: Le triangle frontalier qui lie le Soudan, le Tchad et la Centrafrique est un nid truffé des mouvements rebelles centrafricains, soudanais, tchadiens et même le LRA, le mouvement ougandais extrémiste. Dans ce triangle frontalier, il existe également des trafics d’armes et de drogue. Tous ces groupuscules armés sévissent grâce à la présence des rebelles centrafricains qui les protègent et en contre partie, ils leur versent des commissions leur permettant de survivre et de s’armer. C'est pourquoi, j’ai présenté un projet de pacification de cette zone. Si nous avons prit au sérieux le projet que j’ai présenté, la RCA aurait évité la situation actuelle.
Alwihda: Pourquoi a t-il échoué le projet? On dit que le projet a échoué à cause de l’intransigeance du Général Abdoulaye Miskine ?
Ahmat Yacoub Dabio: Le projet a eu l’aval des deux chefs d’Etat et j’ai commencé par convaincre certains leaders de mouvements centrafricains comme le général Abdoulaye Miskine (ex-commandant de la garde présidentielle de l'ancien Président Ange Felix Patassé). Nous avons même fixé, avec lui et le Médiateur centrafricain, la date de son arrivée à N’djamena. Je ne dirai pas plus pour le moment.
Alwihda: Juste pour savoir si le président Idriss Déby a accepté et si vous avez eu l’aval du Président Bozizé pour ces genres de démarches ?
Ahmat Yacoub Dabio: J'ai déjà répondu à cette question. Oui, et le général Miskine a accepté et nous avons même fixé la date de son retour en Centrafrique via N’djamena.
Alwihda: S’agissant de la crise sociale entre le syndicat des travailleurs et le gouvernement, vous avez récemment souligné que « la Médiature peut intervenir si les deux parties s’en remettent à elle ». A l’heure actuelle, plus d’une trentaine de médiations (partis politiques, religieux, associations…) ont tour à tour échoué. La Mediature est le mieux placé pour résoudre ce conflit, qu’attendez-vous pour intervenir?
Ahmat Yacoub Dabio: Nous n’avons pas manqué d’étudier ce dossier. Mais pour intervenir il faut non seulement que les deux parties en face la demande, mais être sûr que nous pouvons aussi être vraiment utile et capable d’apporter une solution. En d’autres termes, s’assurer de la disponibilité des deux parties à lâcher du lest.
Alwihda: En parlant de la normalisation des relations tchado-soudanaises, vous affirmiez sur la chaine Al Jazeera que : « cette initiative historique a démontré que les négociations directes sont plus efficaces que les médiations étrangères ». Aujourd’hui, l’Association «voter dans la transparence » appelle dans un communiqué à une médiation internationale pour la résolution de la crise sociale qui oppose l’UST au gouvernement. Que répondez-vous à ceux qui misent leur dernier espoir sur une « médiation internationale » ?
Ahmat Yacoub Dabio: Je ne suis pas en position de commenter cela.
Ahmat Yacoub Dabio: On doit être fier de l’armée tchadienne. Voilà ce que j’ai dit. Comme toujours, certains ont voulu sciemment déformer mes propos. On peut être opposant au régime mais ne pas dénigrer son armée. J’étais de passage en France quand le Tchad a annoncé l’envoi de 2000 soldats et Dieu seul sait la fierté que j’ai vécue lorsque je rencontre des africains surtout des maliens. L’envoi de l’armée tchadienne au Mali est évoqué avec fierté par les autres. Ça me fait mal quand je lis certains de l'exil dénigrer l’armée en l’accusant de tous les défauts.
Soutenez vous l’intervention française au Mali ?
Ahmat Yacoub Dabio: Les extrémistes n'ont laissé d'autre choix que de soutenir l’intervention militaire, pour soulager les maliens et stopper la propagation de ce virus au reste du Sahel. Mais attention, il faut que la communauté internationale étudie minutieusement la source et les raisons de cet extrémisme et trouver des solutions intelligentes.
Alwihda: D’après vous, quelles sont les sources de cet extrémisme ?
Je suis peut être mal placé à extrapoler sur ce sujet mais d’une manière modeste, je peux me permettre de dire qu’une des sources de l’extrémisme est l’absence de perspectives à long terme pour la jeunesse. Les jeunes dans la plus grande partie du Tiers Monde sont en grande souffrance, déstructurés et en désarroi. Ils se cherchent sans se retrouver. Cette situation n’intéresse pas certains gouvernements du tiers monde. Et en fournissant des matériels de répression technologiques et sophistiqués aux dictateurs, l’Occident encourage leur maintien au pouvoir même en marchant sur des cadavres. Ce qui empêche toute alternance politique et freine tout développement économique ; et du coup on est plongé dans le chômage, la pauvreté, la rébellion etc. Face à ce blocage, les jeunes deviennent pessimistes. Ils perdent tout espoir et sont finalement obligés de se laisser facilement embrigader par des réseaux islamistes dans des aventures terroristes dont on sait les conséquences. Un djihad chasse un autre, ça commencé depuis septembre 2001 et ça continue, d’Amérique où les plus gros attentats ont eu lieu, jusqu’au Mali en passant par l’Afghanistan, l’Irak, la Somalie.. Et Dieu seul sait quelle sera la prochaine des extrémistes surtout en l’absence d’une mobilisation internationale pour inculquer dans l’esprit des leaders tiers Mondistes l’adoption d’une politique sage, ouverte, basée sur la justice, le respect des droits de l’homme, la démocratie participative et le partage des richesses. Le seul moyen de maintenir un pays dans la stabilité et l’unité, c’est d’éviter les scrutins frauduleux, accepter de distribuer la richesse du pays à la jeunesse et aux plus démunis, œuvrer à la débalcanisation des mentalités au profit de l’unité, respecter les droits de l’homme… Sans cela, il y aura toujours des surprises désastreuses comme celle de Mali, Libye, Tunisie, Egypte etc…
Alwihda: Certains analystes font état de possibles déstabilisations du pays via le désert libyen ou encore le Nigeria. Quelle est votre point de vue ? Faut-il prendre ces affirmations à la légère ?
Ahmat Yacoub Dabio: Certains analystes aiment exagérer. J'ai même lu ce soir un article dans Jeune Afrique qui, selon une source diplomatique, quelque cinq cents membres de Boko Haram, la secte islamiste nigériane, auraient réussi à s'infiltrer à N'Djamena. On donne même le nombre. C'est comme si ils sont enregistrés à la police frontalière avant de rentrer au pays. Il ya de fois des informations qui font sourire. J'ai suivi avant hier, le leader de la rébellion soudanaise (MJE) annoncer à une télévision étrangère l'arrivée au Darfour d'environ 100 islamistes !! Une autre information indique qu'une cinquantaine de véhicules des islamises maliens sont rentrés au Soudan en traversant le désert tchadien!!! J'ai suivi un spécialiste israélien à la télévision Guyzen dire que les islamistes au Mali sont approvisionnés grâce à leurs réseaux en Iran et au Tchad!! Quelle connerie? Il y a des gens qui ne trouvent leur compte que dans l’instabilité, et ne cessent de propager des informations fallacieuses. Leur espoir est de faire vivre le monde dans le trouble pour en tirer profit. Il est vrai je ne suis pas spécialiste en la matière mais l'expérience nous a apprit d'être prudent et ne pas céder aux spécialistes qui balancent n'importe quoi. C'est vrai que je suis mal placé pour avoir une idée exacte sur ce sujet, mais je me demande si nous ne sommes pas victimes de la désinformation?Nous avons en mémoire encore l'arme de destruction massive en Irak. Certes, nous devons sans dramatiser la situation, être vigilant et encourager les forces de sécurité de ne pas fermer les yeux.
Alwihda: Selon vous, « le ralliement de Baba Laddé est un exemple à suivre ». Alors que la Médiature a réalisé un travail hors du commun dans le retour à la paix au Tchad. Qui doit aujourd’hui en particulier suivre cet exemple ?
Ahmat Yacoub Dabio: La Médiature travaille -sans trompette ni tambour battant- sur le dossier relatif au retour au bercail de tous les fils du Tchad. C’est une stratégie de consolidation de la paix.
Alwihda: En 2010, vous avez travaillé sur un projet de réconciliation entre les mouvements politico-militaires centrafricains et le Président François Bozizé. Est-ce vrai que Bangui est responsable du sabotage du projet à la dernière minute?
Ahmat Yacoub Dabio: Le triangle frontalier qui lie le Soudan, le Tchad et la Centrafrique est un nid truffé des mouvements rebelles centrafricains, soudanais, tchadiens et même le LRA, le mouvement ougandais extrémiste. Dans ce triangle frontalier, il existe également des trafics d’armes et de drogue. Tous ces groupuscules armés sévissent grâce à la présence des rebelles centrafricains qui les protègent et en contre partie, ils leur versent des commissions leur permettant de survivre et de s’armer. C'est pourquoi, j’ai présenté un projet de pacification de cette zone. Si nous avons prit au sérieux le projet que j’ai présenté, la RCA aurait évité la situation actuelle.
Alwihda: Pourquoi a t-il échoué le projet? On dit que le projet a échoué à cause de l’intransigeance du Général Abdoulaye Miskine ?
Ahmat Yacoub Dabio: Le projet a eu l’aval des deux chefs d’Etat et j’ai commencé par convaincre certains leaders de mouvements centrafricains comme le général Abdoulaye Miskine (ex-commandant de la garde présidentielle de l'ancien Président Ange Felix Patassé). Nous avons même fixé, avec lui et le Médiateur centrafricain, la date de son arrivée à N’djamena. Je ne dirai pas plus pour le moment.
Alwihda: Juste pour savoir si le président Idriss Déby a accepté et si vous avez eu l’aval du Président Bozizé pour ces genres de démarches ?
Ahmat Yacoub Dabio: J'ai déjà répondu à cette question. Oui, et le général Miskine a accepté et nous avons même fixé la date de son retour en Centrafrique via N’djamena.
Alwihda: S’agissant de la crise sociale entre le syndicat des travailleurs et le gouvernement, vous avez récemment souligné que « la Médiature peut intervenir si les deux parties s’en remettent à elle ». A l’heure actuelle, plus d’une trentaine de médiations (partis politiques, religieux, associations…) ont tour à tour échoué. La Mediature est le mieux placé pour résoudre ce conflit, qu’attendez-vous pour intervenir?
Ahmat Yacoub Dabio: Nous n’avons pas manqué d’étudier ce dossier. Mais pour intervenir il faut non seulement que les deux parties en face la demande, mais être sûr que nous pouvons aussi être vraiment utile et capable d’apporter une solution. En d’autres termes, s’assurer de la disponibilité des deux parties à lâcher du lest.
Alwihda: En parlant de la normalisation des relations tchado-soudanaises, vous affirmiez sur la chaine Al Jazeera que : « cette initiative historique a démontré que les négociations directes sont plus efficaces que les médiations étrangères ». Aujourd’hui, l’Association «voter dans la transparence » appelle dans un communiqué à une médiation internationale pour la résolution de la crise sociale qui oppose l’UST au gouvernement. Que répondez-vous à ceux qui misent leur dernier espoir sur une « médiation internationale » ?
Ahmat Yacoub Dabio: Je ne suis pas en position de commenter cela.