Les atrocités commises par le groupe Wagner en Afrique : mensonges et vérité
Département d’État des États-Unis
Le 8 février 2024
Rapport
Après avoir démenti pendant des années tout lien entre le gouvernement russe et le groupe Wagner, le président Poutine a admis en juin 2023 que le Kremlin avait fourni un soutien financier au groupe à hauteur de 86 milliards de roubles (l’équivalent de quelque 940 millions de dollars au mois d’octobre 2023) entre mai 2022 et mai 2023. La mort du patron du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, le 23 août 2023, offre l’occasion de revenir sur certains des mensonges les plus flagrants du gouvernement russe concernant le rôle, les objectifs et les prétendus succès du groupe Wagner. Le présent rapport analyse et réfute les fausses déclarations que la Russie continue de propager sur les activités du groupe Wagner en République centrafricaine (RCA), au Mali, au Soudan et en Libye, et lève le voile sur ce qu’il est réellement, à savoir un groupe de criminels motivés par la cupidité plutôt qu’une force antiterrorisme efficace.
L’exploitation des ressources africaines, notamment l’or, les diamants et le bois, par le groupe Wagner ne représente qu’un aspect de l’influence déstabilisatrice de cette organisation criminelle transnationale en Afrique. Les forces du groupe auraient rasé des villages entiers et assassiné des civils en République centrafricaine (RCA) pour faire avancer leurs intérêts économiques dans le secteur minier ; pris part à des exécutions illégales au Mali ; pillé des mines d’or artisanales au Soudan ; et porté atteinte aux institutions démocratiques dans chaque pays où elles ont opéré. Elles ont également été accusées d’avoir réglé leurs factures avec de la monnaie contrefaite. Ce comportement criminel et prédateur envers les Africains, ne s’arrêtera pas avec la mort d’Evgueni Prigojine.
Partout où le groupe Wagner se déploie s’ensuit une forte hausse du nombre de décès parmi les civils. Selon The Economist et des données récentes publiées par l’Armed Conflict Location and Event (ACLED), la violence perpétrée par le groupe Wagner à l’encontre des civils au Mali et en République centrafricaine (RCA) est non seulement fréquente, mais aussi bien plus meurtrière pour les non-combattants que les attaques menées par l’État ou les forces rebelles. The Economist rapporte qu’en date du mois d’août 2023, le groupe avait tué au moins 1 800 civils africains. Wagner justifie sa présence brutale en Afrique en affirmant que c’est un « soutien à la paix et à la stabilité ». Pourtant, rien qu’au Mali, la violence terroriste contre les civils a bondi de 278 % depuis 2021.
Les mensonges de la Russie en République centrafricaine
L’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie présente une image faussée d’un groupe Wagner qui jouerait un rôle positif dans des nations comme la République centrafricaine (RCA). Bien que le groupe Wagner soit déployé en RCA depuis 2018, les responsables russes continuent d’appeler les forces de Wagner des « instructeurs russes » lorsqu’ils discutent des activités du groupe, un narratif qui a continué après la mort de Prigojine en août 2023. Des responsables russes cités dans des médias financés par l’État russe prétendent que ces instructeurs russes ont « sauvé » la RCA et qu’ils y « renforcent la paix et la stabilité » afin d’y apporter une « paix durable ». La Communauté des Officiers pour la Sécurité internationale (COSI), qui a été sanctionnée par les États-Unis, sert de société écran aux opérations du groupe Wagner en RCA. Son directeur, Aleksandr Ivanov, sanctionné lui aussi par les États-Unis, justifie la présence de Wagner en RCA en affirmant : « Les combattants du groupe Wagner restent en RCA et permettent ainsi aux habitants de la République de dormir en paix ! (…) La République est devenue un endroit sûr pour la vie et le développement de la population locale. »
La vérité sur le groupe Wagner en République centrafricaine
Des rapports des Nations unies et de médias indépendants documentent la vérité sur les activités du groupe Wagner et sa brutalité envers la population de la RCA.
CBS a rapporté en mai 2023 que les forces de Wagner s’étaient livrées à des tueries, à des enlèvements et à des viols systématiques en vue de prendre le contrôle d’une zone minière de premier plan située près de la ville de Bambari. Les survivants ont décrit en détail les attaques : « Parler de tuerie, c’est un euphémisme. C’était un carnage total. On aurait dit l’Armaguédon (…) Ils parlaient russe. Même tchétchène. Certains portaient des masques et avaient de longues barbes. »
Des personnes en République centrafricaine, notamment des journalistes, des travailleurs humanitaires et des membres de minorités, ainsi que des forces de maintien de la paix internationales, ont été violemment harcelées et menacées par les soi-disant « instructeurs russes » du groupe Wagner, ont rapporté des experts de l’ONU en octobre 2021.
Malgré les affirmations de la Russie et de Wagner selon lesquelles il apporte la stabilité dans les zones où il intervient, le groupe — qui opère depuis la République centrafricaine et soi-disant à l’insu du gouvernement hôte — a monté un complot visant à renverser le gouvernement du Tchad au début de 2023, une action qui aurait pu aggraver une situation humanitaire déjà difficile pour les femmes, les enfants et d’autres civils.
Les mensonges de la Russie au Mali
Les responsables russes, les médias financés par l’État russe et les chaînes Telegram liées au Kremlin continuent de diffuser des messages sur le rôle prétendument « positif » du groupe Wagner au Mali depuis son déploiement en 2021. Malgré ces publications, le gouvernement de transition du Mali n’a toujours pas reconnu publiquement la présence du groupe sur son territoire. Des vidéos de propagande présentant les forces du groupe Wagner comme des sauveurs et des « anges guerriers » circulent toujours en ligne. Avant le déploiement du groupe au Mali, la Russie mettait en avant des narratifs mensongers semblables à ceux utilisés en République centrafricaine, répétant le mythe selon lequel des « instructeurs russes » apporteraient la paix, la stabilité et poseraient un nouveau jalon dans la lutte antiterroriste dans le pays. Aleksandr Ivanov, le directeur de la COSI sanctionné par les États-Unis, a salué le groupe Wagner dans des sites d’actualité maliens, déclarant qu’il faisait « un travail excellent partout dans le monde », et affirmant qu’il allait « combattre le terrorisme partout ». Une vidéo de propagande liée à la Russie et diffusée après le déploiement du groupe Wagner au Mali à la fin de 2021 suggérait à tort que les États-Unis et la France soutenaient les extrémistes religieux violents au Mali.
La vérité sur le groupe Wagner au Mali
Les faits révèlent une tout autre réalité.
Contrairement à ce qu’affirme la Russie, le groupe Wagner n’a pas mené de lutte efficace contre le terrorisme au Mali depuis son premier déploiement en décembre 2021. Le Groupe d’experts de l’ONU sur le Mali a signalé en août 2023 que la surface du territoire malien contrôlé par Daech au Sahel avait presque doublé en moins d’un an. Le groupe Wagner n’a pas réussi à améliorer la sécurité du Mali, 2022 ayant été l’année la plus meurtrière pour les civils dans ce pays depuis le début du conflit en 2012.
Les forces du groupe Wagner ont été filmées en avril 2022 en train d’enterrer une dizaine de cadavres dans une fosse commune près de la base militaire de Gossi au Mali. Le groupe Wagner a ensuite produit des vidéos modifiées et trompeuses afin d’essayer de faire porter la responsabilité de cette affaire à l’armée française et d’attiser ainsi le sentiment anti-français et anti-occidental au Mali.
Les mensonges de la Russie au Soudan
Les responsables russes et les représentants du groupe Wagner ont affirmé à de multiples reprises que Wagner n’avait pas de présence militaire au Soudan et que la Russie n’était pas impliquée dans la guerre civile sanglante qui oppose les forces armées soudanaises aux forces de soutien rapide (RSF) dirigées par le général Dagalo. Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que la Russie ne souhaitait rien de plus qu’une « résolution pacifique » du conflit. Dans une déclaration datant d’avril 2023, Prigojine a ajouté : « Le groupe PMC Wagner n’est nullement impliqué dans le conflit soudanais. » En outre, la Russie se présente systématiquement comme un acteur désintéressé au Soudan, qui cherche simplement à aider le pays à renforcer sa sécurité, sa stabilité et son développement économique. Lors d’une réunion en juin 2023 avec le vice-président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exprimé sa « profonde inquiétude » face à la crise. « La Russie, a-t-il ajouté, observe avec inquiétude ce qui se passe au Soudan et souhaite contribuer à créer les conditions d’une normalisation de la situation. »
La vérité sur le groupe Wagner au Soudan
Les civils soudanais et les victimes des activités de Wagner ne sont pas de cet avis.
Des mercenaires du groupe Wagner ont tué des dizaines de mineurs soudanais travaillant dans des mines d’or artisanales le long de la frontière entre le Soudan et la République centrafricaine (RCA) au cours de leur pillage des riches mines d’or du Soudan, selon ceux qui ont survécu à de telles attaques.
D’autres survivants rapportent que des mercenaires de Wagner ont attaqué de grands campements de travailleurs migrants et de mineurs le long de la frontière entre le Soudan et la RCA, ouvrant le feu à l’aveuglette. Un témoin qui a perdu son frère et six membres de sa famille aux mains des soldats de Wagner a déclaré que plus de 70 personnes avaient été tuées lors d’une seule attaque.
Les mensonges de la Russie en Libye
Les médias d’État russes accusent régulièrement les forces de l’OTAN de détruire l’État libyen et d’être à l’origine de l’instabilité qui y règne actuellement, en vue de servir les intérêts des États membres de l’Alliance. Ces organes de propagande soutiennent le narratif mensonger de la Russie, qui se présente comme une puissance altruiste et anticoloniale cherchant uniquement à venir en aide aux pays africains. Pendant des années, le gouvernement russe a rejeté toute allégation de présence de mercenaires ou de militaires russes en Libye, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, ayant affirmé en 2020 qu’il n’y avait « aucune présence russe en Libye » et que « les CMP ne sont pas autorisées par le droit russe ». Des représentants du gouvernement russe ont affirmé à plusieurs reprises que les accusations selon lesquelles la Russie avait pris parti dans le conflit libyen étaient des « mensonges » et qu’elle s’efforçait de parvenir « à un cessez-le-feu et à un règlement politique du conflit ». En 2020, l’envoyé de la Russie auprès des Nations unies, Vassily Nebenzya, a condamné les accusations d’implication de mercenaires russes en Libye : « Cette information (…) est en grande partie fondée sur des données non vérifiées ou fallacieuses et elle vise à discréditer la politique de la Russie à l’égard de la Libye. Il s’agit manifestement d’histoires inventées. »
La vérité sur le groupe Wagner en Libye
Il existe des preuves sans équivoque montrant que le groupe Wagner s’est introduit en Libye à des fins politiques et financières, qu’il a commis des violations des droits de la personne contre le peuple libyen et qu’il intensifie l’instabilité actuelle.
Le groupe Wagner, que le gouvernement russe a reconnu avoir soutenu, aurait agi en violation de la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies et d’autres résolutions pertinentes en fournissant des équipements militaires et des mercenaires sur les lignes de front du conflit libyen, notamment des avions de chasse, des véhicules blindés et des systèmes de défense antiaérienne. Selon le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), au moins 14 Mig-29 et Su-24 ont été repeints pour dissimuler leurs marquages russes d’origine et ont ensuite été transportés par avion vers la Libye depuis des bases russes en Syrie. Le groupe Wagner « prolonge un conflit responsable de souffrances inutiles et de la mort de civils innocents », a déclaré l’AFRICOM.
Le groupe Wagner a placé des mines terrestres et des pièges lors de son retrait de Tripoli en 2020, selon des informations publiques. Les mines et autres engins explosifs auraient tué ou blessé plus de 300 personnes en Libye entre mai 2020 et mars 2022, notamment dans des zones précédemment contrôlées par les forces du groupe Wagner. Le rapport final de la Mission d’établissement des faits en Libye (FFM), relevant de l’ONU, indique que les forces de Wagner ont placé « des explosifs militaires dans des logements, à l’intérieur de canapés et d’équipements de salles de bain, et dans d’autres zones où se trouvent des civils, ce qui a fait des morts et des blessés dans la population ». La FFM a déterminé que le personnel de Wagner « pourrait avoir violé le principe de proportionnalité du droit international et l’obligation de réduire les effets indiscriminés des mines et autres explosifs » et qu’il a également « violé le droit à la vie » en s’abstenant d’éliminer les munitions pour assurer la sécurité des civils.
Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, le groupe Wagner a mené des campagnes de désinformation en Libye pour tenter de renforcer le soutien aux personnalités alliées à la Russie qui s’opposent au gouvernement reconnu par l’ONU à Tripoli. Le groupe Wagner a mis en place un appareil de médias sociaux en Libye qui a pour objet de promouvoir Haftar, Saif al-Islam Kadhafi et d’autres personnalités politiques dont le Kremlin pensait qu’elles pourraient devenir de futurs clients de la Russie, et ce, en utilisant des méthodes qui rappellent celles qu’employait Prigojine pour s’immiscer dans d’autres élections étrangères, selon le Stanford Internet Observatory. Wagner a créé au moins 12 groupes Facebook pour manipuler l’opinion publique libyenne, et ces pages ont été consultées par plus de deux millions d’utilisateurs chaque semaine. Le groupe a également acheté 50 % de l’ancienne société de radiodiffusion publique libyenne, A1 Jamahiriya TV, dont il a transféré les studios à l’étranger avant de renouveler ses émissions en Libye.
La Russie est responsable
L’écosystème russe de désinformation et de propagande continue de déployer des narratifs mensongers tels que ceux décrits ci-dessus pour détourner l’attention des violations des droits de la personne et des atrocités commises par le groupe Wagner et le soustraire à ses responsabilités. Le groupe Wagner, soutenu par le Kremlin, exploite l’insécurité pour étendre la présence de la Russie en Afrique à des fins d’influence politique et de gain financier. Ce faisant, il menace la stabilité et les droits de la personne sur le continent. En janvier 2023, le département du Trésor des États-Unis a désigné le groupe Wagner comme une organisation criminelle transnationale pour avoir commis, parmi d’autres faits scandaleux, « des actes criminels graves, notamment des exécutions de masse, des viols, des enlèvements d’enfants et des violences physiques en République centrafricaine (RCA) et au Mali ».
Département d’État des États-Unis
Le 8 février 2024
Rapport
Après avoir démenti pendant des années tout lien entre le gouvernement russe et le groupe Wagner, le président Poutine a admis en juin 2023 que le Kremlin avait fourni un soutien financier au groupe à hauteur de 86 milliards de roubles (l’équivalent de quelque 940 millions de dollars au mois d’octobre 2023) entre mai 2022 et mai 2023. La mort du patron du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, le 23 août 2023, offre l’occasion de revenir sur certains des mensonges les plus flagrants du gouvernement russe concernant le rôle, les objectifs et les prétendus succès du groupe Wagner. Le présent rapport analyse et réfute les fausses déclarations que la Russie continue de propager sur les activités du groupe Wagner en République centrafricaine (RCA), au Mali, au Soudan et en Libye, et lève le voile sur ce qu’il est réellement, à savoir un groupe de criminels motivés par la cupidité plutôt qu’une force antiterrorisme efficace.
L’exploitation des ressources africaines, notamment l’or, les diamants et le bois, par le groupe Wagner ne représente qu’un aspect de l’influence déstabilisatrice de cette organisation criminelle transnationale en Afrique. Les forces du groupe auraient rasé des villages entiers et assassiné des civils en République centrafricaine (RCA) pour faire avancer leurs intérêts économiques dans le secteur minier ; pris part à des exécutions illégales au Mali ; pillé des mines d’or artisanales au Soudan ; et porté atteinte aux institutions démocratiques dans chaque pays où elles ont opéré. Elles ont également été accusées d’avoir réglé leurs factures avec de la monnaie contrefaite. Ce comportement criminel et prédateur envers les Africains, ne s’arrêtera pas avec la mort d’Evgueni Prigojine.
Partout où le groupe Wagner se déploie s’ensuit une forte hausse du nombre de décès parmi les civils. Selon The Economist et des données récentes publiées par l’Armed Conflict Location and Event (ACLED), la violence perpétrée par le groupe Wagner à l’encontre des civils au Mali et en République centrafricaine (RCA) est non seulement fréquente, mais aussi bien plus meurtrière pour les non-combattants que les attaques menées par l’État ou les forces rebelles. The Economist rapporte qu’en date du mois d’août 2023, le groupe avait tué au moins 1 800 civils africains. Wagner justifie sa présence brutale en Afrique en affirmant que c’est un « soutien à la paix et à la stabilité ». Pourtant, rien qu’au Mali, la violence terroriste contre les civils a bondi de 278 % depuis 2021.
Les mensonges de la Russie en République centrafricaine
L’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie présente une image faussée d’un groupe Wagner qui jouerait un rôle positif dans des nations comme la République centrafricaine (RCA). Bien que le groupe Wagner soit déployé en RCA depuis 2018, les responsables russes continuent d’appeler les forces de Wagner des « instructeurs russes » lorsqu’ils discutent des activités du groupe, un narratif qui a continué après la mort de Prigojine en août 2023. Des responsables russes cités dans des médias financés par l’État russe prétendent que ces instructeurs russes ont « sauvé » la RCA et qu’ils y « renforcent la paix et la stabilité » afin d’y apporter une « paix durable ». La Communauté des Officiers pour la Sécurité internationale (COSI), qui a été sanctionnée par les États-Unis, sert de société écran aux opérations du groupe Wagner en RCA. Son directeur, Aleksandr Ivanov, sanctionné lui aussi par les États-Unis, justifie la présence de Wagner en RCA en affirmant : « Les combattants du groupe Wagner restent en RCA et permettent ainsi aux habitants de la République de dormir en paix ! (…) La République est devenue un endroit sûr pour la vie et le développement de la population locale. »
La vérité sur le groupe Wagner en République centrafricaine
Des rapports des Nations unies et de médias indépendants documentent la vérité sur les activités du groupe Wagner et sa brutalité envers la population de la RCA.
CBS a rapporté en mai 2023 que les forces de Wagner s’étaient livrées à des tueries, à des enlèvements et à des viols systématiques en vue de prendre le contrôle d’une zone minière de premier plan située près de la ville de Bambari. Les survivants ont décrit en détail les attaques : « Parler de tuerie, c’est un euphémisme. C’était un carnage total. On aurait dit l’Armaguédon (…) Ils parlaient russe. Même tchétchène. Certains portaient des masques et avaient de longues barbes. »
Des personnes en République centrafricaine, notamment des journalistes, des travailleurs humanitaires et des membres de minorités, ainsi que des forces de maintien de la paix internationales, ont été violemment harcelées et menacées par les soi-disant « instructeurs russes » du groupe Wagner, ont rapporté des experts de l’ONU en octobre 2021.
Malgré les affirmations de la Russie et de Wagner selon lesquelles il apporte la stabilité dans les zones où il intervient, le groupe — qui opère depuis la République centrafricaine et soi-disant à l’insu du gouvernement hôte — a monté un complot visant à renverser le gouvernement du Tchad au début de 2023, une action qui aurait pu aggraver une situation humanitaire déjà difficile pour les femmes, les enfants et d’autres civils.
Les mensonges de la Russie au Mali
Les responsables russes, les médias financés par l’État russe et les chaînes Telegram liées au Kremlin continuent de diffuser des messages sur le rôle prétendument « positif » du groupe Wagner au Mali depuis son déploiement en 2021. Malgré ces publications, le gouvernement de transition du Mali n’a toujours pas reconnu publiquement la présence du groupe sur son territoire. Des vidéos de propagande présentant les forces du groupe Wagner comme des sauveurs et des « anges guerriers » circulent toujours en ligne. Avant le déploiement du groupe au Mali, la Russie mettait en avant des narratifs mensongers semblables à ceux utilisés en République centrafricaine, répétant le mythe selon lequel des « instructeurs russes » apporteraient la paix, la stabilité et poseraient un nouveau jalon dans la lutte antiterroriste dans le pays. Aleksandr Ivanov, le directeur de la COSI sanctionné par les États-Unis, a salué le groupe Wagner dans des sites d’actualité maliens, déclarant qu’il faisait « un travail excellent partout dans le monde », et affirmant qu’il allait « combattre le terrorisme partout ». Une vidéo de propagande liée à la Russie et diffusée après le déploiement du groupe Wagner au Mali à la fin de 2021 suggérait à tort que les États-Unis et la France soutenaient les extrémistes religieux violents au Mali.
La vérité sur le groupe Wagner au Mali
Les faits révèlent une tout autre réalité.
Contrairement à ce qu’affirme la Russie, le groupe Wagner n’a pas mené de lutte efficace contre le terrorisme au Mali depuis son premier déploiement en décembre 2021. Le Groupe d’experts de l’ONU sur le Mali a signalé en août 2023 que la surface du territoire malien contrôlé par Daech au Sahel avait presque doublé en moins d’un an. Le groupe Wagner n’a pas réussi à améliorer la sécurité du Mali, 2022 ayant été l’année la plus meurtrière pour les civils dans ce pays depuis le début du conflit en 2012.
Les forces du groupe Wagner ont été filmées en avril 2022 en train d’enterrer une dizaine de cadavres dans une fosse commune près de la base militaire de Gossi au Mali. Le groupe Wagner a ensuite produit des vidéos modifiées et trompeuses afin d’essayer de faire porter la responsabilité de cette affaire à l’armée française et d’attiser ainsi le sentiment anti-français et anti-occidental au Mali.
Les mensonges de la Russie au Soudan
Les responsables russes et les représentants du groupe Wagner ont affirmé à de multiples reprises que Wagner n’avait pas de présence militaire au Soudan et que la Russie n’était pas impliquée dans la guerre civile sanglante qui oppose les forces armées soudanaises aux forces de soutien rapide (RSF) dirigées par le général Dagalo. Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que la Russie ne souhaitait rien de plus qu’une « résolution pacifique » du conflit. Dans une déclaration datant d’avril 2023, Prigojine a ajouté : « Le groupe PMC Wagner n’est nullement impliqué dans le conflit soudanais. » En outre, la Russie se présente systématiquement comme un acteur désintéressé au Soudan, qui cherche simplement à aider le pays à renforcer sa sécurité, sa stabilité et son développement économique. Lors d’une réunion en juin 2023 avec le vice-président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exprimé sa « profonde inquiétude » face à la crise. « La Russie, a-t-il ajouté, observe avec inquiétude ce qui se passe au Soudan et souhaite contribuer à créer les conditions d’une normalisation de la situation. »
La vérité sur le groupe Wagner au Soudan
Les civils soudanais et les victimes des activités de Wagner ne sont pas de cet avis.
Des mercenaires du groupe Wagner ont tué des dizaines de mineurs soudanais travaillant dans des mines d’or artisanales le long de la frontière entre le Soudan et la République centrafricaine (RCA) au cours de leur pillage des riches mines d’or du Soudan, selon ceux qui ont survécu à de telles attaques.
D’autres survivants rapportent que des mercenaires de Wagner ont attaqué de grands campements de travailleurs migrants et de mineurs le long de la frontière entre le Soudan et la RCA, ouvrant le feu à l’aveuglette. Un témoin qui a perdu son frère et six membres de sa famille aux mains des soldats de Wagner a déclaré que plus de 70 personnes avaient été tuées lors d’une seule attaque.
Les mensonges de la Russie en Libye
Les médias d’État russes accusent régulièrement les forces de l’OTAN de détruire l’État libyen et d’être à l’origine de l’instabilité qui y règne actuellement, en vue de servir les intérêts des États membres de l’Alliance. Ces organes de propagande soutiennent le narratif mensonger de la Russie, qui se présente comme une puissance altruiste et anticoloniale cherchant uniquement à venir en aide aux pays africains. Pendant des années, le gouvernement russe a rejeté toute allégation de présence de mercenaires ou de militaires russes en Libye, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, ayant affirmé en 2020 qu’il n’y avait « aucune présence russe en Libye » et que « les CMP ne sont pas autorisées par le droit russe ». Des représentants du gouvernement russe ont affirmé à plusieurs reprises que les accusations selon lesquelles la Russie avait pris parti dans le conflit libyen étaient des « mensonges » et qu’elle s’efforçait de parvenir « à un cessez-le-feu et à un règlement politique du conflit ». En 2020, l’envoyé de la Russie auprès des Nations unies, Vassily Nebenzya, a condamné les accusations d’implication de mercenaires russes en Libye : « Cette information (…) est en grande partie fondée sur des données non vérifiées ou fallacieuses et elle vise à discréditer la politique de la Russie à l’égard de la Libye. Il s’agit manifestement d’histoires inventées. »
La vérité sur le groupe Wagner en Libye
Il existe des preuves sans équivoque montrant que le groupe Wagner s’est introduit en Libye à des fins politiques et financières, qu’il a commis des violations des droits de la personne contre le peuple libyen et qu’il intensifie l’instabilité actuelle.
Le groupe Wagner, que le gouvernement russe a reconnu avoir soutenu, aurait agi en violation de la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies et d’autres résolutions pertinentes en fournissant des équipements militaires et des mercenaires sur les lignes de front du conflit libyen, notamment des avions de chasse, des véhicules blindés et des systèmes de défense antiaérienne. Selon le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), au moins 14 Mig-29 et Su-24 ont été repeints pour dissimuler leurs marquages russes d’origine et ont ensuite été transportés par avion vers la Libye depuis des bases russes en Syrie. Le groupe Wagner « prolonge un conflit responsable de souffrances inutiles et de la mort de civils innocents », a déclaré l’AFRICOM.
Le groupe Wagner a placé des mines terrestres et des pièges lors de son retrait de Tripoli en 2020, selon des informations publiques. Les mines et autres engins explosifs auraient tué ou blessé plus de 300 personnes en Libye entre mai 2020 et mars 2022, notamment dans des zones précédemment contrôlées par les forces du groupe Wagner. Le rapport final de la Mission d’établissement des faits en Libye (FFM), relevant de l’ONU, indique que les forces de Wagner ont placé « des explosifs militaires dans des logements, à l’intérieur de canapés et d’équipements de salles de bain, et dans d’autres zones où se trouvent des civils, ce qui a fait des morts et des blessés dans la population ». La FFM a déterminé que le personnel de Wagner « pourrait avoir violé le principe de proportionnalité du droit international et l’obligation de réduire les effets indiscriminés des mines et autres explosifs » et qu’il a également « violé le droit à la vie » en s’abstenant d’éliminer les munitions pour assurer la sécurité des civils.
Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, le groupe Wagner a mené des campagnes de désinformation en Libye pour tenter de renforcer le soutien aux personnalités alliées à la Russie qui s’opposent au gouvernement reconnu par l’ONU à Tripoli. Le groupe Wagner a mis en place un appareil de médias sociaux en Libye qui a pour objet de promouvoir Haftar, Saif al-Islam Kadhafi et d’autres personnalités politiques dont le Kremlin pensait qu’elles pourraient devenir de futurs clients de la Russie, et ce, en utilisant des méthodes qui rappellent celles qu’employait Prigojine pour s’immiscer dans d’autres élections étrangères, selon le Stanford Internet Observatory. Wagner a créé au moins 12 groupes Facebook pour manipuler l’opinion publique libyenne, et ces pages ont été consultées par plus de deux millions d’utilisateurs chaque semaine. Le groupe a également acheté 50 % de l’ancienne société de radiodiffusion publique libyenne, A1 Jamahiriya TV, dont il a transféré les studios à l’étranger avant de renouveler ses émissions en Libye.
La Russie est responsable
L’écosystème russe de désinformation et de propagande continue de déployer des narratifs mensongers tels que ceux décrits ci-dessus pour détourner l’attention des violations des droits de la personne et des atrocités commises par le groupe Wagner et le soustraire à ses responsabilités. Le groupe Wagner, soutenu par le Kremlin, exploite l’insécurité pour étendre la présence de la Russie en Afrique à des fins d’influence politique et de gain financier. Ce faisant, il menace la stabilité et les droits de la personne sur le continent. En janvier 2023, le département du Trésor des États-Unis a désigné le groupe Wagner comme une organisation criminelle transnationale pour avoir commis, parmi d’autres faits scandaleux, « des actes criminels graves, notamment des exécutions de masse, des viols, des enlèvements d’enfants et des violences physiques en République centrafricaine (RCA) et au Mali ».