« L’amoncellement de tant de nuages sous nos cieux appelle une question. Qu'adviendrait-il du Cameroun si l’État sous Paul Biya venait à se montrer faible face aux écueils qui jalonnent sa magistrature et aux vents tumultueux qui agitent le pays aujourd’hui? Parcourons le tableau: le phénomène de Boko Haram dans la région de l'Extrême-nord; les velléités sécessionnistes au Nord-ouest et au Sud-ouest; l’insécurité galopante dans l’Adamaoua marquée par des prises d’otages contre paiement de rançons; l’insécurité encore persistante à la frontière avec la République centrafricaine due à l'instabilité dans ce pays; le flot des réfugiés étrangers et des déplacés internes; les revendications post-électorales de Maurice Kamto du MRC, candidat malheureux à la présidentielle du 7 octobre 2018 (14% de voix), ayant conduit à son arrestation; les injonctions des milieux diplomatiques américains et de l’Union européenne adressées au gouvernement pour sa libération; le tir de barrage médiatique à l'intérieur et à l'étranger contre Yaoundé. Voilà bien un éventail explosif qui exhale comme une orchestration subtile de tous ces facteurs vers une fragilisation du pouvoir savamment programmée et méthodiquement planifiée. Au demeurant, personne n’a oublié les récents sons de trompettes annonçant l’hallali et le glas du pouvoir, en prélude au débarquement en mi-mars dernier à Yaoundé du sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines M. Tibor Nagy et de l’avocat français Me Éric Dupont-Moretti?
Tous deux parés d’atours de ''Terminators” pour porter l'estocade au locataire du palais d'Etoudi, selon leur cohorte de légionnaires. Sauf que la cavalerie a trouvé toutes portes ouvertes et qu'elle n'a pas libéré de prisonniers. Tibor Nagy s'est borné à évoquer un environnement propice à « un exercice diplomatique » à l'issue de sa rencontre avec Paul Biya, avant d’affirmer la place de choix qu'occupe le Cameroun aux yeux des États-Unis. Son séjour, apprend-on, lui a révélé des postures de certaines chancelleries heurtant l'éthique diplomatique. C’est le lieu de relever que depuis 1982, année de son accession à la tête de l'État, l’analyse sur le parcours de Paul Biya fait ressortir, en lieu et place d’une magistrature présidentielle apaisée, un saut d’obstacles permanents vaincus pour la plupart grâce à un sursaut de courage et d’abnégation. Mais pas seulement. En effet, un regard approfondi permet d’établir sans conteste que si l’État, socle de la Nation, se montrait faible, nous péririons. A contrario, nous observons que, parce que l’État s’est jusqu’ici montré et se montre fort contre vents et marées, il nous protège.
Sous cet angle, une perspective nouvelle éclaire la pensée de Paul Valéry selon laquelle « Si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons ». Tout bien considéré, si Paul Valéry sous-entend par « Etat fort » l’excès de pouvoir qui conduit à l'abus, assurément, une mise en contexte aujourd’hui de cette pensée s’impose, pour l’articuler en trois dimensions. À coup sûr, un État trop fort, c'est-à-dire une dictature, nous écraserait. Pour s’imposer des garde-fous, le Cameroun s'est, depuis la décennie 90, engagé sur les chemins de la démocratie qui demeurent, nous l’observons tous, un pari perpétuel. À l’évidence, un État fort, parce que doté des mécanismes institutionnels qui fonctionnent, des forces de défense et de sécurité qui jouent pleinement leur rôle de bouclier de la Nation, nous protège. Un État faible laissé à la merci des agressions internes ou externes, réduit au doute, nous conduirait droit au péril, indubitablement.
En effet, si l’on met sur la balance les éléments, les faits et les références liés à la survie du pouvoir de Paul Biya d’une part, et les critiques, les pesanteurs et l’opposition d’autre part, la conclusion coule de source : l’essentiel est sauf, puisque jusqu’ici, le pouvoir s’est sauvé et a sauvé le Cameroun.
C’est la leçon de la difficile post alternance au sommet de l'État dans la décennie 80 et de la construction démocratique au cours de la décennie 90. Dans ce cheminement, seul un État fort a été et reste à même d’empêcher que s’installe l’État sauvage décrit par Thomas Hobbes (Le Léviathan, 1651), et à travers lequel l’homme est essentiellement portraituré comme « un loup pour l’homme », parce que « si les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun ». Sous ce regard, Thomas Hobbes dessine le spectre d’une société sans foi ni loi et dans laquelle les plus forts écrasent sans ménagement les plus faibles. Voilà la logique qui sous-tend la volonté irrépressible d’une certaine engeance d'embraser le pays. Cette manière de faire ou de penser, dénuée de patriotisme, ouvre des plaies béantes, gangrène le tissu social, pervertit les esprits et génère la montée des maux tels l’incivisme, le péril tribal, le mépris de la loi, le mépris de l’autorité de l'État. De plus, on surfe sur la peur, le mensonge, la mauvaise foi, pour ébranler le pouvoir.
Quand on s’affirme patriote et démocrate, il est illusoire de croire que les dérives encouragées aujourd’hui s’estomperont par un coup de baguette magique à la faveur de la seule alternance au sommet de l’État. Il faut davantage qu'un coup de force. Ma mémoire, témoin du serment de l’alternance Ahidjo-Biya au sommet de l’État, résonne encore avec fraîcheur du serment du 6 novembre 1982 de Paul Biya sur la fidélité à la République. « Mon illustre prédécesseur n’a jamais failli à ce devoir, je n’y faillirai point…Je puis assurer que je m’y emploierai avec toute la force de mon patriotisme et de mon engagement ». Il s'agissait ni plus ni moins que du serment de présider sans faiblesse aux destinées de la Nation. Ainsi a-t-il fait bouger les lignes de l'histoire de ce pays. Au propre comme au figuré.
Je me souviendrai de la manière dont le président a mis un terme à cette espèce de guerre permanente, à savoir le conflit frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, en saisissant la Cour internationale de Justice (Cij) à la Haye en 1994. D’aucuns ne voyaient en ce geste qu'une bravade face au géant voisin. C'était David contre Goliath. Mais la Cij a tranché en 2008 en faveur du Cameroun en lui restituant la péninsule de Bakassi. Une démonstration de la prééminence de la force du droit sur le droit de la force. Fruit de la détermination, de la ténacité, de la hargne et de l’engagement. C'est à ce prix-là que le président a préservé la souveraineté et l'intégrité territoriale du Cameroun. Dans mon esprit, c’est cela un pouvoir fort qui protège, y compris par la multiplication de « l’exercice diplomatique » consistant à rappeler à certaines chancelleries qu’elles n'ont jamais cédé face à la sécession ou aux velléités séparatistes (États-Unis, Royaume-Uni de Grande Bretagne, Espagne, France). Y compris aussi en leur demandant de tourner le dos à la condescendance, au diktat, à l'humiliation ou à l'argument de la force. Y compris enfin en les invitant à écouter la voix de nos dirigeants avec beaucoup de considération, telle cette déclaration de Paul Biya, extraite d'une interview à la CRTV le 3 juillet 1997, et qui reste d'une brûlante actualité en 2019: « Mais j'entends dire ici et là que le Cameroun est à la première loge, que ce sera le prochain pays à être déstabilisé. Je tiens à dire que le Cameroun entretient d'excellentes relations aussi bien avec les États-Unis qu'avec la France, et que les rumeurs, les supputations, les spéculations, sont à mon avis plus fondées sur des craintes, des appréhensions que sur des faits concrets. Le Cameroun est un État de droit qui a ses moyens de sécurité ; il a son peuple. En cas de menace, nous prendrions des mesures pour assurer la paix et la sécurité au Cameroun ». Limpide ! Aujourd’hui, face aux menaces qui s'accumulent, si l'État est faible, nous périssons. Mais s'il est fort, il nous protège. »
Tous deux parés d’atours de ''Terminators” pour porter l'estocade au locataire du palais d'Etoudi, selon leur cohorte de légionnaires. Sauf que la cavalerie a trouvé toutes portes ouvertes et qu'elle n'a pas libéré de prisonniers. Tibor Nagy s'est borné à évoquer un environnement propice à « un exercice diplomatique » à l'issue de sa rencontre avec Paul Biya, avant d’affirmer la place de choix qu'occupe le Cameroun aux yeux des États-Unis. Son séjour, apprend-on, lui a révélé des postures de certaines chancelleries heurtant l'éthique diplomatique. C’est le lieu de relever que depuis 1982, année de son accession à la tête de l'État, l’analyse sur le parcours de Paul Biya fait ressortir, en lieu et place d’une magistrature présidentielle apaisée, un saut d’obstacles permanents vaincus pour la plupart grâce à un sursaut de courage et d’abnégation. Mais pas seulement. En effet, un regard approfondi permet d’établir sans conteste que si l’État, socle de la Nation, se montrait faible, nous péririons. A contrario, nous observons que, parce que l’État s’est jusqu’ici montré et se montre fort contre vents et marées, il nous protège.
Sous cet angle, une perspective nouvelle éclaire la pensée de Paul Valéry selon laquelle « Si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons ». Tout bien considéré, si Paul Valéry sous-entend par « Etat fort » l’excès de pouvoir qui conduit à l'abus, assurément, une mise en contexte aujourd’hui de cette pensée s’impose, pour l’articuler en trois dimensions. À coup sûr, un État trop fort, c'est-à-dire une dictature, nous écraserait. Pour s’imposer des garde-fous, le Cameroun s'est, depuis la décennie 90, engagé sur les chemins de la démocratie qui demeurent, nous l’observons tous, un pari perpétuel. À l’évidence, un État fort, parce que doté des mécanismes institutionnels qui fonctionnent, des forces de défense et de sécurité qui jouent pleinement leur rôle de bouclier de la Nation, nous protège. Un État faible laissé à la merci des agressions internes ou externes, réduit au doute, nous conduirait droit au péril, indubitablement.
En effet, si l’on met sur la balance les éléments, les faits et les références liés à la survie du pouvoir de Paul Biya d’une part, et les critiques, les pesanteurs et l’opposition d’autre part, la conclusion coule de source : l’essentiel est sauf, puisque jusqu’ici, le pouvoir s’est sauvé et a sauvé le Cameroun.
C’est la leçon de la difficile post alternance au sommet de l'État dans la décennie 80 et de la construction démocratique au cours de la décennie 90. Dans ce cheminement, seul un État fort a été et reste à même d’empêcher que s’installe l’État sauvage décrit par Thomas Hobbes (Le Léviathan, 1651), et à travers lequel l’homme est essentiellement portraituré comme « un loup pour l’homme », parce que « si les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun ». Sous ce regard, Thomas Hobbes dessine le spectre d’une société sans foi ni loi et dans laquelle les plus forts écrasent sans ménagement les plus faibles. Voilà la logique qui sous-tend la volonté irrépressible d’une certaine engeance d'embraser le pays. Cette manière de faire ou de penser, dénuée de patriotisme, ouvre des plaies béantes, gangrène le tissu social, pervertit les esprits et génère la montée des maux tels l’incivisme, le péril tribal, le mépris de la loi, le mépris de l’autorité de l'État. De plus, on surfe sur la peur, le mensonge, la mauvaise foi, pour ébranler le pouvoir.
Quand on s’affirme patriote et démocrate, il est illusoire de croire que les dérives encouragées aujourd’hui s’estomperont par un coup de baguette magique à la faveur de la seule alternance au sommet de l’État. Il faut davantage qu'un coup de force. Ma mémoire, témoin du serment de l’alternance Ahidjo-Biya au sommet de l’État, résonne encore avec fraîcheur du serment du 6 novembre 1982 de Paul Biya sur la fidélité à la République. « Mon illustre prédécesseur n’a jamais failli à ce devoir, je n’y faillirai point…Je puis assurer que je m’y emploierai avec toute la force de mon patriotisme et de mon engagement ». Il s'agissait ni plus ni moins que du serment de présider sans faiblesse aux destinées de la Nation. Ainsi a-t-il fait bouger les lignes de l'histoire de ce pays. Au propre comme au figuré.
Je me souviendrai de la manière dont le président a mis un terme à cette espèce de guerre permanente, à savoir le conflit frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, en saisissant la Cour internationale de Justice (Cij) à la Haye en 1994. D’aucuns ne voyaient en ce geste qu'une bravade face au géant voisin. C'était David contre Goliath. Mais la Cij a tranché en 2008 en faveur du Cameroun en lui restituant la péninsule de Bakassi. Une démonstration de la prééminence de la force du droit sur le droit de la force. Fruit de la détermination, de la ténacité, de la hargne et de l’engagement. C'est à ce prix-là que le président a préservé la souveraineté et l'intégrité territoriale du Cameroun. Dans mon esprit, c’est cela un pouvoir fort qui protège, y compris par la multiplication de « l’exercice diplomatique » consistant à rappeler à certaines chancelleries qu’elles n'ont jamais cédé face à la sécession ou aux velléités séparatistes (États-Unis, Royaume-Uni de Grande Bretagne, Espagne, France). Y compris aussi en leur demandant de tourner le dos à la condescendance, au diktat, à l'humiliation ou à l'argument de la force. Y compris enfin en les invitant à écouter la voix de nos dirigeants avec beaucoup de considération, telle cette déclaration de Paul Biya, extraite d'une interview à la CRTV le 3 juillet 1997, et qui reste d'une brûlante actualité en 2019: « Mais j'entends dire ici et là que le Cameroun est à la première loge, que ce sera le prochain pays à être déstabilisé. Je tiens à dire que le Cameroun entretient d'excellentes relations aussi bien avec les États-Unis qu'avec la France, et que les rumeurs, les supputations, les spéculations, sont à mon avis plus fondées sur des craintes, des appréhensions que sur des faits concrets. Le Cameroun est un État de droit qui a ses moyens de sécurité ; il a son peuple. En cas de menace, nous prendrions des mesures pour assurer la paix et la sécurité au Cameroun ». Limpide ! Aujourd’hui, face aux menaces qui s'accumulent, si l'État est faible, nous périssons. Mais s'il est fort, il nous protège. »