Advienne que pourra...

À une période où les problématiques relatives à la traite des Noirs, à la décolonisation et à la cohabitation humaine ressurgissent avec force et vigueur dans bon de pays travers le monde, Gaspard-Hubert Lonsi Koko s'est penché sur la lucidité et la bravoure ayant animé quelques Africains et leurs descendants asservis en vue du combat pour la dignité humaine.

 

Gaspard-Hubert Koko : Les Africains doivent être les gardiens et défenseurs de leurs intérêts
Né à Léopoldville (actuel Kinshasa) en République démocratique du Congo, Gaspard-Hubert Lonsi Koko est essayiste réformiste et romancier. Il partage sa vie entre la France et l’Afrique. Dans cet entretien, il nous parle de son engagement d’écrivain.

Les Dépêches du Bassin du Congo (LDBC): D’où tirez-vous l’inspiration ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Cela dépend du genre utilisé. Toutes les intrigues de mes romans policiers se déroulent à l’époque de la République du Zaïre du maréchal Mobutu Sese Seko. Cela m’a permis d’une part de m’appesantir sur l’inquiétante situation en cours dans la région des Grands Lacs africains et sur le devenir de l’Afrique centrale. Ainsi le personnage principal, Roger Dercky, a-t-il investigué dans les villes de Brazzaville, de Kinshasa et de Kigali. Voir « Dans l’œil du léopard », « La chasse au léopard » et « Au pays des mille collines ».
Dans « Le demandeur d’asile », « Drosera capensis » et « La vie parisienne d’un Négropolitain », il est plutôt question des tribulations des immigrés africains en France relatives à moults difficultés de la cohabitation humaine, aux incohérences du droit d’asile, aux discriminations, au racisme…
Enfin, les essais ! Les convictions à la fois « abakistes » et socialistes ont toujours permis à l’auteur que je suis de préconiser une République sociale, la non-exploitation des riches par les pauvres et de dénoncer les arrestations arbitraires, voire très souvent abusives, des faibles par les puissants, ainsi que les multiples violations des droits fondamentaux de la personne. Dans « Le Congo-Kinshasa en quelques lettres », les problématiques abordées concernent une nation économiquement viable et politiquement démocratique. Dans « Ma vision pour le Congo-Kinshasa et la région des Grands Lacs », l’accent est mis sur la pacification de la RDC et la stabilisation de l’Afrique centrale de l’Est. Dans cette optique, le panafricaniste qui sommeille en moi milite, dans « Le regard africain sur l’Europe », pour une Afrique performante sur le plan continental et unie dans le concert des Nations. Il en est de même dans « Mais quelle crédibilité pour les Nations unies au Kivu ? » ouvrage dans lequel je dénonce le tourisme armé des forces onusiennes dans l’Est du Congo-Kinshasa et le néocolonialisme non avoué sur la base d’occupation militaire. [lire la suite ]

Propos recueillis par Aubin Banzouzi

La conscience bantoue
Les enjeux fonciers et miniers sont considérables, surtout dans la région des Grands Lacs. Au moment où des forces négatives, vraisemblablement continentales mais bénéficiant du soutien invisible des puissances extracontinentales, excellent en Afrique subsaharienne en vue de la balkanisation d’un bon nombre d’États bantouphones, les réactions patriotiques s’avèrent plus que jamais appropriées. En effet, la gravité de la situation nécessite une prise de conscience commune et une coalition interétatique. Celles-ci ne pourraient qu’être salutaires.
La conscience étant la perception chez l’homme de sa propre existence et du monde qui l’entoure, un peuple qui ignore d’où il vient ne saura jamais où il va. Un peuple qui fait fi de son passé aura beaucoup de mal à maîtriser son présent. Un peuple qui méprise son Histoire sera incapable d’orienter son avenir sur des bases objectives et solides. Un peuple amnésique restera toujours crédule. Ayant été commercialisées, exportées comme des marchandises, réduites en esclavage, colonisées, les populations bantoues en Afrique et à travers le monde doivent enfin prendre conscience que la malédiction de Canaan, ce fils de Cham, n’est qu’une pure invention pour justifier à dessein leur infériorité intellectuelle et leur dépendance vis-à-vis d’une quelconque civilisation naturellement prédatrice. C’est en montant sur les épaules de Soundiata Keïta et de Chaka Zulu que les Bantous et leurs descendants resteraient à jamais libres. C’est en s’inspirant de Kimpa Vita et de mbuya Nehanda Charwe Nyakasikana, ainsi que de Manthatisi, qu’ils se feront respecter. C’est en ayant comme modèles les prophètes Simon Kimbangu, André Matsoua et William Wade Harris qu’ils deviendront spirituellement affranchis. C’est en prenant exemple sur Patrice Lumumba et Nelson Mandela, animés d’une vision tout à fait panafricaniste, qu’ils resteront enfin libres et réellement indépendants.

Auteur : Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Éditeur : L'Atelier de l'Égrégore
ISBN : 979-10-91580-42-7
Dimension : 14 x 1 x 21,6 cm
Sortie : le 1er avril 2020

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