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ANALYSE

​France-Tchad : une coopération militaire à redéfinir


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 30 Janvier 2025


Ce jeudi 30 janvier, l’État-Major Général des Armées a annoncé la rétrocession complète des bases militaires françaises au Tchad. Ceci marque la fin définitive de la présence des forces françaises sur le sol tchadien.


Les accords de défense et de sécurité entre la France et le Tchad sont nés peu après la proclamation de l’indépendance du Tchad le 11 août 1960. La volonté des deux pays était alors de sécuriser le pays. Malgré la fin de ces accords, la confiance demeure et perdure entre les deux pays.

« Pour lever toute ambiguïté, cette décision de rupture ne constitue en aucun cas un rejet de la coopération internationale, ni une remise en question de nos relations diplomatiques avec la France », a déclaré le chef de l’État tchadien, le général Mahamat Idriss Deby, quelques jours après l'annonce de la rupture des accords de défense et de sécurité avec son allié de longue date. Paris est, de son côté, toute aussi consciente qu’après plus d’un demi-siècle d’étroites relations, il est temps pour N’Djamena de prendre définitivement son envol. « Le Tchad a grandi, a mûri (…) il est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté », a résumé le ministre d'État et ministre des Affaires étrangères Abderaman Koulamallah.

« Pas de logique de remplacement »

Les accords de 2019, devenus caducs, n’avaient plus rien à voir avec ceux de 1960 et de 1976. Les accords ont été révisés pour tenir compte d’un contexte géopolitique en pleine évolution. Cette actualisation marque un rééquilibrage de la relation franco-tchadienne, avec l’ambition affichée de rendre le Tchad moins dépendant de l’appui militaire français. C’est pourquoi ces accords 2019 prévoyaient notamment un renforcement des structures militaires tchadiennes pour une meilleure autonomie opérationnelle, une optimisation des capacités logistiques locales pour entretenir le matériel et réduire la dépendance vis-à-vis de la France et de renforcer la Garde nationale et nomade du Tchad chargée de surveiller les zones frontalières sensibles. La reconfiguration des accords militaires entre la France et le Tchad s’inscrit dans cette suite logique, le président tchadien ayant émis le souhait de réorienter la coopération vers des domaines plus bénéfiques pour les populations. Il a d’ailleurs affirmé qu'il n'y avait pas dans cette distanciation avec la France de « logique de remplacement » par une autre puissance. Cette rupture n’est d’ailleurs pas isolée. Début 2024, le Tchad, avait exigé le départ de 75 forces spéciales américaines stationnées sur la base aérienne de Kosseï. A partir de ce 30 janvier, la coopération militaire entre les deux pays pourrait prendre une autre forme que les politiques, diplomatiques et militaires s’efforceront de redéfinir.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)