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INTERNATIONAL

Assemblées annuelles FMI-Banque mondiale 2024 : une semaine de discussions sur les tendances économiques mondiales


Alwihda Info | Par Dr Florence Akano, journaliste indépendant et humanitaire - 26 Octobre 2024


Les principales organisations financières comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), et les organisations géopolitiques comme les BRICS, jouent un rôle essentiel pour déterminer l'orientation de la coopération internationale et du développement, face aux nombreuses incertitudes de l'économie mondiale. Les réunions annuelles organisées par ces institutions sont essentielles pour parvenir à un avenir économique meilleur.


La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, prononce un discours à Washington le 17 octobre. Photo: Brendan Smialowski / AFP via Getty Images
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, prononce un discours à Washington le 17 octobre. Photo: Brendan Smialowski / AFP via Getty Images
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale et se sont réunis à Washington, DC, pour leurs réunions annuelles du 21 au 26 octobre 2024. Les discussions tenues au cours des trois premiers jours ont mis en évidence l'état actuel de l'inflation, de la reprise économique et de la stabilité financière, tout en attirant l'attention sur les défis rencontrés par les pays à faible revenu, les économies développées et les marchés émergents.

Ce rapport synthétise les principaux événements et enseignements des trois premiers jours de ces réunions, en se concentrant sur les tendances économiques mondiales, les réponses politiques et les implications de ces discussions pour la communauté internationale dans son ensemble. Il contient également deux entretiens avec des ministres suédois et nigérians.

Jour 1 : lundi 21 octobre 2024, discours d'ouverture d'Ajay Banga
La première journée des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale s'est ouverte par un discours clé d'Ajay Banga, le président de la Banque mondiale. Le discours de Banga a donné le ton aux discussions qui ont suivi, en se concentrant sur les réformes récentes de la Banque et ses priorités futures, notamment en matière d’allègement de la dette et de création d’emplois dans les pays à faible revenu.

M. Banga a commencé par réfléchir aux progrès réalisés par la Banque mondiale, au cours des 16 derniers mois depuis le début de son mandat. Il a souligné que la Banque avait considérablement rationalisé ses opérations, réduisant les délais d'approbation des projets et renforçant la collaboration entre ses entités, telles que l'Association internationale de développement (IDA), la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et la Société financière internationale (IFC). Il a souligné l’importance du partenariat, en particulier avec d’autres banques multilatérales de développement (BMD), et a souligné le nouveau tableau de bord d’entreprise, introduit pour améliorer la responsabilité et la transparence de l’institution.

Le président de la Banque mondiale a également parlé de l'importance de s'attaquer aux problèmes de dette mondiale, en particulier dans des pays comme le Ghana et la Zambie, qui font face aux complexités du cadre commun du G20, pour la restructuration de la dette. Il a souligné le rôle de la Banque mondiale en fournissant plus de 16 milliards de dollars d’aide à ces pays, dont la moitié, sous forme de subventions.

Répondant au besoin d'une croissance axée sur le développement et de la création d'emplois, Ajay Banga a introduit un nouveau Conseil pour l'emploi qui vise à favoriser les initiatives en matière d'emploi dans divers secteurs, en particulier en Afrique et en Asie. Il a évoqué l'engagement de la Banque en faveur du financement climatique et de l'accès à l'énergie, visant à connecter 300 millions d'Africains à des sources d'énergie fiables d'ici la fin de la décennie.

Concernant la gouvernance mondiale, M. Banga a rassuré sur le fait que la Banque mondiale travaillerait avec toute future administration américaine, soulignant la nécessité de se concentrer sur des stratégies pragmatiques et réalisables, plutôt que sur des spéculations politiques.

Tendances économiques mondiales et inflation
Après le discours d'ouverture, les discussions ont porté sur les tendances inflationnistes et les défis de la politique monétaire. Les économistes ont noté que même si l’inflation a reculé par rapport aux sommets atteints lors de la pandémie, l’économie mondiale reste vulnérable en raison des perturbations persistantes de la chaîne d’approvisionnement, des tensions géopolitiques et de la volatilité du marché de l’énergie.

Le ralentissement économique de la Chine, exacerbé par la crise du secteur immobilier et l'augmentation de la dette des gouvernements locaux, était une préoccupation majeure. Les implications pour les pays dépendant des matières premières, et les secteurs dépendant de la demande chinoise, ont également été discutées, de nombreux intervenants s'accordant sur le fait que l'économie mondiale doit se préparer à des pressions inflationnistes soutenues à court terme.

Jour 2 : mardi 22 octobre 2024, les pays à faible revenu et les débuts des BRICS en Iran
La deuxième journée des réunions a permis d'examiner plus en profondeur les défis financiers auxquels sont confrontés les pays à faible revenu (PFR).

Les PFR peinent à se rétablir
Un rapport de la Banque mondiale présenté le deuxième jour a mis en lumière l'aggravation de la crise financière dans les pays à faible revenu. Ces pays, dont beaucoup sont situés en Afrique subsaharienne, sont encore sous le choc économique provoqué par la pandémie de Covid-19. Le rapport dresse un tableau sombre de la hausse des ratios dette/PIB, de l’accès limité au financement et du nombre croissant de pays confrontés au surendettement.

Pour les PFR, la reprise après la pandémie a été beaucoup plus lente que prévu. Alors que les économies avancées se sont largement stabilisées, en partie grâce à des réponses budgétaires fortes et à l’accès aux marchés internationaux, les PFR ont été laissés pour compte. Ces pays ont besoin d’aide pour attirer les investissements étrangers et dépendent de plus en plus de l’aide étrangère, qui n’a cessé de diminuer ces dernières années.

La table ronde a souligné la nécessité d'approches innovantes en matière d'allègement de la dette et d'aide financière. Les méthodes traditionnelles de restructuration de la dette se sont révélées insuffisantes, et des appels ont été lancés en faveur d’un cadre plus complet, prenant en compte les défis uniques auxquels sont confrontés les PFR.

La Banque mondiale et le FMI ont été invités à explorer des options de financement plus flexibles, permettant à ces pays d'investir dans des projets de développement à long terme, sans aggraver le fardeau de leur dette.

Jour 3 : mercredi 23 octobre 2024, taux d'intérêt, avenir de la coopération multilatérale et entretiens La troisième journée des réunions a continué à explorer la stabilité financière mondiale, avec un accent particulier sur les politiques de taux d'intérêt et l'avenir des institutions multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale.

Les taux d’intérêt dans un monde post-pandémique
Megan Greene, membre externe du comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre, a fourni une analyse détaillée des défis auxquels sont confrontées les banques centrales dans l'environnement économique actuel. M. Greene a fait valoir que le taux d’intérêt neutre, le taux auquel l’inflation est stable et l’économie est au plein emploi, a probablement augmenté à la suite de la pandémie. Il est donc peu probable que les taux d’intérêt d’avant la pandémie reviennent de sitôt.

Ce changement a des implications significatives, tant pour la politique monétaire, que pour la croissance mondiale. Les banques centrales, en particulier dans les économies avancées, devront soigneusement calibrer leurs baisses de taux pour éviter une réapparition de l’inflation. Dans le même temps, elles doivent veiller à ce que les taux ne restent pas trop élevés pendant trop longtemps, car cela pourrait étouffer la reprise économique, et exacerber l’instabilité financière, en particulier sur les marchés émergents.

La discussion a également abordé l’environnement macroéconomique plus large, les intervenants avertissant que l’inflation reste « persistante » dans de nombreuses régions du monde, en particulier au Royaume-Uni. Des facteurs structurels tels que la pénurie de main-d’œuvre, la volatilité des prix de l’énergie et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, continuent d’exercer une pression à la hausse sur les prix, rendant ainsi la tâche des banques centrales plus difficile.

Coopération multilatérale et responsabilité
Au fur et à mesure que les réunions avançaient, l’accent a été de plus en plus mis sur la nécessité d’une réforme au sein des institutions multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale. D'anciens responsables du FMI et d'autres experts ont fait valoir que ces organisations doivent devenir plus responsables et transparentes dans leurs opérations, en particulier en ce qui concerne les programmes de prêt.

Les critiques du système actuel ont souligné que de nombreux pays bénéficiant de prêts du FMI, ne parviennent pas à mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires, ce qui conduit à des cycles répétés d'emprunts et d'endettement. Ils ont appelé à des mécanismes de contrôle plus solides pour garantir que les pays respectent leurs engagements et que les programmes de prêt soient liés à des résultats tangibles.

Le débat sur la réforme du FMI s’inscrit dans un débat plus large sur l’avenir du multilatéralisme dans un monde de plus en plus fragmenté. Alors que des institutions comme le FMI et la Banque mondiale ont été créées pour promouvoir la stabilité et le développement à l’échelle mondiale, leur capacité à répondre aux besoins d’une économie mondiale en évolution rapide est remise en question. Les appels à la réforme reflètent une reconnaissance croissante du fait que ces institutions doivent s’adapter aux nouvelles réalités, si elles veulent rester pertinentes.

Entretien avec la ministre suédoise des Finances
La ministre suédoise des Finances, Elisabeth Svantesson, a donné une interview captivante dans laquelle elle a décrit la lutte actuelle de la Suède contre l’inflation et la pénurie de main-d’œuvre. Elle a exprimé un optimisme prudent quant au fait que les mesures de la Banque centrale européenne (BCE) commençaient à produire leurs effets, tout en avertissant que la sécurité énergétique et les pressions inflationnistes restaient des risques majeurs pour l'économie européenne.

Mme Svantesson a souligné l’engagement de la Suède en faveur des investissements verts, les plaçant au cœur de la croissance économique à long terme du pays. Elle a souligné que la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, offre des opportunités de croissance durable, en particulier dans des secteurs comme les énergies renouvelables, où la Suède reste en tête. À un niveau plus large, Svantesson a réitéré l'importance de la coopération internationale pour relever les défis interconnectés auxquels est confrontée l'économie mondiale, en particulier dans des domaines tels que le changement climatique et la stabilité économique.

Entretien avec le ministre nigérian des Finances
La journée a également été marquée par une interview remarquée du ministre nigérian des Finances, Wale Edun, qui a partagé un point de vue franc sur la situation économique du Nigeria. Il reconnaît les défis posés par l’inflation et la volatilité des taux de change, mais se dit confiant dans les efforts du Nigeria pour stabiliser son économie, grâce à des réformes visant à attirer les investissements étrangers.

M. Edun a évoqué l'importance croissante du secteur technologique du Nigeria, ainsi que l'engagement du gouvernement à diversifier l'économie, au-delà du pétrole et du gaz. Il a souligné la nécessité d'améliorer les infrastructures et l'éducation pour libérer le potentiel de la main-d'œuvre jeune et dynamique du Nigeria. Le ministre nigérian des Finances a mentionné l’engagement actif du Nigeria auprès du FMI et de la Banque mondiale sur la scène internationale, soulignant la nécessité des conditions de restructuration de la dette plus équitables, et d’un soutien financier plus ciblé.

Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, arrive à la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 à Washington, dans le cadre des réunions en cours. Photo : ANNABELLE GORDON/EPA-EFE/Shutterstock
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, arrive à la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 à Washington, dans le cadre des réunions en cours. Photo : ANNABELLE GORDON/EPA-EFE/Shutterstock

La ministre des Finances Elisabeth Svantesson présente le budget du gouvernement pour 2024. Crédit : Jonas Ekströmer/TT
La ministre des Finances Elisabeth Svantesson présente le budget du gouvernement pour 2024. Crédit : Jonas Ekströmer/TT



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