Centrafrique: Abakar Saboun, un chef rebelle se confie au journal Le Confident
Les troubles reviennent au Pays parce que le Gouvernement n’a pas respecté ses engagements tel qu’attesté par la mauvaise gouvernance actuelle et le non respect de la parole donnée.
INTERVIEW A ABAKAR SABONE par le journal le confident
1 – Le Dialogue Politique Inclusif (DPI) sollicité par l’opposition démocratique et les groupes politico-militaires a eu lieu à Bangui, du 5 au 20 décembre 2008. Toutes les entités y étaient représentées et ont apporté leurs contributions à la réussite de cette concertation nationale. Capitaine Abakar Sabone, comment expliquez-vous la reprise des hostilités dans le Nord du pays ?
Capitaine Abakar Sabone : Tout d’abord, nous tenons à rendre hommage aux hommes et femmes qui ont permis la tenue du Dialogue Politique Inclusif (DPI). Je tiens à rappeler aussi que, nous, en tant que mouvement politique qui incarne la voix de la majorité silencieuse de notre pays, nous avons forcé ce DPI au Président Bozizé, qui, dans le fond n’en voulait pas du tout. Les assises du DPI entendait mettre fin aux difficultés à l’origine de la crise dans notre pays
Tous les observateurs politiques aussi bien internationaux que nationaux constatent avec consternation et regret la manière dont le régime Bozizé et ses acolytes torpillent les recommandations des assises du DPI. Ce serait trop long à élaborer dans les lignes qui nous sont imparties ici, je vous dirais tout simplement ce que disent les patriotes Centrafricains avertis, expérimentés, pour l’essentiel, les troubles reviennent au Pays parce que le Gouvernement n’a pas respecté ses engagements tel qu’attesté par la mauvaise gouvernance actuelle et le non respect de la parole donnée.
Le peuple centrafricain a le droit d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour mettre fin à un régime qui privilégie les intérêts personnels d’un petit clan courtisan autour de Bozizé au détriment des intérêts supérieurs de la nation. Vous comprendrez que la majorité silencieuse de notre peuple a tendu la main de dialogue politique inclusif au pouvoir en place à Bangui, mais BOZIZÉ ferme la porte, à double clés. Et, ce n’est pas de gaîté de cœur que le peuple opte pour le scalpel quand la pilule n’a pas réussi à juguler le cancer, le Régime de Bozizé.
2- Quelle est votre appréciation de la période de l’après DPI ?
Capitaine Abakar Sabone : Je vous fais remarquer que vous avez déjà des éléments de réponses à cette question dans la réponse de la première. Pour nous, la période de l’après DPI est fort décevante. Nous ne voyons aucun signe de changement d’attitude de la part du Gouvernement pour mettre en place les recommandations minimales issues des assises du DPI. À titre d’exemple, nous assistons à une série des méfaits contre la population : la dilapidation du trésor public se poursuit, les fonctionnaires en général, incluant les FACAS, accusent des arriérés salariaux remontant à plusieurs mois, le délestage quasi-permanent de l’électricité partout au pays, l’insécurité généralisée tant de la population que des propriétés privées ou publiques, beaucoup d’enfants centrafricains continuent à aller à l’école sous l’arbre au 21è siècle et leurs enseignants mal rémunérés, le torpillage des recommandations du DPI, pour ne nommer que ces quelques cas notoires.
Bref, Bozizé est resté égale à lui même, c’est-`a-dire quelqu’un qui ne respecte pas sa parole donnée, qui veut se cramponner au pouvoir en torpillant les recommandations du DPI en mettant en place une sorte de caste de parents et copains pour manipuler le processus électoral prévu en 2010.
On peut même dire que Bozizé sabote le travail et l’effort qui ont été fournis pour la tenue des assises du DPI par plusieurs personnes honorables et organes aussi bien nationaux qu’internationaux, surtout ceux du Guide de
La médiocrité bozizéenne atteint son comble quand il va au secours de son ami maffieux qui fait face à la justice d’un pays ami, nommé en catimini à un poste diplomatique important, Vice-ministre des Affaires étrangères de
3- Êtes-vous d’accord que vous êtes manipulés par des têtes et des bras occultes qui cherchent à islamiser
Capitaine Abakar Sabone Il faut être sérieux dans des affaires qui nous préoccupent présentement. La cause que nous défendons est tellement sérieuse pour notre peuple et notre pays pour que je me laisse téléguider par qui que ce soit. Toute mon énergie et mon inspiration me viennent de la conviction que partagent la majorité des Centrafricains qu’il y a moyen de faire de la politique autrement et mieux que ne le fait le régime actuel à Bangui. Et, faire de la politique pour nous, c’est préparer l’avenir de notre pays en tant qu’État de droit où la justice est égale à tout le monde quelle que soit sa croyance religieuse.
Je vous rappelle que le Père de notre République Centrafricaine, Barthélémy BOGANDA, a tenu à faire de cette République une République laïque où tous les citoyens sont égaux entre eux et devant l’État lui-même. J’en suis personnellement fier, puisque je ne vois pas d’alternative à cette politique clairvoyant du Président BOGANDA.
Parlant de la manipulation et de l’islamisation de
- s’il ya quelqu’un qui peut me manipuler c’est bien Dieu lui-même et
- chaque Centrafricain a le droit de choisir et de vivre dans notre pays selon sa croyance religieuse tout en respectant les croyances de ses concitoyens.
Si vous voulez instaurer une politique visant à donner des faveurs ou plus de droit aux Musulmans au détriments d’autres citoyens Athées, Chrétiens, Animistes, Témoins de Jéhovah, Bahaï¨, etc., en République Centrafricaine, je vous combattrai politiquement de toutes mes forces.
4- Pensez-vous que seules les armes peuvent vous aider à rappeler le président François Bozizé à l’ordre ou à accéder au pouvoir ?
Capitaine Abakar Sabone Des hommes politiques et militaires autrement plus aguerris et expérimentés que moi ont dit que la prise des armes est le prolongement de la politique. Il nous semble que Bozizé préfère la guerre au dialogue politique national. Son comportement et ses actes présagent un musellement politique et un bain de sang de nature génocidaire en République Centrafricaine : le profilage discriminatoire des citoyens par le biais de la carte d’identité, la distribution d’armes sophistiquées (kalachnikovs, dernier cri) aux jeunes enfants (enfants soldats, eh oui) qui auront l’odieuse opération dans des quartiers périphériques de Bangui où résident les Citoyens Centrafricains indésirables, selon le pouvoir en place à Bangui. Les Citoyens de ces quartiers crient d’ores et déjà au secours. Et, c’est sérieux.
Cependant, nous sommes convaincus que seule la guerre ne résoudra pas la crise en Centrafrique. Le volet politique est extrêmement important et nous l’avons ouvert, de bonne foi, et n’a jamais été fermé.
5- Certaines sources disent que les groupes politico-militaires se sont fédérés. Si oui, quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous réunir ?
Capitaine Abakar Sabone Vous vous souvenez certainement que l’Union des Forces Démocratiques et du Rassemblement, Centrafrique, UFDR-RCA) est issue des ententes entre le Groupe d’Action Patriotique pour
Si nous poursuivons un but commun, qui est celui de doter notre pays d’un État de droit,, appelé à la prospérité par le labeur de ses citoyens dans la paix, la quiétude et l’amour de
Et, pour éviter la cacophonie et favoriser la cohésion de nos actions en faveur du développement socio-économique de
Le MLCJ tend toujours la main de salut national même à ceux qui ne partagent pas l’ensemble de ses opinions et il est solidaire avec tous les exclus de Régime actuel à Bangui pour bâtir
6- Comment voyez-vous l’avenir du pays à l’approche des échéances électorales de 2010 ?
Capitaine Abakar Sabone Le souhait ultime du peuple Centrafricain est de le voir en paix et où il pourra se mettre au travail pour le bâtir. Malheureusement, les observateurs et acteurs de la scène politique en Centrafrique notent que le désordre électoral s’annonce en RCA. Pour le MLCJ, le torpillage et la manipulation des recommandations du DPI ne sont que la pointe de l’iceberg de la mascarade des élections de 2010 si elles sont organisées par le clan des parents et amis que Bozizé a déjà mis en place pour s’assurer le contrôle du processus électoral.
Ne nous voilons pas la face, les Centrafricains sont encore bien partis pour des élections compromises, malheureusement. Il est de notre devoir d’éviter une telle situation.
Il se développe au sein des milieux près du pouvoir actuel à Bangui une sorte de panique, à court d’arguments, qui les poussent à mener des campagnes de dénigrement d’honorables hommes et femmes politiques du pays, surtout à mon sujet. Mon souhait ultime est que mes concitoyens adhèrent aux véritables idées de justice, d’égalité, de paix garantissant le développement et la prospérité de notre pays que proposent le MLCJ et ses alliés.
Je n’ai pas de leçon de patriotisme centrafricain à recevoir de qui que ce soit. Pour votre curiosité, demandez à Bozizé, lui-même, sur les efforts surhumains que j’ai fournis et les sacrifices que j’ai consentis pour apporter des changements salutaires dans la gouvernance de notre pays, des changements que Bozizé refuse.
À titre d’exemple, je vais vous révéler qu’en 2003, l’État-major de la force de libérateurs avait proposé que tous les militaires regagnent les casernes et laisser les civils se présenter aux élections. Bozizé a refusé. On peut imaginer toute sorte de stratagèmes électoralistes qu’il va utiliser, à même le trésor public, pour se cramponner au pouvoir.