Alwihda Info. Une équipe des droits de l'homme de l'ONU a recueillie des témoignages selon lesquels des citoyens tchadiens, y compris des soldats seraient impliqués dans des massacres durant les violences chaotiques en République centrafricaine, affirme ce mardi le bureau des droits de l'homme de l'ONU.
L'équipe a également constaté que le désarmement de certains combattants musulmans par les soldats français a eu un effet secondaire imprévu, permettant à leurs "ennemis chrétiens" de se venger et tuer leurs familles dans des attaques de représailles. Pour l'ONU, les deux communautés religieuses sont des "ennemis", un lapsus.
La haine inter-communautaire a augmenté à des niveaux "extraordinairement vicieux", affirme le porte-parole de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville. Les violences continuent, malgré la présence de 1600 soldats français et 4000 soldats de l'Union Africaine.
La haine inter-communautaire a augmenté à des niveaux "extraordinairement vicieux", affirme le porte-parole de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville. Les violences continuent, malgré la présence de 1600 soldats français et 4000 soldats de l'Union Africaine.
La crise a provoqué la flambée des denrées alimentaires, laissant de nombreux ménages à un seul repas par jours ; 2,6 millions de centrafricains ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence de l'ONU, affirme le Programme Alimentaire Mondial dans un rapport distinct, paru ce mardi.
L'équipe de l'ONU, composée de quatre personnes a réalisée 183 entrevues entre le 12 décembre et le 24 décembre, principalement en collectant des témoignages sur la vague de violences depuis le 5 décembre, y compris des exécutions sommaires, violences sexuelles, tortures, disparitions, pillages et incendies de mosquées.
"De nombreuses personnes interrogées ont identifiés les auteurs de l'ex-Séléka comme étant des ressortissants tchadiens", affirme le rapport de l'ONU.
"Les témoins ont rapportés que les combattants de l'ex-Séléka portent les brassards de soldats tchadiens de la FOMAC et partent de maison en maison à la recherche d'anti-Balaka [milices]. Ils ont tirés et tués des civils, dont des enfants, des femmes, des personnes âgées et des invalides civils", souligne le rapport.
Une source a indiqué que d'ex-Séléka, conjointement avec des soldats tchadiens sont allés -le 5 décembre- "de porte-à-porte à la recherche d'Anti-Balaka, tuant sans discrimination au moins 11 personnes, y compris femmes âgées, personnes malades et handicapés mentaux"
Ce rapport de l'ONU recueille les premières preuves. L'ONU va mettre en place une Commission d'enquête officielle pour recueillir et enquêter sur les violations des droits de l'homme. Une première étape avant d'éventuelles poursuites judiciaires.
Le nouveau Président de la Transition par intérim, Alexandre Ferdinand Nguendet a ordonné ce lundi aux soldats de tirer sur les fauteurs de troubles et pilleurs "à bout portant". La chef du bureau des droits de l'homme des Nations Unis, Navi Pillay a avertie dans un communiqué que le gouvernement ne doit pas commettre d'autres violations des droits de l'homme.
Des témoignages sur les méthodes de désarmement par l'armée française -ayant entraîné des lynchages- ont également été recueillis par l'équipe de l'ONU. Cependant, le porte-parole des droits de l'homme de l'ONU a tenu à défendre l'armée française : « Ils ont évidemment essayé de désarmer des hommes armés, ce qui est une bonne chose. Il y avait des éléments anti- Balaka ou même des civils qui ont profité pour attaquer et tuer des gens qui avaient été désarmés. Je pense évidemment que ce n'était pas prévu, mais je crois que les tactiques ont changé depuis ».
Le comité des droits de l'homme des Nations Unies tiendra une session extraordinaire pour débattre de la situation en Centrafrique lundi prochain. Un enquêteur spécialisé est susceptible d'être nommé par l'ONU.
Le Tchad a également annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire pour déterminer et juger les responsables de massacres contre ses ressortissants.
Le Tchad a également annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire pour déterminer et juger les responsables de massacres contre ses ressortissants.