RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
"Votre message n'a pas été envoyé"
Reporters sans frontières dénonce la mesure liberticide adoptée par le ministère de la Communication centrafricain interdisant les SMS, "à compter du 2 juin et jusqu’à nouvel ordre".
"Cette interdiction, alors que Bangui est quasiment coupé du reste du pays, que les communications téléphoniques vocales sont difficiles et internet quasi inexistant, représente une atteinte grave à la libre circulation de l’information", déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. "De plus elle constitue un obstacle majeur au travail, déjà difficile des journalistes. Le contexte sécuritaire ne leur permettant pas de circuler librement à l’intérieur du pays, ni même dans Bangui depuis le regain de violence des dernières semaines, s’ils ne peuvent même plus utiliser ce moyen de communication, la diffusion et la vérification des informations sera d’autant plus difficile. Nous demandons au gouvernement de transition centrafricain d’annuler immédiatement cette mesure de censure, qui ne fait pas honneur à ses engagements démocratiques".
Interrogé par Reporters sans frontières, un journaliste à Bangui confirme que les SMS sur les réseaux Orange, Télécel et Azur ne passent plus. "Quand on envoie un texto, on reçoit un message d’erreur. Ça complique notre travail car de nombreuses sources nous contactent par SMS : c’est discret, on ne risque pas que notre voisin nous entende et c’est un moyen de communication qui fonctionne même quand on a épuisé son crédit téléphonique, grâce aux quotas de SMS".
La décision, prise à l’initiative du Premier ministre André Nzapayéké, d’interdire les SMS, vise à "contribuer à la restauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire". Elle intervient alors que, selon le site de Jeune Afrique, un appel général à la grève avait été lancé par SMS, notamment pour protester contre le bilan sécuritaire de la présidence de Catherine Samba-Panza.
La République centrafricaine a dégringolé de 43 places dans l’édition 2014 du Classement mondial sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières où elle est maintenant classée 109e sur 180 pays.