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INTERNATIONAL

Forum économique mondial 2025 : cinq jours de concertation pour des solutions mondiales


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert-consultant international, humanitaire et journaliste indépendant. - 26 Janvier 2025


Alors qu’il apparaît comme une plateforme de changement positif et d'évaluations économiques importantes, le Forum économique mondial annuel s'est tenu du 20 au 24 janvier 2025 à Davos, en Suisse.


Un panneau indiquant le Forum économique mondial (WEF) est visible au Centre des congrès lors de la réunion annuelle du WEF dans la station alpine de Davos. Photo : FABRICE COFFRINI/AFP via Getty Images
Un panneau indiquant le Forum économique mondial (WEF) est visible au Centre des congrès lors de la réunion annuelle du WEF dans la station alpine de Davos. Photo : FABRICE COFFRINI/AFP via Getty Images
Dans cet article, nous vous proposerons un récapitulatif des événements et déclarations clés des cinq jours mouvementés du Forum.

Jour 1
Le premier jour de la réunion annuelle 2025 du Forum économique mondial à Davos a ouvert la voie à une semaine de discussions transformatrices, de célébrations culturelles et d’appels à l’action.

Inauguration et premières impressions
Les discussions inaugurales de la réunion ont coïncidé avec la prestation de serment de Donald Trump en tant que président. Les journalistes Mina Al-Oraibi, Patrick Foulis et Sam Jacobs ont mené une conversation dynamique explorant l’évolution du rôle mondial de l’Amérique, l’interaction entre rhétorique et politique, ainsi que les priorités nationales et internationales du pays.

Al-Oraibi a réfléchi à l’influence durable des États-Unis, les qualifiant de « superpuissance la plus importante », tout en remettant en question l’orientation de sa politique étrangère sous la nouvelle administration. Foulis a souligné le solide mandat national de Trump, suggérant qu’il pourrait conduire à une confiance accrue dans l’avancement de la politique intérieure, même si l’écart entre les promesses de campagne, et les stratégies de croissance réalisables, reste une préoccupation majeure.

Célébrer l’excellence culturelle : les Crystal Awards
À l’approche de la soirée, l’attention s’est portée sur les prestigieux Crystal Awards 2025, célébrant trois leaders culturels dont le travail a inspiré le changement à travers le monde.

David Beckham, ambassadeur itinérant de l'UNICEF et défenseur des droits de l'enfant, a souligné le potentiel transformateur de l'investissement dans les jeunes, déclarant : « Lorsque les enfants auront du temps, des opportunités et des encouragements, ils atteindront leur plein potentiel. »

Diane von Furstenberg, créatrice de mode et philanthrope, a défendu l'impact individuel en déclarant : « Nous ne devrions pas sous-estimer notre pouvoir individuel de faire le bien. »

Riken Yamamoto, architecte et lauréat du prix Pritzker 2024, a partagé son point de vue sur la capacité de l'architecture à favoriser la mémoire et la communauté, soulignant son importance sociale.
Les prix ont rappelé à quel point la créativité et le plaidoyer convergent pour susciter des changements significatifs.

Le concert d’ouverture : un appel pour le climat à travers l’art
La soirée s'est poursuivie avec un spectaculaire concert d'ouverture combinant musique classique, innovation électronique et visuels générés par l'IA. Centrée sur le thème de la préservation des glaciers, la performance mêlait art et défense de l’environnement, lançant un appel profondément émouvant à l’action contre le changement climatique.

Parallèlement, l’Open forum, « Toutes les capacités sont bienvenues », qui abordait les obstacles rencontrés par les 15 % de la population mondiale vivant avec un handicap. Des dirigeants tels que Katy Talikowska, PDG de The Valuable 500, et David Edwards, secrétaire général de l'Internationale de l'Éducation, ont souligné l'importance d'un accès équitable à l'éducation et à l'emploi.

Dans son discours, Børge Brende, président du Forum économique mondial, a appelé à davantage de collaboration : « La seule façon de relever les défis urgents et de débloquer de nouvelles opportunités passe par des approches innovantes et coopératives. »

Jour 2
La deuxième journée du Forum a été encore plus instructive. De l’exploitation de l’intelligence artificielle à la redéfinition de la sécurité énergétique, et à la lutte contre l’incertitude économique, les discussions ont souligné la nécessité d’innovation, de collaboration et de leadership.

La promesse transformatrice de l’IA
La journée a commencé par un panel passionnant réunissant Julie Sweet, PDG d’Accenture, et Matt Garman, PDG d’AWS, qui ont exploré le potentiel de l’IA pour relever les défis sociétaux. Sweet a expliqué avec passion comment l’IA pourrait révolutionner les services publics, les soins de santé et la sécurité alimentaire, la qualifiant de révolutionnaire dans la manière dont les gouvernements servent leurs citoyens. Paul Hudson, PDG de Sanofi, a ajouté : « L’IA ne surpasse pas l’humain...», suggérant que l’avenir réside dans la synergie de l’expertise humaine avec les capacités de l’IA.

Croissance et régulation dans un monde incertain
Passant aux priorités économiques, un panel dirigé par la PDG du Nasdaq, Adena Friedman, et l’ancien secrétaire au Trésor, Larry Summers, a abordé « l’avenir de la croissance ». Friedman a souligné l'importance d'une réglementation équilibrée ; d’autant plus que les marchés mondiaux s’adaptent aux politiques économiques de l’administration Trump-02. Summers a souligné la nécessité de stratégies à long terme, pour garantir une croissance durable.

Géoéconomie de l'énergie et de l'action climatique
La sécurité énergétique a été au centre de l'attention lors d'une séance avec le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, qui a souligné que la diversification était le « mot magique » pour la stabilité énergétique. Dans la perspective de la COP30 au Brésil, Simon Stiell, secrétaire exécutif de la CCNUCC, a appelé à une collaboration plus approfondie entre les nations pour faire face aux crises climatiques et naturelles, donnant ainsi un ton ambitieux au prochain sommet.

Adresses clés : Europe, Chine et au-delà
Une série de discours spéciaux ont façonné le récit géopolitique de l’époque :
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a souligné le rôle stratégique de l’Europe dans la concurrence mondiale en matière d’innovation et de ressources, en déclarant : « La course est lancée ».
Ding Xuexiang, vice-Premier ministre chinois, a réitéré l'engagement de la Chine à favoriser les partenariats économiques mondiaux.
Olaf Scholz, chancelier fédéral allemand, a défendu la nécessité d'une Unité européenne dans un contexte d'alliances changeantes.
Volodymyr Zelenskyy, président de l’Ukraine, a prononcé un discours percutant sur la nécessité pour l’Europe de jouer un rôle central dans la diplomatie mondiale, avertissant qu’un retard en matière de technologie et d’influence géopolitique laisserait l’Europe marginalisée.

Diplomatie et coopération économique
Tout au long de la journée, des panels ont exploré des questions diplomatiques et économiques urgentes. Le Premier ministre du Qatar a discuté de l’équilibre entre les préoccupations de sécurité immédiates et les priorités mondiales à long terme, tandis que la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a examiné les stratégies visant à favoriser la coopération économique internationale en période de turbulences.

Pleins feux sur l'Afrique
Le potentiel économique de l’Afrique a occupé le devant de la scène lors d’un débat sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Les dirigeants, dont le président Duma Gideon Boko du Botswana, ont souligné que les ressources énergétiques renouvelables du continent, et les pôles d’innovation en pleine croissance, étaient les principaux moteurs d’un avenir économique radieux.

Jour 3
Vers la parité du pouvoir
La représentation politique des femmes a été un thème clé de la troisième journée, alors que Catherine De Bolle, François Valérian et Thérèse Kayikwamba Wagner ont abordé les obstacles à la parité hommes-femmes. Le panel a discuté de la nécessité de réformes systémiques et d'une collaboration mondiale pour combler les écarts persistants, en particulier dans des régions comme la République démocratique du Congo.

Résilience dans les économies émergentes
Gita Gopinath, première directrice générale adjointe du FMI, a souligné la surprenante résilience des économies émergentes, face aux chocs mondiaux. Bob Sternfels de McKinsey a appelé à une plus grande collaboration entre les gouvernements et les industries afin de mobiliser des capitaux pour les infrastructures critiques.

Les défis de gouvernance en Amérique latine
Les questions de gouvernance de l’Amérique latine ont également fait partie de la discussion, à laquelle ont participé les présidents du Pérou et du Panama. Dina Boluarte a souligné le paysage politique polarisé de la région et la demande croissante de sécurité. José Raúl Mulino a réaffirmé la souveraineté du Panama sur le canal de Panama, abordant les tensions internationales suscitées par les récentes remarques des États-Unis.

Climat et nature : urgence et action
Le besoin urgent d’une action climatique était un thème récurrent. L'ancien vice-président américain Al Gore s'est joint à des dirigeants comme Pedro Sánchez, pour réfléchir au 10e anniversaire de l'Accord de Paris. Al Gore a souligné que l’augmentation de la température mondiale pourrait être atténuée grâce à des progrès rapides vers zéro émission nette, appelant à la persévérance et à l’innovation.

Dans une séance connexe, John Kerry, Félix Tshisekedi et Jozef Sikela ont discuté du rôle essentiel du bassin du Congo en tant que plus grand puits de carbone des forêts tropicales au monde. Ils ont appelé à des politiques audacieuses et à des collaborations durables pour préserver le bassin, tout en faisant progresser le développement économique de la République démocratique du Congo.

L'IA pour l'égalité
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, s'est jointe à Brad Smith de Microsoft et à Paula Ingabire du Rwanda pour aborder la fracture mondiale en matière d'IA. Ils ont proposé des stratégies pour démocratiser l’accès à l’IA et garantir qu’elle profite à toutes les nations.

Faits saillants régionaux : ASEAN et MENA
Les dirigeants de l’ASEAN, dont le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh, ont présenté une vision de croissance régionale grâce à l’innovation numérique et au développement durable. Muhammad Yunus a mis l’ASEAN au défi de « repenser » son modèle de développement plutôt que de reproduire la voie empruntée par l’Occident.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les ministres et les chefs d’entreprise ont discuté des projections de croissance de 3,8 % en 2025, mettant en avant les investissements dans le développement durable pour stabiliser les économies dans un contexte d’incertitude géopolitique.

Défendre la paix et les droits de l'homme
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a prononcé un discours dans lequel il a appelé à une paix ancrée dans des valeurs partagées, tandis que l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'est joint aux dirigeants ukrainiens pour décrire les étapes à suivre pour résoudre le conflit en cours.

Jour 4
La journée a commencé par une discussion sur la cybersécurité lors de «Défendre les cyber-frontières». Andrius Kubilius, commissaire européen chargé de la défense et de l'espace, a dirigé la conversation, soulignant l'intersection croissante des conflits politiques et cyber-conflits. Matthew Prince de Cloudflare a averti que la réalité de la cyberguerre reflète les guerres physiques vues dans les gros titres, soulignant la nécessité d'une coopération internationale pour dissuader les menaces numériques.

Alors que la technologie continue de redéfinir la société, l’on a exploré comment les innovations émergentes, en particulier dans le domaine de l’IA, peuvent être exploitées de manière responsable. Yann LeCun et Dava Newman de Meta ont introduit de nouveaux concepts comme la « génération bio », suscitant une conversation sur la manière dont la biotechnologie pourrait façonner l'avenir aux côtés de l'IA.

Changer le climat de travail
Dans le domaine du développement économique, la discussion sur la refonte de la géographie des emplois et du projet économique de l’Inde a offert de nouvelles perspectives sur la mobilité mondiale de la main-d’œuvre, et le rôle des économies émergentes dans la croissance mondiale. L'impressionnante croissance de 8 % de l'Inde l'année dernière a positionné le pays comme un acteur clé dans la transformation en cours de l'économie mondiale.

Enfin, la session «Diriger différemment : les leaders neurodiversifiés», a remis en question les notions traditionnelles de leadership, alors que Katy Talikowska et Shanti Raghavan ont exploré comment les individus neurodiversifiés remodèlent le paysage du leadership. Cette conversation s'est déroulée dans le cadre des discussions du panel Flexibilité 2.0, qui a abordé la dynamique évolutive de l'économie mondiale des petits boulots, et la nécessité de pratiques équitables et durables, pour les plus de 200 millions de travailleurs des petits boulots dans le monde.

La journée s'est terminée par une série de discours très médiatisés, dont celui du président américain Donald Trump, qui a déclaré : « L'Amérique est de retour et ouverte aux affaires », signalant un retour à une position internationale plus affirmée.

Jour 5
Restauration des terres : une urgence mondiale
La journée a commencé par une discussion critique sur la restauration des terres, mettant en lumière le problème croissant de la dégradation des terres. Ibrahim Thiaw, sous-secrétaire général des Nations-Unies et secrétaire exécutif de la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification, a déclaré qu'inverser la dégradation des terres est une « entreprise de grande envergure » qui nécessite la collaboration des secteurs public et privé.
Le président irakien, Abdulatif Rashid, a fait écho à cette urgence, qualifiant la restauration des terres de « réalité urgente » et décrivant les stratégies de l’Irak pour lutter contre la dégradation des terres.

Croissance économique dans les pays à revenu intermédiaire
Un panel a étudié la stagnation dans les pays à revenu intermédiaire, où la croissance a ralenti en raison des perturbations mondiales. Avec 6 milliards de personnes vivant dans ces économies, les dirigeants ont discuté de la manière de surmonter ce ralentissement prématuré du développement. La conversation a porté sur la remise en question du statu quo, et la mise en œuvre de politiques qui stimulent la croissance, l’innovation et la résilience dans ces régions.

États-Unis, UE et Chine : un triangle complexe
La relation entre les États-Unis, l’UE et la Chine a fait l’objet d’une table ronde instructive, au cours de laquelle les dirigeants ont débattu de la manière dont ces puissances économiques peuvent équilibrer leur interdépendance avec leurs intérêts géoéconomiques. La session a examiné les dynamiques futures en matière de commerce, de technologie et de sécurité, en soulignant la nécessité d'un dialogue continu pour prévenir les tensions et favoriser la coopération.

Perspectives économiques mondiales : confiance en Europe
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, et Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, ont partagé leurs points de vue sur le paysage économique mondial. Georgieva a exhorté l’Europe à adopter davantage de confiance, soulignant le contraste frappant entre la « modestie » de l’Europe et la culture de confiance des États-Unis.

Laurence Fink de BlackRock partage ce sentiment, suggérant que l’Europe ne devrait pas être trop pessimiste. Il a toutefois prévenu que l’inflation et la dette restaient des défis mondiaux, avertissant que la complaisance pourrait nuire à la croissance à long terme.

Réflexions finales : construire pour l’avenir
Børge Brende, président-directeur général du Forum économique mondial, a prononcé un discours de clôture, réfléchissant aux principaux points à retenir de la semaine. Il a rappelé l'importance de la collaboration, de l'innovation et du leadership à l'échelle mondiale pour relever les défis de 2025 et au-delà.

À la fin du Forum, l’appel à l’action était clair : la voie à suivre nécessite un leadership audacieux et un engagement à relever les défis de la communauté mondiale.

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, lors de la 55e réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF), à Davos le mercredi 22 janvier 2025. Photo : Laurent Gillieron/Keystone via AP
Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, lors de la 55e réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF), à Davos le mercredi 22 janvier 2025. Photo : Laurent Gillieron/Keystone via AP

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, lors de la 55e réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF), à Davos le mercredi 22 janvier 2025. Photo : Laurent Gillieron/Keystone via AP
Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, lors de la 55e réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF), à Davos le mercredi 22 janvier 2025. Photo : Laurent Gillieron/Keystone via AP



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