«Tout comme j'ai loyalement accepté les résultats, en croyant que la Commission électorale était indépendante, honnête et fiable, je les rejette dans leur totalité», a affirmé M. Jammeh, dénonçant des «erreurs inacceptables» de la part des autorités électorales. «Laissez-moi répéter: je n'accepterai pas les résultats sur la base de ce qui est arrivé», a-t-il dit, appelant à la tenue d'un nouveau scrutin. M. Jammeh a dénoncé une erreur de comptabilisation reconnue par la Commission électorale indépendante (IEC), accordant la victoire à M. Barrow, mais avec moins de voix d'avance qu'annoncé initialement et fait état d'«enquêtes» sur l'abstention qui ont révélé, selon lui, que de nombreux électeurs n'avaient pu voter en raison d'informations erronées. Cette annonce bouleverse la situation en Gambie, où la population profitait d'une liberté inédite, à la perspective d'une alternance démocratique, après 22 ans de pouvoir sans partage de Yahya Jammeh. La veille, le président élu s'est prévalu du soutien du chef de l'armée, le général Ousman Badjie, et a annoncé la création d'une Commission Vérité et Réconciliation. Dans une déclaration télévisée diffusée le soir du 2 décembre, Yahya Jammeh avait, à la surprise générale, reconnu sa défaite et avait téléphoné à Adama Barrow devant les caméras pour le féliciter pour sa victoire. Les pressions pour poursuivre Yahya Jammeh et les dignitaires du régime, accusés de nombreuses violations des droits de l'Homme, représentent un des principaux défis pour le nouveau pouvoir, déterminé à une transition pacifique. Dans un entretien avec des médias français le 3 décembre, M. Barrow a exclu toute «chasse aux sorcières», affirmant que son prédécesseur pourrait «vivre en Gambie en tant que citoyen ordinaire». Plusieurs dizaines de militants de l'opposition, dont Ousainou Darboe, le chef de la principale formation d'opposition le Parti démocratique uni (UDP), arrêtés pour avoir participé à des manifestations non autorisées en avril et en mai, ont été libérés sous caution cette semaine. Le Sénégal condamne le revirement de Jammeh Le Sénégal, unique voisin terrestre de la Gambie, a condamné vendredi soir le revirement du président gambien Yahya Jammeh, qui a rejeté les résultats de l'élection du 1er décembre une semaine après avoir reconnu sa défaite, exigeant qu'il cède pacifiquement le pouvoir. «Le Sénégal rejette et condamne fermement cette déclaration», selon un communiqué de son ministre des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye, disant avoir appris «avec surprise» cette remise en cause par M. Jammeh de sa propre reconnaissance des résultats une semaine auparavant. «Le Sénégal exige que le président sortant respecte sans condition le choix démocratique librement exprimé par le peuple gambien, qu'il organise la transmission pacifique du pouvoir et qu'il assure la sécurité et l'intégrité physique du président nouvellement élu», Adama Barrow, candidat d'une large coalition d'opposition. Il «engage instamment la Cédéao (Commission économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, NDLR) l'Union africaine et les Nations unies à oeuvrer ensemble et prendre toutes les mesures qu'imposent la sauvegarde des résultats du scrutin présidentiel en Gambie et le respect de la souveraineté du peuple gambien». Par ailleurs, Dakar «met solennellement en garde contre toute atteinte à la sécurité des ressortissants sénégalais vivant en Gambie», petit pays d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le territoire sénégalais hormis sa façade atlantique. Dans sa déclaration télévisée vendredi soir, M. Jammeh a assuré que «l'intervention de puissances étrangères ne changerait rien». Lapresse Canada/ agences
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