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AFRIQUE

Le CEDPE réunit des experts pour débattre du rôle de l’UA dans la paix et la sécurité en Afrique centrale


Alwihda Info | Par - 20 Avril 2025


N’Djamena, 19 avril 2025 – À l’occasion d’une table ronde de haut niveau organisée par le Centre d'Études pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme (CEDPE), des experts ont longuement débattu du rôle réel que joue l’Union africaine (UA) dans la gouvernance de la paix et de la sécurité en Afrique centrale. Parmi eux, Kébir Mahamat Abdoulaye, politologue, Ibrahim Moussa, analyste des tensions émergentes et Dr. Oumar, stratège de la paix, ont livré des analyses percutantes sur les limites et les attentes liées à l’action de l’organisation continentale.


Kébir Mahamat Abdoulaye, politologue engagé, a ouvert les débats en soulignant le rôle stabilisateur de l’UA au Tchad après la mort du Maréchal Idriss Déby Itno en 2021​ : « Beaucoup d’observateurs pensaient que le Tchad allait sombrer dans la guerre civile et le chaos, avec des conséquences en cascade dans toute la sous-région. » Selon lui, ces scénarios ont été évités grâce à la mise en place d’un dialogue inclusif, à la gestion de la transition, et surtout à l’accompagnement stratégique de l’Union africaine : « Dès les premières heures, l’UA a participé à la mise en place du Conseil militaire de transition et des autres organes institutionnels. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a également rassuré les partenaires, favorisé le rassemblement des acteurs nationaux et internationaux et permis une transition pacifique. »

Cependant, cette action efficace au Tchad contraste fortement avec le manque de réactivité de l’UA face au conflit soudanais, alerte le politologue : Est-ce que l’UA a joué un rôle considérable pour arrêter la guerre ? Non. L’absence de l’UA dans la gestion du conflit au Soudan est criante. Pourtant, les répercussions sur le Tchad et d’autres pays d’Afrique centrale sont directes. « Nous partageons 1000 km de frontière », avec une population brassée de part et d'autre, a-t-il rappelé.

Il ajoute que malgré l’absence de capacités militaires, l’Union africaine dispose d’outils diplomatiques et de mécanismes de médiation qu’elle peine à activer pleinement, notamment en raison de moyens limités : « L’UA n’a ni armée ni police. Elle agit par des mécanismes diplomatiques, mais même ceux-ci sont peu exploités. Son budget est en baisse et la question de paix et de sécurité ne relève pas uniquement d’elle. »

Ibrahim Moussa : "Nous avons organisé beaucoup de conférences, émis des recommandations"

De son côté, Ibrahim Moussa a tenu à souligner les limites des approches sécuritaires classiques dans un contexte marqué par des conflits enracinés et multidimensionnels : « Nous avons organisé beaucoup de conférences, émis des recommandations. Mais les conflits que nous connaissons ne se résolvent pas par les armes uniquement. » Il appelle à réconcilier les mécanismes de résolution traditionnels avec l’autorité étatique, citant notamment le rôle des chefs de race ou des figures communautaires. Selon lui, lorsqu’on donne à la justice traditionnelle l’opportunité de régler certains conflits, cela peut être une solution. Mais il faut que cela se fasse dans un cadre régulé par l’État. Sinon, cela risque de poser encore plus de problèmes.

Ibrahim Moussa déplore également le manque d’implication concrète de certaines institutions après les recommandations : « C’est un Centre pour toute la société tchadienne, les autorités, la société civile. » Pour lui, il faut que chacun joue son rôle. De plus, il faut dépasser le stade des diagnostics pour aller vers des actions concrètes.

Pour les intervenants et participants, l’UA n’est pas une panacée, mais elle reste un cadre indispensable. Son budget limité et son absence de force militaire contraignent son action, comme au Soudan. Pourtant, son rôle de plateforme diplomatique est irremplaçable.

La modération de Mahamat Ali, coordonnateur du CEDPE, a permis d’aborder une question clivante, soulevée par une intervenante : « Faut-il unifier l’Afrique ou renforcer les ensembles sous-régionaux comme la CEMAC ?» Un participant a rappelé l’efficacité des interventions tchadiennes au Mali, soulignant que « les solutions locales, appuyées par des forces régionales, peuvent surpasser les mécanismes continentaux.»

À travers cette table ronde, le CEDPE réaffirme son rôle d’espace d’échanges et de réflexion pour bâtir une paix durable et proactive en Afrique centrale. « La paix se construit ensemble », a rappelé le CEDPE, appelant à une mobilisation collective pour des résultats tangibles.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)