Le gouvernement burundais a annoncé, jeudi 17 avril, avoir expulsé de son territoire le responsable de la sécurité du bureau des Nations unies au Burundi (Bnub), Paul Debbie. Bujumbura réagit ainsi à la diffusion d'une note interne de l'ONU selon laquelle le gouvernement armait et formait les membres de l'Imbonerakure, l'aile jeunesse du parti au pouvoir. Ces allégations avaient été qualifiées de "rumeurs sans fondement" par le pouvoir, qui avait exigé des excuses de l'ONU.
"Ce monsieur a été déclaré persona non grata", a ainsi déclaré le ministre des Relations extérieures, Laurent Kavakure, précisant qu'il semblerait que Paul Debbie "soit à l'origine de ces fausses informations qui portent atteinte à l'image du Burundi". Celui-ci aurait 48 heures pour quitter le Burundi, ce qu'une source au Bnub a confirmé, précisant que le bureau a été notifié de la décision jeudi matin.
"Cela ne résout pas le vrai problème"
"Comme le pouvoir burundais ne peut pas s'en prendre aux Nations unies, il est malheureusement en train de personnaliser ses attaques, c'est une escalade regrettable", a commenté un diplomate, sous couvert d'anonymat, ajoutant : "mais cela ne résout pas le vrai problème soulevé par ces allégations".
La tension politique monte au Burundi alors que l'élection présidentielle de 2015 approche et que la candidature du président Nkurunziza pour un troisième mandat est attendue, malgré la limite à deux mandats imposée par la Constitution. Le principal parti tutsi, l'Uprona, s'est retiré du gouvernement, dominé par les Hutus, le mois dernier.
Le gouvernement a accusé le Bnub de s'être allié avec l'opposition et de chercher à nuire à la paix et à la sécurité nationale. L'ONU a adressé la semaine dernière une sévère mise en garde au pouvoir en place, lui demandant de prendre d'urgence des mesures pour apaiser la violence politique et respecter les droits de l'homme.
(AFP et Jeune Afrique)