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INTERVIEW

Luc Magloire Mbarga Atangana : « l'absence de sécurité alimentaire est une menace pour la paix »


Alwihda Info | Par l'OMC - 28 Mars 2025


Le ministre camerounais du Commerce, donne son point de vue sur les négociations sur l'agriculture à l'OMC et sur une redynamisation de l'Aide pour le commerce qui pourrait aider les économies en développement à stimuler la production.


Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontées les économies en développement dans le domaine de la sécurité alimentaire ?
Nous devons doubler la production agricole mondiale d'ici à 2050 si nous voulons nourrir l'humanité. Nous sommes face à un défi de taille, et il ne s'agit pas seulement d'un problème de sécurité alimentaire.
La survie de l'humanité est en jeu si nous voulons garantir la paix, parce qu'il ne pourra y avoir de paix sans denrées alimentaires. Ainsi, l'absence de sécurité alimentaire pourrait devenir un problème de sécurité au sens plus large.
Les négociations sur l'agriculture à l'OMC durent depuis trop longtemps. Et peu de choses ont changé. Nous continuons d'examiner une proposition après l'autre. Il semble que le problème soit lié à la détermination politique des membres dans leur ensemble. Des options existent, qui peuvent nous aider à régler ce problème.
Prenez par exemple les restrictions à l'exportation. Pendant la pandémie de COVID-19, nous avons vu un ferme engagement à ce propos. Mais après la pandémie, plusieurs membres de l'OMC ont mis en place des restrictions à l'exportation, notamment pour les céréales et le riz. Et ces mesures créent des problèmes pour les économies qui dépendent des importations.
Bon nombre des États africains sont des importateurs nets de produits alimentaires, des importateurs nets de riz. Les priver d'une denrée alimentaire de base est un réel problème. Nous avons besoins de règles de l'OMC qui s'appliquent à tous. L'état d'avancement des discussions me fait penser au roman d'Ernest Hemingway "Pour qui sonne le glas". Le glas sonne-t-il pour les autres ? Ou sonne-t-il pour nous ? Je pense qu'il sonne pour nous. Et nous devons aller de l'avant avec les négociations sur l'agriculture.

Quels sont les outils disponibles à l'OMC qui peuvent aider les économies en développement ?
Pendant que nous attendons des membres qu'ils prennent certaines mesures, il existe des outils pratiques qui peuvent être développés davantage. Prenez, par exemple, l'Initiative Aide pour le commerce. C'est une excellente initiative, qui a débuté en 2005 à Hong Kong, et nous devons aller plus loin. Nous devons l'étoffer.
Les pays africains, des économies en développement en général, sont pour le multilatéralisme, et le multilatéralisme implique une participation de chacun d'entre nous aux discussions. Développer la production est une priorité majeure pour la simple raison que si la production fait défaut, mettre en place une infrastructure n'est pas d'une grande aide. Il existe différents moyens susceptibles de contribuer à la dynamisation de la productivité agricole.
Ils vont de la mise en place de recherches de pointe pour développer des semences qui résistent aux changements climatiques à des efforts garantissant l'accessibilité et l'abordabilité des engrais. Ainsi, si vous demandez ce que nous, à l'OMC, pouvons faire, je crois que nous pouvons faire meilleur usage de l'Initiative Aide pour le commerce.

Quels types de partenariats faut-il pour parvenir à la sécurité alimentaire ?
Il est évident que l'OMC ne peut pas faire grand’ chose à elle seule. Nous devons unir nos efforts. Nous devons mettre nos ressources en commun. Nous devons trouver des voies. Les interactions entre les différentes parties prenantes sont possibles. Par exemple, la contribution de la FAO peut être précieuse.
Le Programme alimentaire mondial peut aussi être sollicité. Nous devons aussi nous tourner vers le FMI, la Banque mondiale et d'autres institutions. Nous devons mettre toutes nos ressources en commun afin de parvenir à notre objectif, sans quoi c'est l'humanité qui est en danger.



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