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AFRIQUE

Mali : le retrait de la MINUSMA laisse craindre le pire


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 10 Novembre 2023


Alors que la MINUSMA plie bagages après 10 ans de maintien de la paix, le Mali se retrouve seul face à un grand nombre de défis sécuritaires.


Crédits : MINUSMA
Crédits : MINUSMA
Depuis le 16 juin dernier, les forces de la MINUSMA ont été déclarées persona non grata sur le sol malien. À l’origine, un différend occasionné par le rapport de l’ONU sur le massacre de Moura (mai 2023) a causé une fracture entre les autorités maliennes et les Nations Unies.

Ce point de « rupture » a été renforcé par de nombreux désaccords stratégiques et logistiques survenus au fil des 10 années de mission. Pendant une décennie, les hommes et les femmes de la MINUSMA assuraient une présence dissuasive sur les points les plus sensibles du Mali.

Dans le Liptako-Gourma, dévasté par les raids terroristes, les patrouilles des casques bleus ont permis de freiner les exactions des groupes extrémistes violents. Les risques d’affrontements entre les Forces Armées Maliennes (FAMa) et les groupes armés du Nord rassemblés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) avaient également été réduits grâce à la présence des soldats de l’ONU. Si la MINUSMA a su dissuader et s’interposer, pour autant, elle n’a pas débarrassé le pays de la gangrène terroriste.

Les autorités maliennes, qui font à présent appel au soutien logistique et mercenaire russe, reprochent au dispositif de l’ONU un manque d’efficacité contre le djihadisme. Or, cette mission n’est pas inscrite dans le cahier des charges de la MINUSMA. Les casques bleus déplorent par ailleurs la perte de 174 vies humaines du fait des attaques terroristes.

Il s’agit du plus lourd bilan humain déploré pour une mission de maintien de la paix de l’ONU. Au 31 décembre, la MINUSMA devrait avoir effacé les traces de 10 années de présence en retirant 11 000 casques bleus répartis dans 13 camps. Dès lors, le Mali perdra simultanément le soutien logistique des Nations Unies. Le vide laissé par la mission onusienne constitue un véritable défi pour le pays, qui doit veiller à ce que celui-ci ne profite pas aux terroristes.

Du fait de sa place centrale au Sahel, le Mali est d’autant plus vulnérable à la menace des groupes extrémistes. Après la dissolution de facto du G5 Sahel et, maintenant, le retrait de la MINUSMA, le pays plonge davantage dans l’isolement. Aujourd’hui, le Mali constitue une zone d’intérêt géostratégique pour d’autres puissances étrangères, notamment la Russie, qui propose de remplacer l’appui militaire de l’ONU.

Derrière les belles intentions, cette aide ne restera pas sans contrepartie et le pays risque de tomber sous le joug d’une forte dépendance (économique, politique, logistique… etc.), à l’image de la Centrafrique. Les conflits entre FAMa et Azawadiens représentent un défi de plus pour les autorités.

Les accords d’Alger piétinent et l’absence d’une force d’interposition risque de favoriser une relance des hostilités. Sans le soutien de ses anciens alliés, le Mali pourrait s’enliser dans une crise sécuritaire sans précédent en attendant des élections présidentielles décisives pour l’avenir du pays.



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