Un phénomène aussi mystérieux qu’inquiétant défraie la chronique dans plusieurs grandes villes du Tchad : des hommes affirment être victimes de la disparition soudaine de leurs organes génitaux. Ces cas, souvent signalés dans les espaces publics, suscitent panique, rumeurs, et théories multiples, allant de la sorcellerie à la manipulation psychologique. Les autorités et les professionnels de santé sont désormais interpellés pour comprendre et encadrer cette situation.
Si les autorités sanitaires n'ont confirmé aucun cas physique, cette psychose collective, nourrie par les rumeurs et les réseaux sociaux, révèle des tensions sociales profondes.
Un syndrome médical bien connu
Selon plusieurs experts, ce phénomène est généralement de nature psychosomatique ou lié à des troubles psychiatriques. Le Dr. Jean-Paul Demba, psychiatre et spécialiste en santé mentale en Afrique centrale, explique :
Le syndrome de Koro est un trouble psychiatrique reconnu par l’OMS, originaire d’Asie du Sud-Est mais observé en Afrique, où l’individu est convaincu que son sexe se rétracte ou disparaît, pouvant conduire à une panique collective.
D’autres médecins affirment que la peur collective et les croyances culturelles enracinées peuvent engendrer des hallucinations collectives, exacerbées par des effets de groupe, comme l’explique Dr. Amina Mahamat, psychologue clinicienne à N’Djamena :
Les forces de sécurité tchadiennes auraient procédé à des interpellations à la suite d’alertes lancées par des citoyens. Toutefois, le risque de lynchage ou de règlement de compte est élevé dans un contexte marqué par la défiance envers la justice et l’ignorance des réalités médicales.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2021), ce syndrome survient souvent lors de crises sociales ou économiques. Au Tchad, où l'insécurité est élevée, le terrain était propice.
Ce type d’événement, souvent qualifié de “vol d’organes” ou “syndrome de disparition du pénis”, a été signalé dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne : Au Nigéria, dans les années 1990 et 2000, plusieurs cas similaires avaient conduit à des lynchages publics de personnes accusées à tort d’avoir “volé” les organes d’autres hommes. En 2022, à Lagos, des violences avaient éclaté contre des étrangers accusés de "vol de sexes" (Africa Check, rapport 2022) ; En République démocratique du Congo et au Bénin, des rumeurs de disparition de pénis avaient provoqué des émeutes, des arrestations et même des meurtres. Au Cameroun, en 2001, une vague de panique s’est répandue dans plusieurs villes, poussant le gouvernement à organiser des campagnes de sensibilisation avec des psychologues et médecins pour calmer la population. En 2017, Kinshasa avait connu des lynchages similaires (Journal of Medical Anthropology, 2018) ; Inde (1982) : Une épidémie de Koro avait conduit à des suicides (The Lancet, 1983).
Pr Aminata Diallo, anthropologue à l'Université de Dakar, analyse : "Ces peurs s'ancrent dans des croyances ancestrales sur la sorcellerie et le vol d'organes. Elles ressurgissent quand la société est fragilisée."
Médicalement, aucun cas n'a été confirmé.
Comment expliquer la propagation ?
Réseaux sociaux : les témoignages non vérifiés circulent vite (étude AFP Factuel, mars 2024) ; Climat de défiance : la méfiance envers les institutions favorise les rumeurs ; Précarité : les crises économiques exacerbent les peurs irrationnelles.
Si les "disparitions" sont imaginaires, leurs effets sont tangibles : violences, stigmatisation, surcharge des hôpitaux. La solution passe par une approche médicale, sociale et communicationnelle.
Si les autorités sanitaires n'ont confirmé aucun cas physique, cette psychose collective, nourrie par les rumeurs et les réseaux sociaux, révèle des tensions sociales profondes.
Un syndrome médical bien connu
Selon plusieurs experts, ce phénomène est généralement de nature psychosomatique ou lié à des troubles psychiatriques. Le Dr. Jean-Paul Demba, psychiatre et spécialiste en santé mentale en Afrique centrale, explique :
“Dans la majorité des cas documentés, les patients ne présentent aucune perte anatomique réelle. Il s’agit souvent d’un trouble dissociatif déclenché par une angoisse culturelle ou un stress extrême. Cela peut provoquer chez certaines personnes l’illusion de rétrécissement ou de disparition du pénis, un trouble connu sous le nom de syndrome de Koro.”
Le syndrome de Koro est un trouble psychiatrique reconnu par l’OMS, originaire d’Asie du Sud-Est mais observé en Afrique, où l’individu est convaincu que son sexe se rétracte ou disparaît, pouvant conduire à une panique collective.
D’autres médecins affirment que la peur collective et les croyances culturelles enracinées peuvent engendrer des hallucinations collectives, exacerbées par des effets de groupe, comme l’explique Dr. Amina Mahamat, psychologue clinicienne à N’Djamena :
“Lorsqu’un individu affirme avoir perdu son sexe et qu’il est soutenu par une rumeur populaire, il est très difficile de dissiper cette croyance, surtout dans les zones où la médecine moderne reste méconnue ou peu accessible.
Les forces de sécurité tchadiennes auraient procédé à des interpellations à la suite d’alertes lancées par des citoyens. Toutefois, le risque de lynchage ou de règlement de compte est élevé dans un contexte marqué par la défiance envers la justice et l’ignorance des réalités médicales.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2021), ce syndrome survient souvent lors de crises sociales ou économiques. Au Tchad, où l'insécurité est élevée, le terrain était propice.
Ce type d’événement, souvent qualifié de “vol d’organes” ou “syndrome de disparition du pénis”, a été signalé dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne : Au Nigéria, dans les années 1990 et 2000, plusieurs cas similaires avaient conduit à des lynchages publics de personnes accusées à tort d’avoir “volé” les organes d’autres hommes. En 2022, à Lagos, des violences avaient éclaté contre des étrangers accusés de "vol de sexes" (Africa Check, rapport 2022) ; En République démocratique du Congo et au Bénin, des rumeurs de disparition de pénis avaient provoqué des émeutes, des arrestations et même des meurtres. Au Cameroun, en 2001, une vague de panique s’est répandue dans plusieurs villes, poussant le gouvernement à organiser des campagnes de sensibilisation avec des psychologues et médecins pour calmer la population. En 2017, Kinshasa avait connu des lynchages similaires (Journal of Medical Anthropology, 2018) ; Inde (1982) : Une épidémie de Koro avait conduit à des suicides (The Lancet, 1983).
Pr Aminata Diallo, anthropologue à l'Université de Dakar, analyse : "Ces peurs s'ancrent dans des croyances ancestrales sur la sorcellerie et le vol d'organes. Elles ressurgissent quand la société est fragilisée."
Médicalement, aucun cas n'a été confirmé.
Comment expliquer la propagation ?
Réseaux sociaux : les témoignages non vérifiés circulent vite (étude AFP Factuel, mars 2024) ; Climat de défiance : la méfiance envers les institutions favorise les rumeurs ; Précarité : les crises économiques exacerbent les peurs irrationnelles.
Si les "disparitions" sont imaginaires, leurs effets sont tangibles : violences, stigmatisation, surcharge des hôpitaux. La solution passe par une approche médicale, sociale et communicationnelle.