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INTERNATIONAL

Quand l’Etat… civilisé d’Israël démontre sa barbarie en Palestine


Alwihda Info | Par Mamadou Oumar NDIAYE - 29 Juillet 2014



Quatre cents trente morts palestiniens, des civils pour la plupart, depuis le début de l’offensive terrestre de l’armée syrienne contre le mouvement islamiste Hamas. Des bombardements sur des zones résidentielles densément peuplées, des écoles, des hôpitaux… Israël est en train de se livrer à un véritable génocide dans la bande de Gaza. Puissance nucléaire, plus grande armée du Moyen-Orient et l’une des meilleures au monde, Tsahal est en train de montrer toute la barbarie de l’Etat hébreu. Paradoxe pour une Nation — Israël — qui se veut un berceau avancé de la civilisation dans un océan d’obscurantisme — le monde arabe — en même temps qu’un ilot de démocratie dans une mer de dictatures arabes totalitaires. Et devant ce massacre du peuple palestinien dont la terre est occupée par Israël depuis 1948, sans compter les territoires arrachés à la suite des guerres de 1967 et 1973, la communauté internationale reste étrangement, scandaleusement muette. Et c’est tout juste si, dans un pays comme la France, patrie des droits de l’homme pourtant,  les manifestants en faveur de la cessation des bombardements ne sont pas perçus comme de dangereux ennemis de la Nation ! A preuve, il a fallu plus d’une semaine pour qu’ils soient enfin autorisés à battre le pavé. Ah, s’il s’agissait de soutenir Israël et le peuple juif ! La France où l’humoriste Dieudonné est arbitrairement interdit de spectacles depuis des mois pour avoir tourné en bourrique ce même peuple dans ses sketchs. Un Noir qui se moque des Juifs : un crime aggravé assurément !
 
Israël, sous prétexte de mettre fin aux tirs de roquettes qui visaient son territoire — et qui n’avaient fait aucun mort au moment où l’Etat hébreu commençait ses bombardements —, a donc envahi la bande de Gaza pour, selon la terminologie consacrée, « détruire l’infrastructure terroriste  du Hamas », se livrant à un massacre en règle contre les populations palestiniennes. Vous avez parlé de riposte ? Drôle de riposte et, surtout, riposte disproportionnée, assurément ! Encore une fois, alors que les roquettes du Hamas n’avaient encore tué aucun Israélien, Tsahal avait déjà massacré plus de 100 Palestiniens. C’est ce qu’on appelle sans doute des « ripostes préventives » excusez du néologisme. Depuis lors, et jusqu’au moment où ces lignes étaient rédigées, mercredi soir, l’armée israélienne avait tué 430 Palestiniens et procédé à des destructions d’infrastructures (routes, ponts, centres de communications…) dont la valeur ne peut être estimée pour le moment. Et pourtant, aucun dirigeant de ce peuple élu ne comparaîtra devant la Cour pénale internationale (CPI) instituée officiellement pour lutter contre les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et les génocides. Parce que, tout simplement, cette Cour, c’est pour punir les Africains noirs. Eux et personne d’autre. La preuve, depuis que cette CPI existe, elle n’a jamais inculpé, encore moins incarcéré et jugé un seul ressortissant d’aucune autre région du monde, ni d’aucune autre race. Il faut être Noir et Africain de surcroît pour qu’elle s’estime compétente. Et pour l’instant, sa « compétence internationale » épouse les limites géographiques de l’Afrique noire. Israël aura donc beau massacrer des Palestiniens, commettre tous les crimes de guerre et génocides du monde, ses dirigeants ne seront jamais déférés devant la CPI.
 
Pour ce qui est de la « communauté internationale », en fait l’Occident, la cause est entendue. Comme l’a dit son chef, le président américain Barack Obama, « Israël a le droit de se défendre ». Et tant pis si, pour ce faire, ce pays massacre des centaines d’innocents dont les vies ne comptent guère tant que ce ne sont pas des Israéliens que l’on tue. Ah, si cela avait été cinq ou dix, ne parlons pas davantage, ressortissants de l’Etat hébreu qui avaient été tués quelque part ! On entend d’ici les condamnations indignées de la « communauté internationale ». Comme lorsque trois adolescents israéliens avaient été enlevés et tués par des individus soupçonnés d’appartenir au Hamas. La communauté internationale, indignée, n’avait pas trouvé de mots assez durs pour condamner ces crimes atroces, effectivement. Quelques jours plus tard, l’enlèvement puis le meurtre en guise de représailles d’un adolescent palestinien n’avait ému personne. Pas plus que les Noirs massacrés en Centrafrique ou ailleurs n’émeuvent les bonnes  âmes de la même « communauté internationale ». Dans ce monde globalisé où nous vivons, il y a les hommes (Blancs européens et américains, Israéliens…) et il y a les sous-hommes dont nous, Nègres d’Afrique, faisons partie assurément ! Sans compter, bien sûr, les pauvres Palestiniens.
 
Massacre judiciaire… contre les trafiquants de yamba !
 
Cela dit, à une tout autre échelle et pour une tout autre chose, on vient également d’assister à un massacre dans notre pays. Judiciaire celui-là. En effet, dans la plus grande indifférence des Musulmans que nous prétendons être, et en ce mois béni de Ramadan, la Cour d’Assises de Dakar vient d’achever sa session. Comme d’habitude depuis des années, et faute d’avoir des crimes sanglants à se mettre sous la dent, les braves magistrats de cette Cour se sont donc rabattus sur les trafiquants de chanvre indien qu’ils ont massacrés littéralement. Ça a été sanglant, saignant, assurément. Car pour frapper fort, ces braves magistrats de la Cour d’assises de Dakar n’y sont pas allés de main morte. Jugez-en à travers ces quelques cobayes qu’ils ont conduits à l’abattoir. Le sieur Baba Guissé, marié à deux épouses et père de 12 enfants (dont deux seraient décédés pendant qu’il est en prison), accusé d’avoir convoyé du chanvre indien pour le compte d’une Malienne, a été condamné à… 10 ans de prison ferme. Quant à la propriétaire de la drogue, la ressortissante malienne Assa Ba, elle a écopé de 12 ans de prison ferme. Les deux devront payer solidairement la somme de 15.600.000 francs au Trésor national.
 
Le sieur Salif Sow, trouvé en possession d’un sac contenant 9 kg de chanvre indien à Keur Massar,  a été condamné lui aussi à… 10 ans de travaux forcés. En plus, il doit verser une amende de 1.350.000 francs au Trésor.
Le sieur Gorgui Ibrahima Ndiaye, lui, pris avec 200 grammes de chanvre indien seulement — en fait, ce brave pêcheur a été arrêté  près d’une maison où se trouvait la drogue et aux alentours de laquelle des gendarmes avaient monté une planque depuis des jours —, Gorgui Ibrahima Ndiaye, donc, a été condamné à 10 ans de prison lui aussi. Et ce pour, encore une fois, 200 grammes de chanvre indien seulement… qui n’ont pas même pas été trouvés par devers lui ! Ce n’est pas tout : trouvés en trainde se disputer près de la gare de Bargny et soumis à une fouille ainsi que leurs bagages, les ressortissants maliens Lansana Diankha, Mohamed Cissé et Mamadou Traoré ont été jetés en prison depuis septembre 2009. Jugés par la cour d’assises de Dakar, Mohamed Cissé et Mamadou Traoré ont été condamnés à… 10 ans de prison chacun. En outre, ils devront payer 240 millions de francs d’amende au Trésor public (lequel, il est vrai, en a bien besoin ces temps-ci). Le troisième larron, Lansana Diankha, a été acquitté. Après cinq ans de détention pour rien ! Quant à la dame MameBousso Sèye, coupable d’avoir envoyé un certain Mamadou Sall ainsi que son chauffeur à elle pour récupérer 32,7 kg de chanvre indien, eh bien elle a été condamnée par contumace à… 20 ans de travaux forcés. Dans son immense bonté, la cour ne l’a pas condamnée à mort.
 
L’entraîneur de football Lamine Cissé Diongue, lui, peut s’estimer heureux pour avoir été acquitté par cette même Cour mais après avoir quand même passé  près de quatre ans derrière les barreaux sur la base d’une simple accusation de trafic de chanvre indien. La même chance a visité les sieurs Seydou Ndiaye, Mohamed Diongue et Jean-François Diassy, acquittés après quatre ans de détention. Eux aussi étaient accusés de trafic de chanvre indien. A titre de comparaison, le sieur Cheikh Anta Diop, accusé de meurtre sans intention, a été condamné à… six ans de prison.
 
Entendons-nous bien : ce n’est pas seulement la Cour d’Assises de Dakar qui vient de siéger qui a eu la main lourde pour les trafiquants de drogue, essentiellement du chanvre indien d’ailleurs. Presque toutes les formations de cours d’assises qui siègent dans notre pays depuis quelques années s’en donnent à cœur joie dans le massacre de trafiquants de chanvre indien. Et ce quelle que soit la quantité dont ils ont été trouvés porteurs. On nous dira certes que ces différents juges n’ont fait qu’appliquer la loi, celle dite Latif Guèye criminalisant le trafic de drogue en l’occurrence, mais enfin sont-ils obligés d’être à ce point répressifs et de n’infliger que des peines de 10 ans voire plus ? Or, une décennie, c’est presque la vie d’un homme dans des pays comme le nôtre où l’espérance de vie dépasse exceptionnellement 50 ans. Ce souvent pour une erreur, la plupart des criminels condamnés n’étant même pas des récidivistes. Pourtant,ils ne peuvent même pas bénéficier de circonstances atténuantes. Et encore, s’il s’agissait de drogues dures genre cocaïne, héroïne et autre crack, on aurait compris cette férocité des juges. Mais du yamba ! Le pays le plus répressif du monde en matière de trafic de drogue, c’est les Etats-Unis d’Amérique. Un pays à ce point obsédé dans la lutte contre les narcotrafiquants qu’il n’a pas hésité à enlever un chef d’Etat étranger — le Panaméen Manuel Noriega en l’occurrence — pour venir le juger sur son territoire. Mieux, il y a un peu plus d’un an, l’ex- chef d’état-major de l’armée bissau-guinéenne, le contre-amiral Bouba Na Tchucheu, avait été enlevé par un commando des forces anti-drogue américaines puis transporté aux Usa où il va être jugé pour trafic de drogue. Eh bien, un pays aussi déterminé dans la lutte contre les trafiquants de drogue considérés comme des ennemis publics aussi dangereux que les terroristes, ce pays, donc, a légalisé la vente de marijuana, de chanvre indien, dans certaines parties de son territoire. Le dernier Etat américain à avoir autorisé cette vente, c’est celui de Washington. Tout cela pour dire quoi ?  Qu’une substance aussi inoffensive que le yamba ne devraitquand même pas valoir à un trafiquant, quel qu’il puisse être, une peine de dix ans de prison. Cela n’a pas de sens, tout simplement. Sauf à vouloir envoyer en prison pour une très longue période de pauvres diables qui n’ont ni marabout, ni politicien influent et ne portent pas certains patronymes qui auraient pu leur valoir la liberté depuis longtemps. Il s’y ajoute que même un homme qu’on ne peut pas soupçonner de sympathie, encore moins de complicité, avec les trafiquants de drogue comme l’ancien chef de l’Etat nigérian, M. Oluségun Obasanjo, vient de se prononcer en faveur de la dépénalisation du trafic de certaines drogues comme la marijuana, en expliquant que maintenir ces dispositions répressives dans nos arsenaux législatifs, cela ne ferait qu’encombrer inutilement  les prisons de nos pays déjà largement surpeuplées. Cela, il est venu le dire les yeux dans les yeux à notre président de la République il y a quelques semaines. M. Obasanjo était à la tête d’une commission de la Cedeao chargée de réfléchir sur l’efficacité de la lutte contre la drogue engagée par nos Etats. Tout cela et bien d’autres choses encore pour dire qu’il est temps de cesser d’envoyer en prison pour de si lourdes peines ces pauvres hères et ces infortunées dames qui se livrent au trafic de yamba. Le préalable à tout cela c’est, bien sûr, l’abrogation par notre Assemblée nationale de la loi Latif Guèye qui est un scandale dans un pays de libertés, ou qui prétend l’être. Surtout que, encore une fois, seuls les plus pauvres trinquent en vertu de cette loi infâme…
 
Mamadou Oumar NDIAYE
Article paru dans « Le Témoin N° 1173 » –Hebdomadaire Sénégalais ( Juillet 2014)



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