La Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA), déployée en Centrafrique, poursuit «le ménage» dans ses rangs, en excluant trois officiers burundais accusés de violation des droits de l’homme dans leur pays en proie à une crise politico-sécuritaire depuis avril dernier, a appris Anadolu de source onusienne à Bangui .
La Minusca, éclaboussée par de nombreux scandales depuis l’an passé, notamment, les accusations de viol d’enfants par des casques bleus, et souvent taxée de «laxiste» par la population civile, a décidé, ces dernières semaines, d’«adopter une posture intransigeante» envers ses soldats, comme cela a été annoncé par le nouveau chef de la Mission, Parfait Onanga Anyanga, en poste depuis août dernier.
Après le renvoi, en janvier écoulé, des troupes de la RDC et de 120 soldats du Congo-Brazzaville, pour «manque d’éthique» et « allégations de viols», la Mission a procédé au renvoi de trois officiers burundais, indique un fax adressé par le général-major Bala Keita, commandant de la Minusca à Bangui, au lieutenant général Maqsood Ahmed, Conseiller militaire pour les opérations de maintien de la paix à New-York.
«L’Office du haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de l’Homme a enregistré de sérieuses allégations de violations des droits de l’homme commises par ces trois officiers pendant les violentes manifestations qui ont commencé au Burundi depuis le mois d’avril», peut-on lire dans le document signé le 5 février et qui a fuité, mardi soir.
«Pour ces raisons, le département des opérations de maintien de la paix a pris la décision de rapatrier immédiatement ces trois officiers au Burundi», poursuit le même document qui précise qu’il s’agit des Majors Pierre Niyonzima, Jimmy Rusheshe et Jean Bosco Mushimantwari.
La «Grande muette» burundaise n’a pas encore réagi à ce renvoi, jusqu’à 10h40 GMT.
En décembre dernier, la Mission de l’ONU avait déjà décidé de suspendre le déploiement de Gaspard Baratuza, porte-parole de l'armée burundaise, désigné par Bujumbura pour intégrer le contingent de ce pays en Centrafrique (fort de 850 militaires et 280 policiers) et ainsi devenir le porte-parole de la Minusca.
La force onusienne, souffrant déjà d’une «mauvaise image», avait refusé d’intégrer Baratuza, soupçonné d’avoir minimisé, voire couvert, des exécutions sommaires perpétrées entre la fin décembre 2014 et début janvier 2015 à Citiboke, au nord de Bujumbura, avait appris Anadolu auprès d’un responsable de la Minusca.
Baratuza était ensuite de nouveau soupçonné d’avoir volontairement « sous-estimé » le nombre de victimes d’une attaque armée, simultanément perpétrée, le 11 décembre, dans 3 camps militaires à Bujumbura.
Le porte-parole avait à l’époque des faits évoqué des «ennemis tués», tandis qu’après les affrontements, les cadavres d’au moins quarante jeunes tués par balles, souvent à bout portant, avaient été découverts dans les rues de Bujumbura.
De nombreux témoins avaient dénoncé, également, des exécutions extra-judiciaires et arbitraires.
En janvier dernier, l’ONU a décidé, aussi, de se passer du contingent des Casques bleus congolais (RDC) opérant au sein de sa mission. Le bataillon de 807 soldats et de 118 policiers, souvent accusé de viol, de vol et de racket a été jugé «insuffisamment performant» aussi bien en matière éthique, qu’opérationnelle et matérielle.
Le contingent ne sera d’ailleurs pas remplacé, selon les responsables de la Mission.
La Minusca a, par ailleurs, remercié pas moins de 120 casques bleus venus du Congo-Brazzaville et déployés à Bambari, après de nouvelles allégations de viols et d’abus sexuels dévoilées, le 21 janvier par Human Rights Watch.