La bonne nouvelle de cette libération, réclamée depuis des mois par Reporters sans frontières, est entachée par la confiscation de la totalité des exemplaires du quotidien arabophone Al-Jarida, entre le 20 et le 22 août 2011, le harcèlement juridique de ses employés, et le projet du Parti du congrès populaire (NCP – au pouvoir) de réinstaurer la censure préalable.
"Nous sommes soulagés de savoir Abuzar Ali Al-Amin enfin sorti de prison mais nous demandons l'abandon total des charges qui pèsent contre lui. Par ailleurs, le harcèlement de journalistes et les confiscations d'exemplaires de journaux – technique de prédilection des forces de sécurité pour empêcher la parution d'articles dérangeants et resserrer l'étau financier sur les médias – doivent cesser. La possible officialisation du retour de la censure préalable laisse présager du pire", a déclaré Reporters sans frontières.
Le quotidien arabophone Al-Jarida a été empêché de paraître pendant trois jours, entre les 20 et 22 août 2011, après que les forces de sécurité ont confisqué l'intégralité des exemplaires du journal, à peine imprimés, sans donner d'explication. La semaine dernière, le rédacteur en chef, Saadeldin Ibrahim, condamné à deux reprises à une amende le mois dernier (http://fr.rsf.org/soudan-une-dizaine-de-journalistes-18-06-2011,40484.html), et le directeur général Hashim Hussain, ont été convoqués et interrogés par les forces de sécurité. Ces dernières ont menacé de fermer le journal s'il ne changeait pas sa ligne éditoriale. La rédaction d'Al-Jarida est accusée d'entretenir une proximité avec le journal Ajras Al-Hurriya, suspendu le 8 juillet dernier (http://fr.rsf.org/soudan-censure-poursuites-judiciaires-et-12-08-2011,40771.html), et d'employer ses anciens journalistes.
Par ailleurs, Reporters sans frontières condamne l'intention du Parti national du congrès, annoncée par la secrétaire d'Etat à l'Information, Mme Sanaa Hamad al-Awad, de réinstaurer la censure préalable (http://www.sudantribune.com/Sudan-mulls-return-to-pre,39840). Souvent levée puis rétablie, elle permettrait aux forces de sécurité d'opérer un contrôle strict de l'information, en amont des publications, dictant ainsi la ligne éditoriale des médias.