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Tchad : DHSF dénonce l’exploitation artisanale désorganisée de l’or au Mayo-Kebbi Ouest


Alwihda Info | Par Gontrang Temandang - 31 Janvier 2025


​L’ONG Droits de l’Homme Sans Frontières (DHSF) a tenu une conférence de presse le 31 janvier 2025 à son siège, situé dans le 7ᵉ arrondissement de N'Djamena. Plusieurs préoccupations ont été soulevées, notamment le désordre dans l’exploitation artisanale de l’or, ses impacts socio-économiques et environnementaux, ainsi que des recommandations pour mieux encadrer cette activité minière.


Selon M. Layibé Tourdjoumane, président de DHSF, l’exploitation minière dans le Mayo-Kebbi Ouest est essentiellement artisanale, mais dépourvue d’un cadre structuré. Il a souligné que les orpailleurs travaillent sans encadrement ni équipements adéquats, les exposant ainsi à des risques sanitaires majeurs. De plus, l'absence de réglementation efficace aggrave la dégradation de l’environnement.

DHSF a mené une étude qui révèle des conséquences préoccupantes sur plusieurs plans :
  • Impact sur l’éducation : De nombreux enfants abandonnent l'école pour travailler dans les mines, ce qui compromet leur avenir.
  • Déséquilibre familial : Les femmes, souvent engagées dans la recherche d'or, délaissent leurs responsabilités domestiques, ce qui provoque des tensions et des déséquilibres dans les foyers.
  • Dérèglement économique local : L'activité minière entraîne une migration massive vers les sites aurifères, causant l’exode économique des villages et une accentuation des inégalités sociales.
DHSF alerte sur les graves dangers écologiques liés à l’exploitation minière artisanale :
  • L’usage non contrôlé du mercure et du cyanure pollue les sols et les cours d’eau, mettant en péril la santé des populations locales et des écosystèmes.
  • La déforestation massive provoque l’érosion des sols et la perte de biodiversité, rendant la région encore plus vulnérable aux changements climatiques.
Des lacunes dans la gouvernance minière

L’organisation pointe du doigt le manque de contrôle de l’État sur cette exploitation, entraînant :
  • Une collecte fiscale inefficace, causant des pertes de revenus importantes pour l’État et les collectivités locales.
  • Un manque de transparence dans la gestion des recettes minières, notamment les taxes perçues par les autorités.
  • L’inapplication du Code minier de 2018, qui prévoit pourtant des règles précises mais dont l'exécution pose problème.
  • Des conflits fonciers fréquents, les terres étant souvent réquisitionnées sans consultation des populations locales.
DHSF rapporte également des drames humains fréquents liés à l’effondrement des galeries minières. Le 4 janvier 2025, un jeune homme de 20 ans a perdu la vie dans un écroulement de terrain sur le site aurifère de Gamboké. Ces incidents mortels sont récurrents et mettent en lumière le manque de protection des travailleurs artisanaux, qui souffrent aussi de blessures graves et de fractures en raison des conditions précaires de travail.

Face à cette situation préoccupante, DHSF propose un ensemble de mesures visant à améliorer l’encadrement, la sécurité et l’impact environnemental de l’exploitation minière artisanale :
  • Formalisation des exploitants : Enregistrer les orpailleurs dans des coopératives locales avant novembre 2025.
  • Sensibilisation : Organiser dix campagnes de sensibilisation d’ici fin 2025 pour encourager le retour des enfants à l’école.
  • Surveillance environnementale : Mettre en place un système de contrôle de l’usage du mercure et du cyanure d’ici juin 2025.
  • Suivi fiscal : Instaurer un registre obligatoire de production et de taxation sur chaque site artisanal avant la fin de l’année.
  • Recettes minières : Augmenter le taux de collecte des taxes de 5% actuellement à 80% d’ici 2025.
  • Éducation : Réduire de 50% le taux d’abandon scolaire dans les villages touchés avant décembre 2025.
  • Sécurité des travailleurs : Distribuer 500 équipements de protection individuelle aux orpailleurs avant fin 2025.
DHSF appelle enfin les autorités tchadiennes à agir rapidement pour régulariser l’exploitation minière artisanale, protéger les travailleurs et limiter les conséquences environnementales désastreuses de cette activité.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)