SCIENCE

Toumaï: polémique sur l'âge de notre ancêtre


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 2 Septembre 2008


Depuis sa découverte, Toumaï a déchaîné les passions scientifiques. Il est maintenant accepté que son crâne, découvert en 2001 au Tchad, appartient à la plus ancienne espèce connue d'hominidé. Sahelantropus tchadensis (son nom scientifique) mesurait 1 mètre, pesait environ 35 kg. Mais est-il bien né il y a 7 millions d'années ?


Le crâne fossile de Toumaï, découvert en 2001 au Tchad, a-t-il bien 7 millions d'années ?
Selon Alain Beauvilain, l'un des découvreurs du fossile, rien ne prouve que le crâne du plus vieil hominidé connu soit vieux de 7 millions d'années.

Depuis sa découverte, Toumaï a déchaîné les passions scientifiques. Il est maintenant accepté que son crâne, découvert en 2001 au Tchad, appartient à la plus ancienne espèce connue d'hominidé. Sahelantropus tchadensis (son nom scientifique) mesurait 1 mètre, pesait environ 35 kg. Mais est-il bien né il y a 7 millions d'années ?

Le géographe Alain Beauvilain, qui dirigeait l'expédition sur le terrain, remet en cause les estimations du directeur scientifique de la mission, le célèbre paléontologue Michel Brunet, qui n'était pas sur place lors de la découverte. L'inimitié entre les deux hommes s'est certes envenimée ces dernières années - Michel Brunet récoltant la majeure partie des honneurs - mais ses arguments sont troublants.

La datation n'est pas une preuve

Dans un article paru dans le South African Journal of Science, le géographe rappelle que l'âge de Toumaï avait été établi grâce à des fossiles de mammifères, trouvés à proximité, appartenant à des espèces qui vivaient il y à 7 millions d'années. En février, ce résultat a été conforté grâce à une toute nouvelle méthode de datation des sédiments qui l'entouraient, réalisée par le Centre national de la recherche scientifique (Cnrs). En effet, il est impossible de dater directement le fossile.

Ces datations indirectes ne prouvent rien, assure Alain Beauvilain. Michel Brunet a toujours écrit que le crâne était « incrusté » dans ces sédiments, qu'il en avait été « extrait ». « Ce n'était pas le cas, » assure le géographe. Photos à l'appui, il assure que le crâne reposait sur le sol, « sur une surface constituée de sable meuble, sans cesse remaniée par le vent. » Toumaï n'aurait pas été extrait, mais « ramassé ».

Et ça change tout. Le fossile pouvait provenir d'un autre lieu et avoir été entraîné par l'érosion. Selon lui, la « gangue bleuâtre » qui recouvrait le crâne indique qu'il avait été fossilisé, recouvert de concrétions et ramené une, sinon plusieurs fois à la surface. « La probabilité qu'il ait été déplacé est bien plus forte que celle qu'il n'ait connu aucun déplacement. »

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