La question se pose sérieusement de savoir à quoi serviront les charges prévues dans le collectif budgétaire 2016 et qui priorisent les "actions" de la présidence, de la primature, des ministères de la défense et de la sécurité publique.
Ces rallonges aussi surprenantes et insensées mettent en lumière des taux respectifs effarants de 270%, 170% et 175%.
Alors que la République centrafricaine continue d'endurer les affres des miliciens et des rebelles étrangers dénommés Séléka par la fameuse communauté internationale, la revoilà victime une fois de plus du modèle quasi-parfait de la gestion scabreuse des ressources initiée par les précédents exécutifs, notamment ceux de Bozizé et des deux fichues transitions.
Les Centrafricains doivent savoir l'utilité et les détails de chaque poste de dépenses budgétaire afin de prévenir tout risque de prédation, après tout c'est leur argent.
D'abord les montants proposés à l'approbation des députés et qui expliquent l'anxiété que peut susciter cette réflexion :
1. "Actions présidentielles" : un bond de 270%, soit de 230 millions à près d'un milliard de francs CFA.
On sait d'avance que la notion floue d'actions présidentielles cache très souvent la principale source de financement des biens acquis à l'étranger, outre les sociétés écrans gérées par des proches et même les parts dans des sociétés offshore échappant à tout contrôle fiscal.
Aucun justificatif, aucun détail ne sont fournis pour étayer le peuple par l'entremise du débat parlementaire de cette inconséquence budgétaire.
Ni le porteur du projet, ni le président de la commission "économie et finances", ne sont à même de porter des éclaircissements, afin de dissiper les incertitudes.
2. "Actions du premier ministre" : ce poste de dépenses enregistre un relèvement de 170% et laisse perplexes bon nombre d'observateurs.
C'est ahurissant de constater que le chef de gouvernement dispose d'un fond où il est quasi impossible de savoir précisément en quoi cela est prédestiné.
C'est un modèle de gestion d'un autre temps qui est infligé aux Centrafricains.
Il suffit d'imprimer le mot "action" dans des rubriques pour justifier des charges non prioritaires, voire indistinctes en sus de ce qui est déjà prévu.
3. Le Ministre de la défense et ses "fonds spéciaux": 175% de hausse, soit 110 millions de francs CFA qu'il va falloir dépenser avant la fin de cette année, c'est-à-dire dans une soixantaine de jours.
Là encore, rien oblige le ministre ou son patron direct, en l'occurrence le Président Touadera à justifier l'utilisation de ces fonds surtout que les règles d'attribution des marchés publics bien qu'elles existent, sont délibérément foulées au pied.
4. Le Ministre de la sécurité publique le moins loti: 30% de majoration, tout en faisant croire que cela concerne exclusivement les transferts courants destinés aux unités administratives, aux communes, et aux chefs de village.
Il serait en tout cas souhaitable de privilégier l'effort budgétaire consenti aux forces de sécurité intérieure pour promouvoir leur mobilité et le recueil d'informations sur le terrain.
Ce collectif budgétaire sacrifie encore une fois les "pauvres" qui devraient à priori avoir le privilège d'être soutenus. Au lieu de cela, on réduit de manière conséquente la part du budget destinée à l'amélioration de leurs conditions de vie, sachant tout de même le niveau critique de l'inflation ces trois dernières années.
Le Ministre des finances a affirmé devant la représentation nationale, la turgescence du taux de croissance en évoquant un certain nombre de facteurs.
Mais de quelle croissance parle-t-on ?
Extérioriser ce genre de propos, équivaudrait à parler du PIB c'est-à-dire la richesse créée par l'ensemble des branches d'activités, pour faire court.
C'est donc un des agrégats majeurs des comptes nationaux, or ces valeurs ajoutées reposent substantiellement sur la fiscalité douanière, les exportations de pierres précieuses et de bois.
Hélas! L'insécurité croissante impacte très sérieusement toutes ces ressources, néantisant les efforts de paramétrage d'une économie déjà exsangue.
L'assistance de la communauté internationale durant les trois dernières années a permis d'élaborer des artifices pouvant maintenir des taux de croissance positifs et ce, afin de favoriser plus commodément l'accès aux marchés financiers.
Évoquer un certain nombre de facteurs en parlant de concrétisation du programme immobilier de la BEAC ou de la réhabilitation de la piste de l'aéroport international Bangui M'Poko pour justifier une hausse du taux de croissance est une imposture qu'il ne faut promouvoir.
L'investissement public peut certes relancer l'économie en s'appuyant bien évidemment sur le socle de la demande et c'est ce qui incombe à l'Etat comme rôle, or d'après les propos du président de la république, la Centrafrique n'en est pas un. C'est un pays qu'il essaie de transformer en Etat.
Etant numéro deux de l'exécutif durant cinq ans, il est désormais le numéro un, avec les mêmes problématiques à résoudre notamment celles de la sécurité, de la violation de l'intégrité du territoire, du respect stricto sensu de la constitution, de la gestion transparente de l'argent public, plus simplement d'un Etat à rebâtir.
La question de savoir si les priorités du chef de l'Etat centrafricain, monsieur Touadéra, consistent à renflouer plus les caisses noires maquillées en "actions" au détriment des budgets alloués à la sécurité, à la justice, à la santé et à l'éducation, mérite des éclaircissements. En effet, ces méthodes non transparentes volontairement entretenues depuis plusieurs décennies doivent cesser au nom d'une véritable rupture.
L'assemblée nationale doit se saisir de cette affaire et encadrer fermement ces notions ambiguës titrées: "actions présidentielles, actions gouvernementales, fonds spéciaux, caisse noire".
Il y a pourtant une commission "économie et finances" présidée par un ex-candidat à la présidentielle de 2015 dont le projet économique mettait en exergue la transparence et l'assainissement des finances publiques.
La cohérence ne varietur de ses convictions aurait du le pousser à proposer un projet de loi encadrant ces pratiques.
On se rend compte aujourd'hui qu'entre les propos de campagne et la nature humaine, il y a un interminable fossé.
Ceci dit, on scrutera minutieusement le projet à venir concernant le budget 2017 et les Centrafricains aviserons au cas où les charges budgétées en 2016 ne seront pas matériellement justifiées.
Quel gâchis de constater que l'éducation, la santé et la sécurité ne sont pas les priorités du moment.
L'opposition parlementaire, dans une complicité léthargique n'ose pas franchir le cap de la dénonciation en proposant une loi visant à réglementer la distribution de l'argent public même si on sait d'avance qu'elle ne sera pas votée par les partisans de l'obscurantisme c'est-à-dire du statu quo.
Alors que la barbarie continue de sévir dans le pays, notamment à Kaga Bandoro, Koui, Kouango, Bambari et bien d'autres localités, avec son lot de victimes, obligeant en principe tous les acteurs politiques à une fermeté consensuelle sur la présence nuisible des terroristes et la passivité des forces onusiennes face aux massacres inqualifiables des populations, la gestion vertueuse et désintéressée de la chose publique par des hommes censés l'incarner, doit être l'ultime lien qu'on ne peut briser.
En laissant entendre qu'il n'y a pas de raisons qu'un ministre choisisse les membres de son cabinet, car ceux qui y sont précédemment, sont des Centrafricains et qu'au même moment le Président a le droit de virer tous les collaborateurs laissés par son prédécesseur ainsi que ceux du premier ministre sortant, on est en droit de poser une réflexion sur cette conception de gouvernance, calquée sur le système du pouvoir Bozizé et qui semble cantonner les ministres dans leur vrai rôle, celui de simples chargés de missions.
Pour finir, il y a lieu de rappeler que le collectif budgétaire 2016 autrement appelé loi de finances rectificative, modifie en cours d'année les dispositions de la loi de finances initiale qui, prévoit et autorise quant à elle l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat. Ce qui pose problème, ce sont les dépenses programmées, se rapportant aux actions dites présidentielles, gouvernementales, ou aux fonds spéciaux dont les précisions sont quasi incohérentes et opaques. Sachant que les prévisions des recettes sont dores et déjà minées par l'insécurité sur tout le territoire centrafricain, la mobilité des acteurs économiques et sociaux se trouvent dès lors risquée. Ce qui, de toute évidence, compromet les données prévisionnelles, obligeant ainsi le gouvernement en cas de déficit, à actionner le seul levier possible, celui de l'endettement pour parvenir à l'équilibre.
Alexis Clevis SINGA
Ces rallonges aussi surprenantes et insensées mettent en lumière des taux respectifs effarants de 270%, 170% et 175%.
Alors que la République centrafricaine continue d'endurer les affres des miliciens et des rebelles étrangers dénommés Séléka par la fameuse communauté internationale, la revoilà victime une fois de plus du modèle quasi-parfait de la gestion scabreuse des ressources initiée par les précédents exécutifs, notamment ceux de Bozizé et des deux fichues transitions.
Les Centrafricains doivent savoir l'utilité et les détails de chaque poste de dépenses budgétaire afin de prévenir tout risque de prédation, après tout c'est leur argent.
D'abord les montants proposés à l'approbation des députés et qui expliquent l'anxiété que peut susciter cette réflexion :
1. "Actions présidentielles" : un bond de 270%, soit de 230 millions à près d'un milliard de francs CFA.
On sait d'avance que la notion floue d'actions présidentielles cache très souvent la principale source de financement des biens acquis à l'étranger, outre les sociétés écrans gérées par des proches et même les parts dans des sociétés offshore échappant à tout contrôle fiscal.
Aucun justificatif, aucun détail ne sont fournis pour étayer le peuple par l'entremise du débat parlementaire de cette inconséquence budgétaire.
Ni le porteur du projet, ni le président de la commission "économie et finances", ne sont à même de porter des éclaircissements, afin de dissiper les incertitudes.
2. "Actions du premier ministre" : ce poste de dépenses enregistre un relèvement de 170% et laisse perplexes bon nombre d'observateurs.
C'est ahurissant de constater que le chef de gouvernement dispose d'un fond où il est quasi impossible de savoir précisément en quoi cela est prédestiné.
C'est un modèle de gestion d'un autre temps qui est infligé aux Centrafricains.
Il suffit d'imprimer le mot "action" dans des rubriques pour justifier des charges non prioritaires, voire indistinctes en sus de ce qui est déjà prévu.
3. Le Ministre de la défense et ses "fonds spéciaux": 175% de hausse, soit 110 millions de francs CFA qu'il va falloir dépenser avant la fin de cette année, c'est-à-dire dans une soixantaine de jours.
Là encore, rien oblige le ministre ou son patron direct, en l'occurrence le Président Touadera à justifier l'utilisation de ces fonds surtout que les règles d'attribution des marchés publics bien qu'elles existent, sont délibérément foulées au pied.
4. Le Ministre de la sécurité publique le moins loti: 30% de majoration, tout en faisant croire que cela concerne exclusivement les transferts courants destinés aux unités administratives, aux communes, et aux chefs de village.
Il serait en tout cas souhaitable de privilégier l'effort budgétaire consenti aux forces de sécurité intérieure pour promouvoir leur mobilité et le recueil d'informations sur le terrain.
Ce collectif budgétaire sacrifie encore une fois les "pauvres" qui devraient à priori avoir le privilège d'être soutenus. Au lieu de cela, on réduit de manière conséquente la part du budget destinée à l'amélioration de leurs conditions de vie, sachant tout de même le niveau critique de l'inflation ces trois dernières années.
Le Ministre des finances a affirmé devant la représentation nationale, la turgescence du taux de croissance en évoquant un certain nombre de facteurs.
Mais de quelle croissance parle-t-on ?
Extérioriser ce genre de propos, équivaudrait à parler du PIB c'est-à-dire la richesse créée par l'ensemble des branches d'activités, pour faire court.
C'est donc un des agrégats majeurs des comptes nationaux, or ces valeurs ajoutées reposent substantiellement sur la fiscalité douanière, les exportations de pierres précieuses et de bois.
Hélas! L'insécurité croissante impacte très sérieusement toutes ces ressources, néantisant les efforts de paramétrage d'une économie déjà exsangue.
L'assistance de la communauté internationale durant les trois dernières années a permis d'élaborer des artifices pouvant maintenir des taux de croissance positifs et ce, afin de favoriser plus commodément l'accès aux marchés financiers.
Évoquer un certain nombre de facteurs en parlant de concrétisation du programme immobilier de la BEAC ou de la réhabilitation de la piste de l'aéroport international Bangui M'Poko pour justifier une hausse du taux de croissance est une imposture qu'il ne faut promouvoir.
L'investissement public peut certes relancer l'économie en s'appuyant bien évidemment sur le socle de la demande et c'est ce qui incombe à l'Etat comme rôle, or d'après les propos du président de la république, la Centrafrique n'en est pas un. C'est un pays qu'il essaie de transformer en Etat.
Etant numéro deux de l'exécutif durant cinq ans, il est désormais le numéro un, avec les mêmes problématiques à résoudre notamment celles de la sécurité, de la violation de l'intégrité du territoire, du respect stricto sensu de la constitution, de la gestion transparente de l'argent public, plus simplement d'un Etat à rebâtir.
La question de savoir si les priorités du chef de l'Etat centrafricain, monsieur Touadéra, consistent à renflouer plus les caisses noires maquillées en "actions" au détriment des budgets alloués à la sécurité, à la justice, à la santé et à l'éducation, mérite des éclaircissements. En effet, ces méthodes non transparentes volontairement entretenues depuis plusieurs décennies doivent cesser au nom d'une véritable rupture.
L'assemblée nationale doit se saisir de cette affaire et encadrer fermement ces notions ambiguës titrées: "actions présidentielles, actions gouvernementales, fonds spéciaux, caisse noire".
Il y a pourtant une commission "économie et finances" présidée par un ex-candidat à la présidentielle de 2015 dont le projet économique mettait en exergue la transparence et l'assainissement des finances publiques.
La cohérence ne varietur de ses convictions aurait du le pousser à proposer un projet de loi encadrant ces pratiques.
On se rend compte aujourd'hui qu'entre les propos de campagne et la nature humaine, il y a un interminable fossé.
Ceci dit, on scrutera minutieusement le projet à venir concernant le budget 2017 et les Centrafricains aviserons au cas où les charges budgétées en 2016 ne seront pas matériellement justifiées.
Quel gâchis de constater que l'éducation, la santé et la sécurité ne sont pas les priorités du moment.
L'opposition parlementaire, dans une complicité léthargique n'ose pas franchir le cap de la dénonciation en proposant une loi visant à réglementer la distribution de l'argent public même si on sait d'avance qu'elle ne sera pas votée par les partisans de l'obscurantisme c'est-à-dire du statu quo.
Alors que la barbarie continue de sévir dans le pays, notamment à Kaga Bandoro, Koui, Kouango, Bambari et bien d'autres localités, avec son lot de victimes, obligeant en principe tous les acteurs politiques à une fermeté consensuelle sur la présence nuisible des terroristes et la passivité des forces onusiennes face aux massacres inqualifiables des populations, la gestion vertueuse et désintéressée de la chose publique par des hommes censés l'incarner, doit être l'ultime lien qu'on ne peut briser.
En laissant entendre qu'il n'y a pas de raisons qu'un ministre choisisse les membres de son cabinet, car ceux qui y sont précédemment, sont des Centrafricains et qu'au même moment le Président a le droit de virer tous les collaborateurs laissés par son prédécesseur ainsi que ceux du premier ministre sortant, on est en droit de poser une réflexion sur cette conception de gouvernance, calquée sur le système du pouvoir Bozizé et qui semble cantonner les ministres dans leur vrai rôle, celui de simples chargés de missions.
Pour finir, il y a lieu de rappeler que le collectif budgétaire 2016 autrement appelé loi de finances rectificative, modifie en cours d'année les dispositions de la loi de finances initiale qui, prévoit et autorise quant à elle l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat. Ce qui pose problème, ce sont les dépenses programmées, se rapportant aux actions dites présidentielles, gouvernementales, ou aux fonds spéciaux dont les précisions sont quasi incohérentes et opaques. Sachant que les prévisions des recettes sont dores et déjà minées par l'insécurité sur tout le territoire centrafricain, la mobilité des acteurs économiques et sociaux se trouvent dès lors risquée. Ce qui, de toute évidence, compromet les données prévisionnelles, obligeant ainsi le gouvernement en cas de déficit, à actionner le seul levier possible, celui de l'endettement pour parvenir à l'équilibre.
Alexis Clevis SINGA