Advienne que pourra...

Réaction de Gaspard-Hubert Lonsi Koko sur une nouvelle ouverture politique en RDC

Le président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, est en train de consulter les différentes forces vives de la Nation pour une nouvelle ouverture politique. A cet effet, Œil d’Afrique a souhaité avoir le point de vue de Gaspard-Hubert Lonsi Koko, président du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC).

Œil d’Afrique : Que pensez-vous du dialogue national que prépare le président Joseph Kabila ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Je constate seulement que, presque moins d’une année après avoir mis en place un gouvernement d’union nationale, le président de la République Démocratique du Congo souhaite de nouveau un dialogue avec les forces vives de la Nation. Cela confirme les déclarations du Rassemblement pour le Développement et la paix au Congo (RDPC), ainsi de la Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue (DCFD) relatives au clientélisme ayant caractérisé les assises des concertations organisées en 2013. Au-delà du fait que l’initiative présidentielle pourrait s’apparenter à une réelle recherche des voies et moyens en vue de la résolution de la crise politique en cours, elle confirme de facto l’échec des précédentes concertations.

Œil d’Afrique : Quelles sont alors les raisons de l’échec, selon vous, des assises des concertations de 2013 ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Les causes de cet échec sont nombreuses. Le dernier remaniement n’a abouti qu’au débauchage de quelques éléments de l’opposition, mais en aucun cas à la mise en place d’un véritable Gouvernement de cohésion nationale. Le Président de la République aurait dû privilégier un conseil national de transition et non se contenter d’une redistribution des portefeuilles ministériels.

Au-delà de la volonté manifeste de fragiliser l’opposition, le dernier Gouvernement Matata a déséquilibré le binôme qui constitue l’exécutif, en rendant quasiment obsolète le régime semi-présidentiel et semi-parlementaire qui caractérise le système politique congolais. En effet, la mainmise du président de la République sur un Premier ministre archi-minoritaire dans son propre camp a plébiscité le régime présidentiel. En ayant cautionné la neutralisation du le Premier ministre, le Parlement s’est laissé phagocyter. Domestiqué, il a été incapable de rétablir le rapport de force alors qu’il pouvait jouait pleinement son véritable rôle de contre-pouvoir. Force est donc de constater que le magistrat suprême, qui est censé veiller au bon fonctionnement de la Constitution, a contribué à la déstabilisation des institutions étatiques.

Par ailleurs, lors des assises de 2013, les sujets qui préoccupaient tant les populations congolaises n’avaient pas été abordés en profondeur, voire pas du tout. Effectivement, les concertateurs ne se s’étaient pas penchés sérieusement sur les causes originelles de la déstabilisation de la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Ils ne s’étaient pas non plus appesantis, dans l’optique d’une renégociation, sur les accords régionaux et internationaux dont quelques clauses finiraient par porter atteinte, si elles restent inchangées, à la souveraineté nationale. Il en était de même pour la sécurisation et la pacification du pays, ainsi que pour la situation socio-économique, lesquelles n’avaient fait que l’objet d’une énumération semblable à un catalogue de vœux pieux.

Enfin, la sélection de la majorité de personnes ayant représenté la diaspora s’est faite, en dernier ressort, sur la base du mercantilisme et de la logique politicienne. Le choix du présidium n’a donc pas été judicieux, puisqu’il a pénalisé le travail au profit du clientélisme et récompensé la flatterie au détriment du mérite. Pis encore, les participants n’étaient pas représentatifs des tendances socio-politiques qui auraient dû être associées aux différents travaux. Ce procédé peu orthodoxe a démontré le manque de sérieux dans l’organisation des assises des concertations nationales.

Œil d’Afrique : Quelles résolutions faudra-t-il prendre pour que, cette fois-ci, le dialogue national que souhaite le président Kabila soit enfin une réussite ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Primo, il va falloir mettre définitivement un terme aux injustices qui ont toujours exclu les Congolais de la diaspora de la gestion de la chose publique et qui ont sans cesse constitué un frein dans leur souhait de s’investir socialement, économiquement et politiquement au pays de leurs ancêtres. Il est également impératif de reconnaître le caractère inaliénable de la nationalité congolaise d’origine, celle-ci devant primer sur toute autre citoyenneté.

Secundo, il est impératif d’encourager les conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines, dans un élan patriotique collectif, pour la défense de la nation fragilisée et toujours en proie à l’insécurité, ainsi qu’à une crise politique permanente. Dans cette optique, il faudra réfléchir sur le positionnement des forces onusiennes aux côtés des FARDC, à partir des frontières rwandaise, burundaise et ougandaise, afin d’empêcher l’occupation illégale d’une portion de la région du Kivu et de mieux surveiller les flux migratoires.

Tertio, le Gouvernement congolais doit adopter des mesures sociales au profit des populations et des dispositifs légaux en vue d’un Congo-Kinshasa économiquement prospère, sécuritairement pacifié et politiquement démocratique.

Quatro, après les tensions récemment suscitées par les différentes tentatives de réviser l’article 220 de la Constitution du 18 février 2006, il faudra maintenir le chronogramme du calendrier proposé par la CENI tout en décalant légèrement les échéances, de telle sorte que le processus puisse rester inchangé et débuter, pour des raisons techniques, par la tenue des élections locales, municipales et urbaines en 2016 et se terminer par les scrutins présidentiel et législatifs en 2017. Par conséquent, il faudra un consensus politique, grâce au vote par le Parlement d’une loi d’exception, afin de permettre l’intérim de la présidence de la République par le Président du Sénat, ou par le Président de l’Assemblée nationale, jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle et à la prise des fonctions de nouvel élu. L’objectif consistera à ne pas agir contrairement aux articles 70-2 et 73 de la Constitution du 18 février 2006 relatifs à l’installation effective du nouveau Président élu et à la convocation par la CENI de l’élection du Président de la République.

Quintoil va falloir abroger la loi électorale promulguée par le président de la République puisqu’elle viole directement les articles 11, 12, 13 et 66 de la Constitution du 18 février 2006 relatifs à la dignité et à l’égalité en droits, à l’égale protection des lois, à la non-discrimination des Congolais en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques, ainsi qu’au respect mutuel. Pis encore, les dégâts collatéraux, du fait de ladite promulgation, concernent aussi les articles 69 et 220 de la Loi fondamentale ayant trait à la sauvegarde de l’unité de la République et de l’intégrité du territoire, ainsi qu’à l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Propos recueillis par Roger Musandji

© Œil d’Afrique


Les points cruciaux de la stabilité, du dynamisme économique et de la viabilité démocratique du Congo

Dans l’interview qu’il vient d’accorder à Œil d’Afrique, Gaspard-Hubert Lonsi Koko clarifie la position du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) à travers dix points cruciaux en vue d’un État économiquement performant et démocratiquement viable.

 

Œil d’Afrique : Que pense le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo, s’agissant de l’égalité au regard de la Loi, de l’instruction et de la chose publique ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : L’indépendance réelle de la République Démocratique du Congo ne sera possible que grâce à un système éducatif axé sur la conscientisation du peuple congolais. Pour le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo et ses alliés, en matière de formation, seule la gratuité des frais scolaires sur l’ensemble du territoire national permettra de rendre l’école primaire obligatoire, de faire baisser de manière considérable le taux d’analphabétisme et de combattre avec efficacité le phénomène des enfants de rue.

L’éducation pour tous, bénéficiant de nouvelles technologies de l’information et de communication (NTIC) comme backbone pour le partage de connaissance, et la formation tout au long de la vie doivent donc devenir une réalité. Il en est de même de l’apprentissage, à savoir l’enseignement ainsi que la formation technique et professionnelle. L’objectif, c’est de bâtir un Congo économiquement performant et démocratiquement viable au sein duquel la formation initiale garantira à la jeunesse un niveau éducatif élevé et une autonomie personnelle que confortera l’ambition du plein-emploi et de la croissance.

Nous estimons que la jeunesse congolaise mérite un vrai programme en matière de formation et d’insertion, ainsi que sur le plan de l’émancipation. Elle doit être encadrée et mise au cœur de tout projet social, culturel, économique et politique. Le RDPC et ses partenaires apporteront des solutions aux problèmes sociaux relatifs à la jeunesse, de manière non seulement adaptée mais surtout efficace. Pour faciliter l’embauche des jeunes gens par l’entreprise, nous proposerons un contrat de génération, lequel contribuera à la transmission des savoir-faire par des salariés expérimentés et à l’intégration durable de nouveaux travailleurs dans la vie professionnelle.

Dans la même optique, le RDPC et ses alliés garantiront l’égalité effective des situations et des droits entre les hommes et les femmes. À cet effet, en tant que sociaux-démocrates, les dirigeants du RDPC affirme que l’éducation et l’instruction de la femme sont la condition sine qua non dans la lutte pour l’égalité des sexes. Par conséquent, toute coalition politique formée autour, ou avec, le RDPC condamne fermement tout traitement dégradant et humiliant à l’encontre de la femme congolaise et encourage son accès dans la gestion de la chose publique, tout en permettant sa participation dans l’élaboration des programmes économiques et de développement. Très respectueux des droits fondamentaux de la personne humaine, nous agirons concrètement en faveur des procédures judiciaires contre les auteurs de violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants en vue de l’indemnisation des victimes.

Œil d’Afrique : Et votre vision, à propos du système de santé publique et de la démocratie sociale ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Un gouvernement dans lequel participera le RDPC fixera par la Loi, en fonction des besoins et des ressources des populations, le prix des hôpitaux et établissements publics divers, sans recherche de bénéfice commercial. Avec nos alliés, nous rendrons obligatoire, donc universelle, la prise en charge du risque maladie afin d’instaurer l’égalité dans l’accès des soins et de faire de l’hôpital public le cœur de notre système de santé. Nous permettrons à chaque Congolais de vivre dans un environnement sain. Bien entendu, le bon sens voudrait que l’on puisse évaluer l’existant afin d’apporter des améliorations appropriées. Mais, compte tenu du manque d’infrastructure pouvant aider au monitoring et à l’évaluation, nous réformerons en profondeur le système de santé publique en ayant notamment recours aux nouvelles technologies.

Le respect du vivant, la dignité humaine, l’équité, la solidarité, le partage de la richesse, tant à l’égard des plus démunis que des générations à venir, telles sont les valeurs que le RDPC défend avec force et vigueur. C’est un immense chantier et le courage politique consiste à trouver la force de s’y engager et de pouvoir imaginer l’avenir de notre peuple à travers le renouveau du dialogue en vue d’une réelle démocratie sociale. De plus,sous notre impulsion, l’accès à l’information permettra aux populations démunies de connaître leurs droits et leurs obligations, tout comme il garantira la transparence. Ainsi les Congolais pourront-ils léguer ces acquis aux générations futures.

Œil d’Afrique : Quelles initiatives prendra, le moment venu, le RDPC pour parvenir à l’autonomie alimentaire ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Nourrir le peuple, voilà l’une des valeurs fondamentales qui doit guider les futurs dirigeants congolais. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo relancera et développera la culture vivrière grâce à l’attribution des espaces cultivables aux familles congolaises, qui le souhaiteront, moyennant 1 franc congolais le mètre carré. Pour enrayer définitivement la malnutrition et le sous-développement, le RDPC et ses alliés vont promouvoir un programme d’économie solidaire favorable à la bio-culture.L’objectif consistera à faire véritablement de l’agriculture l’une des priorités nationales par le biais de la création et du développement des marchés locaux et régionaux, par la définition des politiques agricoles et commerciales plus justes, par le soutien d’un développement durable.

Le gouvernement du RDPC encouragera donc le développement des infrastructures routière et fluviale en vue de l’acheminement de surplus de productions vers les marchés urbains. Dans cette perspective, avec nos partenaires, nous œuvrerons en vue de la participation de la République Démocratique du Congo dans le programme de la révolution verte en Afrique. Nous nous appliquerons davantage pour faire de notre pays l’un des pionniers de cette révolution, en nous appuyant surtout sur l’avantage comparatif du point de vue du sol, de la température, de l’eau et des terres cultivables.

Œil d’Afrique : Que comptez-vous, dans un pays ou les églises ne cessent de foisonner, au point d’empiéter sur les affaires de l’État ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : « Quand on ne sait pas où l’on va, on n’oublie pas d’où l’on vient », stipule un proverbe bantou. L’avenir de la République Démocratique du Congo est surtout fonction de la connaissance de sa propre Histoire. Ainsi le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo encourage-t-il une recherche plus approfondie de la vérité dans le but de valoriser l’Histoire authentique des populations congolaises, en clarifiant ses origines pour mieux cerner les défis qui hypothèquent l’épanouissement culturel, social, économique et politique de notre pays. Le gouvernement du RDPC réhabilitera notre Histoire en la réécrivant.

S’appuyant sur le « bantouïsme », sans pour autant ignorer les droits des minorités, le RDPC estime que l’interférence entre le religieux et la gestion de l’État constitue un frein considérable au développement socio-économique du pays. Par contre, le recours aux valeurs ancestrales ne pourra que permettre non seulement d’assurer sans aucune ambiguïté toutes les prérogatives étatiques, mais aussi de privilégier l’émancipation individuelle et de garantir la paix civile ainsi que la fraternité entre tous les Congolais quelles que soient leurs croyances ou leurs origines.

L’imaginaire bantou s’articulant principalement autour de l’être humain, toute initiative de l’État congolais aura pour seule finalité l’intérêt du souverain primaire qu’est le peuple. Notre démarche consiste à faire accepter les valeurs républicaines, avec tout ce qu’elles impliquent comme droits et devoirs. Le gouvernement du RDPC mettra donc en placeun Conseil suprême des affaires spirituelles (CSAS) pour harmoniser les relations entre les différentes croyances – en Dieu et aux âmes, ou aux forces de l’esprit… – et harmoniser tout ce qui relève de l’immatériel, l’objectif étant de consolider la laïcité républicaine.

Œil d’Afrique : Que peuvent attendre de votre gouvernement vos les Congolais de la diaspora et la nationalité congolaise d’origine ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Étant des citoyens à part entière, nos compatriotes vivant hors des frontières nationales deviendront à la fois électeurs et éligibles au scrutin présidentiel ainsi qu’aux élections ayant trait aux députés et sénateurs des Congolais de l’étranger. Le gouvernement du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo modifiera la loi électorale afin de rétablir l’égalité effective de tous les Congolais dans la représentativité politique.

Dans la même optique, notre RDPC agira pour que tout individu faisant partie d’un groupe social reconnu le 30 juin 1960 reste Congolais, indépendamment de la détention d’une citoyenneté étrangère. La nationalité congolaise d’origine étant le seul héritage sûr de nos ancêtres, elle ne doit pas se perdre. En conséquence, à notre initiative, son caractère inaliénable lui donnera la primauté sur toute autre citoyenneté.

Œil d’Afrique : Aurez-vous le culot de tout chambouler, d’affronter les pesanteurs négatives ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Le renouveau et la reconstruction de la République Démocratique du Congo découleront de l’évolution des mentalités. De ce fait, le gouvernement du RDPC éradiquera la corruption et la mauvaise gestion de la chose publique au profit de la bonne gouvernance et de la sauvegarde des intérêts nationaux.

Certes, le peuple congolais a des droits qui doivent être obligatoirement respectés par l’État. En contrepartie, il a des devoirs envers son pays. Parmi ces devoirs figurent l’obligation de s’acquitter des impôts et autres taxes auprès du Trésor public, de défendre la Patrie – par tous les moyens – en cas d’agression extérieure et de ne jamais la trahir, d’être le digne représentant du pays où que ce soit et dans n’importe quelle circonstance. L’évolution des mentalités doit surtout contribuer à la prise de conscience, facteur indispensable au réveil du patriotisme congolais.

Par ailleurs, sur le plan environnemental, notre pays est riche non seulement pour son sous-sol, mais aussi pour son sursol et son sol. Dans le cadre de l’évolution des mentalités, le gouvernement du RDPC contribuera à la dynamisation du tourisme et initiera un programme ambitieux relatif à la biodiversité ainsi qu’aux énergies renouvelables. Notre objectif, c’est de permettre la création, en République Démocratique du Congo, d’un grand pôle de technologie en matière d’environnement.

Œil d’Afrique : Estimez-vous que le système politique en cours est suffisamment adapté pour permettre à un gouvernement d’agir en toute efficacité ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Le Congo du troisième millénaire doit être une société d’espérance, de solidarité et d’égalité des chances. Une République sociale qui doit incarner un groupement humain partageant des valeurs communes.Cela nécessite une nouvelle conception de l’État. Partisans d’un régime à la fois fort et protecteur, le RDPC et ses alliés instaureront la IVe République, laquelle devra être à l’image d’un État en mesure de mobiliser efficacement les capitaux et les hommes, de consacrer le temps nécessaire à la mise en valeur de l’environnement, à la transformation des infrastructures – aériennes, routières, fluviales et ferroviaires –, à l’équipement du pays en moyens de télécommunications, en lignes d’électrification et en centrales de production d’énergie.

Le RDPC et ses partenaires œuvreront pour un État qui adaptera, seul et par la Loi, la protection sociale sur la base de ressources réelles. Avec nos alliés, nous réorganiserons le travail pour réduire le chômage et garantirons la cohésion nationale par d’autres dispositifs de redistribution des richesses de manière équitable. Nous bâtirons un État qui mettra en œuvre la politique d’aménagement du territoire rural et urbain et qui sera en mesure d’agir efficacement contre, entre autres fléaux, l’insécurité et la criminalisation de l’économie.

Nous moderniserons l’État pour rendre efficace le service public grâce à une application pleine et intelligente de la réforme budgétaire, ainsi qu’à une meilleure relance de la décentralisation tout en ayant républicanisé en amont l’armée, la police et la gendarmerie nationales.

Œil d’Afrique : Pensez-vous que votre futur gouvernement, si jamais le peuple congolais vous accorde majoritairement son suffrage, aura les coudées franches pour stabiliser le territoire national ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Vous faites allusion, si j’ai bien compris votre question, à la problématique de la souveraineté nationale ?

Œil d’Afrique : Tout à fait. Êtes-vous certain que les puissances étrangères et leurs gendarmes régionaux verront d’un bon œil la stabilité et l’émergence économique de la République Démocratique du Congo ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : C’est une question des principes et des convictions. La coalition politique à laquelle participera le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo ne transigera jamais, s’agissant de l’intégrité territoriale et de la souveraineté politique. Pour mieux faire face aux tentatives de déstabilisation, l’armée nationale congolaise sera citoyenne. On doit constamment avoir à l’esprit le paramètre selon lequel une armée républicaine ne se façonnera qu’au moyen de la représentativité réelle, en son sein, de la diversité des populations partageant des valeurs communes.

Le RDPC et ses partenaires nationaux prendront les mesures nécessaires, en matière de restructuration, afin que la future armée nationale congolaise puisse faire face à toute épreuve à n’importe quel moment et en toutes circonstances. D’une part, le service militaire sera obligatoire pour les jeunes Congolais, de sexe masculin, âgés de 18 à 30 ans – excepté ceux qui assument une charge parentale. Les jeunes filles pourront y avoir accès, à la suite d’une démarche volontaire. D’autre part, il faudra réintégrer dans l’armée congolaise, comme instructeurs ou encadreurs, tous les éléments des Forces Armées Zaïroises (FAZ) ayant quitté le pays lors de la chute du régime mobutiste, et réintégrer les anciens éléments des forces armées mises en place sous le gouvernement de l’Alliances des Forces Démocratiques pour la libération du Congo (AFDL).

Pour rendre l’armée nationale congolaise opérationnelle, le gouvernement dans lequel le RDPC participera allouera dès la première mandature au moins 15 % du budget national à l’équipement de nouvelles unités militaires relatives aux forces terrestre, aérienne, fluviale et lacustre. Une réorganisation complète des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) s’imposera pour assurer efficacement la défense du territoire national.

Œil d’Afrique : Quelle approche économique préconisez-vous, dans le cadre de la mondialisation, par rapport à d’éventuels accords avec des partenaires étrangers ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : La liberté totale d’entreprendre sans garde-fous, s’agissant d’un pays sans cesse gouverné par des régimes dictatoriaux, conduit au règne des mafias, à la déchéance de l’État, au blocage des pans entiers de la société, à la misère de plus de la moitié de la population.

Ayant à l’esprit le fait que l’autonomie du peuple congolais sera aussi fonction du savoir-faire, tout contrat avec les partenaires étrangers sera conditionné par le transfert de techniques et de technologie. Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo proposera un partenariat avec les institutions éducatives et les centres de recherches locaux pour que ce transfert des compétences soit durable et puisse aider non seulement à la construction de notre système éducatif mais aussi jouer un rôle d’appui à la recherche et au développement (R&D) au niveau local.

Sans être hostile à la liberté d’entreprendre, tout en étant favorable à la régulation du marché, le RDPC privilégiera un modèle politique en mesure de contrôler le capitalisme et de l’empêcher de dégénérer au seul profit du pouvoir financier.

Œil d’Afrique : Comment votre structure politique conçoit-elle l’avenir de la République Démocratique du Congo dans la région des Grands Lacs ?

Gaspard-Hubert Lonsi Lonsi Koko : Dans une société de plus en plus mondialisée, le gouvernement du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo encouragera la Solidarité internationale, mais à condition qu’elle ne se décline pas au détriment des intérêts du peuple congolais et du panafricanisme. En effet, pays aux valeurs humanistes, la République Démocratique du Congo devra apporter sa pierre dans les efforts en vue de l’amélioration matérielle et morale, du progrès intellectuel et de la Justice sociale pour un monde meilleur. Le sang versé du simple fait d’être né Congolais impose au RDPC d’œuvrer pour la reconnaissance du génocide congolais. C’est le facteur déclencheur du pardon. C’est le prix d’une réconciliation nationale et d’une Paix durable dans la région des Grands Lacs africains.

Propos recueillis par Roger Musandji

© Œil d’Afrique


Burundi, présidence à vie ou transition démocratique ?
La présidence burundaise a annoncé le retour, sur le territoire national, du chef de l'Etat Pierre Nkurunziza, qui était bloqué en Tanzanie durant la tentative du coup d'Etat. Depuis le 26 avril, des milliers de Burundais manifestent contre la candidature du président de la République du Burundi à un troisième mandat qu'ils jugent inconstitutionnelle. Quelques sources ont annoncé qu’il devrait s'exprimer dans la journée. Mais quel message adressera-t-il, aux populations éprises de démocratie, après avoir attisé lui-même le feu qui a failli le consumer ?
 
Les conséquences du putsch
 
Le dénouement de la tentative du coup d’Etat contre le président burundais en fin de mandat peut avoir comme conséquences les représailles contre les mutins partisans du général Godefroid Niyombare et le musellement, dans la foulée, des opposants politiques. Pis encore, cela pourrait permettre au président Nkurunziza et à ses affidés de décréter un état d’urgence, dans le but de repousser sine die l’élection présidentielle et cautionner les mesures d’exception dont la finalité consisterait à terroriser les populations favorables à la non-candidature du président encore en exercice.
 
Une vraie aspiration démocratique
 
Toutes les crises survenues au Burundi ont été d’aspiration ethniciste, ayant opposé les Hutus et les Tutsis quant à la gestion de la chose publique. La grande nouveauté, à propos des manifestations ayant abouti à une tentative de putsch, réside dans le fait que Tutsis et Hutus ont dénoncé ensemble la tentative de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat contrairement aux dispositifs constitutionnels. Si l’on prend en compte l’unité ethnique et la division de l’armée contre la volonté du président sortant de se maintenir au pouvoir par tous les moyens, il serait plus sage d’apaiser les tensions. Dans pareille circonstance, le règlement de comptes ne contribuera qu’à l’embrasement d’un pays qui ressemble, à n’en pas douter, à une poudrière.
 
Les aspirations populaires
 
L’adresse du président Nkurunziza à ses compatriotes serait donc déterminante, s’agissant de l’avenir proche du Burundi et des pays de la région des Grands lacs déjà en proie à une instabilité sans précédent. Soit il persiste dans sa velléité de devenir président à vie, au risque de défier frontalement les populations mécontentes qui imposeraient à tout prix le rapport de force dans la rue. Soit le président Nkurunziza profite de l’avertissement à son attention, en annonçant tout simplement le retrait de sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Ainsi contribuera-t-il à la pacification et à la transition démocratique dans son pays. Un véritable homme d’Etat doit avoir la capacité de répondre favorablement aux aspirations de son peuple, soient-elles le résultat des urnes ou d’une légitime manifestation populaire.
 
Gaspard-Hubert Lonsi Koko

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