Le 18 octobre 1908, aux dépens du roi Léopold II, le vote du Parlement belge avait officialisé la cession de l’État indépendant du Congo au gouvernement de François Schollaert. « Bien que de nombreux Belges se soient sincèrement investis, aimant profondément le Congo et ses habitants, le régime colonial comme tel était basé sur l’exploitation et la domination », a rappelé le roi Philippe de Belgique le 8 juin 2022, lors d’une visite officielle à Kinshasa, presque soixante-deux ans après l’indépendance de l’ancienne colonie belge.
La nostalgie royale
« Que Dieu protège la Belgique et notre Congo », avait été la conclusion du discours d’abdication du monarque Léopold III, le 17 juillet 1951, en faveur de son fils, Baudouin de Belgique. Et, huit années plus tard, lorsque les populations congolaises feraient vaciller avec force et vigueur l’ordre établi par la puissance colonisatrice, le jeune souverain attirerait avec fermeté l’attention du Premier ministre Gaston Eyskens sur « l’incalculable préjudice moral et matériel que subirait la Belgique, si les Belges [devaient] perdre l’incomparable patrimoine [légué par] le génie de Léopold II ».
Quant aux souhaits d’Albert II pour l’avenir, lors de son abdication le 20 juillet 2013 au profit de son fils aîné Philippe de Belgique, il a recommandé à ce que les Belges : « [soient] attentifs à l’Afrique centrale avec laquelle [ils ont] tissé tant de liens ». Baudoin Ier n’a-t-il pas rappelé, le 4 septembre 1959, que d’un règne à l’autre les rois des Belges s’étaient employés à : « sauvegarder au Congo les droits imprescriptibles que [s’étaient] créés [leurs] pionniers pour assurer impérativement la continuité de l’association de la Belgique et du Congo ? » Mais le Congo-Kinshasa est en train de se faire déstabiliser par ses voisins, en vue d’une éventuelle balkanisation, sans que ces Belges qui « aiment sincèrement le Congo » ne lèvent un seul doigt e, guise de dénonciation. De quelle manière la Belgique pourrait-elle œuvrer en vue la stabilisation de l’Est du Congo-Kinshasa ?
Le rôle de la Belgique
Les déclarations évoquées supra témoignent du rôle passé de la Belgique par rapport au Congo et au Ruanda-Urundi. En plus, si le gouvernement Schollaert avait hérité du Congo belge, d’aucuns pensent de nos jours que le gouvernement d’Alexandre De Croo devrait permettre à la diplomatie belge de jouer sa partition dans l’exploration et l’exploitation de toutes les pistes favorables à la stabilité de l’ancienne colonie belge et à la pacification de la région des Grands Lacs africains. Pour la réalisation collective de ce beau rêve relatif à l’intangibilité des frontières nationales, il faudrait penser à solidifier l’appartenance à la nation congolaise. De plus, celle-ci ne pourrait être viable que grâce à la sécurisation du territoire national et à la réconciliation consolidée de ses populations. Par conséquent, la Belgique pourrait-elle sensibiliser l’Union européenne au regard de la dramatique situation en cours dans la région du Kivu et dans l’Ituri, ainsi que de la nouvelle géopolitique qui se déploie au centre et à l’Est du continent africain.
Les Congolais ne devraient pas ignorer l’importance d’avoir non seulement un pays, mais, surtout, de le défendre par tous les moyens. Ils devraient savoir que, aux dires de François Mitterrand lors de ses vœux du 5 janvier 1993 aux corps diplomatiques, « l’État est, sur le plan politique, en face de toutes [les] tendances centrifuges, sur le plan économique en face de la puissance des intérêts, donc des égoïsmes, un instrument indispensable d’équilibre, de continuité et de justice dès lors qu’il ne se fait pas accaparateur et qu’il ne prétend pas tout régler à la place des individus […] ».
Au-delà du patriotisme congolais et de l’aspect sournois des stratégies en train d’être mises en place sur les plans régional et extra-continental, la stabilité de la partie orientale du Congo-Kinshasa ne peut faire l’économique du recours aux partenaires historiques et habituels. Ainsi revient-il à la diplomatie congolaise de miser sur l’intelligence et le pragmatisme. Kinshasa ne devrait pas négliger l’atout considérable que représente la Belgique au sein de l’Union européenne et des juridictions internationales par rapport aux conclusions du Rapport Mapping soigneusement rangées dans les archives, comme annales macabres, d’un service des Nations Unies. Il faudrait s’y atteler en toute liberté de conscience pour que justice soit enfin rendue aux millions d’individus tués pour des raisons non avouées mais s’apparentant aux intérêts fonciers. C’est dans la tourmente que l’on reconnaît ses véritables alliés.
Le défi convictionnel
En effet l’instauration d’un mécanisme de justice transitionnelle au Congo-Kinshasa, ou la saisine de la justice internationale, serait urgente et indispensable dans l’optique de la pacification de la région des Grands lacs africains. N’oublions surtout que l’œuvre du bourreau s’accomplit d’abord par la falsification des faits, ensuite le lavage de cerveau et, enfin, la pérennisation de la pensée unique. Trois fléaux que l’on doit à tout prix combattre en vue du triomphe de la démocratie et de l’épanouissement des valeurs humanistes.
Depuis 1885 à ce jour, a-t-on fait le triste constat, les populations congolaises n’ont cessé de souffrir. Des dirigeants ayant du souffle et une vision humaniste ne pourront qu’enfin leur offrir le rêve après lequel elles ont toujours couru et non l’inventaire du possible que n’a cessé de décliner avec démagogie, trop souvent avec cynisme, la plus grande majorité d’acteurs politiques. Que les forces de l’esprit, blanches et noires, protègent à jamais notre Congo !
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
© Encrage média
Bibliographie
- Quelle destinée pour le Congo-Kinshasa, après un si long déclin ?, G-H. Lonsi Koko, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, à paraître en novembre 2022 ;
- Le Congo déstabilisé, pillé, martyrisé…, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, 2020 ;
- Et alors, mon maréchal ?, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, novembre 2021 ;
- LA conscience bantoue, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, mai 2021.
La nostalgie royale
« Que Dieu protège la Belgique et notre Congo », avait été la conclusion du discours d’abdication du monarque Léopold III, le 17 juillet 1951, en faveur de son fils, Baudouin de Belgique. Et, huit années plus tard, lorsque les populations congolaises feraient vaciller avec force et vigueur l’ordre établi par la puissance colonisatrice, le jeune souverain attirerait avec fermeté l’attention du Premier ministre Gaston Eyskens sur « l’incalculable préjudice moral et matériel que subirait la Belgique, si les Belges [devaient] perdre l’incomparable patrimoine [légué par] le génie de Léopold II ».
Quant aux souhaits d’Albert II pour l’avenir, lors de son abdication le 20 juillet 2013 au profit de son fils aîné Philippe de Belgique, il a recommandé à ce que les Belges : « [soient] attentifs à l’Afrique centrale avec laquelle [ils ont] tissé tant de liens ». Baudoin Ier n’a-t-il pas rappelé, le 4 septembre 1959, que d’un règne à l’autre les rois des Belges s’étaient employés à : « sauvegarder au Congo les droits imprescriptibles que [s’étaient] créés [leurs] pionniers pour assurer impérativement la continuité de l’association de la Belgique et du Congo ? » Mais le Congo-Kinshasa est en train de se faire déstabiliser par ses voisins, en vue d’une éventuelle balkanisation, sans que ces Belges qui « aiment sincèrement le Congo » ne lèvent un seul doigt e, guise de dénonciation. De quelle manière la Belgique pourrait-elle œuvrer en vue la stabilisation de l’Est du Congo-Kinshasa ?
Le rôle de la Belgique
Les déclarations évoquées supra témoignent du rôle passé de la Belgique par rapport au Congo et au Ruanda-Urundi. En plus, si le gouvernement Schollaert avait hérité du Congo belge, d’aucuns pensent de nos jours que le gouvernement d’Alexandre De Croo devrait permettre à la diplomatie belge de jouer sa partition dans l’exploration et l’exploitation de toutes les pistes favorables à la stabilité de l’ancienne colonie belge et à la pacification de la région des Grands Lacs africains. Pour la réalisation collective de ce beau rêve relatif à l’intangibilité des frontières nationales, il faudrait penser à solidifier l’appartenance à la nation congolaise. De plus, celle-ci ne pourrait être viable que grâce à la sécurisation du territoire national et à la réconciliation consolidée de ses populations. Par conséquent, la Belgique pourrait-elle sensibiliser l’Union européenne au regard de la dramatique situation en cours dans la région du Kivu et dans l’Ituri, ainsi que de la nouvelle géopolitique qui se déploie au centre et à l’Est du continent africain.
Les Congolais ne devraient pas ignorer l’importance d’avoir non seulement un pays, mais, surtout, de le défendre par tous les moyens. Ils devraient savoir que, aux dires de François Mitterrand lors de ses vœux du 5 janvier 1993 aux corps diplomatiques, « l’État est, sur le plan politique, en face de toutes [les] tendances centrifuges, sur le plan économique en face de la puissance des intérêts, donc des égoïsmes, un instrument indispensable d’équilibre, de continuité et de justice dès lors qu’il ne se fait pas accaparateur et qu’il ne prétend pas tout régler à la place des individus […] ».
Au-delà du patriotisme congolais et de l’aspect sournois des stratégies en train d’être mises en place sur les plans régional et extra-continental, la stabilité de la partie orientale du Congo-Kinshasa ne peut faire l’économique du recours aux partenaires historiques et habituels. Ainsi revient-il à la diplomatie congolaise de miser sur l’intelligence et le pragmatisme. Kinshasa ne devrait pas négliger l’atout considérable que représente la Belgique au sein de l’Union européenne et des juridictions internationales par rapport aux conclusions du Rapport Mapping soigneusement rangées dans les archives, comme annales macabres, d’un service des Nations Unies. Il faudrait s’y atteler en toute liberté de conscience pour que justice soit enfin rendue aux millions d’individus tués pour des raisons non avouées mais s’apparentant aux intérêts fonciers. C’est dans la tourmente que l’on reconnaît ses véritables alliés.
Le défi convictionnel
En effet l’instauration d’un mécanisme de justice transitionnelle au Congo-Kinshasa, ou la saisine de la justice internationale, serait urgente et indispensable dans l’optique de la pacification de la région des Grands lacs africains. N’oublions surtout que l’œuvre du bourreau s’accomplit d’abord par la falsification des faits, ensuite le lavage de cerveau et, enfin, la pérennisation de la pensée unique. Trois fléaux que l’on doit à tout prix combattre en vue du triomphe de la démocratie et de l’épanouissement des valeurs humanistes.
Depuis 1885 à ce jour, a-t-on fait le triste constat, les populations congolaises n’ont cessé de souffrir. Des dirigeants ayant du souffle et une vision humaniste ne pourront qu’enfin leur offrir le rêve après lequel elles ont toujours couru et non l’inventaire du possible que n’a cessé de décliner avec démagogie, trop souvent avec cynisme, la plus grande majorité d’acteurs politiques. Que les forces de l’esprit, blanches et noires, protègent à jamais notre Congo !
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
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Bibliographie
- Quelle destinée pour le Congo-Kinshasa, après un si long déclin ?, G-H. Lonsi Koko, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, à paraître en novembre 2022 ;
- Le Congo déstabilisé, pillé, martyrisé…, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, 2020 ;
- Et alors, mon maréchal ?, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, novembre 2021 ;
- LA conscience bantoue, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, mai 2021.
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Par Gaspard-Hubert Lonsi Koko le Lundi 24 Octobre 2022
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Commentaires (11)
De Léopold II à Félix Antoine Tshisekedi, une observation d’entomologiste sur un corps en décrépitude qu’il faudrait à tout prix sortir d’un état de léthargie chronique. Par un parallélisme des formes entre les Royaumes du Kongo et de Belgique, une subtile filiation entre la propriété privée de Léopold II et le Congo belge, l’auteur décortique sur le colonial scénario ayant abouti à un semblant d’indépendance le 30 juin 1960.
Tel un scribe décomplexé convoque Joseph Kasa Vubu, rabroue le maréchal Mobutu Sese Seko. Dans la foulée, il tance Laurent-Désiré Kabila, sermonne au passage Joseph Kabila Kabange et tire les oreilles de Félix Antoine Tshisekedi. Quelques voisins, dirigés par des dirigeants aux envies voraces d’expansionnisme au détriment du Congo-Kinshasa, ne sont pas non plus oubliés.
À travers plus de 300 pages qui déroulent l’atrocité de l’exploitation négrière avec son cortège des mains coupées, les inégalités et les discriminations, le travail forcé, les conséquences, la gabegie, la corruption, la dictature, la spoliation de la chose publique, les tentatives de balkanisation, les violences sexuelles, les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité, les violations des droits fondamentaux de la personne… On croise dans un coin du récit Msiri, Stanley, Alexandre Delcommune, Huyghé de Mahenge, Auguste-Charles Thys, Tombeur de Tabora, d’Aspremont de Lynden, Jules Renkin, Joseph Van Bilsen, Émile Janssens, Larry Devlin, Louis Marlière, Kapenda Tshombe, Gérard Soete, Godefroid Munongo, Ngbanda Nzambo, Kalev Mutond, John Numbi, Dan Gertler, Moïse Katumbi…
On évolue dans une jungle où foisonnent des entreprises aux trésoreries offshore, des banques blanchisseuses, des institutions étatiques carrément privatisées… Une administration et des services sécuritaires infiltrés qu’il faudrait bien nettoyer. Bref, cet ouvrage est un vrai brûlot sous forme de condensé de toute l’histoire de la République Démocratique du Congo. Une note positive, enfin, l’auteur trace des sillons à travers un projet de société avant-gardiste et solidaire, humaniste et fraternel, patriotique et performant, basé sur la Liberté, l’Égalité, la Sécurité et la Prospérité.
Titre : Quelle destinée pour le Congo-Kinshasa, après un si long déclin ?
Auteur : Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Sortie : 8 novembre 2022
Lien : https://egregorelivres.fr/livres-a-paraitre/
Tel un scribe décomplexé convoque Joseph Kasa Vubu, rabroue le maréchal Mobutu Sese Seko. Dans la foulée, il tance Laurent-Désiré Kabila, sermonne au passage Joseph Kabila Kabange et tire les oreilles de Félix Antoine Tshisekedi. Quelques voisins, dirigés par des dirigeants aux envies voraces d’expansionnisme au détriment du Congo-Kinshasa, ne sont pas non plus oubliés.
À travers plus de 300 pages qui déroulent l’atrocité de l’exploitation négrière avec son cortège des mains coupées, les inégalités et les discriminations, le travail forcé, les conséquences, la gabegie, la corruption, la dictature, la spoliation de la chose publique, les tentatives de balkanisation, les violences sexuelles, les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité, les violations des droits fondamentaux de la personne… On croise dans un coin du récit Msiri, Stanley, Alexandre Delcommune, Huyghé de Mahenge, Auguste-Charles Thys, Tombeur de Tabora, d’Aspremont de Lynden, Jules Renkin, Joseph Van Bilsen, Émile Janssens, Larry Devlin, Louis Marlière, Kapenda Tshombe, Gérard Soete, Godefroid Munongo, Ngbanda Nzambo, Kalev Mutond, John Numbi, Dan Gertler, Moïse Katumbi…
On évolue dans une jungle où foisonnent des entreprises aux trésoreries offshore, des banques blanchisseuses, des institutions étatiques carrément privatisées… Une administration et des services sécuritaires infiltrés qu’il faudrait bien nettoyer. Bref, cet ouvrage est un vrai brûlot sous forme de condensé de toute l’histoire de la République Démocratique du Congo. Une note positive, enfin, l’auteur trace des sillons à travers un projet de société avant-gardiste et solidaire, humaniste et fraternel, patriotique et performant, basé sur la Liberté, l’Égalité, la Sécurité et la Prospérité.
Titre : Quelle destinée pour le Congo-Kinshasa, après un si long déclin ?
Auteur : Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Sortie : 8 novembre 2022
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