Par Algerie-Focus.com - Djamila Ould Khettab
Un policier algérien tente d'empêcher les étudiants de pénétrer au sein de l'Ambassade. Crédit photo : Algérie-Focus
En Algérie, notamment à Alger, la police tolère très peu les rassemblements publics. Cette fois, ce sont les étudiants tchadiens qui en ont fait l’amer expérience. Lundi une cinquantaine de jeunes ont mené une action de sensibilisation au niveau de l’ambassade du Tchad afin d’interpeller les autorités de leurs pays sur leur situation. “Les étudiants tchadiens au Maghreb, notamment en Algérie, sont très mal traités. Nous n’avons pas le droit à une bourse, seulement à une aide forfaitaire d’un montant pathétique. Et depuis deux ans nous ne touchons même plus cette aide”, explique à Algérie-Focus un manifestant, connu sous le pseudonyme A.D. Et étant donné que les étudiants étrangers ne sont pas autorisés à travailler en Algérie, difficile pour ces jeunes de joindre les deux bouts tous les mois. “Je suis à Alger depuis 3 ans pour mes études dans l’agroalimentaires et je galère. Je compte sur la solidarité au sein de la communauté tchadienne et sur mes parents”, confie A.D.
Lundi, pour la première fois, une cinquantaine d’étudiants tchadiens d’Alger sont descendus dans la rue pour revendiquer l’attribution d’une bourse scolaire décente. Mais la police algérienne s’est toute suite interposée. A.D. raconte : “On a essayé d’investir les locaux de l’ambassade du Tchad mais la police algérienne nous a barré la route. On ne s’attendait pas à ça. C’est bizarre, l’ambassade du Tchad c’est notre territoire, ils n’ont pas à nous empêcher, d’autant plus que nous manifestons pacifiquement”.
Arrêtés
Rebelote ce mardi. L’association des étudiants et stagiaires tchadiens en Algérie, réunis dans la matinée devant l’ambassade de leur pays, ont à nouveau fait face à un cordon sécuritaire. Et les policiers sont encore plus nombreux que la veille, note A.D. D’après notre interlocuteur, les autorités algériennes ont une nouvelle fois répondu par la force pour disperser ce mouvement contestataire. “C’était plus violent que la première fois. Ils nous ont même tabassés, pas avec leur matraque mais avec leurs mains pour ne pas laisser de traces”, dénonce A.D., qui ajoute : “Ils ont même confisqué les portables pour ne pas qu’on prenne de photos et de vidéo. Mais on a quand même réussi à filmer”. Au cours de la manifestation, les policiers ont également embarqué certains jeunes tchadiens, dont le président de l’association des étudiants et stagiaires tchadiens en Algérie. “Ils vont sûrement être déférés devant le procureur”, s’inquiète leur ami A.D.