C’est pour moi un insigne privilège de vous accueillir au Forum des jeunes leaders africains. Vous êtes venus de près d’une cinquantaine de pays. Vous reflétez la grandeur de l’histoire et de la diversité qui définit le continent. Vous vous êtes déjà distingués en étant des leaders dans la société civile, le développement, les milieux d’affaires et les groupes confessionnels ; un avenir extraordinaire vous attend.
De fait, vous représentez l’Afrique qui est trop souvent passée sous silence, les progrès impressionnants qu’ont réalisés beaucoup d’Africains et votre potentiel illimité au XXIe siècle.
J’ai convoqué ce Forum pour une raison bien simple. Comme je l’ai dit l’année dernière à Accra, je ne vois pas dans l’Afrique un monde à part ; je vois dans l’Afrique une partie fondamentale de notre monde interconnecté.
Qu’il s’agisse de créer des emplois dans une économie mondiale, de dispenser un enseignement ou des soins de santé, de combattre les changements climatiques, de s’opposer aux extrémistes violents qui n’ont rien d’autre à offrir que la destruction ou de promouvoir des modèles de démocratie et de développement qui ont fait leurs preuves ; pour tout cela, le monde a besoin d’une Afrique forte, autonome et prospère.
Le monde a besoin de votre talent et de votre créativité. Nous avons besoin de jeunes Africains qui se lèvent et font changer les choses, non seulement dans leurs propres pays et aussi de par le monde.
Les États-Unis veulent être votre partenaire. Je suis heureux que ma secrétaire d’État, Mme CLINTON, vous ait déjà parlé et que des leaders de l’ensemble de mon gouvernement qui s’emploient jour après jour à approfondir nos partenariats se soient joints à nous.
Je ne saurais imaginer un moment mieux choisi pour ce rassemblement. Cette année, les peuples de dix-sept nations à travers l’Afrique subsaharienne célèbrent cinquante ans d’indépendance. Quelle que soit la mesure retenue, l’année 1960 fut une année extraordinaire. Du Sénégal au Gabon, de Madagascar au Nigéria, les Africains étaient en liesse dans les rues ; ils baissaient les drapeaux étrangers et hissaient le leur.
En l’espace de douze mois remarquables, près du tiers du continent a accédé à l’indépendance ; un soubresaut d’autodétermination qui finit par déboucher sur la célébration de "l’année de l’Afrique". Après une longue attente, les Africains étaient libres de tracer leur voie, de forger leur destinée.
Certes, l’année 1960 s’est révélée mémorable pour une autre raison. Ici, aux États-Unis, ce fut l’année où un candidat à la présidence eut l’idée de proposer que les jeunes Américains consacrent une année ou deux de leur vie à servir le monde à l’étranger. Le candidat s’appelait John F. KENNEDY, et son idée allait donner naissance au Corps de la paix – l’un de nos merveilleux partenariats avec le monde, y compris l’Afrique.
Mais bâtir une nation est une noble tâche qui n’en finit pas. Ici, aux États-Unis, plus de deux cents après notre indépendance, nous n’arrêtons pas de parfaire notre union. À travers l’Afrique aujourd’hui, on ne peut nier les difficultés auxquelles tant de gens se heurtent au quotidien ; pour nourrir leurs enfants, trouver du travail, survivre un jour de plus. Et trop souvent, c’est la seule image de l’Afrique que voit le monde.
Mais aujourd’hui, vous représentez une vision différente, une vision de l’Afrique dynamique. Une Afrique qui met fin aux conflits d’antan, comme au Libéria, où, m’a dit la présidente SIRLEAF, les enfants d’aujourd’hui "n’ont pas connu le bout du fusil et n’ont pas eu à prendre la fuite". Une Afrique qui se modernise et qui crée des débouchés ; l’agro-alimentaire en Tanzanie, la prospérité au Botswana, le progrès politique au Ghana et en Guinée. Une Afrique engagée dans une révolution des services mobiles à large bande qui pourrait bien transformer le quotidien des générations à venir.
Bref, c’est une Afrique capable de grandes réalisations comme en témoigne le fait qu’elle a accueilli la plus grande manifestation sportive au monde. Nous félicitons nos amis sud-africains. Et si la finale a été disputée entre deux pays européens, c’est en fait l’Afrique qui a gagné la Coupe du monde, comme on l’a entendu dire.
Ainsi donc, une fois encore, l’Afrique vit un moment de promesse extraordinaire. Comme je l’ai dit l’année dernière, quand bien même ils ne revêtent pas l’aspect dramatique des luttes de libération du XXe siècle, les défis d’aujourd’hui seront au bout du compte encore plus lourd de sens. Car c’est à vous, jeunes pétris de talent et d’imagination, qu’il va incomber de construire l’Afrique au cours des cinquante prochaines années.
L’avenir de l’Afrique appartient aux créateurs d’entreprises, tel le propriétaire d’une petite entreprise de Djibouti qui, naguère marchand de glaces, gère aujourd’hui un cabinet de comptabilité et fournit des conseils à d’autres entrepreneurs. Je veux parler de MIGUIL Hasan-Farah. Est-ce que MIGUIL est ici ? Le voilà. Ne soyez pas timide. Allez. (Applaudissements)
Tandis que vous vous affairez à créer des emplois et des débouchés, les États-Unis travailleront avec vous, en encourageant les échanges et les investissements dont dépend la croissance. Voilà pourquoi nous sommes fiers d’accueillir cette semaine le forum de l’AGOA afin d’élargir les échanges entre nos pays, et aujourd’hui d’ailleurs, je vais avoir des entretiens avec des ministres du commerce, du commerce extérieur et de l’agriculture venus des quatre coins de l’Afrique subsaharienne. Voilà pourquoi encore notre initiative historique en faveur de la sécurité alimentaire ne se borne pas à l’acheminement de vivres ; elle vise aussi à partager les nouvelles technologies et à accroître la productivité et l’autonomie de l’Afrique.
Personne ne devrait avoir à verser un pot-de-vin pour obtenir un emploi ou des services de base de la part d’agents publics. Dès lors, dans le cadre de notre stratégie de développement, nous mettons l’accent sur la transparence, la reddition de comptes et la présence de robustes sociétés civiles car telles sont les réformes qui peuvent mobiliser un changement doué d’un pouvoir transformateur. L’avenir de l’Afrique appartient aussi à ceux qui s’attèlent à la tâche de concrétiser ce genre de transparence et sont appliqués à la mise en œuvre des mesures contre la corruption.
L’avenir de l’Afrique appartient à ceux qui prennent leur santé en main – telle la conseillère en matière de VIH/sida, venue du Malawi, qui aide d’autres séropositifs, comme elle, en partageant son témoignage – je veux parler de Tamara BANDA. Où est TAMARA ? La voilà. Merci, TAMARA. (Applaudissements)
Notre initiative en faveur de la santé mondiale dépasse le simple cadre du traitement des maladies : elle vise aussi à renforcer la prévention et les systèmes de santé publique en Afrique. Comprenez-moi bien : nous continuons d’accroître les fonds affectés à la lutte contre le VIH/sida, à un niveau sans précédent, et nous continuerons de faire tout le nécessaire pour sauver des vies et investir dans des avenirs plus sains.
L’avenir de l’Afrique appartient aussi aux sociétés qui protègent les droits de tous leurs habitants, en particulier des femmes, telle la journaliste ivoirienne qui se fait la championne des droits des femmes et des filles musulmanes – je veux parler d’Aminata KANE-KONE. Où est Aminata ? La voici. (Applaudissements)
À vous et aux habitants de toute l’Afrique, je le dis : sachez que les États-Unis d’Amérique se tiendront à vos côtés dans votre quête de justice, de progrès, des droits de l’homme et de la dignité de tous.
Bref, l’avenir de l’Afrique appartient à sa jeunesse, y compris à une femme qui inspire les jeunes du Botswana avec son émission de radio, "The Real Enchilada" — je veux parler de TUMIE RAMSDEN. Où est TUMIE ? Là – "The Real Enchilada". (Applaudissements)
Tandis que vous poursuivez vos rêves – celui de faire des études, de trouver un emploi, de faire entendre votre voix, de mobiliser vos populations – l’Amérique veut appuyer vos aspirations. C’est pour cela que nous voulons donner aux jeunes Africains les moyens d’agir – en appuyant leur éducation et en multipliant les échanges éducatifs, comme celui qui a permis à mon père de venir du Kenya à l’époque où les Kényans rejetaient le colonialisme et tentaient de forger un nouvel avenir. Nous aidons à consolider les réseaux locaux de jeunes gens qui sont convaincus, comme on l’entend dire au Kenya de nos jours, que : "Yes Youth Can !" "Yes Youth Can !". (Rires et applaudissements)
Bon, il s’agit d’un forum, c’est pourquoi nous avons consacré une partie du temps pour répondre à quelques questions. Je ne suis pas censé être le seul à parler. Je veux entendre ce que vous avez à dire et connaître vos objectifs et savoir comment nous pouvons être des partenaires capables de vous aider à les atteindre.
Nous voulons que ce soit un commencement – le point de départ d’un nouveau partenariat et de nouveaux réseaux qui vont créer des débouchés pour des années à venir.
Mais je vais conclure en vous livrant ces quelques réflexions. Vous êtes les héritiers de la génération de l’indépendance que nous célébrons cette année. Grâce à leurs sacrifices, vous êtes nés dans des États africains indépendants. Et tout comme les réalisations d’il y a cinquante ans sont pour vous une source d’inspiration, le travail que vous faites aujourd’hui inspirera les Africains pendant des générations à venir.
Bon – je crois, TUMIE, que vous aimez envoyer des tweets (Rire) Et TUMIE a cité des paroles qui ont motivé un nombre incalculable de gens : "Si tes actions inspirent les autres à rêver davantage, à apprendre davantage, à faire davantage et à se dépasser davantage, alors tu es un leader".
Donc, chacun d’entre vous qui êtes ici aujourd’hui, vous êtes un leader. Vous êtes une source d’inspiration pour les jeunes de votre pays.
Vous êtes une source d’inspiration pour nous aux Etats-Unis. L’avenir est ce que vous faites de lui. Alors si vous continuez à rêver, continuez à travailler d’arrache-pied et continuez à apprendre et si vous n’abandonnez jamais, alors je suis confiant que vos pays et le continent tout entier et le monde tout entier en seront meilleurs.
À vous tous, je dis "merci beaucoup". (Applaudissements)
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Allocution de Mme Hillary RODHAM CLINTON, Secrétaire d’État des États-Unis au Forum du président avec les jeunes leaders africains
Le 3 août 2010, Auditorium Loy Henderson du department d’État, Washington, D.C
Un grand merci à vous tous. Je suis ravie de vous voir. Il fallait bien que je revienne travailler pour me remettre du mariage de ma fille. (Rires) Et l’une des raisons pour lesquelles je suis revenue, c’est que je tenais à vous souhaiter à tous la bienvenue ici au Département d’État et à vous dire le grand plaisir que nous avons à accueillir ce forum de jeunes leaders.
Je sais que dans le courant de l’après-midi, vous aurez la chance d’aller à la Maison Blanche où vous rencontrerez le président OBAMA. Et je pense que vous savez, d’après ce que vous avez déjà entendu aujourd’hui et ce qu’a dit mon ami et assistant extraordinaire pour l’Afrique, Johnnie CARSON, l’importance de l’engagement et de l’intérêt de ce gouvernement, à commencer par le président, pour l’Afrique et particulièrement pour l’avenir de l’Afrique ; parce que nous savons que ce sont des personnes comme vous tous, et d’autres qui ne sont pas ici actuellement, qui détermineront l’avenir de l’Afrique.
L’Afrique est un continent aux possibilités exceptionnelles, un endroit où il y a tant d’opportunités à saisir. Soixante pour cent de la population de l’Afrique a moins de 25 ans. Il y a donc beaucoup à faire pour s’assurer que ces jeunes soient éduqués, qu’ils soient en bonne santé, qu’ils soient motivés et qu’ils reçoivent les outils qui accompagnent les opportunités.
Mais cela signifie également que l’Afrique porte en elle non seulement le potentiel, mais encore la promesse de devenir un leader dans les domaines de l’innovation, de la conception, de la créativité, du devenir de vous tous, de vos familles, vos communautés et vos pays.
Parmi vous, il y a des personnes qui ont déjà lancé des entreprises. Vous avez créé des ONG ; vous avez réalisé des films ; vous avez été des artisans de la paix ; vous avez travaillé avec des jeunes à risque ; vous vous êtes occupés de personnes vivant avec le VIH-sida ; vous vous êtes battus pour que cesse la maltraitance de certains des habitants les plus vulnérables du continent. Vous avez recherché des solutions au niveau local. Et vous avez été témoins de progrès sans précédent depuis votre naissance.
La pauvreté et la mortalité infantile ont diminué dans la plus grande partie du continent. Davantage d’enfants vont à l’école primaire. Le Ghana, le Botswana, l’Afrique du Sud et d’autres pays ont récemment organisé des élections remarquables pour leur liberté et leur honnêteté.
Un nombre croissant d’Africains pensent avoir désormais le pouvoir et le devoir de façonner leur propre vie, d’aider leur communauté, de demander des comptes au gouvernement. C’est pourquoi, en dépit de tous les défis dont nous entendons beaucoup parler, je veux me concentrer sur ces progrès, parce que c’est en nous basant sur ces aspects positifs que nous pouvons encourager et entraîner encore plus de progrès.
En fin de compte, c’est votre responsabilité. Le président et moi-même croyons fermement en la promesse de l’Afrique et nous pouvons offrir notre contribution de loin ainsi que nos encouragements, mais, en fin de compte, c’est à vous et à vous et à vos communautés qu’il appartient de faire ce qu’il faut pour que les progrès continuent et s’amplifient.
Tous les enfants, tous les garçons et toutes les filles méritent de parcourir tout le chemin que traceront pour eux les talents que Dieu leur a donnés, leur potentiel et leur travail assidu.
Cela veut dire que l’éducation est un droit, et non un luxe. Cela veut dire que le plus grand nombre possible de jeunes doit recevoir la meilleure éducation possible. Cela veut dire que toutes les femmes enceintes doivent pouvoir bénéficier de soins prénatals et d’une aide pour l’accouchement pour assurer un bon départ à tous les enfants. Cela veut dire que tout le monde doit pouvoir vivre dans un environnement sûr – une maison, un toit pour se protéger, un salaire équitable pour le travail effectué – et que tout le monde a le droit de suivre ce que lui dicte sa conscience en matière de religion comme de politique et d’exprimer son opinion sans craindre d’être marginalisé, réduit au silence ou pire. Nous croyons que vous avez les talents, la détermination et la capacité nécessaires pour réaliser ces rêves.
Quand le président Obama a prononcé son allocution devant le Parlement du Ghana il y a un an, il a déclaré que les Africains devaient prendre en main leur destinée. Et il s’était engagé à œuvrer avec les dirigeants et les habitants de l’Afrique en tant qu’amis et partenaires dans un esprit de respect mutuel et de transparence. Nous sommes prêts à être vos partenaires.
Qu’entend-on par partenariat ? En bref, cela signifie que nous devons rechercher le développement d’une manière différente. Nous devons faire davantage d’efforts pour développer le commerce et nous devons encourager les relations commerciales entre les pays africains. Cela signifie que nous devons rendre le secteur privé plus compétitif. Vous avez été nombreux à avoir le privilège de voyager. Vous vous êtes rendus en Europe. Vous vous êtes désormais rendus aux États-Unis. Vous avez rencontré la diaspora de votre pays et vous entendez souvent parler de son succès. Nous voulons que ce succès se produise à l’endroit même où vous vivez et nous voulons supprimer les obstacles toujours en place. (Applaudissements.)
Nous voulons vous aider à moderniser les moyens qui vous permettent de créer et de distribuer de l’énergie propre, de potentialiser votre agriculture qui est toujours l’activité essentielle et la source de revenus de la plupart des habitants de l’Afrique subsaharienne.
Nous voulons vous aider à renforcer les institutions démocratiques. Les élections sont formidables, mais elles ne représentent qu’un élément de la démocratie – la liberté de la presse, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le respect des droits de l’homme et des droits des minorités, donner à chacun un rôle actif dans sa société.
Nous voulons appuyer les femmes et les filles pour qu’elles participent pleinement à la vie de leur communauté et de leur pays. (Applaudissements.)
Nous voulons redoubler d’effort dans la lutte mondiale contre le VIH-sida, la tuberculose et le paludisme.
Nous voulons réagir aux pénuries alimentaires, à la flambée des prix des denrées et à la croissance démographique avec une initiative dotée de plusieurs milliards de dollars pour faire disparaître la faim et parvenir à la sécurité alimentaire.
Nous voulons nous joindre à vous pour lutter contre le changement climatique, qui sera dévastateur pour l’Afrique.
Parallèlement, nous voulons que vos voix soient entendues à travers le monde. Johnnie parlaient de mes voyages en Afrique lorsque j’étais la première dame des États-Unis.
Je me suis rendue compte à l’époque de tout ce qu’il fallait faire pour que les Américains connaissent mieux l’Afrique. J’avais organisé une table ronde pour les journalistes accrédités à la Maison Blanche et c’était probablement en – disons, 1997 ou 98 – et l’une des premières questions que m’a posées un journaliste – il m’a demandé, quelle est la capitale de l’Afrique ? (Rires.) Je me suis dit, oh, je vais avoir du pain sur la planche. (Rires.) Et nous avons fait beaucoup de progrès dans ce domaine aussi – (rires), mais nous avons encore beaucoup à faire. Parce que vous savez bien que lorsqu’on pense à l’Afrique, on pense trop souvent à toutes les tragédies, aux conflits. Nous voulons que les gens voient un tableau plus complet.
Ce forum, ainsi que l’African Women’s Entrepreneurship Program et le forum de l’AGOA qui se tiennent ici à Washington et à Kansas City, dans l’état du Kansas, cette semaine, aideront à nouer des liens entre des leaders, des militants, des entrepreneurs, des investisseurs et surtout des jeunes d’Afrique et des États-Unis.
Nous vous invitons à profiter de cette situation. Nous avons conçu ce forum non pas comme un événement unique ; nous voulons créer les liens dont vous continuerez de tirer parti ; nous vous encourageons à penser aux moyens qui vous permettront d’utiliser toute l’aide et les compétences, les références et les idées que nous pourrions vous fournir.
Nous voulons que vous tiriez parti de tout ceci lorsque vous rentrerez chez vous, lorsque vous commencerez peut-être à chercher de nouveaux moyens d’être plus efficaces. Et votre génération de jeunes Africains est déjà une pionnière des technologies de l’information. Vous établissez des liens et donnez des capacités aux gens de façons inimaginables il y a tout juste cinq ans, à fortiori dix ans. Par exemple, la plateforme de gestion des crises Ushahidi est devenue un outil numérique favorisant le changement social à travers le monde.
Ushahidi a été créé par de jeunes Kenyans pour communiquer de l’intérieur des informations sur les violences post-électorales de 2007. Je vous signale en passant qu’un grand nombre des jeunes Kenyans invités au forum n’ont pas pu venir parce qu’ils veulent rester dans leur pays pour voter et poursuivre leur travail au sujet de la constitution qui doit être adoptée très bientôt.
Ce nouveau réseau a été utilisé par de simples citoyens qui observaient des élections pour empêcher les fraudes et les violences au Burundi, en Inde, au Soudan, en Guinée, en Namibie. Il est en train de révolutionner et de maximiser ce que peuvent faire les individus sans avoir besoin de demander la permission, en utilisant simplement leurs propres moyens.
Nous avons vu la façon dont les derniers outils de communication mobile ont aussi servi au Kenya à éduquer et autonomiser les électeurs en cette période de préparation du référendum de demain sur la nouvelle constitution.
Pour les bonnes idées, les langues et les frontières ne comptent pas. Une technologie créée et déployée d’abord en Afrique a été utilisée par les Marines américains en Haïti pour aider les survivants du tremblement de terre et par un groupe écologiste de la Louisiane pour suivre les efforts de nettoyage de la marée noire du Golfe.
Nous faisons tout notre possible pour faire comprendre que notre relation avec l’Afrique ne va pas en sens unique. Nous avons l’intention d’en tirer parti. Nous avons l’intention d’apprendre quelque chose. Nous avons l’intention de nous inspirer de modèles et d’idées que vous nous offrirez au sujet de la façon d’améliorer ce que nous faisons.
Ainsi, pour faire en sorte que les nouvelles technologies servent davantage à faire le bien – et non le mal – nous avons promis d’œuvrer avec des partenaires du monde des affaires, des milieux universitaires et des ONG pour tenter d’exploiter la puissance des technologies de communication pour vous aider à favoriser le progrès économique, politique et social.
Les États-Unis se sont joints à trois partenaires locaux pour parrainer un concours appelé "Apps-4-Africa" – A-p-p-s, tiret le chiffre 4, tiret Africa.
Des réalisateurs de logiciel au Kenya, au Rwanda, en Ouganda et en Tanzanie ont proposé des applications pour toutes sortes de choses allant des jeux éducatifs aux téléphones mobiles, de cartes interactives qui localisent les pénuries de sang ou de médicaments à une application de messagerie de masse qui diffuserait des informations dans les villages ruraux en cas d’urgence.
Les gagnants seront annoncés en septembre. Et nous espérons que ces collaborations entre des experts techniques et des leaders de la société civile permettront de mettre au point des solutions pratiques qui amélioreront la vie de tous.
Ce concept de ne pas tenir compte des barrières est très prometteur pour l’Afrique. Vous vous en êtes déjà servi. Vous n’avez pas installé de poteaux téléphoniques, vous êtes passés directement aux téléphones portables dans de nombreuses régions de l’Afrique. Votre réseau électrique n’a pas besoin d’être énorme. Il peut être local ou régional et exploiter des sources d’énergie éolienne et solaire aussi bien que des combustibles fossiles. Nous sommes prêts à vous aider autant que nous le pouvons.
Je répète souvent que le talent est réparti également, mais que les possibilités ne le sont pas. L’Afrique ne manque pas d’idées, d’innovations ou d’esprit d’entreprise. Nous voulons que cette conférence soit le point de départ d’un processus dans lequel nous travaillerons avec vous pour vous aider à créer les conditions qui permettront de traduire vos idées en des solutions concrètes pour l’Afrique et le reste du monde.
Je sais que vous avez participé à des ateliers et que vous discutez entre vous, et nous maintiendrons une sorte de centre névralgique après ce forum pour garder le contact avec vous, pour vous offrir une aide si vous en demandez une et pour vous mettre en rapport avec d’autres gens. C’est l’une des façons dont nous tentons de redéfinir la diplomatie, le développement et l’art de gouverner au XXIe siècle.
Nous avons récemment tenu un sommet sur l’entreprenariat à Washington où nous avons invité de jeunes créateurs d’entreprises de pays principalement à majorité musulmane qui ont du mal à exploiter le potentiel de leurs habitants dans le domaine de l’entreprenariat. Je pense que les participants sont venus en partie parce que c’était un voyage gratuit à Washington, mais aussi parce qu’ils étaient curieux, ils se demandaient ce que nous voulions. Et ce que nous voulions, c’était leur donner les moyens d’agir, comme nous cherchons maintenant à le faire pour vous.
Nous recherchons des leaders qui comprennent que donner plus de pouvoir aux citoyens est dans l’intérêt de tous. Le monde actuel – où le pouvoir vient du haut d’une hiérarchie – ne peut pas durer. Oh, il peut se maintenir pendant des années, mais il ne peut pas durer indéfiniment. Il y a trop de moyens qui permettent aux gens d’obtenir d’énormes quantités d’information. Et la technologie entraînera la chute de certains gouvernements.
J’espère que l’Afrique va se diriger vers l’e-gouvernement, pour vous permettre d’obtenir plus rapidement les documents dont vous avez besoin pour créer une entreprise ou pour immatriculer une voiture sans avoir à passer par toutes sortes de personnes. Nous sommes à la recherche d’idées de ce type et nous voulons vous aider à les réaliser et à les répandre.
Je suis ravie quand je pense à ce qui est possible pour votre génération en Afrique. Mais vous savez aussi bien que moi que vous êtes ici en partie parce que vous avez déjà réussi. Et un grand nombre d’entre vous auriez la possibilité d’aller presque partout dans le monde à la recherche de vos rêves. Mais vous êtes ici parce que vous vous souciez de l’avenir de votre famille, votre communauté, votre pays. Et je vous recommande la persévérance.
Le changement n’est pas facile. Beaucoup de ceux qui tentent d’apporter des changements peuvent connaître la frustration, voire le découragement. Mais c’est un effort qui en vaut tellement la peine, à la mesure de vos talents et de votre engagement.
Vous avez reçu une éducation bien supérieure à celle de la plupart des gens que vous connaissez ou que vous voyez de votre voiture. Vous êtes ici parce que vous avez eu des opportunités et vous les avez saisies. Notre objectif est de vous aider à exprimer votre vision et à la concrétiser. Parce que cela ne sera pas seulement pour vous – bien que j’espère que vous remporterez tous du succès dans les activités que vous choisirez d’entreprendre – mais cela aidera à ouvrir des portes et à supprimer des obstacles ; et lorsque les gens, en particulier les jeunes, verront ce que vous faites, ils sauront qu’ils pourront aussi changer leur avenir.
Bonne chance lorsque vous rentrerez chez vous après ce forum. J’espère que vous serez rempli d’énergie et de la certitude que, quelles que soient les difficultés que vous rencontrerez, vous avez des amis et des partenaires qui veulent absolument que vous réussissiez.
Je vous remercie du fonds du cœur. (Applaudissements.)