De jeunes musulmans du quartier Kilomètre 5 protègent l’église Saint-Mathias (au fond) . «C’est exceptionnel, au regard de ce qui est en train de se passer dans le pays», explique le curé de la paroisse. Crédit photo : Camille Lepage / Hans Lucas
L’église et la minorité chrétienne sont protégées par de jeunes musulmans du quartier.
Ils sont mobilisés 24 heures sur 24. Le jour, une équipe de trois ou quatre personnes. La nuit, ils sont une trentaine devant l’église catholique Saint-Mathias, au cœur du quartier musulman Kilomètre 5, à Bangui. Alors que la capitale centrafricaine est bouleversée depuis le début du mois de décembre 2013 par des violences opposant chrétiens et musulmans, de jeunes musulmans se sont mobilisés pour protéger la minorité chrétienne du quartier.
Assis sur une chaise en plastique blanche, non loin de l’église Saint-Mathias, Mahomat Chaïbu, 25 ans, étudiant à l’école coranique, est à l’origine de cette initiative. Il se souvient : « Lorsque, le jeudi 5 décembre, la Séléka (1) et les anti-balaka (2) se sont affrontés dans les rues de la ville, les plus folles rumeurs ont circulé. J’ai aussitôt appelé mes amis afin d’organiser notre protection. »
« C’EST EXCEPTIONNEL, AU REGARD DE CE QUI EST EN TRAIN DE SE DÉROULER DANS TOUT LE PAYS »
À 11 heures, les premiers cadavres, épouvantablement outragés, sont arrivés à la mosquée Ali-Babalo, pas loin de l’église. La peur et la colère se sont répandues comme une traînée de poudre, raconte-t-il. La nouvelle de l’incendie d’une mosquée a ajouté de la colère à la colère. « Autour de la mosquée, on entendait : “Il faut faire payer les chrétiens. Faisons-leur ce qu’ils nous font, brûlons une église.” Puisque je voulais protéger nos voisins, cela voulait dire aussi les chrétiens. Nous nous sommes postés autour de l’église. Depuis, nous la veillons sans relâche. »
Le curé de la paroisse, l’abbé Benjamin Tito Soya, n’en revient toujours pas : « Quand Mahomat est venu me voir, le dimanche suivant, pour m’exposer leur rôle, j’ai été stupéfait. J’avais bien vu ces jeunes. Je croyais qu’ils nous surveillaient, nous voulaient du mal. Or, ils nous protégeaient. La surprise a été totale. C’est exceptionnel, au regard de ce qui est en train de se dérouler dans tout le pays », explique le prêtre, dans la cour de sa concession où se sont réfugiés 150 déplacés.
PAR LAURENT LARCHER (à Bangui)
Lire la suite; Source : La Croix
Assis sur une chaise en plastique blanche, non loin de l’église Saint-Mathias, Mahomat Chaïbu, 25 ans, étudiant à l’école coranique, est à l’origine de cette initiative. Il se souvient : « Lorsque, le jeudi 5 décembre, la Séléka (1) et les anti-balaka (2) se sont affrontés dans les rues de la ville, les plus folles rumeurs ont circulé. J’ai aussitôt appelé mes amis afin d’organiser notre protection. »
« C’EST EXCEPTIONNEL, AU REGARD DE CE QUI EST EN TRAIN DE SE DÉROULER DANS TOUT LE PAYS »
À 11 heures, les premiers cadavres, épouvantablement outragés, sont arrivés à la mosquée Ali-Babalo, pas loin de l’église. La peur et la colère se sont répandues comme une traînée de poudre, raconte-t-il. La nouvelle de l’incendie d’une mosquée a ajouté de la colère à la colère. « Autour de la mosquée, on entendait : “Il faut faire payer les chrétiens. Faisons-leur ce qu’ils nous font, brûlons une église.” Puisque je voulais protéger nos voisins, cela voulait dire aussi les chrétiens. Nous nous sommes postés autour de l’église. Depuis, nous la veillons sans relâche. »
Le curé de la paroisse, l’abbé Benjamin Tito Soya, n’en revient toujours pas : « Quand Mahomat est venu me voir, le dimanche suivant, pour m’exposer leur rôle, j’ai été stupéfait. J’avais bien vu ces jeunes. Je croyais qu’ils nous surveillaient, nous voulaient du mal. Or, ils nous protégeaient. La surprise a été totale. C’est exceptionnel, au regard de ce qui est en train de se dérouler dans tout le pays », explique le prêtre, dans la cour de sa concession où se sont réfugiés 150 déplacés.
PAR LAURENT LARCHER (à Bangui)
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