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AFRIQUE

Centrafrique : Comprendre l'opération de Bambari et le risque d'un nettoyage ethnique


Alwihda Info | Par Alwihda Info - 25 Mai 2014


A Bambari, ville située à 383 kilomètres de la capitale Bangui, les forces françaises de l'opération Sangaris tentent depuis plusieurs jours de désarmer de force des hommes armés issus de la Séléka. La coalition dit pour sa part vouloir "contrôler le secteur pour éviter l'anarchie" et a déjà reçu le soutien de factions Anti-Balaka dont le Mojerca. La question qu'il faut se poser, pourquoi la Séléka s'oppose farouchement au désarmement de ses combattants postés dans cette ville ? Il y a près de deux mois, des forces françaises de Sangaris sont venus à Bambari et ont tenté un désarmement de la Séléka, les populations s'y sont opposés sous prétexte que ces derniers les protègent d'éventuelles exactions et assurent "la sécurité dans le secteur".


L'armée française était présente au congrès de la Séléka de N'Délé et a participé à son organisation en encadrant et en assurant la sécurité, d'où les remerciements de la coalition à la France qui avait connaissance des conclusions du sommet, notamment de la constitution d'un Etat-major de la Sélaka et l'installation à Bambari. Une délégation gouvernementale a également assistée au congrès de la Séléka à N'Délé ;

- Il s'en suit l'assemblée générale des Anti-Balaka qui à leur tour font un grand pas vers la paix, bien qu'une faction extrémiste refuse de s'associer aux discussions, marquant une division. Toutefois, "ceux qui n'ont pas assisté à l'assemblée générale sont hostiles à la paix", affirmera le nouveau coordonateur des Anti-Balaka ;

- Quelques jours plus tard, le gouvernement centrafricain annonce "à sa grande surprise" qu'il ne peut y avoir deux Etats-major dans un pays et proclame l'illégitimité dudit Etat-major ;

- La Séléka qui contrôle la ville Bambari y installe des Directeurs de Gendarmerie et de Police, titre le site d'informations "kangbi-Ndara". Ce que confirme l'Etat-major de la Séléka à Alwihda Info, afin "d'éviter l'anarchie".

- L'opération française Sangaris déploie une centaine de blindés en direction de Bambari afin de désarmer la ville, la tension monte, les populations sortent dans les rues et manifestent leur hostilité à tout désarmement. Des combats ont lieu entre forces françaises -qui utilisent l'aviation pour bombarder la ville et de l'arme lourde- et la Séléka. Un sentiment anti-français se crée dans la ville et plusieurs journalistes d'une grande radio française échappent à un lynchage. Les chrétiens de la ville se sentent menacés et se réfugient mais un appel est lancé dans une radio locale pour rassurer et la Séléka assure garantir la sécurité de la population sans distinction religieuses, malgré des cas isolés d'extorsions par des habitants contre des chrétiens.

- Les Anti-Balaka ont un poste avancé à 40 km de Bambari (RN2) et une base à 80 km à Grimari. En véhicule, il leur faut moins d'une heure pour rejoindre la ville et l'attaquer en cas de désarmement par les soldats français.

- Le désarmement de Bambari pourrait s'avérer catastrophique dans la mesure où les Anti-Balaka sont tout juste à quelques kilomètres et projettent une attaque sur la ville, ce qui provoquerait un énième nettoyage ethnique en continuité au génocide en cours des musulmans. Les populations sont terrifiés à l'idée d'un désarmement et leurs inquiétudes sont légitimes.

"Les survivants du nettoyage ethnique en Centrafrique se souviendront toute leur vie de cette phrase « Les français nous ont promis qu'ils vont attaquer le quartier et qu'on sera derrière pour faire le reste », prononcée par un chef Anti-Balaka", rappelle avec émotions un combattant Séléka à Bambari. En effet la stratégie du "double filtrage" rappelle de mauvais souvenirs, dans un reportage diffusé sur une télévision française, une complicité entre les soldats français et les Anti-Balaka est révélée, ce qui justifie une certaine méfiance contre les soldats français. A ce jour, aucun média ou journaliste français n'a tenu à enquêter sur ces preuves. Le silence des autorités françaises sur ce reportage accroit les doutes à l'égard de la mission Sangaris qui a cependant été décisive pour stopper les exactions d'éléments Séléka incontrôlés.

Enfin, selon nos confrères de Kangbi-Ndara , « les éléments français de Sangaris auraient demandé du renfort aux milices d’autodéfenses antibalaka pour combattre la Séléka après l’incendie de deux de leurs véhicules par les habitants de Bambari. »

Par ailleurs, Sangaris veut évacuer la ville Bambari. Ce qui sous-entend un prélude à un désarmement par neutralisation aérienne de Bambari.

Témoignages

« Si le calme est revenu, c''est parce qu'il n'y a plus assez de musulmans à massacrer »

« Ne nous voilons pas la face. Qui parle du soit-disant '"calme revenu à Bangui entre les communauté" ? Si le calme est revenu, c''est parce qu'il n'y a plus assez de musulmans à massacrer. Qu'on me dise aujourd'hui si un musulman peut quitter le Km5 et aller en ville tranquillement, en passant par n'importe quel chemin (miskine ou castor ou Av. B.BOGANDA) ? Impossible sans qu'il ne se fasse tuer. Et comme par hasard, après le "nettoyage" au Nord et Nord-ouest, Sud et Sud-ouest ainsi que Bangui, la Sangaris continue vers Bambari pour aller jusqu''à Ndelé et Birao, amenant avec elle les Anti-Balaka pour nettoyer derrière elle », souligne Bosco Zoubem.

« Soit les selekas acceptent le marché truqué des français et ils seront humiliés et le genocide va se poursuivre vers le Nord »

Pour Ali, "Sa sera un tournant : Soit les selekas acceptent le marché truqué des français et ils seront humiliés et le genocide va se poursuivre vers le Nord, soit ils se battent et les 300 soldats français vont rebrousser chemin et le genocide sera éviter. (...) Il faut eviter que l'histoire se répète deux fois (Ndlr : Génocide rwandais de 1994 avec les milices interawé)".



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