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AFRIQUE

Centrafrique : De l’autopsie des FACA à la création unilatérale d’une nouvelle Armée Républicaine


Alwihda Info | Par Henri DIOGÈNE - 30 Juillet 2013



La République Centrafricaine a été fortement ébranlée depuis le 10 décembre 2012 avec la naissance d’une rébellion dénommée SELEKA. Cette rébellion se diverge des précédents non seulement par son mode opératoire dans les tactiques de combats, mais qu’en sus, les parrains et caciques de cette rébellion ont inscrit dans leur agenda, un projet déstabilisateur de mettre tout en cendre. C’est ainsi que dès les premières heures du déclenchement des hostilités, l’administration n’a été épargnée, toutes les institutions incarnant l’État, les symboles de la République, immortalisant l’histoire de la nation ont été littéralement soit pillé pour ne pas laisser de trace, soit emportés pour d’autres destinations. Cette folie meurtrière et de destruction a atteint son point culminant à partir du 24 mars 2013 avec la prise de la capitale Bangui. En tout cas, tous les ingrédients étaient déjà réunis pour prolonger la souffrance d’une population déjà au seuil de l’extrême pauvreté du malthusianisme économique. Comment expliquer d’une part une telle avancée aussi fulgurante soit elle et en une vitesse éclair des éléments Séléka sur le théâtre des opérations ? Notre armée nationale n’a-t-elle pas du tout déméritée pour qu’à chaque fois, sous prétexte d’un repli tactique, elle a pu et à chaque fois capitulée devant l’ennemi ? Mais pourquoi ce désastre ? Certes parce qu’il y’a eu trahison de la patrie au rang desquels figure en bonne place un bon nombre d’officiers.
 
Par principe, l’armée est apolitique. Elle est investie de la mission cardinale de veiller au grain sur la défense de la patrie assortie du serment de défendre l’intégrité territoriale. L’armée a toujours joué un rôle prédominant dans l'histoire de la république centrafricaine. Telle n’est pas la réalité aujourd’hui. L’armée centrafricaine s’est démarquée de sa mission régalienne. Le clientélisme, l’amateurisme, le manque de cohésion et d’harmonie (esprit de corps), la mauvaise manière de servir ont été le nœud gordien qui nous conduit à l’échafaud. Par ce comportement, l’armée à signé son acte de décès pour devenir l’otage et l’esclave d’une bande d’aventurier sans cœur ni conscience et c’est le peuple centrafricain qui paie le lourd tribut. Que dirait t’on aujourd’hui d’un officier ayant reçu son galon au prix d’un dur labeur, en comparaison d’un énergumène soldat de 2è classe ou d’un civil qui arbore avec emphase et de manière outrecuidante le grade de colonel, général et qu’un officier gradé digne de ce nom puisse aller lui rendre honneur ? C’est pour dire que nous sommes tous assis sur un volcan. Le tissu social aura du mal à se colmater. Les plaies sont trop béantes pour se refermer au bout d’une décennie. Ce qui promet de lendemain difficile même sans Djotodia. En négligeant délibérément de combattre la force ennemie, l’armée centrafricaine a perdu tous ses repères pour redevenir un supplétif de l’armée tchadienne aux ordres de N’Djamena et des paranoïas de Deby qui décide de tout. La nomination de nombreux tchadiens musulmans au perchoir en sont l’une des illustrations.
 
Ceux qui ont ternie l’image de notre armée, sont d’abord ces vieux généraux inactifs sur le terrain, mais budgétivores, laxistes et corrompus. Jetant en pâtures les secrets de la défense qui engagent la vie de toute une nation. Que y’a-t-il de d’anormal ou de coupable lorsque les gouvernants s’en procurent de matériels et autres arsenaux militaires pour insuffler une dynamique à une armée ? En Centrafrique, poser un tel acte, est considéré comme un crime. Tel est le cas du nébuleux Prosper NDOUBA du quotidien en ligne (Centrafrique Presse Info), qui par des affabulations grotesques a jeté l’opprobre sur le pays. C’est ainsi qu’il est aujourd’hui récompensé du poste de Ministre, conseiller spécial de DOTODJIA.
 
Même la plupart des jeunes officiers sortis des grandes écoles de formation, des académies militaires brillent par une inertie, une incompétence notoire et un manque du devoir de servir. L’armée qui est la grande muette sert maintenant d’appât aux appétits voraces des politiciens, des secrets dévoilés aux organes de presse, des plans de tactiques de combats éventés au grand jour. Bref !la définition de l’armée se disant apolitique n’est qu’une leurre, une réalité de façade. Puisque ce sont nos officiers qui ont trahit la nation centrafricaine puis de sacrifier le peuple aux mains des bourreaux et autres mercenaires sanguinaires. La plupart sont des hommes malléables, imbu d’esprit mercantile et obnubilés par les affaires, le grand luxe que de défendre la patrie au nom de laquelle ils ont prêté serment. Comment expliquer aussi le fait que des officiers ayant des salaires et autres traitements considérables par rapport à un fonctionnaire de la fonction publique puissent s’apitoyer et de détourner les maigres indemnités (PGA) et salaires des soldats qui sont actifs sur le terrain sous de fallacieux prétexte de sanctions ? Sur le théâtre des opérations lorsque les FACA était en bute avec les seleka, qu’est ce qu’on n’a pas constaté sur différents fronts ? Depuis Ndélé en passant par Bria, le commandement des opérations ne faisait que demander aux troupes de décrocher sans combattre. Pire encore, à Bambari, dans le feu des combats, les hauts gradés se sont battu en retraite, abandonnant les éléments qui au moment de se rabattre pour s’approvisionner en minutions avaient la désagréable surprise de constater que leurs supérieurs ont prit la poudre d’escampette. Complicité ou capitulation ? En tout cas, la réponse n’est pas à rechercher dans les profondeurs des pensées. A chaque front, Djotodia et ses complices ont corrompu nos officiers par des pourboires. Une moto précède la ligne de front pour remettre de somme d’argent à celui qui conduisait la troupe. Les arsenaux et matériels remis pour le combat sont parfois sciemment abandonnés pour ravitailler séléka.
 
Lorsque Séléka a enclenchée les hostilités, l’opposition dite démocratique servait de courroie de transmission entre et le milieu opérationnel des FACA et séléka. Par ce biais, les officiers FACA subrogés ont reçu chacun un pactole en espèce sonnante et trébuchante. Même le général DOLE WAYA qui a fait preuve d’une prouesse héroïque lors de l’attaque des éléments de BABA LADE, est également tombé plus bas. Non seulement du fait qu’il ait accepté le poste de Chef d’Etat Major alors que ses frères d’armes sont constamment traqués, tués par des dizaines pour ne se faire entourer que par une cohorte de mercenaires tchado soudanais arborant avec emphase des grades de Colonel, Généraux etc,qu’ils ont reçu dans quel centre de formation ou académie militaire d’où on ne sait. Mais que de tel comportement d’un officier de si haut rang, qui a un cursus militaire bien rempli, mérite probablement des questionnements. 
 
Depuis toujours, le général DOLE WAYA entretien une relation étroite avec feu Charles MASSI président fondateur du FODEM (Forum Démocratique pour la Modernité) avec des ramifications sous-jacentes. A fortiori, avec son fils adoptif Nerris, porte parole de la Séléka avec qui il filtrait les informations concernant les dispositifs des FACA. La preuve pourrait se vérifier à travers les différents commentaires et précisions de ce dernier sur les médias à l’époque des faits.
 
C’est au regard de tous les services rendus que Djotodia l’a nommé chef d’état major, mais sans base consistante, d’autant plus que les éléments qu’il est appelé à commander sont à 90% des non centrafricains, des gens d’une autre culture, d’une autre civilisation sans notion de base sur le métier des armes mais ne sachant qu’appuyer sur la gâchette avec le style de combat par choc inhérent au pays de notre voisin le déstabilisateur. Fera t’il long feu avec cette trahison qu’il porte en lui jusqu’à la moelle osseuse et de s’exonérer des charges qui pèsent sur sa conscience ?
 
Aussitôt dit, aussitôt fait. Djotodia sur instruction expresse de son mentor et colonisateur de Centrafrique Idriss Deby a décidé contre toute attente, de changer l’appellation Forces armées Centrafricaines (FACA), avec une nouvelle Armée Républicaine Centrafricaine (ARC), battant en brèche la fierté nationale que représente cet attribu, les symboles de la nation inaugurés au début de l’indépendance de notre pays. Feu Jean Bédel BOKASSA, sur appel du feu président David DACKO ont à travers l’histoire, imprimés une marque de conscience nationale en créant l’armée centrafricaine et il sera injuste pour des personnes ayant martyrisé le peuple de s’arroger ce rôle. A moins que derrière cette façade de changement de terminologie se cachent des velléités islamophobes.
 
Depuis toujours, Djotodia et sa clique manifestaient la ferme volonté de saper les bases qui constituent le socle de notre nation. Est-ce que la reforme du secteur de la sécurité nécessite un changement de dénomination des institutions surtout pour un pouvoir illégal, illégitime qui n’a pas reçu l’onction morale du peuple par le suffrage universel ? Cette question mérite un examen minutieux au cas par cas. Mais par delà tout, cette soit distante Armée Républicaine de Centrafricaine (ARC), ne sera qu’un groupe supplétif aux ordres de N’Djamena et de « l’empereur de centrafrique Idriss Deby », puis un danger, facteur d’embrasement pour l’Afrique en générale et la sous région d’Afrique Centrale en particulier.
 
Homme lige de Deby, Djotodia a emboité le pas à son mentor qui déclarait fin mars début avril sur rfi (radio France internationale), dans l’émission « Internationale », que la RCA ne dispose d’aucune armée nationale, d’aucune force de police ni de gendarmerie et qu’il fallait tout reprendre à zéro, ignorant au passage qu’il existait des hommes et des femmes qui ont fait le renom de cette armée avec une conscience nationale de défendre la patrie. Cette déclaration n’est pas passée inaperçu aux yeux des observateurs politiques avisés. Pas plus tard, qu’hier encore, Djotodia nous ait fait l’une de ses rodomontades biscornues en martelant et régurgitant les même propos de son maitre, ignorant les FACA. « Réellement, ces gens-là n’existent plus, a reconnu le président par intérim. Il faut qu’ensemble nous reconstituions l’armée centrafricaine, une nouvelle armée. Une armée que nous dénommons déjà l'Armée républicaine de Centrafrique. Ce ne sera plus les Faca. Il faut une armée forte. Nous allons faire le brassage. Les ex-Séléka et les ex-Faca vont former une nouvelle armée. » sans calcul des conséquences qui en découleront. Encore une fois de plus Djotodia a craché au visage des centrafricains. Quel sera l’équilibre des forces qui vont intégrer d’une part cette fameuse ARC du moment où le président de la transition ignore en même temps l’existence des éléments FACA et de parler de brassage d’autre part si ce n’est pas une force constituer exclusivement des islamistes séléka au vu de l’effectif infime des FACA ?
 
En créant la fameuse ARC, le président de la transition veut asseoir une armée aux ordres de Deby et sur lequel ce dernier pourrait s’appuyer pour préserver son pouvoir en cas d’attaque, mais aussi, d’étendre l’éventail de son hégémonie en s’attaquant au Congo Brazzaville, la RDC, le Sud Soudan en passant par la partie septentrionale du Cameroun. Et d’aventure si ses adversaires parvenaient à l’éjecter du pouvoir, ce serait à partir de cette base arrière que constitue la Centrafrique qu’il aurait à s’appuyer pour se réorganiser. En tout état de cause, l’avenir nous en dira plus.

Henri DIOGÈNE




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