La vérité est comme une fumée que nul ne peut emprisonner. De même le mensonge rattrape toujours son auteur. Il est une comme une ceinture qui n’attache que son propriétaire.
Le 12 septembre 2013, le président de la transition Michel Djotodja Amnondroko a, par décret n°13.334, annoncé la « dissolution » de la tristement célèbre « Séléka » dont lui-même est issue pour arracher le pouvoir. Ce décret précise en son article 2 que « Tout individu ou groupes d’individus agissant au nom de la coalition Séléka et de la CPJP après la publication du présent décret, seront considérés comme ayant volontairement participé à une action commise en bande et à force ouverte et s’exposeront ainsi aux sanctions prévues par les lois de la République ».
Précisant ses intentions de rompre définitivement avec l’impunité, lors d’une interview qu’il a accordée au journal français « Libération » le 18 septembre 2013 (Par Maria Malagardis), Michel Djotodja a affirmé sans détour : « Nous exigerons aussi que soient traduits en justice tous ceux qui veulent déstabiliser le pays » ; « Quant à ceux qui ont commis des exactions, ils seront jugés. L’impunité, c’est fini ».
Il est vrai que cette dissolution est un trompe-œil. C’est un non-événement. Je me réserve cependant le droit de faire quelques commentaires ultérieurement.
Lui emboîtant le pas, son alter-égo, le premier Ministre du GUNT Nicolas Tiangaye et certains membres de son gouvernement, n’ont cessé, tour à tour, de clamer haut et fort qu’il n’y aura plus d’impunité en République centrafricaine et que tous les auteurs et complices des atrocités commises contre les populations seront poursuivies et traduits en justice.
Dans sa déclaration à la tribune de l’ONU le 26 septembre 2013, Nicolas Tiangaye a affirmé:
« Le gouvernement ne laissera pas des criminels et des bandits de grands chemins plonger notre pays dans l’anarchie et dans le chaos ».
« Je déclare solennellement que les crimes commis ces derniers jours à Bangui et dans ses environs ne resterons pas impunis. Les auteurs et complices des assassinats perpétrés contre les paisibles citoyens seront recherchés, et poursuivis jusque dans leurs derniers retranchements. Je demande à la justice de diligenter dans les meilleurs délais une enquête pour retrouver les auteurs de ces actes crapuleux qui ne cessent d’endeuiller et de discréditer la République Centrafricaine ».
Dans un communiqué lu le dimanche 5 octobre à la radio nationale, le pasteur ambivalent, toujours pressé, ambigüe, opportuniste, versatile, et « retourneur » de veste Josué Binoua Dongomo a, en sa qualité de ministre de la Sécurité et de l’ordre public, déclaré et promis fermement que : « Les auteurs de crimes et des exactions graves enregistrés ces derniers temps sur la population de certaines régions du pays ne resteront pas impunis ».
« Aucun crime, aucune exaction avérée n’est légitime et ne restera impuni ».
« Son ministère mettra tout en œuvre pour rechercher les auteurs de ces crimes, afin de les traduire devant la justice centrafricaine ».
Arsène Séndé alias « Assan » de son vrai prénom islamique qu’il a francisé, descendant de l’ethnie « Youlou » de Birao, membre actif de la Séléka, devenu Ministre de la justice par la force des choses a, quant à lui, affirmé le 11 juin 2013 devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU que : « Les attaques contre les civils y compris les pillages et les destructions des biens, les représailles et punitions collectives, les exécutions sommaires et les mauvais traitements imputables aux forces de sécurité d’alors et mentionnés dans le rapport de Human Rights Watch de 2007, n’ont jamais été punies, tout simplement parce que ce régime défunt y faisait ombrage et refuse de présenter ou de remettre leurs auteurs à la justice » ;
« Les actions de restauration de la paix et de la sécurité se heurtent à deux (2) types de difficultés : au niveau interne, l’on note la persistance des exactions de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), les activités de banditismes des coupeurs de route ainsi que des hommes armés fidèles à l’ancien président François BOZIZE et le braconnage dans la région de Nola.
Au plan externe, les difficultés proviennent de la porosité des frontières et une circulation massive et transfrontalière des armes légères et de petit calibre ».
Toutes ces déclarations, laissent entrevoir à première vue un engagement ferme et solennel des autorités de la transition de rompre définitivement avec le bourbier de l’impunité qu’elles ont-elles-mêmes orchestré, planifié, et érigé en système de gouvernance. Malheureusement il s’agit encore d’un simple effet d’annonce dans le dessein cynique de tromper une fois de plus le peuple et d’empêcher la communauté internationale de s’impliquer davantage dans la résolution de la crise.
Quel est alors à ce jour le bilan des actions et mesures prises pour enrayer l’impunité et que l’on peut inscrire à l’actif des acteurs de la transition ?
A mon humble avis, depuis le début des atrocités à ce jour, un seul procès a été organisé pour punir quelques menus fretins égarés (22 condamnés dont 5 évadés) qui, se sont rendus coupables de braquages, pillages et actes de vandalisme à l’encontre de certaines personnalités parmi lesquels messieurs Gilles Gilbert Grezenguet, Hyppolite Marboua, Firmin Findiro, Noubarassem John pour ne citer que ceux-là. On note aussi trois (3) commandants de zone de Séléka arrêtés tambour battant ces derniers temps.
Alors à combien peut-on aujourd’hui estimer le nombre des victimes de la nébuleuse Séléka, lorsqu’on sait que tout le pays, mis en coupe réglé, est passé au peigne fin par les envahisseurs sous le regard complice, cynique et « vampireux » des autorités de la transition qui se donnent le luxe de clamer haut et fort la fin de l’impunité, sans action concrète de leur part? Quel est le nombre des procédures ou d’enquêtes engagées ? Quels sont les procès en cours ? Peut-on avoir une idée précise sur le calendrier ?
Monsieur Djotodja, pouvez-vous situer l’opinion nationale et internationale sur l’applicabilité de votre décret de dissolution de votre branche armée la Séléka ? A quand la fin de l’impunité par vous proclamée?
Le duo Djotodja-Tiangaye, les ministres de la Justice Assan Sendé et de la sécurité publique Josué Binoua Dongomo, qui ont pourtant promis officiellement de poursuivre et faire juger tous les auteurs, sans exclusif, doivent répondre à ces questions.
En réalité, suite aux enquêtes que j’ai menées personnellement lors de mon dernier séjour à Bangui, les actions insignifiantes des autorités de la transition, quant au rétablissement de la paix et de la sécurité ainsi qu’à la répression des auteurs d’exaction, sont le reflet de la main qui cache mal la forêt. Aujourd’hui, plusieurs faits dont la plupart sont commis par les autorités de la transition, leurs parents, leurs proches et leur branche armée sont volontairement occultés et ignorés. Pour votre gouverne, je me permets ici de citer quelques faits précis :
- Le camion bétaillère de la SEGA vendu par l’ancien Ministre joseph Kalité, médecin de son état et parent de Michel Djotodja. Aussi, plusieurs véhicules volés sont parqués dans ses propriétés. Par ailleurs, ce dernier fait de la transaction sur les véhicules dont les propriétaires parviennent à les retrouver dans ses villas qui sont bien protégées par les hommes de la séléka. Le cas de l’ancien Député Aurélien-Simplice Zingas, à qui il a exigé un montant de 1.500.000 FCFA avant la restitution de son véhicule, n’est que la face visible de l’iceberg.
- Des dizaines de véhicules volés sont convoyés sous bonne escorte à plusieurs reprises au Soudan, courant avril à mai 2013, par le barbu, le fameux général en carton Oumar « Sodiam », « Nagbata » (artisan minier) de son état, actuellement conseiller militaire à la présidence de la République. Celui-ci, dépourvu de toute expertise, participe à la prise des grandes décisions dans tous les domaines aux côtés de Michel Djotodja. Ce trafic lucratif, succulent et sulfureux, fait sur le sang et la sueur des centrafricains, est une opération montée en communion avec le sacro-saint général Moussa Assimeh, Michel Djotodja ainsi que son parent ministre de la Défense, le général Bertrand Mamour.
- Des dizaines de véhicules volés sont cachés chez le magistrat Arnaud Djoubaye-Abazène, ministre des Transports et frère cadet de Michel Djotodja. Pour faire perdre leur trace, certains véhicules sont repeints même de nuit. Un ancien membre du dernier gouvernement du régime Bozizé, dont je tais provisoirement le nom pour des raisons liées à sa sécurité personnelle et qui a pu localiser son véhicule de marque Toyota pick-up dans l’une des concessions de cet ancien premier Substitut du procureur de la République, devenu ministre par la force des choses, n’a pu le récupérer à cause de la résistance farouche de ce dernier devenu trop puissant, à l’instar de son frère cadet le tout puissant, mégalomane, orgueilleux, prédateur et nullissime ministre des mines Gontran Djono Ahaba. Le comble est que, c’est à Djoubaye et Assan Sendé que Djotodja a confié la fameuse opération de récupération des véhicules volés. Allez-y comprendre la suite !
- Des religieux, artisans de la paix sont humiliés, brutalisés et atteints dans leurs corps physique. C’est le cas de Monseigneur Matos, Evêque du diocèse de Bambari frappé par un officier de la Séléka, du Prêtre tué à Kouango, du Prêtre de Bossangoa obligé de transporter sur la tête des produits volés au site du séminaire de son diocèse pour les déposer à la base de la Séléka de Bossangoa, du Prêtre de la paroisse Saint-sauveur blessé grièvement à la jambe et son véhicule emporté par la séléka. Le Pasteur Grekoyamé, qui n’a fait que dénoncer l’injustice criante perpétrée sur la population, a été arrêté sur instruction de notre liberticide Assan Séndé avec la complicité macabre de Josué Binoua Dongomo, ministre de la sécurité. Pour mémoire, ce dernier lui en voulait depuis belle lurette pour le fait qu’il lui a demandé de séparer la mission pastorale qui est divine de la politique. On s’interroge si « l’innocent » Assan Séndé, magistrat et ministre de la justice de son état, est au parfum de tous ces faits et qu’il a déjà pris les dispositions nécessaires.
- Plusieurs centaines de véhicules appartenant aux ONG humanitaires, aux particuliers, aux opérateurs économiques, à l’Etat et aux confessions religieuses dont plus d’une centaine pour la seule mission catholique sont portés disparus à ce jour. Malgré les dénonciations faites à cor et à cri, Michel Djotodja, qui a pourtant officiellement promis de les récupérer et de les restituer aux propriétaires, n’a pas bougé d’un cran. Peut-être qu’Assan Séndé a déjà ouvert des enquêtes dont le peuple n’est encore au courant. Attendons de voir !
- Les exactions du 20 août dernier au quartier Boy-rabe, ont été perpétrées suite aux instructions données par le premier Ministre Nicolas Tiangaye à l’ancien Ministre de la Sécurité, le sinistre général d’opérette Noureldine Adam qui, de concert avec le funeste Djandawid, le général Moussa Assimeh, ont fait un nettoyage au karcher et à sec des quartiers Boy-rabe, Boeing, Ngaragba, Ouango et de leurs environs. Pour étouffer cette hécatombe, Djotodja et Tiangaye ont trouvé mieux de lui confier désormais la gestion de la police politique du régime, le fameux Comité Extraordinaire de Défense des Acquis Démocratiques (CEDAD).
Quant au lugubre Djandjawid Moussa Assimeh, il a été élevé, au début du mois d’octobre, au grade de commandeur de l'ordre national de la reconnaissance centrafricaine pour sa funeste et nébuleuse participation aux « opérations de désarmement » des quartiers de Boy-rabe et autres. Pour couronner le tout, malgré les cris des populations, les concerts de casseroles et les pressions exercées pour le jugement ou l’éloignement forcé de ce sanguinaire dans son pays d’origine, monsieur Djotodja a préféré lui offrir une retraite dorée dans sa propre région natale de Birao, en terre centrafricaine pour attendre le moment venu, afin de refaire surface et continuer dans la logique mortifère, base première du fondement du pouvoir de Tiangaye et Ziguele, devenus vampires pour le pouvoir, rien que le pouvoir.
Là où le bât blesse, c’est que notre défenseur des droits de l’homme Nicolas Tiangaye, les éminents juristes avocats et magistrats Henri Pouzere, Crépin Mboligoumba, Jean-Jacques Demafouth et Jean-Claude Mbomi Siopathis, eux aussi défenseurs des droits de l’homme par excellence et acteurs principaux de la transition, ont gardé un mutisme, un silence complice et coupable. Est-ce la récompense à donner à quelqu’un qui a suffisamment fait endeuiller des familles et couler le sang des centrafricains, lorsqu’on sait que l’impunité des auteurs de violation des droits de l’homme est encore une violation desdits droits ?
- Les représailles contre les populations de Bossangoa, Bouca, Kabo, Ndjoh, Koro-Mpoko, Benzambé, Zéré, Garga et autres ont été commises sous la direction éclairée de Michel Djotodja Amnondroko, chef suprême de la Séléka, qui a nommé ses hommes de main en qualité de commandant de zone pour faire ce travail de boucherie et semer la terreur au sein des populations.
- Les récents cas d’assassinat à Bangui sont l’œuvre d’une unité spéciale appelée « Section Bali » du nom du fleuve Oubangui, dirigée par un colonel soudanais de la Séléka et basée au camp de Roux, à la résidence du président par intérim Michel Djotodja. Pour illustration, le 14 juillet 2013, cinq (5) corps de personnes en état de putréfaction avancée étaient retrouvés sur le fleuve Oubangui aux environs de l’hôtel Oubangui. Ces personnes, dans le véhicule duquel 35 tee-shirt portant l’effigie du président déchu BOZIZE avaient été trouvés, étaient arrêtées à la barrière du PK 9 sur l’axe Bangui-M’Baïki par un contingent de Séléka. Deux jours plus tard, notamment le 16 juillet, deux autres cadavres d’hommes, mains liées dans le dos et pieds attachés à la méthode appelée « arbatacha » dans la langue vernaculaire de Djotodja et des hommes de la séléka, ont été repêchés dans la matinée, sur le fleuve Oubangui. La découverte a été faite par des piroguiers, au niveau des rochers de la Corniche, proche du Rock Hôtel. La piste des éléments de la Séléka dans cet assassinat a été mise en exergue, par la population du 7ème arrondissement de Bangui. Malheureusement rien n’est encore fait et cette liste n’est exhaustive.
Alors monsieur Michel Djotodja, pouvez-vous situer le peuple centrafricain et l’opinion internationale sur cet escadron de mort créé par vous-même, qui loge ensemble avec vous et qui fonctionne étroitement sous votre commandement ? L’impunité est-elle définitivement finie comme vous l’aviez proclamée ?
Que dit Nicolas Tiangaye, avocat, ancien président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH), premier Ministre et acteur principal de la transition, de toutes ces exactions ? Que pense-t-il de la mort de ces deux adolescents, victimes des instructions de son ministre de la sécurité Josué Binoua Dongomo, au moment de l’évacuation forcée du tarmac de l’aéroport Bangui Mpoko le 30 août 2013, occupé par la population pour fuir les exactions perpétrées par des combattants de Séléka, et exprimer son ras-le-bol face aux atrocités multiformes dont elle est victime ?
Monsieur Assan Sendé, magistrat de son état et ministre de la justice va-t-il se saisir de tous ces dossiers ? Y-a-t-il déjà d’enquêtes diligentées ? Pourra-t-il expliquer au peuple centrafricain les raisons pour lesquelles il a volontairement omis de citer les crimes odieux, les assassinats, viols, pillages, vols, destructions et autres abominations perpétrés par la Séléka, lors de son passage devant le Comité des droits de l’Homme, que de pointer seulement son doigt accusateur sur les exactions commises par les éléments de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), les coupeurs de route, les hommes armés fidèles à l’ancien président François BOZIZE, les braconniers dans la région de Nola et considérer la porosité de nos frontières comme cause de exclusive de l’insécurité dans le pays?
Pour l’heure, Nicolas Tiangaye et Assan Séndé qui sont complètement aveuglés par le sang des victimes centrafricaines, suite aux atrocités commises par leur propre groupe la Séléka, et ne comprenant pratiquement rien de l’enjeu actuel de la justice et des droits de l’homme en RCA, mais déconnecté totalement de la souffrance du peuple et de l’environnement international, cherchent par tout moyen d’obtenir l’élection de Martin ZIGUELE pour se tailler une place sur l’échiquier politique national après la période de transition.
Et pour la mise en œuvre de ce projet lugubre, Assan Sendé, qui fut le directeur de cabinet adjoint de Martin Ziguélé à l’époque, passe à l’action et fait la chasse aux sorcières. Avec la complicité habile de Nicolas Tiangaye et de son mentor Martin Ziguélé, il utilise la justice comme tremplin, en la caporalisant et en employant des manœuvres politiciennes d’un certain âge, pour entraver la liberté d’aller et venir des anciens dignitaires du régime déchu. A titre d’exemple: Célestin Leroy Gaombalet, Faustin Archange Touadéra, Emmanuel Bizot, Obed Namsio, Jean-Barkès Gombé-Ketté ont été empêchés manu militari de quitter le territoire pendant plusieurs mois, sans raison valable. Cette liste n’est pas limitative. Toutefois, concernant le cas de Jean-Barkès Gombé-Ketté, celui-ci a été soumis à une procédure judiciaire imaginaire, cavalière, concoctée en toutes pièces par Assan Séndé lui-même et qui finalement a accouchée d’une souris, grâce à la clairvoyance et à l’esprit d’indépendance des magistrats commis pour la cause. Furieux d’avoir subi un échec cuisant, notre liberticide Assan Séndé a fait muter tous les magistrats concernés en province, principalement dans la juridiction de la Cour d’Appel de Bouar. Aujourd’hui, des magistrats acquis à sa politique et sa logique, tels Ghislain Gresenguet, procureur de la République près le tribunal de Bangui, Eric Didier Tambo procureur général près la Cour d’Appel de Bangui sont positionnés pour exécuter à la lettre les basses besognes et barrer à tout éventuel concurrent à Martin Ziguélé.
De tout ce qui précède, le commun des mortels est tristement rassuré que ce n’est pas l’équipe actuelle de la transition, mouillée jusqu’au cou et maculée du sang innocent des centrafricains, prédateur par excellence qui pourra lui rendre justice. Toutefois, le peuple, en se mobilisant, doit continuer à espérer au-delà de ses souffrances car, tous ces bourreaux seront rattrapés par le Tribunal de l’histoire et que justice leur sera rendue.
Paris le 24 octobre 2013
Boniface POULOTO
Dr en Sciences Politiques option Stratégies, Analyses et gestion des conflits
Diplômé de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Le 12 septembre 2013, le président de la transition Michel Djotodja Amnondroko a, par décret n°13.334, annoncé la « dissolution » de la tristement célèbre « Séléka » dont lui-même est issue pour arracher le pouvoir. Ce décret précise en son article 2 que « Tout individu ou groupes d’individus agissant au nom de la coalition Séléka et de la CPJP après la publication du présent décret, seront considérés comme ayant volontairement participé à une action commise en bande et à force ouverte et s’exposeront ainsi aux sanctions prévues par les lois de la République ».
Précisant ses intentions de rompre définitivement avec l’impunité, lors d’une interview qu’il a accordée au journal français « Libération » le 18 septembre 2013 (Par Maria Malagardis), Michel Djotodja a affirmé sans détour : « Nous exigerons aussi que soient traduits en justice tous ceux qui veulent déstabiliser le pays » ; « Quant à ceux qui ont commis des exactions, ils seront jugés. L’impunité, c’est fini ».
Il est vrai que cette dissolution est un trompe-œil. C’est un non-événement. Je me réserve cependant le droit de faire quelques commentaires ultérieurement.
Lui emboîtant le pas, son alter-égo, le premier Ministre du GUNT Nicolas Tiangaye et certains membres de son gouvernement, n’ont cessé, tour à tour, de clamer haut et fort qu’il n’y aura plus d’impunité en République centrafricaine et que tous les auteurs et complices des atrocités commises contre les populations seront poursuivies et traduits en justice.
Dans sa déclaration à la tribune de l’ONU le 26 septembre 2013, Nicolas Tiangaye a affirmé:
« Le gouvernement ne laissera pas des criminels et des bandits de grands chemins plonger notre pays dans l’anarchie et dans le chaos ».
« Je déclare solennellement que les crimes commis ces derniers jours à Bangui et dans ses environs ne resterons pas impunis. Les auteurs et complices des assassinats perpétrés contre les paisibles citoyens seront recherchés, et poursuivis jusque dans leurs derniers retranchements. Je demande à la justice de diligenter dans les meilleurs délais une enquête pour retrouver les auteurs de ces actes crapuleux qui ne cessent d’endeuiller et de discréditer la République Centrafricaine ».
Dans un communiqué lu le dimanche 5 octobre à la radio nationale, le pasteur ambivalent, toujours pressé, ambigüe, opportuniste, versatile, et « retourneur » de veste Josué Binoua Dongomo a, en sa qualité de ministre de la Sécurité et de l’ordre public, déclaré et promis fermement que : « Les auteurs de crimes et des exactions graves enregistrés ces derniers temps sur la population de certaines régions du pays ne resteront pas impunis ».
« Aucun crime, aucune exaction avérée n’est légitime et ne restera impuni ».
« Son ministère mettra tout en œuvre pour rechercher les auteurs de ces crimes, afin de les traduire devant la justice centrafricaine ».
Arsène Séndé alias « Assan » de son vrai prénom islamique qu’il a francisé, descendant de l’ethnie « Youlou » de Birao, membre actif de la Séléka, devenu Ministre de la justice par la force des choses a, quant à lui, affirmé le 11 juin 2013 devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU que : « Les attaques contre les civils y compris les pillages et les destructions des biens, les représailles et punitions collectives, les exécutions sommaires et les mauvais traitements imputables aux forces de sécurité d’alors et mentionnés dans le rapport de Human Rights Watch de 2007, n’ont jamais été punies, tout simplement parce que ce régime défunt y faisait ombrage et refuse de présenter ou de remettre leurs auteurs à la justice » ;
« Les actions de restauration de la paix et de la sécurité se heurtent à deux (2) types de difficultés : au niveau interne, l’on note la persistance des exactions de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), les activités de banditismes des coupeurs de route ainsi que des hommes armés fidèles à l’ancien président François BOZIZE et le braconnage dans la région de Nola.
Au plan externe, les difficultés proviennent de la porosité des frontières et une circulation massive et transfrontalière des armes légères et de petit calibre ».
Toutes ces déclarations, laissent entrevoir à première vue un engagement ferme et solennel des autorités de la transition de rompre définitivement avec le bourbier de l’impunité qu’elles ont-elles-mêmes orchestré, planifié, et érigé en système de gouvernance. Malheureusement il s’agit encore d’un simple effet d’annonce dans le dessein cynique de tromper une fois de plus le peuple et d’empêcher la communauté internationale de s’impliquer davantage dans la résolution de la crise.
Quel est alors à ce jour le bilan des actions et mesures prises pour enrayer l’impunité et que l’on peut inscrire à l’actif des acteurs de la transition ?
A mon humble avis, depuis le début des atrocités à ce jour, un seul procès a été organisé pour punir quelques menus fretins égarés (22 condamnés dont 5 évadés) qui, se sont rendus coupables de braquages, pillages et actes de vandalisme à l’encontre de certaines personnalités parmi lesquels messieurs Gilles Gilbert Grezenguet, Hyppolite Marboua, Firmin Findiro, Noubarassem John pour ne citer que ceux-là. On note aussi trois (3) commandants de zone de Séléka arrêtés tambour battant ces derniers temps.
Alors à combien peut-on aujourd’hui estimer le nombre des victimes de la nébuleuse Séléka, lorsqu’on sait que tout le pays, mis en coupe réglé, est passé au peigne fin par les envahisseurs sous le regard complice, cynique et « vampireux » des autorités de la transition qui se donnent le luxe de clamer haut et fort la fin de l’impunité, sans action concrète de leur part? Quel est le nombre des procédures ou d’enquêtes engagées ? Quels sont les procès en cours ? Peut-on avoir une idée précise sur le calendrier ?
Monsieur Djotodja, pouvez-vous situer l’opinion nationale et internationale sur l’applicabilité de votre décret de dissolution de votre branche armée la Séléka ? A quand la fin de l’impunité par vous proclamée?
Le duo Djotodja-Tiangaye, les ministres de la Justice Assan Sendé et de la sécurité publique Josué Binoua Dongomo, qui ont pourtant promis officiellement de poursuivre et faire juger tous les auteurs, sans exclusif, doivent répondre à ces questions.
En réalité, suite aux enquêtes que j’ai menées personnellement lors de mon dernier séjour à Bangui, les actions insignifiantes des autorités de la transition, quant au rétablissement de la paix et de la sécurité ainsi qu’à la répression des auteurs d’exaction, sont le reflet de la main qui cache mal la forêt. Aujourd’hui, plusieurs faits dont la plupart sont commis par les autorités de la transition, leurs parents, leurs proches et leur branche armée sont volontairement occultés et ignorés. Pour votre gouverne, je me permets ici de citer quelques faits précis :
- Le camion bétaillère de la SEGA vendu par l’ancien Ministre joseph Kalité, médecin de son état et parent de Michel Djotodja. Aussi, plusieurs véhicules volés sont parqués dans ses propriétés. Par ailleurs, ce dernier fait de la transaction sur les véhicules dont les propriétaires parviennent à les retrouver dans ses villas qui sont bien protégées par les hommes de la séléka. Le cas de l’ancien Député Aurélien-Simplice Zingas, à qui il a exigé un montant de 1.500.000 FCFA avant la restitution de son véhicule, n’est que la face visible de l’iceberg.
- Des dizaines de véhicules volés sont convoyés sous bonne escorte à plusieurs reprises au Soudan, courant avril à mai 2013, par le barbu, le fameux général en carton Oumar « Sodiam », « Nagbata » (artisan minier) de son état, actuellement conseiller militaire à la présidence de la République. Celui-ci, dépourvu de toute expertise, participe à la prise des grandes décisions dans tous les domaines aux côtés de Michel Djotodja. Ce trafic lucratif, succulent et sulfureux, fait sur le sang et la sueur des centrafricains, est une opération montée en communion avec le sacro-saint général Moussa Assimeh, Michel Djotodja ainsi que son parent ministre de la Défense, le général Bertrand Mamour.
- Des dizaines de véhicules volés sont cachés chez le magistrat Arnaud Djoubaye-Abazène, ministre des Transports et frère cadet de Michel Djotodja. Pour faire perdre leur trace, certains véhicules sont repeints même de nuit. Un ancien membre du dernier gouvernement du régime Bozizé, dont je tais provisoirement le nom pour des raisons liées à sa sécurité personnelle et qui a pu localiser son véhicule de marque Toyota pick-up dans l’une des concessions de cet ancien premier Substitut du procureur de la République, devenu ministre par la force des choses, n’a pu le récupérer à cause de la résistance farouche de ce dernier devenu trop puissant, à l’instar de son frère cadet le tout puissant, mégalomane, orgueilleux, prédateur et nullissime ministre des mines Gontran Djono Ahaba. Le comble est que, c’est à Djoubaye et Assan Sendé que Djotodja a confié la fameuse opération de récupération des véhicules volés. Allez-y comprendre la suite !
- Des religieux, artisans de la paix sont humiliés, brutalisés et atteints dans leurs corps physique. C’est le cas de Monseigneur Matos, Evêque du diocèse de Bambari frappé par un officier de la Séléka, du Prêtre tué à Kouango, du Prêtre de Bossangoa obligé de transporter sur la tête des produits volés au site du séminaire de son diocèse pour les déposer à la base de la Séléka de Bossangoa, du Prêtre de la paroisse Saint-sauveur blessé grièvement à la jambe et son véhicule emporté par la séléka. Le Pasteur Grekoyamé, qui n’a fait que dénoncer l’injustice criante perpétrée sur la population, a été arrêté sur instruction de notre liberticide Assan Séndé avec la complicité macabre de Josué Binoua Dongomo, ministre de la sécurité. Pour mémoire, ce dernier lui en voulait depuis belle lurette pour le fait qu’il lui a demandé de séparer la mission pastorale qui est divine de la politique. On s’interroge si « l’innocent » Assan Séndé, magistrat et ministre de la justice de son état, est au parfum de tous ces faits et qu’il a déjà pris les dispositions nécessaires.
- Plusieurs centaines de véhicules appartenant aux ONG humanitaires, aux particuliers, aux opérateurs économiques, à l’Etat et aux confessions religieuses dont plus d’une centaine pour la seule mission catholique sont portés disparus à ce jour. Malgré les dénonciations faites à cor et à cri, Michel Djotodja, qui a pourtant officiellement promis de les récupérer et de les restituer aux propriétaires, n’a pas bougé d’un cran. Peut-être qu’Assan Séndé a déjà ouvert des enquêtes dont le peuple n’est encore au courant. Attendons de voir !
- Les exactions du 20 août dernier au quartier Boy-rabe, ont été perpétrées suite aux instructions données par le premier Ministre Nicolas Tiangaye à l’ancien Ministre de la Sécurité, le sinistre général d’opérette Noureldine Adam qui, de concert avec le funeste Djandawid, le général Moussa Assimeh, ont fait un nettoyage au karcher et à sec des quartiers Boy-rabe, Boeing, Ngaragba, Ouango et de leurs environs. Pour étouffer cette hécatombe, Djotodja et Tiangaye ont trouvé mieux de lui confier désormais la gestion de la police politique du régime, le fameux Comité Extraordinaire de Défense des Acquis Démocratiques (CEDAD).
Quant au lugubre Djandjawid Moussa Assimeh, il a été élevé, au début du mois d’octobre, au grade de commandeur de l'ordre national de la reconnaissance centrafricaine pour sa funeste et nébuleuse participation aux « opérations de désarmement » des quartiers de Boy-rabe et autres. Pour couronner le tout, malgré les cris des populations, les concerts de casseroles et les pressions exercées pour le jugement ou l’éloignement forcé de ce sanguinaire dans son pays d’origine, monsieur Djotodja a préféré lui offrir une retraite dorée dans sa propre région natale de Birao, en terre centrafricaine pour attendre le moment venu, afin de refaire surface et continuer dans la logique mortifère, base première du fondement du pouvoir de Tiangaye et Ziguele, devenus vampires pour le pouvoir, rien que le pouvoir.
Là où le bât blesse, c’est que notre défenseur des droits de l’homme Nicolas Tiangaye, les éminents juristes avocats et magistrats Henri Pouzere, Crépin Mboligoumba, Jean-Jacques Demafouth et Jean-Claude Mbomi Siopathis, eux aussi défenseurs des droits de l’homme par excellence et acteurs principaux de la transition, ont gardé un mutisme, un silence complice et coupable. Est-ce la récompense à donner à quelqu’un qui a suffisamment fait endeuiller des familles et couler le sang des centrafricains, lorsqu’on sait que l’impunité des auteurs de violation des droits de l’homme est encore une violation desdits droits ?
- Les représailles contre les populations de Bossangoa, Bouca, Kabo, Ndjoh, Koro-Mpoko, Benzambé, Zéré, Garga et autres ont été commises sous la direction éclairée de Michel Djotodja Amnondroko, chef suprême de la Séléka, qui a nommé ses hommes de main en qualité de commandant de zone pour faire ce travail de boucherie et semer la terreur au sein des populations.
- Les récents cas d’assassinat à Bangui sont l’œuvre d’une unité spéciale appelée « Section Bali » du nom du fleuve Oubangui, dirigée par un colonel soudanais de la Séléka et basée au camp de Roux, à la résidence du président par intérim Michel Djotodja. Pour illustration, le 14 juillet 2013, cinq (5) corps de personnes en état de putréfaction avancée étaient retrouvés sur le fleuve Oubangui aux environs de l’hôtel Oubangui. Ces personnes, dans le véhicule duquel 35 tee-shirt portant l’effigie du président déchu BOZIZE avaient été trouvés, étaient arrêtées à la barrière du PK 9 sur l’axe Bangui-M’Baïki par un contingent de Séléka. Deux jours plus tard, notamment le 16 juillet, deux autres cadavres d’hommes, mains liées dans le dos et pieds attachés à la méthode appelée « arbatacha » dans la langue vernaculaire de Djotodja et des hommes de la séléka, ont été repêchés dans la matinée, sur le fleuve Oubangui. La découverte a été faite par des piroguiers, au niveau des rochers de la Corniche, proche du Rock Hôtel. La piste des éléments de la Séléka dans cet assassinat a été mise en exergue, par la population du 7ème arrondissement de Bangui. Malheureusement rien n’est encore fait et cette liste n’est exhaustive.
Alors monsieur Michel Djotodja, pouvez-vous situer le peuple centrafricain et l’opinion internationale sur cet escadron de mort créé par vous-même, qui loge ensemble avec vous et qui fonctionne étroitement sous votre commandement ? L’impunité est-elle définitivement finie comme vous l’aviez proclamée ?
Que dit Nicolas Tiangaye, avocat, ancien président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH), premier Ministre et acteur principal de la transition, de toutes ces exactions ? Que pense-t-il de la mort de ces deux adolescents, victimes des instructions de son ministre de la sécurité Josué Binoua Dongomo, au moment de l’évacuation forcée du tarmac de l’aéroport Bangui Mpoko le 30 août 2013, occupé par la population pour fuir les exactions perpétrées par des combattants de Séléka, et exprimer son ras-le-bol face aux atrocités multiformes dont elle est victime ?
Monsieur Assan Sendé, magistrat de son état et ministre de la justice va-t-il se saisir de tous ces dossiers ? Y-a-t-il déjà d’enquêtes diligentées ? Pourra-t-il expliquer au peuple centrafricain les raisons pour lesquelles il a volontairement omis de citer les crimes odieux, les assassinats, viols, pillages, vols, destructions et autres abominations perpétrés par la Séléka, lors de son passage devant le Comité des droits de l’Homme, que de pointer seulement son doigt accusateur sur les exactions commises par les éléments de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), les coupeurs de route, les hommes armés fidèles à l’ancien président François BOZIZE, les braconniers dans la région de Nola et considérer la porosité de nos frontières comme cause de exclusive de l’insécurité dans le pays?
Pour l’heure, Nicolas Tiangaye et Assan Séndé qui sont complètement aveuglés par le sang des victimes centrafricaines, suite aux atrocités commises par leur propre groupe la Séléka, et ne comprenant pratiquement rien de l’enjeu actuel de la justice et des droits de l’homme en RCA, mais déconnecté totalement de la souffrance du peuple et de l’environnement international, cherchent par tout moyen d’obtenir l’élection de Martin ZIGUELE pour se tailler une place sur l’échiquier politique national après la période de transition.
Et pour la mise en œuvre de ce projet lugubre, Assan Sendé, qui fut le directeur de cabinet adjoint de Martin Ziguélé à l’époque, passe à l’action et fait la chasse aux sorcières. Avec la complicité habile de Nicolas Tiangaye et de son mentor Martin Ziguélé, il utilise la justice comme tremplin, en la caporalisant et en employant des manœuvres politiciennes d’un certain âge, pour entraver la liberté d’aller et venir des anciens dignitaires du régime déchu. A titre d’exemple: Célestin Leroy Gaombalet, Faustin Archange Touadéra, Emmanuel Bizot, Obed Namsio, Jean-Barkès Gombé-Ketté ont été empêchés manu militari de quitter le territoire pendant plusieurs mois, sans raison valable. Cette liste n’est pas limitative. Toutefois, concernant le cas de Jean-Barkès Gombé-Ketté, celui-ci a été soumis à une procédure judiciaire imaginaire, cavalière, concoctée en toutes pièces par Assan Séndé lui-même et qui finalement a accouchée d’une souris, grâce à la clairvoyance et à l’esprit d’indépendance des magistrats commis pour la cause. Furieux d’avoir subi un échec cuisant, notre liberticide Assan Séndé a fait muter tous les magistrats concernés en province, principalement dans la juridiction de la Cour d’Appel de Bouar. Aujourd’hui, des magistrats acquis à sa politique et sa logique, tels Ghislain Gresenguet, procureur de la République près le tribunal de Bangui, Eric Didier Tambo procureur général près la Cour d’Appel de Bangui sont positionnés pour exécuter à la lettre les basses besognes et barrer à tout éventuel concurrent à Martin Ziguélé.
De tout ce qui précède, le commun des mortels est tristement rassuré que ce n’est pas l’équipe actuelle de la transition, mouillée jusqu’au cou et maculée du sang innocent des centrafricains, prédateur par excellence qui pourra lui rendre justice. Toutefois, le peuple, en se mobilisant, doit continuer à espérer au-delà de ses souffrances car, tous ces bourreaux seront rattrapés par le Tribunal de l’histoire et que justice leur sera rendue.
Paris le 24 octobre 2013
Boniface POULOTO
Dr en Sciences Politiques option Stratégies, Analyses et gestion des conflits
Diplômé de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne