Bangui : Les musulmans du quartier KM5 comptent leurs morts après une nouvelle attaque d'Anti-balaka
BANGUI (Alwihda Info) - Au quartier KM5, les musulmans comptent leurs morts après une nouvelle attaque des miliciens Anti-Balaka hier après-midi. Les morts s'entassent à la mosquée Ali Babolo car il est impossible d'aller les enterrer au cimetière.
« L'attaque est venue du côté du quartier GBAYA DOMBIA et plus précisément dans les environs de la mosquée ALI BABOLO dont leur but est de la détruire. Ils ont tué un homme au marché KM5 (KOKORO) et une femme qui préparait chez elle, au fond de la ruelle (RUE VÉTÉRINAIRE). Ils ont commencé à tiré partout. On signal 5 morts à la mosquée ALI BABOLO présentement et ces affrontements ont progressé de l'autre côté jusqu'à la ruelle ALADJI ABDOURAMAN DODO et alhamdoulilahi, c'est maintenant calme», affirme A.W., présent lors de l'attaque.
« Trop c’est trop. Des facas-balakas ont attaqué km5 faisant état de cinq (5) morts et quelques portés disparus »
« Les routes sont barrées pour nous empêcher de partir, les massacres continuent, le ruissellement des larmes s’engouffre sous la peau. C’est le chaos total. Pendant que les autres sont au marché pour solder les restes de leur marchandises, les faca-balakas nous attaquent au km5 via les quartiers fatima/harry. Ce qui a occasionné le panique dans le secteur. Nous avons perdus cinq (5) frères dont un cousin, on partageait la même chambre, il s’est éteint sous mes yeux justes avant l’intervention des MISCA burundaises. Quelques corps sont portés disparus. Les victimes se trouvent pour le moment dans l’enceinte de la mosquée ALI BABORO (Km5). Au début, les miscas zaïroises étaient passées rien que pour la forme», rapporte M.B qui précise que les miliciens ont attendu le départ d'une patrouille zaïroises de la MISCA pour attaquer quelques minutes après.
24 heures après l'attaque, les soldats français de l'opération Sangaris viennent d'entrer dans le quartier à l'instant. La même crainte pour les habitants, des miliciens Anti-Balaka se cachent derrière la patrouille française et procèdent au nettoyage ethnique.
« Nous sommes coincés »
« Les soldats français viennent d’ériger une barrière au croisement KOUDOUKOU au KM5, juste derrière eux se trouvent les Anti-Balaka. Ces forces françaises ont capturé quelques frères dans la rue. Ils sont sous leur camion et ligotés. Qu’allons-nous devenir ? Cette zone est protégée par la misca burundaise, Mais pourquoi ces tortures sur la communauté musulmane? », témoigne à l'instant un habitant de KM5.
« La France cherche à se désolidariser vis-à-vis de milices qu'elle a pourtant soutenue »
Minimisant les propos de nettoyage ethnique évoqué clairement dans un rapport d'Human Writh Watch, Francisco Soriano qui dirige les troupes françaises de Sangaris affirme que «Il n’y a pas une épuration ethnique en RCA, c’est plutôt une communauté qui est menacée». Pourtant, les soldats français ont soutenu les milices Anti-Balaka.
« La France cherche à se désolidariser vis-à-vis de milices qu'elle a pourtant soutenue, c'est parce qu’elle a peur d'être accusée par l'histoire comme étant responsable numéro un dans le nettoyage ethnique des musulmans, pour ne pas dire génocide », souligne Nassour Assibay.