Djotodia dans les rues de Bangui peu après la prise de pouvoir par la Séléka. Credits photos : Diaspora Media
Comme le dirait Maka Gbossokoto, je ne comprends pas que la coalition rebelle Seleka ne comprenne pas que la Républicaine Centrafricaine est un Etat résolument laïc.
Durant sa marche conquérante du pouvoir, la coalition Seleka s’était illustrée par des attaques ciblées contre les Eglises Chrétiennes notamment catholiques à Bangassou, Kembé, Bambari, Sibut, Kaga-Bandoro et Bossangoa. Des biens ont été pillés. Des Eglises ont été saccagées et détruites. Des femmes Centrafricaines non musulmanes dont des religieuses ont été violées. Cependant, les mosquées et les biens appartenant à la communauté musulmane ont été préservés.
Malgré la prise du pouvoir le 24 mars 2013, on enregistre jusqu’à ce jour des actes attentatoires au principe de laïcité, et les exemples sont nombreux. Lors d’un office religieux à la Cathédrale de Bangui, des éléments Seleka armés, ont fait irruption dans l’Eglise à la recherche d’un Centrafricain débiteur à leur égard. Ce fait a provoqué l’indignation chez les fidèles présents. Pendant ce temps, d’autres éléments s’affairaient dehors et devant la dite Cathédrale à leurs activités favorites, vol de véhicules, intimidations et braquages à main armée. A Kaga-Bandoro et à Galo (60 km de Bouar), prétendument au nom de la Charia, certains éléments Seleka, ont interdit la consommation de la viande du porc et de la viande boucanée. De même, l’élevage porcin a été interdit. Pour joindre l’acte à la parole, ces éléments Seleka ont abattu tout le cheptel porcin. Au quartier KM5, les musulmans Centrafricains et étrangers, sont devenus arrogants et très agressifs vis-à-vis de leurs compatriotes non musulmans qu’ils traitent de « Congo ». Au marché à bétail de Bégoua, des Centrafricains non musulmans sont marginalisés sous plusieurs formes par des musulmans qu’on considérait comme nos frères. Dans l’arrière-pays, les éléments musulmans Seleka profitant de l’inexistence de l’Etat, se font passer pour des véritables maîtres des lieux, demander des rançons à la population Centrafricaine et racketter les églises, en dépouillant les curés de leurs dîmes. Certains établissements scolaires et hospitaliers ont été pillés et transformés en mosquées. Partout dans le pays, des femmes Chrétiennes sont contraintes à des mariages forcés et au port du voile intégral.
L’on voit bien qu’à travers ce faisceau d’éléments factuels, se dessinent, en République Centrafricaine, une islamisation rampante et l’instauration de la Charia, en lieu et place d’une Constitution Républicaine. D’ailleurs, sur ce registre, le Chef de l’Etat de Transition, Michel Djotodia, pour justifier les pillages des églises chrétiennes en question, avait même clairement déclaré que ces églises disposaient de tout tandis que dans les mosquées, il n’y avait rien d’autre que le Coran. Durant les travaux préparatoires de l’adoption de la Charte Constitutionnelle de Transition, l’idée déguisée de changer le mot laïcité par le mot « Dieu », sous-entendu « Allah » a été même émise, ce qui a d’ailleurs provoqué la réaction des membres non musulmans du Conseil National de Transition (CNT), sans oublier les protestations des Centrafricains sur les réseaux sociaux.
On a noté que Michel Djotodia, lors de ses sorties médiatiques, s’est exprimé en faveur du principe de laïcité, tentant ainsi de rassurer le peuple Centrafricain. Cependant, les faits sont bien têtus, comme on le constate dans les éléments factuels précités. La laïcité est aujourd’hui un vain mot en Centrafrique. L’opinion nationale et internationale est en droit de s’interroger sur les intentions réelles de Michel Djotodia et de la coalition Seleka désormais au pouvoir. Et pourtant, les Centrafricains toutes confessions confondues ont toujours cohabité de façon harmonieuse et pacifique depuis l’indépendance. La marginalisation historique dont ont été victimes les ressortissants du nord Centrafricain, ne saurait justifier de tels actes.
Le principe de laïcité est un grand principe républicain et une valeur de la nation Centrafricaine. La République Centrafricaine n’a jamais été et ne sera jamais un nid pour les islamistes, comme ce fut récemment le cas au Mali avec Al-Qaïda Maghreb Islamique (AQMI) ou au Nigéria en proie à une longue guerre de religions, devenue aigue avec Boko-Haram.
La communauté musulmane de Centrafrique étant très minoritaire, ne pourrait tenir face à éventuelle mais potentielle révolte du peuple, excédé par des comportements islamistes. Oui, la colère des Centrafricains gronde et s’enfle au fur et à mesure, et il temps pour Michel Djotodia et ses acolytes de prendre enfin leurs responsabilités, pour siffler la fin de la récréation avant qu’il ne soit trop tard. Les canons et les sabres de la coalition Seleka, soutenue par les pétrodollars du Quatar, ne suffiraient pas à contenir la furie du peuple Centrafricain qui se battra mains nues pour sauvegarder sa dignité, son identité, son honneur, bref le principe de laïcité.
PEOU Emmanuel