L'image a fait date. En ce 8 Janvier 2013, un pick-up de l'armée sud-africaine, surmonté d'une mitrailleuse, patrouille aux alentours du palais de la présidence, depuis longtemps déjà décrété zone militaire. François Bozizé peut enfin souffler après les tourments de ce maudit mois de Décembre 2012 ou il crut tout perdre. La présence très visible des sud-africains qui rôdent le rassure, et il retrouve une sérénité, tout autant que sa capacité à la ruse de même retrouvée.
Il fallait expédier les affaires courantes à Libreville, qu'il vécut comme la torture de la danse de la barre du limbo. Une espèce de fourches caudines inévitables. Pas négocier sa place sur la balambo du pouvoir, et encore moins signer quoique ce soit avec des 'terroristes'. Et quitte à subir l'inévitable, autant y aller à la hussarde dans la défense de son pré-carré. L’offensive, c'est dans cette art qu'il excelle. C'est ce qu'il préfère. Test des défenses de l'adversaire. Avec un culot consommé, il décida de la forme que prendrait le nouveau Gouvernement, sans consulter qui que ce soit, et l'imposa par décret. Et à sa grande surprise, cela a fonctionné. Le nouveau premier ministre à lui imposé, le temps d'une journée hostile, car pris de cours, finit par avaler la couleuvre. La Séléka s'en plaignit et fit recours au médiateur Congolais. Sans succès. Brazzaville jouant les filles de l'air. Erreur de Tiangaye dans ce combat de positionnement qu'il ne vit venir, car aveu de faiblesse face à lutteur aussi madré que Bozizé, mais à contrario, PREMIERE GRAVE ERREUR DE BOZIZE LUI-MEME Car en décidant d'autorité de la nature de ce qui à son sens devait être l'Union, il la vida derechef de son contenu, et ouvrit la porte à d'inévitables guerres de tranchées à venir. Ne voulant pas perdre la main, il fabriqua en réalité 2 gouvernements au sein du GUN, en doublant tous les ministres pour lui hostiles de ministres délégués, des gens à lui. En arrière pensée, son but était de déstabiliser la Séléka. Cible prioritaire. Nicolas Tiangaye n'ayant pas su réagir, pour lui il ne compte plus que pour minus.
LA DESTABILISATION DE LA SELEKA: UNE VRAIE FAUSSE BONNE IDEE
Et ce fut sa DEUXIEME GRAVE ERREUR Pourtant, en soldat qu'il est, il devait bien savoir qu'en situation de conflit, il est toujours plus aisé de combattre un adversaire identifié, plutôt que de se retrouver face à une nébuleuse non ciblable et incontrôlée. La France actuellement au Mali en fait l'amère expérience, se trouvant confrontée à un adversaire diffus et insaisissable. L'artillerie lourde n'a pas suffi. Car l'éclatement de la Séléka, c'est tout simplement faire marche arrière comme en 2006. Relancer les multiples rébellions hors contrôle essaimant l’arrière pays et soumettant la population au supplice. Politiquement parlant, il s'affaiblit en ne réagissant pas en Père de la Nation, mais en Chef de bandes. Et si le serpent Séléka présentait l'avantage d'une seule tête, son éclatement en fait une hydre à têtes multiples. Outre cela, à constamment agir pour la paralysie du Gouvernement, c'est l'autorité politique même du pays qui est sapée, sa réputation devenue désolation. Et c'est sa TROISIEME GRAVE ERREUR Pays affaibli, Bozizé en est comptable à terme. Plus grave, les conséquences n'en sont que plus dramatiques. En voulant garder mainmise sur son îlot de pouvoir, il se retrouve avec du sable coulant de ses mains. A tenir ce qui en définitive n'est plus que virtualité. Tel le Roi nu du conte d'Andersen, s’illusionnant des flatteries de la Cour pour se croire habillé des plus belles parures. Le roi est nu dans ses inexistants habits neufs. Et ne prêter l'oreille qu'à ses viles flatteurs fut sa QUATRIEME GRAVE ERREUR L'occasion était belle pourtant pour lui de se positionner en rassembleur de la Nation, et il eut été écouté. Il ne le fit pas, mais joua le diviseur, croyant gagner par brigandage opportuniste. L'occasion était belle aussi de se pencher, ne serait-ce que par un discours, sur les maux terribles qu'endure le pays. La population fout le camp, plus de 130.000 centrafricains en fuite, ce n'est pas rien. Près de 800.000 en danger de tout, ce n'est pas rien. Pas une fois il ne pipa mot sur ces souffrances de son peuple. Il a réagi en EGOISTE. La SOUVERAINETE du pays est perdue. Et lui-même noyé dans ses fantasmes obsessionnels de putschiste que finalement il est resté, a manqué le sens de l'HISTOIRE.