Avant de parler économie et finance, il nous paraissait utile et instructif d’évoquer une espèce de très étrange phénomène.
Deux pays africains vivent des crises quasi-parallèles, le Mali et la Centrafrique.
Cependant, sous l’impulsion du président français François Hollande, l’Union européenne en moins de 48 heures a réussi le tour de force de rassembler plus de 2 milliards d’euros pour aider le Mali.
C’est un signe sur le fait que, quand on veut trouver de l’argent pour aider, on le trouve. Et très vite.
Et c’est de même un signe assez inquiétant sur le caractère un peu fumiste des occidentaux dans cette espèce de jeu de dominos de l’aide à discrétion.
La politique malienne actuellement est une espèce de bouillabaisse sans nom. Entre coup d’Etat, collusions diverses, crimes de civils et malversations, elle n’a rien à envier à la Centrafrique. Quasiment une photocopie.
Pourtant, c’est là bas que se focalisent les yeux des français et de leurs alliés, avec en passant un NON ! à la Centrafrique.
Quoi derrière ce NON ?
La diplomatie française très influente en Europe et à l’ONU quand il s’agit de son pré-carré africain fait la pluie et le beau temps.
Officiellement, c’est, ‘pas d’argent à la Centrafrique tant que pas de retour de la sécurité sur le territoire.’
Mais si pas d’argent, pas de sécurité. Ils le savent très bien.
Ce même discours pouvait tout autant être tenu dans le cas du Mali.
Parce que ne pas, au moins aider la Centrafrique, ne serait-ce pour les urgences immédiates, c’est acter sa descente aux enfers et la condamner.
Comme le disait le grand maître hindou Sri Aurobindo : ‘On ne peut pas exiger d’autrui ce qu’il est venu chercher.”
Il y a donc des leçons à retenir d’une telle situation sans précédent, et pour l’avenir de s’en souvenir.
La politique à géométrie variable, et toujours très intéressée des européens vis-à-vis des pays africains n’est ni rassurante, ni une base de relations futures mutuellement enrichissantes et cordiales.
Quelque chose s’est brisée entre l’Afrique noire et l’Europe.
Quasiment de manière définitive, et symboliquement ayant démarré lors du désormais célèbre discours de Dakar de Nicolas SARKOZY en 2007.
A l’hypocrisie à la papa du passé, fait place maintenant le cynisme méprisant.
Que des américains laissent mourir plus d’un million de civils irakiens par pure stupidité égotique, on était habitué.
Ce sont des brutes immatures, sans foi ni loi, ne connaissant pas le monde.
La même choses de la France, là c’est nouveau.
Mais en final, c’est aux africains de s’en prendre à eux-mêmes.
Et cas amusant, au moment ou Hollande s’échinait pour trouver des milliards pour le Mali, son ministre de l’intérieur lui expulsait des maliens au Mali.
Ce n’est même plus cocasse, c’est du Stefan Zweig.
LA CENTRAFRIQUE
Déjà début 2012, François Bozizé aux abois financièrement voulait faire remettre en ligne le tristement célèbre ‘impôt de capitation’ pour récolter un peu de subsides pour les caisses du Trésor.
Le nom changeait pour devenir «contribution citoyenne».
Ange Félix Patassé en son temps l’avait fait supprimer.
En simple, cela voulait dire taxer tous les revenus à l’aveugle.
Magot espéré, autour de 900 milliards de F CFA.
La Séléka depuis est passée par là et cet impôt étrange ne fut jamais voté.
Mais, si en ‘temps normal’ le budget de l’Etat centrafricain vaguement estimé autour de 190 milliards F CFA, ne couvrait à peine que le tiers des besoins du pays, que peut-on dire là dans la situation actuelle ?
‘L’Observatoire Centrafricain Economique Et Social’ a récemment fait des projections statistiques sur les indicateurs de performance pour l’année 2013.
- Le taux d’inflation (indice des prix à la consommation) en données corrigées, qui officiellement s’affichait en 2010 à 1,5%, en 2011 à 2,6% et en 2012 censément estimé à 6 %, risquera de faire un bond en 2013, estimation : 25%. C’est le coût de la guerre et de l’insécurité.
Les faibles pourcentages des années passées, en apparence positifs ne sont le fait en vérité, que de la stagflation, et au caractère très fantaisiste des relevés des données.
La stagflation pour comprendre c’est croissance économique nulle et fort taux de chômage, en résumé.
- Balance Importations Vs Exportations : 260 milliards de F CFA en 2012 en Import pour 112 milliards en Export.
Projections 2013, le déséquilibre de la balance commerciale risquera de se chiffrer à plus de 70% et non plus de 50.
Quant à l’épargne, pouvant être espérée dynamisme de l’atonie de la consommation intérieure, elle est négative depuis des années. – 13 milliards de F CFA en 2010, – 15 en 2011, – 18 en 2012, projection 2013 : – 25.
Concernant le taux d’investissement, on sait déjà par avance qu’il sera nul.
S’ajoutent aux malheurs, le gel des facilités d’aides financières de l’initiative PPTE du FMI.
107,5 millions de dollars pouvaient être espérés en décaissement pour 2013 en financement de différents projets de développement et de structuration.
Ils ne viendront pas.
Ce qui place le pays dans une situation dramatique de besoin de fonds immédiats : 80 millions d’euros, soit environ 53 milliards de F CFA, juste pour assurer le courant des urgences (Remise à flot de l’Administration, paiement des arriérés des salaires, des retraites, des bourses, etc..).
Et chaque mois qui passe, si rien ne se fait, ajoute 30 millions d’euros supplémentaires.
ANNUS HORRIBILIS
L’horizon de 2013 est déjà sombre.
Pays essentiellement agricole, la Centrafrique avait une nécessité vitale de ne pas rater la période des semences.
Mais nous savons qu’avec l’ouragan Séléka, les paysans majoritairement avaient par peur désertés les champs et que donc les perspectives des récoltes à venir seront très en deça de ce que l’on pourrait espérer.
Ajoutons à cela, des mois de blocage de circulation des marchandises en interne, et le sombre bilan du tableau sera complet.
Quel espoir donc ?
De quels leviers dispose le ministre des finances ?
A l’évidence de pas grand chose.
Un prêt relais, crédit in-fine, crédit-pont ou, crédit de soudure d’urgence de la BEAC la Banque des États de l’Afrique Centrale ?
C’est une possibilité, et sans doute la seule, obligeant la banque à faire tourner la planche à billets.
Mais ce ne serait pas sans conséquences.
Il y a un taux d’intérêt à payer, normal, mais surtout, cela achoppera sur 2 écueils :
- 1 Le mécanisme crastrateur du système CFA qui chargera automatiquement la dette centrafricaine de plus de 35% au bénéfice du Trésor français.
- 2 Il faut l’accord de la France.
Et on tombe dans le schéma du serpent se mordant la queue.
La France refusant déjà d’aider la Centrafrique, ne permettra pas à la BEAC de lui faire crédit.
Et même si ce fut, ce serait une grosse hypothèque sur les richesses futures toutes aussi hypothétiques du pays.
La BEAC n’est pas une vraie Banque centrale en tant que telle. Elle n’est pas libre, au mieux est-elle une banque de relais du Trésor français.
Elle ne contrôle l’émission des F CFA de ses 6 pays membres que par délégation.
La sortie de crise centrafricaine est donc politique, nullement économique ni financière.
© Mai 2013 La Nouvelle Centrafrique
Deux pays africains vivent des crises quasi-parallèles, le Mali et la Centrafrique.
Cependant, sous l’impulsion du président français François Hollande, l’Union européenne en moins de 48 heures a réussi le tour de force de rassembler plus de 2 milliards d’euros pour aider le Mali.
C’est un signe sur le fait que, quand on veut trouver de l’argent pour aider, on le trouve. Et très vite.
Et c’est de même un signe assez inquiétant sur le caractère un peu fumiste des occidentaux dans cette espèce de jeu de dominos de l’aide à discrétion.
La politique malienne actuellement est une espèce de bouillabaisse sans nom. Entre coup d’Etat, collusions diverses, crimes de civils et malversations, elle n’a rien à envier à la Centrafrique. Quasiment une photocopie.
Pourtant, c’est là bas que se focalisent les yeux des français et de leurs alliés, avec en passant un NON ! à la Centrafrique.
Quoi derrière ce NON ?
La diplomatie française très influente en Europe et à l’ONU quand il s’agit de son pré-carré africain fait la pluie et le beau temps.
Officiellement, c’est, ‘pas d’argent à la Centrafrique tant que pas de retour de la sécurité sur le territoire.’
Mais si pas d’argent, pas de sécurité. Ils le savent très bien.
Ce même discours pouvait tout autant être tenu dans le cas du Mali.
Parce que ne pas, au moins aider la Centrafrique, ne serait-ce pour les urgences immédiates, c’est acter sa descente aux enfers et la condamner.
Comme le disait le grand maître hindou Sri Aurobindo : ‘On ne peut pas exiger d’autrui ce qu’il est venu chercher.”
Il y a donc des leçons à retenir d’une telle situation sans précédent, et pour l’avenir de s’en souvenir.
La politique à géométrie variable, et toujours très intéressée des européens vis-à-vis des pays africains n’est ni rassurante, ni une base de relations futures mutuellement enrichissantes et cordiales.
Quelque chose s’est brisée entre l’Afrique noire et l’Europe.
Quasiment de manière définitive, et symboliquement ayant démarré lors du désormais célèbre discours de Dakar de Nicolas SARKOZY en 2007.
A l’hypocrisie à la papa du passé, fait place maintenant le cynisme méprisant.
Que des américains laissent mourir plus d’un million de civils irakiens par pure stupidité égotique, on était habitué.
Ce sont des brutes immatures, sans foi ni loi, ne connaissant pas le monde.
La même choses de la France, là c’est nouveau.
Mais en final, c’est aux africains de s’en prendre à eux-mêmes.
Et cas amusant, au moment ou Hollande s’échinait pour trouver des milliards pour le Mali, son ministre de l’intérieur lui expulsait des maliens au Mali.
Ce n’est même plus cocasse, c’est du Stefan Zweig.
LA CENTRAFRIQUE
Déjà début 2012, François Bozizé aux abois financièrement voulait faire remettre en ligne le tristement célèbre ‘impôt de capitation’ pour récolter un peu de subsides pour les caisses du Trésor.
Le nom changeait pour devenir «contribution citoyenne».
Ange Félix Patassé en son temps l’avait fait supprimer.
En simple, cela voulait dire taxer tous les revenus à l’aveugle.
Magot espéré, autour de 900 milliards de F CFA.
La Séléka depuis est passée par là et cet impôt étrange ne fut jamais voté.
Mais, si en ‘temps normal’ le budget de l’Etat centrafricain vaguement estimé autour de 190 milliards F CFA, ne couvrait à peine que le tiers des besoins du pays, que peut-on dire là dans la situation actuelle ?
‘L’Observatoire Centrafricain Economique Et Social’ a récemment fait des projections statistiques sur les indicateurs de performance pour l’année 2013.
- Le taux d’inflation (indice des prix à la consommation) en données corrigées, qui officiellement s’affichait en 2010 à 1,5%, en 2011 à 2,6% et en 2012 censément estimé à 6 %, risquera de faire un bond en 2013, estimation : 25%. C’est le coût de la guerre et de l’insécurité.
Les faibles pourcentages des années passées, en apparence positifs ne sont le fait en vérité, que de la stagflation, et au caractère très fantaisiste des relevés des données.
La stagflation pour comprendre c’est croissance économique nulle et fort taux de chômage, en résumé.
- Balance Importations Vs Exportations : 260 milliards de F CFA en 2012 en Import pour 112 milliards en Export.
Projections 2013, le déséquilibre de la balance commerciale risquera de se chiffrer à plus de 70% et non plus de 50.
Quant à l’épargne, pouvant être espérée dynamisme de l’atonie de la consommation intérieure, elle est négative depuis des années. – 13 milliards de F CFA en 2010, – 15 en 2011, – 18 en 2012, projection 2013 : – 25.
Concernant le taux d’investissement, on sait déjà par avance qu’il sera nul.
S’ajoutent aux malheurs, le gel des facilités d’aides financières de l’initiative PPTE du FMI.
107,5 millions de dollars pouvaient être espérés en décaissement pour 2013 en financement de différents projets de développement et de structuration.
Ils ne viendront pas.
Ce qui place le pays dans une situation dramatique de besoin de fonds immédiats : 80 millions d’euros, soit environ 53 milliards de F CFA, juste pour assurer le courant des urgences (Remise à flot de l’Administration, paiement des arriérés des salaires, des retraites, des bourses, etc..).
Et chaque mois qui passe, si rien ne se fait, ajoute 30 millions d’euros supplémentaires.
ANNUS HORRIBILIS
L’horizon de 2013 est déjà sombre.
Pays essentiellement agricole, la Centrafrique avait une nécessité vitale de ne pas rater la période des semences.
Mais nous savons qu’avec l’ouragan Séléka, les paysans majoritairement avaient par peur désertés les champs et que donc les perspectives des récoltes à venir seront très en deça de ce que l’on pourrait espérer.
Ajoutons à cela, des mois de blocage de circulation des marchandises en interne, et le sombre bilan du tableau sera complet.
Quel espoir donc ?
De quels leviers dispose le ministre des finances ?
A l’évidence de pas grand chose.
Un prêt relais, crédit in-fine, crédit-pont ou, crédit de soudure d’urgence de la BEAC la Banque des États de l’Afrique Centrale ?
C’est une possibilité, et sans doute la seule, obligeant la banque à faire tourner la planche à billets.
Mais ce ne serait pas sans conséquences.
Il y a un taux d’intérêt à payer, normal, mais surtout, cela achoppera sur 2 écueils :
- 1 Le mécanisme crastrateur du système CFA qui chargera automatiquement la dette centrafricaine de plus de 35% au bénéfice du Trésor français.
- 2 Il faut l’accord de la France.
Et on tombe dans le schéma du serpent se mordant la queue.
La France refusant déjà d’aider la Centrafrique, ne permettra pas à la BEAC de lui faire crédit.
Et même si ce fut, ce serait une grosse hypothèque sur les richesses futures toutes aussi hypothétiques du pays.
La BEAC n’est pas une vraie Banque centrale en tant que telle. Elle n’est pas libre, au mieux est-elle une banque de relais du Trésor français.
Elle ne contrôle l’émission des F CFA de ses 6 pays membres que par délégation.
La sortie de crise centrafricaine est donc politique, nullement économique ni financière.
© Mai 2013 La Nouvelle Centrafrique