On ne cessera jamais d’usité des néologismes ou alors d’opter pour des musculations des mots en vue de mettre en exergue l’environnement sociétal malsain dans lequel le Centrafricain lambda vit dans son propre pays. Presque tous les jours, les enturbannés font la « Une » des quotidiens et des stations radios de Bangui par l’entremise de ces sempiternelles rengaines constamment décriées à savoir les braquages, les pillages, les actes de vandalismes, le rapt etc. Tellement que les frasques des enturbannés s’entremêlent et s’entrechoquent, on a l’impression que le pays s’arc-boute encore dans son anfractuosité d’événements fâcheux et qu’aucune éclaircie ne semble se profiler à l’horizon…Seleka par ci ! Seleka par là ! En un mot, les enturbannés sont devenus « Ingbougongable » ; un néologisme teinté à la fois de Sango et de Français qui signifie « Intenables » dans la langue de Molière. Il serait souhaitable que les académiciens adoptent ce mot qui cadre manifestement au comportement peu orthodoxe de ces trublions.
A l’évidence, la situation sécuritaire de la Centrafrique demeure précaire, le contexte économique et social reste calamiteux…Tout porte à croire que la transition a réellement fait un flop et qu’il faille opter purement et simplement pour un changement de cap. Le pays a peut être besoin d’une feuille de route pour reprendre confiance en l’avenir dans le respect de son identité. Pour ce faire, une bonne politique commence par un diagnostic lucide et un programme courageux. D’ores et déjà, plusieurs centrafricains réclament une transition beaucoup plus consensuelle. D’ailleurs, les commentateurs, les analystes, les polémistes, les essayistes de la vie politique centrafricaine s’accordent à dire que le pays pourrait connaître un renouveau si la France appuie les forces vives de la nation dans le recadrage du processus de la transition. Il est d’une évidence absolue que la Centrafrique souffre d’un manque de maturation politique, d’un manque de renouvellement de l’élite et d’un sous développement structurel. Ces trois constats cités ci-haut ont été inéluctablement la cause des différents soubresauts que le pays a connus depuis les indépendances jusqu’à nos jours.
Etant donné que la politicaillerie centrafricaine est forte dans l’art d’intérêt grégaire égoïste, certains commentateurs suggèrent deux options : soit la France recadre l’actuelle transition comme c’en est le cas au Mali (l’ancien président de l’Assemblée Nationale en la personne de Leroy GAOMBALET reprend alors la magistrature suprême en vue de conduire le pays vers les prochaines échéances électorales), soit une force républicaine ,dénuée de toutes aspirations partisanes, ethniques voire des clivages ,déloge ces trublions du pays. Il est vrai que l’appui militaire de la France en Centrafrique fait à l’heure actuelle l’objet de plusieurs débats. Seulement, il faut admettre que les accords de défense qui lient la France à la République Centrafricaine demeurent intacts. De surcroît, l’historicité de la Centrafrique révèle que 3000 Oubanguiens ont été jadis embrigadés par le feu Félix EBOUE pour la libération de la France. Fort de ce devoir de mémoire, les Centrafricains sont de plus en plus nombreux à réclamer l’appui inconditionnel de la France pour sortir le pays sous la tyrannie des enturbannés. Si la France décide de s’impliquer dans la crise centrafricaine, l’audace d’espérer aura de facto droit de cité dans la République des trublions…
Chronique de Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
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