Gilles Deleuze | LNC
Nous ne pouvions que reprendre cette formule du français-ivoirien des jeunes du maquis d'Abidjan : "Ca là, c'est samuzement!" = Ceci n'est que plaisanterie, manipulation, moquerie.
Nos bonnes sources à l'Elysée et au Quai d'Orsay ne nous ont jamais trahi avec des tuyaux percés.
Paris avait décidé de débarquer Djotodia depuis pratiquement un mois, aux domestiques de la CEEAC de lui donner un habillage un tant soit pue convenable à la "démission assistée" pour sauver les apparences.
CHRONOLOGIE D'UN BON COUP COLONIAL BIEN FRANCAFRIQUE
- Acte un : le fameux 'ON' de François Hollande concernant Djotodia lorsqu’il affirmait «On ne peut pas laisser en place un président qui n'a rien fait et qui a laissé faire».
Le 'ON' en question dévoilait déjà les manipulateurs d'arrière cour.
François Hollande qui ne sait rien des subtilités africaines et encore moins centro-africaines, avait pris Idriss Deby au départ vu comme un dictateur comme les autres pour devenir son 'conseiller' sur la chose Centrafricaine.
Une aubaine pour Deby qui usa de l'occasion pour se refaire la cerise si déconfite ces dernières années, et qui en profita pour suggérer à Hollande de tout faire pour débarquer Djotodia, plus en odeur de sainteté au palais rose de N'Djamena.
Contact pris, le sherpa Jean-Yves Le Drian a eu ensuite la tâche de faire la tournée des popotes des capitale de la sous région pour valider l'idée du débarquement du chef de la junte de Bangui.
- Acte deux : Nicolas Tiangaye contacté par téléphone par Le Drian affiche son enthousiasme pour succéder à Djotodia, si heureux de pouvoir se débarrasser de celui avec qui le courant n'était jamais passé.
Tiangaye se tenait prêt pour le service, et se renforçait, le crut-il, en suscitant une espèce d'union politique de 'partis d'opposition' amis, tel le puissant MLPC pour créer L'Alliance des Forces démocratiques pour la Transition, AFDT, afin d'ouvrir une autoroute pour les présidentielles à son ami Ziguélé, et dont il se faisait le porte voix.
- Acte trois : Le Drian de passage à N'Djamena d'arranger le coup avec le chef de l'état tchadien Idriss Deby, pour la précipitation d'une réunion d'urgence de la CEEAC afin d'avaliser la démission de Djotodia.
- Acte quatre : Idriss Deby appelle Michel Djotodia pour lui demander de présenter sa démission lors du sommet de la CEEAC à venir.
Accord de principe de Djotodia, mais avec la garantie qu'il serait sauf et libre de retourner au Bénin avec sa famille où il y possède une maison.
Deby accepte, le Bénin contacté de même.
Tout semblait rouler... Michel Djotodia n'aura même pas besoin de venir à N'Djamena pour se faire humilier. La CEEAC lira sa démission et ce sera suffisant. L'affaire serait ainsi pliée par une déclaration.
Acte cinq : Idriss Deby fait son rapport à l'Elysée à la présidence française. Satisfaction de tous les côtés.
Mais dans la journée du mercredi 8 janvier un conseiller du Quai d'Orsay lâche à Reuters l'affaire, qui immédiatement diffuse, mettant le feu dans les rédactions.
La nouvelle arrive aux oreilles de Michel Djotodia à Bangui qui du coup se fâche, et fait de la résistance. Il ne veut plus démissionner.
Blessé dans son orgueil, il prend très mal le fait que sa démission soit déjà annoncée alors qu'il n'a encore rien signé. Il le fait savoir à Idriss Deby.
Acte six : Cet imprévu met le président tchadien en colère de son côté. Il prévient Djotodia et l'oblige sur menace, à venir finalement à N'Djamena le mercredi même pour une entrevue musclée en tête à tête.
Deby l'inonde d'insultes et le presse de démisionner, mais Djotodia continue à faire de la résistance, en lui faisant savoir sa fin de non recevoir.
Acte sept : C'est très courroucé qu'Idriss Deby ouvre dans la matinée du 9 la réunion extraordinaire de la CEEAC.
Le piège ne peut plus fonctionner si ce têtu de Djotodia ne veut pas se résigner.
Du coup, il a une soudaine idée lumineuse, prenant de court même le secrétaire général de la CEEAC Ahmat Allami, un homme à lui qu'il a placé à la tête de l'institution.
Ahmat Allami en toute innocence, mais surtout ignorance, face aux rumeurs persistantes de la démission de Djotodia fuitées dans la presse, d'assurer qu'il ne sera pas question de la démission de Michel Djotodia, ni de la remise en question de la transition en RCA - de guerre lasse !
L'idée saugrenue de Deby était comme Lagardère, si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi.
En quelque sorte, si Djotodia ne veut pas plier, on l'y contraindra en faisant venir toute l'assemblée de transition centrafricaine à N'Djamena pour la contraindre à voter pour la destitution de Djotodia.
En les instrumentalisant du coup.
Une première mondiale, même les soviets n'y avaient même pas pensé ironisera notre consœur Fanny Minao-N'Diaye.
Sitôt dit sitôt fait, un avion est dépêché à Bangui pour convoyer les conseillers du CNT dans la capitale tchadienne.
Les conseillers n'ont pas le choix, ils ne savaient même pas pourquoi ils devaient se rendre dans l'urgence à N'Djamena.
Paris apprend l'affaire, et fait comprendre à Deby que ce n'est pas une bonne idée de déplacer l'assemblée nationale d'un pays ailleurs pour en décider de la destinée.
Trop tard !
Acte sept : La nuit du 9 au 10 janvier fut quasiment une nuit blanche pour les conseillers du CNT.
Les tractations vont bon train, mais rien de définitif n'en sort, Djotodia ne veut toujours pas démissionner, et certains conseillers très remontés refusent de voter pour sa destitution, estimant qu'ils n'avaient pas à obéir aux ordres du roi Deby.
Acte huit : Enfin !
Devant le blocage, Michel Djotodia, à la mi-matinée du 10, accepte de démissionner, mais pose une condition.
"Si je m'en vais, lui aussi s'en va !", parlant de Nicolas Tiangaye.
Une aubaine pour le président du CNT Alexandre Ferdinand N'Guendet, qui de longue date estime que Nicolas Tiangaye est un nul, et ne le porte pas dans son cœur.
Et pas question pour lui aussi que cela soit Tiangaye qui prenne la suite de Djotodia suivant le scénario de la France.
Nicolas Tiangaye qui s'y croyait déjà, informé de la condition ferme de Djotodia, refuse de démissionner, arguant que ce n'était pas ce qui était prévu.
Il tente de contacter Paris pour faire pression pour que le plan concocté se réalise, mais Paris est aux abonnés absents.
Il est seul du coup, et est contraint à la démission.
N'Guendet jubile !
© Janvier 2014 LA NOUVELLE CENTRAFRIQUE
Avec les contributions informatives de V.M, d'Isidore Mbayo et d'Eve Malonga
Nos bonnes sources à l'Elysée et au Quai d'Orsay ne nous ont jamais trahi avec des tuyaux percés.
Paris avait décidé de débarquer Djotodia depuis pratiquement un mois, aux domestiques de la CEEAC de lui donner un habillage un tant soit pue convenable à la "démission assistée" pour sauver les apparences.
CHRONOLOGIE D'UN BON COUP COLONIAL BIEN FRANCAFRIQUE
- Acte un : le fameux 'ON' de François Hollande concernant Djotodia lorsqu’il affirmait «On ne peut pas laisser en place un président qui n'a rien fait et qui a laissé faire».
Le 'ON' en question dévoilait déjà les manipulateurs d'arrière cour.
François Hollande qui ne sait rien des subtilités africaines et encore moins centro-africaines, avait pris Idriss Deby au départ vu comme un dictateur comme les autres pour devenir son 'conseiller' sur la chose Centrafricaine.
Une aubaine pour Deby qui usa de l'occasion pour se refaire la cerise si déconfite ces dernières années, et qui en profita pour suggérer à Hollande de tout faire pour débarquer Djotodia, plus en odeur de sainteté au palais rose de N'Djamena.
Contact pris, le sherpa Jean-Yves Le Drian a eu ensuite la tâche de faire la tournée des popotes des capitale de la sous région pour valider l'idée du débarquement du chef de la junte de Bangui.
- Acte deux : Nicolas Tiangaye contacté par téléphone par Le Drian affiche son enthousiasme pour succéder à Djotodia, si heureux de pouvoir se débarrasser de celui avec qui le courant n'était jamais passé.
Tiangaye se tenait prêt pour le service, et se renforçait, le crut-il, en suscitant une espèce d'union politique de 'partis d'opposition' amis, tel le puissant MLPC pour créer L'Alliance des Forces démocratiques pour la Transition, AFDT, afin d'ouvrir une autoroute pour les présidentielles à son ami Ziguélé, et dont il se faisait le porte voix.
- Acte trois : Le Drian de passage à N'Djamena d'arranger le coup avec le chef de l'état tchadien Idriss Deby, pour la précipitation d'une réunion d'urgence de la CEEAC afin d'avaliser la démission de Djotodia.
- Acte quatre : Idriss Deby appelle Michel Djotodia pour lui demander de présenter sa démission lors du sommet de la CEEAC à venir.
Accord de principe de Djotodia, mais avec la garantie qu'il serait sauf et libre de retourner au Bénin avec sa famille où il y possède une maison.
Deby accepte, le Bénin contacté de même.
Tout semblait rouler... Michel Djotodia n'aura même pas besoin de venir à N'Djamena pour se faire humilier. La CEEAC lira sa démission et ce sera suffisant. L'affaire serait ainsi pliée par une déclaration.
Acte cinq : Idriss Deby fait son rapport à l'Elysée à la présidence française. Satisfaction de tous les côtés.
Mais dans la journée du mercredi 8 janvier un conseiller du Quai d'Orsay lâche à Reuters l'affaire, qui immédiatement diffuse, mettant le feu dans les rédactions.
La nouvelle arrive aux oreilles de Michel Djotodia à Bangui qui du coup se fâche, et fait de la résistance. Il ne veut plus démissionner.
Blessé dans son orgueil, il prend très mal le fait que sa démission soit déjà annoncée alors qu'il n'a encore rien signé. Il le fait savoir à Idriss Deby.
Acte six : Cet imprévu met le président tchadien en colère de son côté. Il prévient Djotodia et l'oblige sur menace, à venir finalement à N'Djamena le mercredi même pour une entrevue musclée en tête à tête.
Deby l'inonde d'insultes et le presse de démisionner, mais Djotodia continue à faire de la résistance, en lui faisant savoir sa fin de non recevoir.
Acte sept : C'est très courroucé qu'Idriss Deby ouvre dans la matinée du 9 la réunion extraordinaire de la CEEAC.
Le piège ne peut plus fonctionner si ce têtu de Djotodia ne veut pas se résigner.
Du coup, il a une soudaine idée lumineuse, prenant de court même le secrétaire général de la CEEAC Ahmat Allami, un homme à lui qu'il a placé à la tête de l'institution.
Ahmat Allami en toute innocence, mais surtout ignorance, face aux rumeurs persistantes de la démission de Djotodia fuitées dans la presse, d'assurer qu'il ne sera pas question de la démission de Michel Djotodia, ni de la remise en question de la transition en RCA - de guerre lasse !
L'idée saugrenue de Deby était comme Lagardère, si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi.
En quelque sorte, si Djotodia ne veut pas plier, on l'y contraindra en faisant venir toute l'assemblée de transition centrafricaine à N'Djamena pour la contraindre à voter pour la destitution de Djotodia.
En les instrumentalisant du coup.
Une première mondiale, même les soviets n'y avaient même pas pensé ironisera notre consœur Fanny Minao-N'Diaye.
Sitôt dit sitôt fait, un avion est dépêché à Bangui pour convoyer les conseillers du CNT dans la capitale tchadienne.
Les conseillers n'ont pas le choix, ils ne savaient même pas pourquoi ils devaient se rendre dans l'urgence à N'Djamena.
Paris apprend l'affaire, et fait comprendre à Deby que ce n'est pas une bonne idée de déplacer l'assemblée nationale d'un pays ailleurs pour en décider de la destinée.
Trop tard !
Acte sept : La nuit du 9 au 10 janvier fut quasiment une nuit blanche pour les conseillers du CNT.
Les tractations vont bon train, mais rien de définitif n'en sort, Djotodia ne veut toujours pas démissionner, et certains conseillers très remontés refusent de voter pour sa destitution, estimant qu'ils n'avaient pas à obéir aux ordres du roi Deby.
Acte huit : Enfin !
Devant le blocage, Michel Djotodia, à la mi-matinée du 10, accepte de démissionner, mais pose une condition.
"Si je m'en vais, lui aussi s'en va !", parlant de Nicolas Tiangaye.
Une aubaine pour le président du CNT Alexandre Ferdinand N'Guendet, qui de longue date estime que Nicolas Tiangaye est un nul, et ne le porte pas dans son cœur.
Et pas question pour lui aussi que cela soit Tiangaye qui prenne la suite de Djotodia suivant le scénario de la France.
Nicolas Tiangaye qui s'y croyait déjà, informé de la condition ferme de Djotodia, refuse de démissionner, arguant que ce n'était pas ce qui était prévu.
Il tente de contacter Paris pour faire pression pour que le plan concocté se réalise, mais Paris est aux abonnés absents.
Il est seul du coup, et est contraint à la démission.
N'Guendet jubile !
© Janvier 2014 LA NOUVELLE CENTRAFRIQUE
Avec les contributions informatives de V.M, d'Isidore Mbayo et d'Eve Malonga