Téléchargez le rapport en Français : http://www.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=33758
Dans la nuit du 1er au 2 février 2009, le journaliste franco-congolais Bruno Jacquet Ossébi, collaborateur du journal en ligne d'opposition Mwinda, décède brutalement à l'hôpital militaire de Brazzaville. Douze jours plus tôt, il avait réchappé de l'incendie survenu à son domicile, dans lequel ont péri sa compagne et les deux enfants de cette dernière. Accident ou incendie criminel ? Mort naturelle ou assassinat ? Ces événements restent aujourd'hui entourés du plus grand mystère.
A quelques jours de l'élection présidentielle prévue au Congo, Reporters sans frontières et son organisation partenaire en République démocratique du Congo, Journaliste en danger, rendent public un rapport d'enquête sur cette mort suspecte.
L'absence d'autopsie du corps et d'expertise sur le lieu de l'incendie, ainsi que les négligences des enquêteurs font craindre que la vérité ne soit jamais connue. Plusieurs responsables de la police congolaise minimisent l'affaire et doutent même de la qualité de journaliste de Bruno Ossébi. Trois jours avant l'incendie de sa maison, cet ardent militant anti-corruption, impliqué dans la plainte dite des "biens mal acquis" visant le président Denis Sassou-Nguesso, venait pourtant de publier un article dénonçant un accord de préfinancement, interdit par la loi, entre une banque française et la Société Nationale de Pétrole du Congo.
Au cours de leur mission menée à Brazzaville, du 20 au 27 mai dernier, les deux organisations ont obtenu des documents inédits, comme les vidéos amateur de la destruction de la maison du journaliste quatorze heures seulement après l'incendie. La délégation a rencontré plus de quatre-vingts personnes : les familles des victimes, des proches de Bruno Ossébi, des voisins, des journalistes, les membres de la commission rogatoire, les plus hautes autorités de la police et des renseignements, des diplomates, et un membre du gouvernement congolais. Depuis Paris, la mission s'est également entretenue par téléphone avec une dizaine de personnalités françaises et congolaises.
Face à l'immobilisme des autorités en charge de l'enquête, Reporters sans frontières et Journaliste en danger recommandent à la commission rogatoire de rendre rapidement ses conclusions, après avoir procédé à une enquête exhaustive, en n'écartant aucune hypothèse. Les deux organisations enjoignent également le gouvernement congolais à demander la coopération policière et judiciaire de la France dans cette affaire et invitent le gouvernement français à ouvrir une instruction en France.
Enfin, elles appellent le futur président de la République du Congo à garantir que les professionnels de l'information seront libres d'exercer leur profession en toute sécurité, à l'abri des menaces et des intimidations.