Par Gilles Deleuze
Il y a un parallélisme politique étonnant à noter entre les destinées de François Bozizé et de Michel Djotodia. Putschistes tous les deux, soutenus par le Tchad de Déby tous les deux, et fronde de rebelles contre eux tous les deux. A la différence près que pour Michel Djotodia, le film tourne en accéléré.
Il fallut environ 3 ans pour que l'opposition armée se mette en action contre Bozizé, alors que pour Djotodia, quelques mois suffirent. D'autres points communs entre les deux hommes sont à relever.
- L'absence de perspective politique, les deux hommes, comme communément dans le pays voulurent le pouvoir pour le pouvoir, la suite ? A Dieu Vat !
- L’étouffement des voix discordantes
Le Camp De ROUX à Bangui est en train de devenir la sordide prison de Bozizé à Bossembélé, ou sur lettres de cachet du dictateur, ceux qui déplaisaient y étaient embastillés sans aucun formalisme judiciaire légal, et oubliés.
Les choses ont débuté pour Djotodia par l'arrestation de Mohamed Moussa Daffane, le seul qui en avance avait prédit les catastrophes à venir, à savoir la dérégulation des Séléka.
Une première, l'arrestation de Daffane fut dans des conditions rocambolesques, par décret présidentiel.
Relire l'excellent papier de la consoeur Sandra Martin-White dessus à l'époque : http://www.alwihdainfo.com/Centrafrique-Djotodia-le-machiavel-centrafricain_a7545.html
- L'impunité pour les assassins
La lugubre GP, Garde présidentielle de Bozizé a tué et brûlé des villages un peu partout dans le pays.
Répétition actuelle du même phénomène par les sbires incontrôlés de Djotodia. Hier la Séléka œuvrant, aujourd'hui, les mêmes mais estampillés 'Forces nouvelles'.
- Le nihilisme de la primature
Pour l'un comme pour l'autre, les Premiers ministres ne sont que serpillières. François Bozizé décidait de tout, ses premiers ministres n'avaient qu'à suivre. Son suivant entre dans ses bottes pour le même résultat. Nicolas Tiangaye ne sert à rien, Michel Djotodia ne s'occupe pas de lui. Et le pauvre homme en est réduit à inaugurer les chrysanthèmes. Comme nous l'écrivions dans 'La lettre du continent' de nombreuses décisions importantes passent par dessus la tête de Nicolas TIANGAYE.
- Une semblable démagogie
"Ils disent aller à gauche quand ils pensent à droite".
En 2003, Bozizé la main sur le coeur jurait qu'il y'aurait des élections démocratiques, et qu'il n'était là que provisoirement, le temps d'installer les choses.
Le provisoire a duré 10 ans, pour se terminer brutalement sous les hordes des Séléka et par le lâchage du Seigneur du désert Tchadien.
En 2013, affirmation peu remarquée, Djotodia disait : 'Je n’ai pas dit que dans trois ans, je remettrai le pouvoir. J’ai dit que d’ici trois ans, nous allons organiser des élections libres et transparentes avec le concours de tout le monde.' (cf: http://camnews24.com/fr/politique/afrique/34578-le-president-autoproclame-du-rca-michel-djotodia-sur-rfi-lnous-ne-sommes-pas-la-pour-faire-une-chasse-aux-sorcieresr-)
Un lourd sous entendu annonçant sa volonté de durer, comme Bozizé.
Néanmoins, les exactions de ses séléka ont brîsé ce rêve, contraignant les forces sous-régionales à lui imposer de s'en aller dans 18 mois.
- Les mêmes pleurs
François Bozizé ne fut jamais un chef d'état au sens propre du terme. Caméléon louvoyeur, l'autiste de Bangui comme le surnommait Sarkozy jouait des aides des uns et des autres pour survivre. Pour l'Observatoire Centrafricain Economique Et Social, à peine 15% des ressources fiscales permirent le paiement des salaires. Le reste ne vint que de l'extérieur, du Tchad notamment.
Et quand il s'en fut de sauver son régime, Bozizé d'implorer la France. Photocopie actuellement pour Djotodia. C'est l'argent congolais qui a permis de souffler pendant 3 mois.
Pour la suite ? Djotodia sonde le Qatar et la chine, en quête de fonds. Le robinet français, l'habituel boucheur des déficits étant clos. Pour les aides à la sécurité, dans l'incapacité de contrôler quoique ce soit, Djotodia s'est livré pieds et poings liés à la communauté internationale, mettant ainsi fin aux bénéfices de son coup d'état. Dans l'entre deux chaises, le voilà à survivre au jour le jour. Ce qui éveilla les railleries de certains de ses ministres, dont le plus offensif est Joseph BENDOUGA, osant parler de 'comédie du pouvoir' tout en envoyant l'invisible et insipide Nicolas Tiangaye nettoyer les écuries d'Augias.
- Une fin identique ?
L'avenir des dictateurs en RCA a toujours été identique pour tous. Ca finit toujours mal. Bokassa éjecté par la France lors d'une opération suintant bien le bon temps de la coloniale, et Bozizé out en quelques heures un certain jour de mars. Les ides du mois lui furent défavorables.
Il plane donc sur la tête de Djotodia un départ risquant de ne pas être serein. Un "général" Séléka s'étant réfugié à Birao avait confié à V.M sa volonté d'éliminer physiquement Michel Djotodia. 'Il nous a trahi, il nous a menti, et il nous doit beaucoup d'argent.' Daffane pourtant avait prévenu Djotodia. Ne pas tenir parole face à des hommes armés, c'est courir le risque du pire. Ce qui arrivât.
La donne de 2015 ?
Djotodia ne pourra pas sampler les mascarades électorales de Bozizé de 2005 et 2011. Là est le futur qui fera la différence.
Toutefois, étant donné les bonnes habitudes de ce pays, n'avons-nous pas déjà en préparation un futur dictateur ?
© Novembre 2013 La Nouvelle Centrafrique
Il y a un parallélisme politique étonnant à noter entre les destinées de François Bozizé et de Michel Djotodia. Putschistes tous les deux, soutenus par le Tchad de Déby tous les deux, et fronde de rebelles contre eux tous les deux. A la différence près que pour Michel Djotodia, le film tourne en accéléré.
Il fallut environ 3 ans pour que l'opposition armée se mette en action contre Bozizé, alors que pour Djotodia, quelques mois suffirent. D'autres points communs entre les deux hommes sont à relever.
- L'absence de perspective politique, les deux hommes, comme communément dans le pays voulurent le pouvoir pour le pouvoir, la suite ? A Dieu Vat !
- L’étouffement des voix discordantes
Le Camp De ROUX à Bangui est en train de devenir la sordide prison de Bozizé à Bossembélé, ou sur lettres de cachet du dictateur, ceux qui déplaisaient y étaient embastillés sans aucun formalisme judiciaire légal, et oubliés.
Les choses ont débuté pour Djotodia par l'arrestation de Mohamed Moussa Daffane, le seul qui en avance avait prédit les catastrophes à venir, à savoir la dérégulation des Séléka.
Une première, l'arrestation de Daffane fut dans des conditions rocambolesques, par décret présidentiel.
Relire l'excellent papier de la consoeur Sandra Martin-White dessus à l'époque : http://www.alwihdainfo.com/Centrafrique-Djotodia-le-machiavel-centrafricain_a7545.html
- L'impunité pour les assassins
La lugubre GP, Garde présidentielle de Bozizé a tué et brûlé des villages un peu partout dans le pays.
Répétition actuelle du même phénomène par les sbires incontrôlés de Djotodia. Hier la Séléka œuvrant, aujourd'hui, les mêmes mais estampillés 'Forces nouvelles'.
- Le nihilisme de la primature
Pour l'un comme pour l'autre, les Premiers ministres ne sont que serpillières. François Bozizé décidait de tout, ses premiers ministres n'avaient qu'à suivre. Son suivant entre dans ses bottes pour le même résultat. Nicolas Tiangaye ne sert à rien, Michel Djotodia ne s'occupe pas de lui. Et le pauvre homme en est réduit à inaugurer les chrysanthèmes. Comme nous l'écrivions dans 'La lettre du continent' de nombreuses décisions importantes passent par dessus la tête de Nicolas TIANGAYE.
- Une semblable démagogie
"Ils disent aller à gauche quand ils pensent à droite".
En 2003, Bozizé la main sur le coeur jurait qu'il y'aurait des élections démocratiques, et qu'il n'était là que provisoirement, le temps d'installer les choses.
Le provisoire a duré 10 ans, pour se terminer brutalement sous les hordes des Séléka et par le lâchage du Seigneur du désert Tchadien.
En 2013, affirmation peu remarquée, Djotodia disait : 'Je n’ai pas dit que dans trois ans, je remettrai le pouvoir. J’ai dit que d’ici trois ans, nous allons organiser des élections libres et transparentes avec le concours de tout le monde.' (cf: http://camnews24.com/fr/politique/afrique/34578-le-president-autoproclame-du-rca-michel-djotodia-sur-rfi-lnous-ne-sommes-pas-la-pour-faire-une-chasse-aux-sorcieresr-)
Un lourd sous entendu annonçant sa volonté de durer, comme Bozizé.
Néanmoins, les exactions de ses séléka ont brîsé ce rêve, contraignant les forces sous-régionales à lui imposer de s'en aller dans 18 mois.
- Les mêmes pleurs
François Bozizé ne fut jamais un chef d'état au sens propre du terme. Caméléon louvoyeur, l'autiste de Bangui comme le surnommait Sarkozy jouait des aides des uns et des autres pour survivre. Pour l'Observatoire Centrafricain Economique Et Social, à peine 15% des ressources fiscales permirent le paiement des salaires. Le reste ne vint que de l'extérieur, du Tchad notamment.
Et quand il s'en fut de sauver son régime, Bozizé d'implorer la France. Photocopie actuellement pour Djotodia. C'est l'argent congolais qui a permis de souffler pendant 3 mois.
Pour la suite ? Djotodia sonde le Qatar et la chine, en quête de fonds. Le robinet français, l'habituel boucheur des déficits étant clos. Pour les aides à la sécurité, dans l'incapacité de contrôler quoique ce soit, Djotodia s'est livré pieds et poings liés à la communauté internationale, mettant ainsi fin aux bénéfices de son coup d'état. Dans l'entre deux chaises, le voilà à survivre au jour le jour. Ce qui éveilla les railleries de certains de ses ministres, dont le plus offensif est Joseph BENDOUGA, osant parler de 'comédie du pouvoir' tout en envoyant l'invisible et insipide Nicolas Tiangaye nettoyer les écuries d'Augias.
- Une fin identique ?
L'avenir des dictateurs en RCA a toujours été identique pour tous. Ca finit toujours mal. Bokassa éjecté par la France lors d'une opération suintant bien le bon temps de la coloniale, et Bozizé out en quelques heures un certain jour de mars. Les ides du mois lui furent défavorables.
Il plane donc sur la tête de Djotodia un départ risquant de ne pas être serein. Un "général" Séléka s'étant réfugié à Birao avait confié à V.M sa volonté d'éliminer physiquement Michel Djotodia. 'Il nous a trahi, il nous a menti, et il nous doit beaucoup d'argent.' Daffane pourtant avait prévenu Djotodia. Ne pas tenir parole face à des hommes armés, c'est courir le risque du pire. Ce qui arrivât.
La donne de 2015 ?
Djotodia ne pourra pas sampler les mascarades électorales de Bozizé de 2005 et 2011. Là est le futur qui fera la différence.
Toutefois, étant donné les bonnes habitudes de ce pays, n'avons-nous pas déjà en préparation un futur dictateur ?
© Novembre 2013 La Nouvelle Centrafrique