« Le Témoin » N° 1125 –Hebdomadaire Sénégalais ( MAI 2013)
Cheikh Sidya Bayo, le président du Conseil national de Transition gambien (CNTG, opposition en exil) est dans tous ses états depuis qu'il a appris l'enlèvement dans la capitale sénégalaise, il y a de cela une quinzaine de jours, d'un de ses collaborateurs le député Mahawa Thiam. Ce dernier, qui aurait été enlevé à Dakar dans des conditions rocambolesques, est un membre éminent du CNTG. Il occupe le poste de « ministre de l'Environnement » dans le « gouvernement de transition » dirigé par Cheikh Sidya Bayo. Dans notre tentative de recoupement de cette information sensible, nous avons réussi à joindre au téléphone depuis la Caroline du Nord (USA) où il séjournait, le jeune opposant au régime de Banjul. Cheikh Sidya Bayo a confirmé l’information tout en pointant un doit accusateur en direction des autorités gambiennes. A l'en croire, son collaborateur Mahawa Thiam vivait en exil à Dakar. C'est d'ailleurs dans la capitale sénégalaise, a précisé Bayo, que M. Thiam a été piégé, selon ses dires, avant d'être kidnappé par des éléments qu'il soupçonne d’appartenir aux redoutables services de renseignements gambiens, la "National Intelligence Agency" (NIA). Selon le patron du CNTG qui avait du mal à cacher son amertume, c'est sur ordre de l'homme fort de Banjul, le président Yaya Jammeh, « avec la complicité passive des autorités sénégalaises » que son « ministre de l'Environnement » aurait été enlevé « illégalement » sur le territoire sénégalais. Et de s’emporter : « Je condamne avec véhémence cet enlèvement de mon collaborateur. C'est inadmissible. Le CNTG ne se laissera pas faire », a-t-il martelé. Jeune et charismatique opposant en exil, Cheikh Sidya Bayo bénéficie de solides soutiens dans son pays, en Afrique et dans plusieurs chancelleries occidentales. Depuis qu'il s'est engagé dans la voie de la révolution pour, dit-il, « restaurer la démocratie et l’État de droit » en Gambie, il est devenu la bête noire du régime du président Yaya Jammeh. Récemment, on se le rappelle, il avait lancé, sans succès, un ultimatum depuis la capitale sénégalaise pour exiger le départ du Président Jammeh du pouvoir. Si cet « enlèvement » était confirmé, cela constituerait, après les expulsions vers la Guinée-Conakry et le Mali de l’opposant gambien Kukoï Samba Sagna et du blogueur tchadien Makaila Nguébla, une confirmation de la fascisation rampante du régime sénégalais depuis l’accession au pouvoir du Président Macky Sall en avril 2012 suite à sa victoire électorale du 25 mars de la même année.
Siaka NDONG
« Le Témoin » N° 1125 –Hebdomadaire Sénégalais ( MAI 2013)
« Le Témoin » N° 1125 –Hebdomadaire Sénégalais ( MAI 2013)