Les prix des denrées alimentaires sur les marchés internationaux ont atteint un niveau record en février 2011, en raison notamment des coûts accrus des céréales, des viandes et des produits laitiers.
Il est à craindre que cette flambée ne plonge des millions de personnes dans la pauvreté et n'entraîne des troubles civils, a indiqué l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Dans un rapport diffusé le 3 mars 2011, la FAO a précisé que son Indice des prix des produits alimentaires avait enregistré une hausse de 2,2 % en février.
C'est la huitième hausse mensuelle consécutive de l'indice qui se trouve actuellement à son niveau le plus élevé depuis son institution en janvier 1990. L'indice rapporte les variations mensuelles sur les marchés internationaux des prix d'un ensemble de produits de base vivriers, dont les céréales, les huiles et les matières grasses, les produits laitiers, les viandes et le sucre.
"À l'exception du sucre, les prix de tous les autres groupes de produits de base ont enregistré une hausse en février, les plus marquées étant dans le secteur des produits laitiers et des céréales", a souligné l'agence de l'ONU basée à Rome.
Selon le rapport mensuel de la FAO :
- L'indice des prix des céréales, qui comprend le coût des aliments de base tels que le blé, le riz et le maïs, a augmenté de 3,7 % en février, pour atteindre son niveau le plus élevé depuis juillet 2008 ;
- L'indice des prix des produits laitiers a enregistré une hausse de 4 % en février par rapport au mois précédent, restant néanmoins bien en-dessous de son niveau record de novembre 2007 ;
- L'indice des prix des huiles et des matières grasses ne s'est que légèrement accru en février, son niveau demeurant tout juste en-dessous de son record atteint en juin 2008 ;
- L'indice des viandes a augmenté de 2 % en février par rapport à son niveau de janvier ;
- L'indice des prix du sucre en février était légèrement inférieur à celui du mois précédent mais il est resté néanmoins supérieur de 16 % à son niveau de février 2010.
Selon la FAO, les prix élevés des produits alimentaires et la récession mondiale ont réduit encore des millions de personnes à la pauvreté et à la faim. En 2009, le total des personnes souffrant de faim chronique dans le monde avait atteint 1 milliard. Mais depuis, ce chiffre a légèrement baissé avec un total de 925 millions de personnes.
"Les prix des aliments de base demeurent élevés dans de nombreux pays en développement, ce qui rend la vie difficile aux personnes les plus pauvres du monde, qui dépensent déjà de 60 à 80 % de leurs maigres revenus pour leur alimentation", a souligné la FAO.
Dans une fiche analytique sur les prix des produits agricoles sur les marchés internationaux, le département d'État américain a noté la flambée des cours du blé au cours des sept derniers mois.
Les prix à l'exportation du maïs américain ont augmenté de 70 % par rapport à juin 2010 en raison de la forte demande tant à l'intérieur qu'à l'étranger qui fait pression sur une offre moins importante aux États-Unis, en Argentine et au Brésil, a ajouté le département d'État américain. En revanche, les prix du riz n'ont enregistré qu'une hausse modeste durant la même période.
La FAO s'est aussi dite préoccupée par la flambée des prix du pétrole sur les marchés internationaux. Le prix du baril a atteint plus de 100 dollars en février 2011 en raison des inquiétudes relatives aux perturbations dans les approvisionnements qui pourraient se produire avec les troubles en Libye. Les cours du pétrole influencent les prix des produits alimentaires tout au long de la chaîne de production jusqu'au transport vers les marchés.
"La flambée inattendue des cours du pétrole pourrait exacerber encore plus la situation déjà précaire sur les marchés alimentaires", a déclaré M. David HALLAM, directeur de la division commerce international et marchés de la FAO.
"Cela ajoute une nouvelle incertitude quant aux conjonctures sur les prix alors que la saison des semences commence dans certaines régions principales de production".
Le ministère de l'agriculture des États-Unis prédit une hausse continue des prix alimentaires en raison de la demande accrue qui découle de l'amélioration des revenus des particuliers dans les pays en développement. Cette hausse à long terme survient après plusieurs décennies marquées par les prix peu élevés des produits alimentaires de base qui avaient découragé les investissements et l'innovation dans les technologies de production agricole.
Au cours de la période 2008 à 2009, la flambée des prix alimentaires sur les marchés internationaux avait contribué à l'insécurité de par le monde et avait provoqué des conflits civils dans plusieurs pays ; elle avait aussi conduit 36 pays à lancer des appels à une aide alimentaire, a indiqué le département d'État dans la fiche analytique.
Suite à la flambée des prix alimentaires de l'époque, le président OBAMA avait promis 3,5 milliards de dollars aux pays pauvres pour lutter contre la faim en investissant dans le développement agricole. Cet engagement s'est traduit par l'Initiative alimentaire des États-Unis pour l'avenir, qui met à profit l'innovation, la recherche et le développement pour accroître la productivité agricole, relier les agriculteurs aux marchés locaux et régionaux, améliorer la nutrition et mettre en place des filets de sécurité, a expliqué le département d'État.
"Ces investissements augmenteront les approvisionnements alimentaires là où les besoins s'en ressentent et aideront les personnes à risques à mieux tolérer les flambées des prix", a souligné le département d'État américain dans sa fiche analytique sur ladite initiative.
Le gouvernement OBAMA a adopté pour position, entre autres, le principe que les États-Unis continueront à fournir de l'aide alimentaire dans les situations de crise mais viseront à aider les pays à mettre au point des solutions durables pour éliminer la faim par le biais d'un engagement à long terme en faveur de la croissance du secteur agricole, a ajouté le département d'État.