Par Alpha Sidoux Barry
Président de Conseil & Communication International (C&CI)
Il est près de 16 heures lorsque Faya Millimouno fait son entrée dans la salle de conférences de la Maison des Associations du XVème Arrondissement de Paris, ce samedi 12 Mai 2012. A l’invitation du Club DLG-Demain la Guinée, pour rencontrer les Guinéens de France.
DLG a déjà reçu la presque totalité des leaders de la classe politique guinéenne depuis sa création, il y a plus de dix ans, en 2001. Présidée, à l’heure actuelle, par Malick Khadra Diaby, cette plateforme se veut un lieu de dialogue et d’échanges, un trait d’union entre Guinéens de l’Intérieur et Guinéens de l’Extérieur.
Aujourd’hui, c’est au tour de Faya Millimouno de présenter son analyse de la situation politique, économique et sociale de la Guinée, ainsi que sa vision de l’avenir du pays. Ancien vice-président de la NGR-Nouvelle Génération pour la République d’Abé Sylla, l’homme a le look rassurant du leader charismatique. Costume bleu noir rayé impeccable et cravate rouge, lunettes à fine monture, teint d’obsidienne, visage bonhomme qui suscite dès l’abord l’empathie, il en impose d’emblée par sa présence presque tutélaire.
Après quelques mots d’accueil du président de DLG, Malick Khadra Diaby, de Nabbie Soumah, premier président du Club et d’Aboubacar Fofana, président d’honneur, il revient à Mme Mamady Bangoura de décrire le « parcours impressionnant », selon les propres mots de celle-ci, de Faya Millimouno.
Âgé de 49 ans, Faya Millimouno, que les Guinéens appellent familièrement Faya, est né à Guéckédou, en pays kissi. Ses premiers pas dans la vie sont quelque peu tourmentés. Il n’a pas grandi dans sa propre famille. Il a d’abord été élevé dans une famille Bangoura dans sa ville natale, puis a continué ses études à Faranah chez un Condé, un fonctionnaire qui, affecté à Kankan, l’a confié à un Barry, de la famille de l’Almamy du Fouta Djallon. Ceci explique que certains ont cru que Faya était un Peulh. De plus, il a de petits neveux Kaba et Bangoura, explique-t-il.
C’est cette expérience riche, diversifiée, multiculturelle, qui lui a donné l’ouverture d’esprit qui le caractérise aujourd’hui et fait qu’il est accepté dans toute la Guinée, de sa Forêt natale à la Basse Guinée, en passant par le pays malinké et le pays peulh. Cet homme s’est affranchi de l’ethnocentrisme aliénateur. Il a acquis la carrure et la capacité de rassembler les Guinéens.
En cela, il ressemble beaucoup à Macky Sall, le nouveau Président sénégalais, qui apparaît comme un Sénégalais de synthèse – Peulh de souche, Sérère, Mandingue et Ouolof de culture.
Diplômé, à l’âge de 25 ans, de l’Ecole Normale Supérieure de Manéah (près de Kindia, en Basse Guinée) qui forme les enseignants de l’Education nationale, il est sélectionné parmi les meilleurs pour enseigner dans cette même institution, pendant dix ans, jusqu’en 1996, date à laquelle il obtient une bourse d’excellence de la Francophonie octroyée par le Gouvernement du Canada pour aller poursuivre ses études à l’Université de Montréal. Il y fait sa maîtrise et présente le Doctorat en Sciences de l’Education. Il s’ensuit un stage de perfectionnement.
En 2000, il est consultant en éducation à la Banque mondiale. L’année suivante, il entre à l’Université de Georgetown à Washington, la capitale des Etats-Unis.
Mais, Faya n’est pas qu’un simple universitaire. Très tôt, il est entré dans la vie associative, notamment au sein de l’Association des Guinéens de Montréal, puis dans la vie politique. Dès l’instauration du multipartisme en Guinée, en 1991, il s’engage dans le PGP, le parti du Doyen Alpha Abdoulaye Porthos Diallo, ancien ministre sous le régime de Sékou Touré. Avec comme leitmotiv, que « les Guinéens ne vivent plus jamais ce que j’ai [Porthos] vécu » (10 ans au Camp Boiro). Faya en est le Secrétaire à la Jeunesse.
Bien plus tard, il entre à la NGR d’Abé Sylla dont il devient le Vice-président. Durant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2010, il est désigné Porte-parole de l’Alliance des partis qui soutiennent Cellou Dalein Diallo, arrivé en tête (48% des voix), face à Condé Alpha (18%), qui finira par l’emporter par on ne sait quel sortilège. Plutôt, on le sait : la tricherie.
A la fin du mois d’Avril 2012, Faya claque brutalement la porte de la NGR et reprend sa liberté. Il s’en explique clairement au cours des débats qui suivront son intervention magistrale au cours de cette rencontre avec les Guinéens de France.
Les Guinéens avaient besoin d’entendre un autre son de cloche et non plus la sempiternelle rengaine de cette classe politique usée jusqu’à la corde qui maintient la Guinée dans le marasme et l’état stationnaire.
Orateur captivant, Faya a renouvelé le discours politique. Il s’exprime dans un langage simple, clair et sans fioritures ni circonvolutions. Il parle au peuple dans la langue que celui-ci parle.
On pensait que les Guinéens de France allaient accourir à cette rencontre avec Faya, ne serait-ce que par curiosité, pour découvrir un homme politique neuf. Mais il est difficile de mobiliser les Diaspos, éreintés par 50 ans de dictature (Sékou Touré, Lansana Conté, Daddis Camara). Cependant, la salle de conférences de la Maison des Associations du XVème Arrondissement de Paris était remplie.
La biographe de Faya, Mme Mamady Bangoura, ne terminera pas sa présentation de l’invité du Club DLG sans poser la question qui brûle toutes les lèvres : « Qu’est-ce qui a motivé votre départ de la NGR ? »
La question est embarrassante. Mais Faya ne l’esquive pas. Il y répondra plus tard, au milieu de son exposé, qui durera près d’une demi-heure, une durée que l’assistance n’a pas senti passer, tant elle était captivante.
« Il manque dans notre pays un espace de débat et d’échange », commence-t-il. « Nous sommes en train de perdre la Guinée que j’ai connue, la Guinée de la solidarité et du dialogue, celle ou il n’y avait pas de différence entre Kissi, Toma, Kpellè, Peulh, Malinké, Diakanké, Soussou, Baga, Landouma, Mikiforè, Coniagui ou Bassari », poursuit-il.
« Le pays est sur une pente très raide. Et la politique est en train de le diviser. Ce qui se passe aujourd’hui ne nous ressemble pas. On est en train de faire de la Guinée un enfer. » Faya exprime alors sa grande amertume après l’élection présidentielle de 2010 : « Tout le monde espérait une seule gagnante, la Guinée. On a fêté la victoire d’une ethnie. » C’est désastreux. « Je crois que le RPG, ce n’est pas le Rassemblement du peuple de Guinée, c’est plutôt la DPG, la Division du peuple de Guinée. »
Malgré tout, Le discours de Faya prend une tournure positive. La Guinée doit marcher, estime-t-il, sur ses quatre roues motrices : Mines, Agriculture, Tourisme et Energie.
« Je pense que la politique, dit-il, c’est la défense de la dignité humaine, la recherche du bien-être de l’homme. Il faut rechercher les qualités des personnes plutôt que leurs défauts, car ce sont celles-là qu’il faut monnayer pour faire avancer notre pays. L’élément fondamental, c’est la liberté. Quand je dénonce les violations des droits de l’homme par Condé Alpha, ce n’est pas à lui que je m’en prends. Je veux barrer la route non pas à Condé Alpha, mais à la division qu’il incarne. »
Et Faya de rappeler la situation dramatique du pays : « Je pensais que le problème de la Guinée était tout simplement économique. Le gâteau à partager est petit [sous-entendu, la richesse nationale créée tous les ans, c’est-à-dire le PIB, est faible]. Malheureusement, chacun pense qu’il faut le partager avec seulement son propre frère. » Alors, comment en sortir ? : « Rechercher ce qui nous unit plutôt que ce qui nous oppose, chercher en nous les qualités de chacun. »
Sans doute par déformation professionnelle, l’ancien enseignant reprend le dessus sur l’orateur. Et de citer un penseur américain : « Avec un dictateur, ne va surtout pas aux élections, car il va gagner. Ne négocie jamais les principes. »
S’appuyant sur cette recommandation, l’opposition guinéenne devrait refuser d’aller à des élections législatives truquées d’avance. Ce refus devrait persister tant que l’actuel président de la Céni, l’homme lige de Condé ne serait pas chassé et remplacé par un arbitre neutre. L’opposition l’a bien compris, pour avoir organisé la marche de protestation du 10 Mai 2012 qui, comme il fallait s’y attendre, a été réprimée dans le sang par ce pouvoir ethnocentriste et archaïque. Bilan : un manifestant entre la vie et la mort, plus de 50 blessés et des dizaines d’arrestations.
« Si l’opposition ne se bat pas pour obtenir des élections propres, Condé Alpha fera non seulement un deuxième mandat, mais un troisième, voire la présidence à vie », avertit, en marge de la rencontre, le Dr Bakary Diakité, qui a quitté l’UFD pour rejoindre le PDN de Lansana Kouyaté, « le seul parti non ethniciste, avec l’UFR de Sydia ».
« Nous ne sommes pas l’opposition que Condé Alpha a incarnée, cet homme qui n’a jamais apposé sa signature au bas d’un accord avec le Gouvernement… Des hommes ont perdu la vie pour l’obtention du droit de vote. Je ne négocierai pas avec Condé Alpha. Il a oublié que je marchais dans la neige à Washington pour le faire libérer lorsqu’il était en prison. »
Faya aborde ensuite une revendication majeure de la Diaspora guinéenne, à savoir la possibilité de voter aux prochaines élections législatives. Il rappelle l’article 63 du Code électoral qui stipule que les élections sont ouvertes aux Guinéens sur l’ensemble du territoire national, y compris les ambassades et les consulats. D’ailleurs, les Guinéens de l’Extérieur ont voté à l’élection présidentielle de 2010. Alors, pourquoi pas aux législatives ?
L’orateur poursuit son exposé par une profession de foi : « Je veux voir les Guinéens aller le soir au lit sans la peur au ventre pour leur appartenance ethnique ou politique. »
« Je tiens à ce qu’on se regarde dans les yeux, qu’on contemple ensemble ce beau pays comblé par la nature et qu’on appelle les étrangers à le contempler avec nous, cette beauté et cette valeur que nous sommes », proclame-t-il. Fort malheureusement, « les politiciens maintiennent les Guinéens dans la misère pour mieux les contrôler. Des cadavres de manifestants jonchent les rues pour avoir simplement participé à une marche. Des parents qui ont perdu leurs enfants sont éconduits devant les commissariats de police… Si Condé Alpha avait revêtu le manteau de Président, s’il avait parlé à tous les Guinéens, on aurait espéré. On en est loin. L’opposition n’a pas accès aux médias d’Etat. La RTG, c’est la radio Condé Alpha. »
Avant de conclure son intervention, Faya revient sur le fameux discours de Sékou Touré devant le Général de Gaulle, le 25 août 1958, pour souligner la contradiction entre les deux membres de cette épique proclamation : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage ». Sans compter que les auteurs de ce discours, dont l’inoubliable syndicaliste enseignant, poète, écrivain et journaliste Traoré Mamadou, plus connu sous son nom de guerre et de plume Ray Autra, a omis de citer le véritable auteur de cette phrase devenue culte, en l’occurrence l’Osagyefo Kwamé N’Krumah (j’indiquerai à qui le veut le document prouvant l’authenticité de cette affirmation).
C’est alors que la voix de l’orateur enfle, monte crescendo et termine dans une sorte d’apothéose finale de remerciements à l’accueil chaleureux de l’auditoire et notamment à Sanaba Camara Coné, l’une des figures de proue de la cause guinéenne en Europe, qui a facilité cette rencontre. Tonnerre d’applaudissements.
Il s’ensuit l’inévitable séquence de questions-réponses.
C’est l’auteur de ces lignes qui ouvre les débats. Il se réjouit de voir de jeunes leaders comme Faya, Mouctar, Soropogui et d’autres, émerger sur la scène politique guinéenne. Vont-ils se donner la main, créer une synergie des forces progressistes pour le vrai changement en Guinée ? Faut-il commencer le développement en Guinée par le secteur minier ? Faut-il se cramponner à une zone monétaire autonome moribonde ou bien faire machine arrière vers la zone franc (il est vrai que de chaque côté des deux branches de cette alternative, le mal est infini et le choix cornélien) ?
A cette avalanche de questions, Faya répond sereinement : « Nous pensons sérieusement à une action commune. La seule chose que je sais, c’est que je continuerai à me battre pour les valeurs. » Et d’ajouter, avec son exquise courtoisie : « Les jeunes essaient, à côté des anciens, de ceux qui les précèdent, tels Lansana Kouyaté, Sidya Touré, Cellou Dalein… de se battre pour sortir des cercles ethniques, barrer la route à l’idéologie de la division. »
Sur l’économie : « Aussi longtemps que l’espace de justice, de sécurité, ne sera pas assuré, nous ne pourrons pas faire face aux défis économiques. Nous devons avoir une politique minière, mais pas celle que nous avons connue jusque-là. Le Code minier qui a été adopté, l’opposition n’a nullement été consultée. »
« Il faut mettre l’accent sur la gouvernance économique et financière. C’est une dimension majeure. » Dans la foulée, il aborde la question de l’Armée qui, de prime abord, ne paraît pas liée à l’économie, mais qui, en réalité, a un fort impact économique : « Au moment où on est en train de tribaliser l’Armée, moi je rêve d’une Armée professionnelle ouest-africaine. »
« A première vue, je vois l’Europe avoir une monnaie commune. A propos de la monnaie guinéenne, il faut créer un espace de débat sur cette question. »
Fanta Bayo, fille du très regretté Bayo Kalifa, ancien président de l’AEGF-Association des étudiants guinéens en France, mort prématurément en 1986, demande à Faya : « Après avoir quitté la NGR, qu’allez-vous faire maintenant ? Allez-vous vous présenter aux prochaines élections ? »
Question pertinente à laquelle Faya répond par une amusante boutade : « J’aimerai bien que vous votiez pour moi si je me présente. » Plus sérieusement : « Après la NGR, je n’ai aucune idée. Mais je prendrai une bonne décision. »
Saliou Camara, de l’UFDG et animateur du site Internet Guinee58 : « Est-ce que vous envisagez de créer votre propre formation politique ? Est-ce que le pouvoir va l’autoriser ? »
« La NGR donne l’impression qu’elle est à la recherche de poste », répond Faya. « Elle a continué le virage qu’elle a pris. C’est la NGR qui m’a abandonné. Je ne peux pas signer un chèque en blanc au Président guinéen, alors qu’il ne m’a rien demandé. »
Créer un parti ? Adhérer à un autre parti déjà établi ? Faya a l’embarras du choix. Il reçoit des propositions et des avances de toutes parts. Il n’a pas encore pris de décision. Mais il ne fait pas de doute qu’il prendra ses responsabilités en temps utile. Il faut tirer le chapeau à un homme politique qui ose dire non. Non pas seulement pour se poser en s’opposant, mais pour défendre des valeurs. « Nous recherchons le dialogue, le consensus », affirme-t-il, haut et fort.
Mme Malignouma Kéïta rappelle que de l’argent est mis à la disposition de la Guinée, mais à condition que les élections législatives se tiennent. Mais une population affamée est-elle en mesure de choisir les bons candidats ?
« Nous, nous n’avons pas encore été capables d’atteindre le point de décision de l’initiative PPTE-des Pays pauvres très endettés », répond en substance Faya. « Quelle leçon allons-nous donner à nos enfants ? Cet argent que nous recevons, il y a quelqu’un qui a travaillé pour le produire. » C’est à voir, la politique qu’il faut mettre en place pour informer les populations en vue d’un bon choix, estime Faya.
Mme Malon Kouyaté abonde dans le même sens que Mme Kéïta : Est-ce que les Guinéens sont en mesure de choisir le bon candidat ? « C’est le problème de l’œuf et de la poule », répond Faya. « Si nous n’avons pas un bon candidat, nous aurons faim. Mais si nous avons faim, nous ne pourrons pas choisir le bon candidat. » C’est là que se pose le problème des valeurs. « C’est une insulte à la conscience des Kissis que de leur demander de me soutenir parce que je suis Kissi. Nous devons attacher notre ceinture et soutenir quelqu’un pour les valeurs qu’il porte, pour les convictions qu’il défend. »
Mamadi Diabaté, un ancien militant de choc du RPG de Condé, qui a contribué, pendant des années, à implanter le RPG dans toute la Guinée et même dans les casernes militaires, est revenu depuis de l’illusionnisme de Condé Alpha. « Ce sont des menteurs, des manipulateurs. Il a maintenu le système Lansana Conté », dit-il à voix haute, en faisant allusion à Condé Alpha et à ses partisans. Diabaté ne pose pas de question à proprement parler, mais fait une recommandation et donne un conseil à Faya. Il lui propose « une stratégie très pertinente », à savoir créer dans tous les quartiers des villes, des cellules d’explication dans les langues nationales, pour contrer la propagande du pouvoir.
Conseil immédiatement accepté par Faya.
Michel Bangoura, membre fondateur de la NGR, prend la parole : « La NGR est dans l’opposition. La preuve, elle a participé à la marche du 10 Mai 2012. Si tu es dans l’opposition, alors tu resteras aux côtés d’Abé Sylla », lance-t-il, comme un défi.
C’est l’occasion pour Faya de s’expliquer : « Lorsque nous avons commencé la NGR, il y avait quelque chose de fort », dit Faya. « Il y a eu beaucoup d’émotion lorsque j’ai remis ma démission à Abé Sylla. Il demeure un frère et un ami. Et il a promis de le rester. »
Vient ensuite Ousmane Baldet, de l’UFD qui, lui, s’interroge sur les perspectives et qui pense qu’il faut voir, en tout leader, avant tout, les intérêts de celui-ci.
Sadou Diallo, de l’UFDG, enchaîne en exhortant Faya à recoller les morceaux avec la NGR, pour consolider l’opposition.
C’est Morlaye Sylla, une ancienne gloire du football guinéen, ex-capitaine du Syli National, qui est le dernier intervenant, et qui demande à Faya quelle politique sportive prône-t-il.
La réponse ne se fait pas attendre : « Le football est la deuxième religion en Guinée. Où est-ce que les enfants jouent à Conakry ? Dans les rues. C’est inacceptable. Il faut créer un espace pour les jeunes. On voit des terrains de jeu livrés à la spéculation immobilière. Il faut y mettre un terme. L’Etat ne consacre que 15% du budget national à l’Education. C’est insuffisant. Le sport et l’éducation doivent être des priorités absolues », conclut Faya.
Sur ce, la séance est levée.
C’est sûr, Faya a une étoile. Par son métissage culturel, il paraît avoir la même étoile et, peut-être, le même destin que Macky Sall, le nouveau Président sénégalais, un « Sénégalais de synthèse ». C’est également sûr que la Guinée ne se construira pas sans un dépassement de l’ethnocentrisme et de l’ethnostratégie, comme le dit Diabaté, à l’opposé de la haine anti-peule viscérale qui dévore Condé Alpha. C’est ensemble, que nous nous opposerons à l’instauration d’une nouvelle dictature personnelle et sanguinaire en Guinée. Des lueurs d’espoir naissent à l’horizon - un horizon bien sombre -, qui pourraient présager une aube naissante.
Alpha Sidoux Barry
Président de Conseil & Communication International (C&CI)
Président de Conseil & Communication International (C&CI)
Il est près de 16 heures lorsque Faya Millimouno fait son entrée dans la salle de conférences de la Maison des Associations du XVème Arrondissement de Paris, ce samedi 12 Mai 2012. A l’invitation du Club DLG-Demain la Guinée, pour rencontrer les Guinéens de France.
DLG a déjà reçu la presque totalité des leaders de la classe politique guinéenne depuis sa création, il y a plus de dix ans, en 2001. Présidée, à l’heure actuelle, par Malick Khadra Diaby, cette plateforme se veut un lieu de dialogue et d’échanges, un trait d’union entre Guinéens de l’Intérieur et Guinéens de l’Extérieur.
Aujourd’hui, c’est au tour de Faya Millimouno de présenter son analyse de la situation politique, économique et sociale de la Guinée, ainsi que sa vision de l’avenir du pays. Ancien vice-président de la NGR-Nouvelle Génération pour la République d’Abé Sylla, l’homme a le look rassurant du leader charismatique. Costume bleu noir rayé impeccable et cravate rouge, lunettes à fine monture, teint d’obsidienne, visage bonhomme qui suscite dès l’abord l’empathie, il en impose d’emblée par sa présence presque tutélaire.
Après quelques mots d’accueil du président de DLG, Malick Khadra Diaby, de Nabbie Soumah, premier président du Club et d’Aboubacar Fofana, président d’honneur, il revient à Mme Mamady Bangoura de décrire le « parcours impressionnant », selon les propres mots de celle-ci, de Faya Millimouno.
Âgé de 49 ans, Faya Millimouno, que les Guinéens appellent familièrement Faya, est né à Guéckédou, en pays kissi. Ses premiers pas dans la vie sont quelque peu tourmentés. Il n’a pas grandi dans sa propre famille. Il a d’abord été élevé dans une famille Bangoura dans sa ville natale, puis a continué ses études à Faranah chez un Condé, un fonctionnaire qui, affecté à Kankan, l’a confié à un Barry, de la famille de l’Almamy du Fouta Djallon. Ceci explique que certains ont cru que Faya était un Peulh. De plus, il a de petits neveux Kaba et Bangoura, explique-t-il.
C’est cette expérience riche, diversifiée, multiculturelle, qui lui a donné l’ouverture d’esprit qui le caractérise aujourd’hui et fait qu’il est accepté dans toute la Guinée, de sa Forêt natale à la Basse Guinée, en passant par le pays malinké et le pays peulh. Cet homme s’est affranchi de l’ethnocentrisme aliénateur. Il a acquis la carrure et la capacité de rassembler les Guinéens.
En cela, il ressemble beaucoup à Macky Sall, le nouveau Président sénégalais, qui apparaît comme un Sénégalais de synthèse – Peulh de souche, Sérère, Mandingue et Ouolof de culture.
Diplômé, à l’âge de 25 ans, de l’Ecole Normale Supérieure de Manéah (près de Kindia, en Basse Guinée) qui forme les enseignants de l’Education nationale, il est sélectionné parmi les meilleurs pour enseigner dans cette même institution, pendant dix ans, jusqu’en 1996, date à laquelle il obtient une bourse d’excellence de la Francophonie octroyée par le Gouvernement du Canada pour aller poursuivre ses études à l’Université de Montréal. Il y fait sa maîtrise et présente le Doctorat en Sciences de l’Education. Il s’ensuit un stage de perfectionnement.
En 2000, il est consultant en éducation à la Banque mondiale. L’année suivante, il entre à l’Université de Georgetown à Washington, la capitale des Etats-Unis.
Mais, Faya n’est pas qu’un simple universitaire. Très tôt, il est entré dans la vie associative, notamment au sein de l’Association des Guinéens de Montréal, puis dans la vie politique. Dès l’instauration du multipartisme en Guinée, en 1991, il s’engage dans le PGP, le parti du Doyen Alpha Abdoulaye Porthos Diallo, ancien ministre sous le régime de Sékou Touré. Avec comme leitmotiv, que « les Guinéens ne vivent plus jamais ce que j’ai [Porthos] vécu » (10 ans au Camp Boiro). Faya en est le Secrétaire à la Jeunesse.
Bien plus tard, il entre à la NGR d’Abé Sylla dont il devient le Vice-président. Durant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2010, il est désigné Porte-parole de l’Alliance des partis qui soutiennent Cellou Dalein Diallo, arrivé en tête (48% des voix), face à Condé Alpha (18%), qui finira par l’emporter par on ne sait quel sortilège. Plutôt, on le sait : la tricherie.
A la fin du mois d’Avril 2012, Faya claque brutalement la porte de la NGR et reprend sa liberté. Il s’en explique clairement au cours des débats qui suivront son intervention magistrale au cours de cette rencontre avec les Guinéens de France.
Les Guinéens avaient besoin d’entendre un autre son de cloche et non plus la sempiternelle rengaine de cette classe politique usée jusqu’à la corde qui maintient la Guinée dans le marasme et l’état stationnaire.
Orateur captivant, Faya a renouvelé le discours politique. Il s’exprime dans un langage simple, clair et sans fioritures ni circonvolutions. Il parle au peuple dans la langue que celui-ci parle.
On pensait que les Guinéens de France allaient accourir à cette rencontre avec Faya, ne serait-ce que par curiosité, pour découvrir un homme politique neuf. Mais il est difficile de mobiliser les Diaspos, éreintés par 50 ans de dictature (Sékou Touré, Lansana Conté, Daddis Camara). Cependant, la salle de conférences de la Maison des Associations du XVème Arrondissement de Paris était remplie.
La biographe de Faya, Mme Mamady Bangoura, ne terminera pas sa présentation de l’invité du Club DLG sans poser la question qui brûle toutes les lèvres : « Qu’est-ce qui a motivé votre départ de la NGR ? »
La question est embarrassante. Mais Faya ne l’esquive pas. Il y répondra plus tard, au milieu de son exposé, qui durera près d’une demi-heure, une durée que l’assistance n’a pas senti passer, tant elle était captivante.
« Il manque dans notre pays un espace de débat et d’échange », commence-t-il. « Nous sommes en train de perdre la Guinée que j’ai connue, la Guinée de la solidarité et du dialogue, celle ou il n’y avait pas de différence entre Kissi, Toma, Kpellè, Peulh, Malinké, Diakanké, Soussou, Baga, Landouma, Mikiforè, Coniagui ou Bassari », poursuit-il.
« Le pays est sur une pente très raide. Et la politique est en train de le diviser. Ce qui se passe aujourd’hui ne nous ressemble pas. On est en train de faire de la Guinée un enfer. » Faya exprime alors sa grande amertume après l’élection présidentielle de 2010 : « Tout le monde espérait une seule gagnante, la Guinée. On a fêté la victoire d’une ethnie. » C’est désastreux. « Je crois que le RPG, ce n’est pas le Rassemblement du peuple de Guinée, c’est plutôt la DPG, la Division du peuple de Guinée. »
Malgré tout, Le discours de Faya prend une tournure positive. La Guinée doit marcher, estime-t-il, sur ses quatre roues motrices : Mines, Agriculture, Tourisme et Energie.
« Je pense que la politique, dit-il, c’est la défense de la dignité humaine, la recherche du bien-être de l’homme. Il faut rechercher les qualités des personnes plutôt que leurs défauts, car ce sont celles-là qu’il faut monnayer pour faire avancer notre pays. L’élément fondamental, c’est la liberté. Quand je dénonce les violations des droits de l’homme par Condé Alpha, ce n’est pas à lui que je m’en prends. Je veux barrer la route non pas à Condé Alpha, mais à la division qu’il incarne. »
Et Faya de rappeler la situation dramatique du pays : « Je pensais que le problème de la Guinée était tout simplement économique. Le gâteau à partager est petit [sous-entendu, la richesse nationale créée tous les ans, c’est-à-dire le PIB, est faible]. Malheureusement, chacun pense qu’il faut le partager avec seulement son propre frère. » Alors, comment en sortir ? : « Rechercher ce qui nous unit plutôt que ce qui nous oppose, chercher en nous les qualités de chacun. »
Sans doute par déformation professionnelle, l’ancien enseignant reprend le dessus sur l’orateur. Et de citer un penseur américain : « Avec un dictateur, ne va surtout pas aux élections, car il va gagner. Ne négocie jamais les principes. »
S’appuyant sur cette recommandation, l’opposition guinéenne devrait refuser d’aller à des élections législatives truquées d’avance. Ce refus devrait persister tant que l’actuel président de la Céni, l’homme lige de Condé ne serait pas chassé et remplacé par un arbitre neutre. L’opposition l’a bien compris, pour avoir organisé la marche de protestation du 10 Mai 2012 qui, comme il fallait s’y attendre, a été réprimée dans le sang par ce pouvoir ethnocentriste et archaïque. Bilan : un manifestant entre la vie et la mort, plus de 50 blessés et des dizaines d’arrestations.
« Si l’opposition ne se bat pas pour obtenir des élections propres, Condé Alpha fera non seulement un deuxième mandat, mais un troisième, voire la présidence à vie », avertit, en marge de la rencontre, le Dr Bakary Diakité, qui a quitté l’UFD pour rejoindre le PDN de Lansana Kouyaté, « le seul parti non ethniciste, avec l’UFR de Sydia ».
« Nous ne sommes pas l’opposition que Condé Alpha a incarnée, cet homme qui n’a jamais apposé sa signature au bas d’un accord avec le Gouvernement… Des hommes ont perdu la vie pour l’obtention du droit de vote. Je ne négocierai pas avec Condé Alpha. Il a oublié que je marchais dans la neige à Washington pour le faire libérer lorsqu’il était en prison. »
Faya aborde ensuite une revendication majeure de la Diaspora guinéenne, à savoir la possibilité de voter aux prochaines élections législatives. Il rappelle l’article 63 du Code électoral qui stipule que les élections sont ouvertes aux Guinéens sur l’ensemble du territoire national, y compris les ambassades et les consulats. D’ailleurs, les Guinéens de l’Extérieur ont voté à l’élection présidentielle de 2010. Alors, pourquoi pas aux législatives ?
L’orateur poursuit son exposé par une profession de foi : « Je veux voir les Guinéens aller le soir au lit sans la peur au ventre pour leur appartenance ethnique ou politique. »
« Je tiens à ce qu’on se regarde dans les yeux, qu’on contemple ensemble ce beau pays comblé par la nature et qu’on appelle les étrangers à le contempler avec nous, cette beauté et cette valeur que nous sommes », proclame-t-il. Fort malheureusement, « les politiciens maintiennent les Guinéens dans la misère pour mieux les contrôler. Des cadavres de manifestants jonchent les rues pour avoir simplement participé à une marche. Des parents qui ont perdu leurs enfants sont éconduits devant les commissariats de police… Si Condé Alpha avait revêtu le manteau de Président, s’il avait parlé à tous les Guinéens, on aurait espéré. On en est loin. L’opposition n’a pas accès aux médias d’Etat. La RTG, c’est la radio Condé Alpha. »
Avant de conclure son intervention, Faya revient sur le fameux discours de Sékou Touré devant le Général de Gaulle, le 25 août 1958, pour souligner la contradiction entre les deux membres de cette épique proclamation : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage ». Sans compter que les auteurs de ce discours, dont l’inoubliable syndicaliste enseignant, poète, écrivain et journaliste Traoré Mamadou, plus connu sous son nom de guerre et de plume Ray Autra, a omis de citer le véritable auteur de cette phrase devenue culte, en l’occurrence l’Osagyefo Kwamé N’Krumah (j’indiquerai à qui le veut le document prouvant l’authenticité de cette affirmation).
C’est alors que la voix de l’orateur enfle, monte crescendo et termine dans une sorte d’apothéose finale de remerciements à l’accueil chaleureux de l’auditoire et notamment à Sanaba Camara Coné, l’une des figures de proue de la cause guinéenne en Europe, qui a facilité cette rencontre. Tonnerre d’applaudissements.
Il s’ensuit l’inévitable séquence de questions-réponses.
C’est l’auteur de ces lignes qui ouvre les débats. Il se réjouit de voir de jeunes leaders comme Faya, Mouctar, Soropogui et d’autres, émerger sur la scène politique guinéenne. Vont-ils se donner la main, créer une synergie des forces progressistes pour le vrai changement en Guinée ? Faut-il commencer le développement en Guinée par le secteur minier ? Faut-il se cramponner à une zone monétaire autonome moribonde ou bien faire machine arrière vers la zone franc (il est vrai que de chaque côté des deux branches de cette alternative, le mal est infini et le choix cornélien) ?
A cette avalanche de questions, Faya répond sereinement : « Nous pensons sérieusement à une action commune. La seule chose que je sais, c’est que je continuerai à me battre pour les valeurs. » Et d’ajouter, avec son exquise courtoisie : « Les jeunes essaient, à côté des anciens, de ceux qui les précèdent, tels Lansana Kouyaté, Sidya Touré, Cellou Dalein… de se battre pour sortir des cercles ethniques, barrer la route à l’idéologie de la division. »
Sur l’économie : « Aussi longtemps que l’espace de justice, de sécurité, ne sera pas assuré, nous ne pourrons pas faire face aux défis économiques. Nous devons avoir une politique minière, mais pas celle que nous avons connue jusque-là. Le Code minier qui a été adopté, l’opposition n’a nullement été consultée. »
« Il faut mettre l’accent sur la gouvernance économique et financière. C’est une dimension majeure. » Dans la foulée, il aborde la question de l’Armée qui, de prime abord, ne paraît pas liée à l’économie, mais qui, en réalité, a un fort impact économique : « Au moment où on est en train de tribaliser l’Armée, moi je rêve d’une Armée professionnelle ouest-africaine. »
« A première vue, je vois l’Europe avoir une monnaie commune. A propos de la monnaie guinéenne, il faut créer un espace de débat sur cette question. »
Fanta Bayo, fille du très regretté Bayo Kalifa, ancien président de l’AEGF-Association des étudiants guinéens en France, mort prématurément en 1986, demande à Faya : « Après avoir quitté la NGR, qu’allez-vous faire maintenant ? Allez-vous vous présenter aux prochaines élections ? »
Question pertinente à laquelle Faya répond par une amusante boutade : « J’aimerai bien que vous votiez pour moi si je me présente. » Plus sérieusement : « Après la NGR, je n’ai aucune idée. Mais je prendrai une bonne décision. »
Saliou Camara, de l’UFDG et animateur du site Internet Guinee58 : « Est-ce que vous envisagez de créer votre propre formation politique ? Est-ce que le pouvoir va l’autoriser ? »
« La NGR donne l’impression qu’elle est à la recherche de poste », répond Faya. « Elle a continué le virage qu’elle a pris. C’est la NGR qui m’a abandonné. Je ne peux pas signer un chèque en blanc au Président guinéen, alors qu’il ne m’a rien demandé. »
Créer un parti ? Adhérer à un autre parti déjà établi ? Faya a l’embarras du choix. Il reçoit des propositions et des avances de toutes parts. Il n’a pas encore pris de décision. Mais il ne fait pas de doute qu’il prendra ses responsabilités en temps utile. Il faut tirer le chapeau à un homme politique qui ose dire non. Non pas seulement pour se poser en s’opposant, mais pour défendre des valeurs. « Nous recherchons le dialogue, le consensus », affirme-t-il, haut et fort.
Mme Malignouma Kéïta rappelle que de l’argent est mis à la disposition de la Guinée, mais à condition que les élections législatives se tiennent. Mais une population affamée est-elle en mesure de choisir les bons candidats ?
« Nous, nous n’avons pas encore été capables d’atteindre le point de décision de l’initiative PPTE-des Pays pauvres très endettés », répond en substance Faya. « Quelle leçon allons-nous donner à nos enfants ? Cet argent que nous recevons, il y a quelqu’un qui a travaillé pour le produire. » C’est à voir, la politique qu’il faut mettre en place pour informer les populations en vue d’un bon choix, estime Faya.
Mme Malon Kouyaté abonde dans le même sens que Mme Kéïta : Est-ce que les Guinéens sont en mesure de choisir le bon candidat ? « C’est le problème de l’œuf et de la poule », répond Faya. « Si nous n’avons pas un bon candidat, nous aurons faim. Mais si nous avons faim, nous ne pourrons pas choisir le bon candidat. » C’est là que se pose le problème des valeurs. « C’est une insulte à la conscience des Kissis que de leur demander de me soutenir parce que je suis Kissi. Nous devons attacher notre ceinture et soutenir quelqu’un pour les valeurs qu’il porte, pour les convictions qu’il défend. »
Mamadi Diabaté, un ancien militant de choc du RPG de Condé, qui a contribué, pendant des années, à implanter le RPG dans toute la Guinée et même dans les casernes militaires, est revenu depuis de l’illusionnisme de Condé Alpha. « Ce sont des menteurs, des manipulateurs. Il a maintenu le système Lansana Conté », dit-il à voix haute, en faisant allusion à Condé Alpha et à ses partisans. Diabaté ne pose pas de question à proprement parler, mais fait une recommandation et donne un conseil à Faya. Il lui propose « une stratégie très pertinente », à savoir créer dans tous les quartiers des villes, des cellules d’explication dans les langues nationales, pour contrer la propagande du pouvoir.
Conseil immédiatement accepté par Faya.
Michel Bangoura, membre fondateur de la NGR, prend la parole : « La NGR est dans l’opposition. La preuve, elle a participé à la marche du 10 Mai 2012. Si tu es dans l’opposition, alors tu resteras aux côtés d’Abé Sylla », lance-t-il, comme un défi.
C’est l’occasion pour Faya de s’expliquer : « Lorsque nous avons commencé la NGR, il y avait quelque chose de fort », dit Faya. « Il y a eu beaucoup d’émotion lorsque j’ai remis ma démission à Abé Sylla. Il demeure un frère et un ami. Et il a promis de le rester. »
Vient ensuite Ousmane Baldet, de l’UFD qui, lui, s’interroge sur les perspectives et qui pense qu’il faut voir, en tout leader, avant tout, les intérêts de celui-ci.
Sadou Diallo, de l’UFDG, enchaîne en exhortant Faya à recoller les morceaux avec la NGR, pour consolider l’opposition.
C’est Morlaye Sylla, une ancienne gloire du football guinéen, ex-capitaine du Syli National, qui est le dernier intervenant, et qui demande à Faya quelle politique sportive prône-t-il.
La réponse ne se fait pas attendre : « Le football est la deuxième religion en Guinée. Où est-ce que les enfants jouent à Conakry ? Dans les rues. C’est inacceptable. Il faut créer un espace pour les jeunes. On voit des terrains de jeu livrés à la spéculation immobilière. Il faut y mettre un terme. L’Etat ne consacre que 15% du budget national à l’Education. C’est insuffisant. Le sport et l’éducation doivent être des priorités absolues », conclut Faya.
Sur ce, la séance est levée.
C’est sûr, Faya a une étoile. Par son métissage culturel, il paraît avoir la même étoile et, peut-être, le même destin que Macky Sall, le nouveau Président sénégalais, un « Sénégalais de synthèse ». C’est également sûr que la Guinée ne se construira pas sans un dépassement de l’ethnocentrisme et de l’ethnostratégie, comme le dit Diabaté, à l’opposé de la haine anti-peule viscérale qui dévore Condé Alpha. C’est ensemble, que nous nous opposerons à l’instauration d’une nouvelle dictature personnelle et sanguinaire en Guinée. Des lueurs d’espoir naissent à l’horizon - un horizon bien sombre -, qui pourraient présager une aube naissante.
Alpha Sidoux Barry
Président de Conseil & Communication International (C&CI)