Fin de mission pour Alassane Robert Diallo. L’âge inexorable a fait son effet et la législation du travail a ses exigences malheureusement. Elle fixe des limites d’âge pour l’exercice de tout travail, avec possibilité de prolongation au cas par cas, certes, mais la règle veut qu’à 55, 60 ou 65 ans selon les métiers, on fasse valoir ses droits à une pension de retraite. Dirigeant l’institution chargée justement de gérer les retraites des travailleurs du secteur privé dans notre pays, M. Alassane Robert Diallo pouvait difficilement violer la loi ! Il a donc pris administrativement sa retraite même si, dans l’attente de la désignation de son successeur, il continue de diriger l’IPRES (Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal) à la demande du Bureau du Conseil d’administration. La procédure visant à désigner un nouveau directeur général a été lancée avec la publication d’un « appel à candidatures » dans la presse. Au terme de cette procédure, le remplaçant de M. Alassane Robert Diallo sera connu. Pour autant, les administrateurs de l’IPRES ne sont pas rassurés et craignent beaucoup ce qui apparaît comme un saut dans l’inconnu. En effet, de l’avis de beaucoup d’entre eux, il sera particulièrement difficile, voire quasi impossible, de trouver un directeur général de sa trempe. En effet, l’IPRES étant une institution particulière, il ne sera pas donné à n’importe quel manager classique, quelle que soit par ailleurs son expertise, de la gérer si ce n’est pas d’abord un spécialiste de la sécurité sociale. Or, Alassane Robert Diallo en était un, et un excellent en plus, l’un des meilleurs en Afrique. Il a fait ses preuves à l’IPRES où il a notamment occupé les fonctions de directeur technique, un poste qui requiert une connaissance pointue de la sécurité sociale, et plus particulièrement des systèmes de retraite. Ensuite, et surtout, il a dirigé l’IPRES d’une manière qu’elle n’a jamais connue depuis qu’elle a été créée sur les cendres de l’IPRAO, son ancêtre. Plus exactement, il a été l’artisan du redressement de l’IPRES qu’il a modernisée et dont il a hissé les normes au niveau des meilleurs organismes sociaux à travers le monde. Alors qu’en 2006, lorsqu’il en prenait les commandes — par intérim, avant d’être confirmé un an plus tard —, la maison était gérée comme une grande boutique, avec un personnel souvent pléthorique dans certains postes et démotivé, un fonctionnement kafkaïen et un système d’information obsolète, aujourd’hui toutes les procédures de l’IPRES sont aptes à être certifiées pour leur efficacité, leur sûreté et leur transparence. Quant à l’outil informatique, il fait partie de ce qui se fait de mieux aujourd’hui à travers le monde, qu’il s’agisse des ordinateurs ou des logiciels d’application. Ne parlons pas de la réduction des délais de liquidation des droits, de la numérisation des archives, de la bimestrialisation des paiements, de l’augmentation des pensions, de la bancarisation etc. Sans compter les actions méritoires réalisées dans le domaine social, notamment la transformation du Centre médical de l’IPRES en un véritable hôpital équipé de matériel dernier cri et l’importante contribution financière à la mise en œuvre du Plan Sésame destiné à la prise en charge sanitaire des personnes du Troisième âge (voir encadré).
Si toutes ces innovations portent l’empreinte du Conseil d’administration, et particulièrement de son Bureau, il n’en demeure pas moins que c’est M. Alassane Robert Diallo qui les a mises en musique avec compétence et rigueur. Avec un rare bonheur également. Surtout, il part au moment où les caisses de la maison n’ont jamais été aussi pleines avec des réserves estimées à 140 milliards de nos francs. Des réserves qu’il faudra nécessairement auditer.
Autant de choses qui font qu’au moment où il s’apprête à passer la main, des administrateurs, et non des moindres, s’inquiètent. Le prochain directeur général sera-t-il à la hauteur de la mission qui l’attend quand bien même son prédécesseur lui aura grandement déblayé le terrain ? Sera-t-il suffisamment imprégné des problèmes de la sécurité sociale pour pouvoir diriger une institution aussi particulière que l’IPRES ? Aura-t-il la même vision que le Conseil d’Administration quant aux autres grands chantiers de l’institution ? En un mot, sera-t-il aussi compétent et travailleur que le directeur général sortant ? Des questions, parmi beaucoup d’autres, que se posent ces administrateurs. C’est pourquoi, d’ailleurs, ils insistent pour dire que dans les termes de référence devant guider le choix du directeur, il doit être souligné qu’il devra être un spécialiste de la sécurité sociale. Comme Alassane Robert Diallo. Et ce même si un tel profil ne court pas nos rues. D’où la conviction partagée par la plupart d’entre eux selon laquelle, il faudra trouver les moyens de continuer à s’attacher ses services afin de bénéficier de son immense expertise. La forme est étudiée actuellement même si cette collaboration pourrait prendre la forme d’une consultation ou toute autre formule qui permettrait à Alassane Robert Diallo d’encadrer ne serait-ce que pour quelques mois son successeur.
Mais le choix d’un nouveau DG n’est pas le seul nœud gordien auquel sont confrontés les administrateurs de l’IPRES dont, justement, les mandats ont expiré depuis longtemps. Le problème à ce niveau c’est que la clef de répartition retenue par le ministre de la Fonction publique, M. Mansour Sy, a le don de compliquer sérieusement les choses. En voulant satisfaire tout le monde, le Gouvernement risque finalement de créer beaucoup de mécontents en même temps que des situations ingérables. En effet, les cinq centrales syndicales arrivées en tête lors des élections de représentativité organisées en 2012 totalisent 85 % des voix. Par conséquent, elles auraient dû être les seules à représenter le monde du travail — les employés en tout cas — dans les divers conseils d’administration ou dans les institutions comme le Conseil Economique, Social et Environnemental. En voulant faire entrer tout le monde, on créée une sacré pagaille. Or, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour dire que l’Etat aurait justement dû fixer un seuil de représentativité comme au Bénin. Ce seuil aurait pu, par exemple, être fixé à 5 %, de manière à ce que les centrales qui ne l’atteindraient pas soient exclues. Or, en introduisant une notion de « plus fort reste » comme aux élections législatives, le Gouvernement a, encore une fois, créé un joyeux foutoir qui risque d’entraver le fonctionnement d’institutions comme l’IPRES et la Caisse de sécurité sociale. Et pas seulement elles, malheureusement !
Si toutes ces innovations portent l’empreinte du Conseil d’administration, et particulièrement de son Bureau, il n’en demeure pas moins que c’est M. Alassane Robert Diallo qui les a mises en musique avec compétence et rigueur. Avec un rare bonheur également. Surtout, il part au moment où les caisses de la maison n’ont jamais été aussi pleines avec des réserves estimées à 140 milliards de nos francs. Des réserves qu’il faudra nécessairement auditer.
Autant de choses qui font qu’au moment où il s’apprête à passer la main, des administrateurs, et non des moindres, s’inquiètent. Le prochain directeur général sera-t-il à la hauteur de la mission qui l’attend quand bien même son prédécesseur lui aura grandement déblayé le terrain ? Sera-t-il suffisamment imprégné des problèmes de la sécurité sociale pour pouvoir diriger une institution aussi particulière que l’IPRES ? Aura-t-il la même vision que le Conseil d’Administration quant aux autres grands chantiers de l’institution ? En un mot, sera-t-il aussi compétent et travailleur que le directeur général sortant ? Des questions, parmi beaucoup d’autres, que se posent ces administrateurs. C’est pourquoi, d’ailleurs, ils insistent pour dire que dans les termes de référence devant guider le choix du directeur, il doit être souligné qu’il devra être un spécialiste de la sécurité sociale. Comme Alassane Robert Diallo. Et ce même si un tel profil ne court pas nos rues. D’où la conviction partagée par la plupart d’entre eux selon laquelle, il faudra trouver les moyens de continuer à s’attacher ses services afin de bénéficier de son immense expertise. La forme est étudiée actuellement même si cette collaboration pourrait prendre la forme d’une consultation ou toute autre formule qui permettrait à Alassane Robert Diallo d’encadrer ne serait-ce que pour quelques mois son successeur.
Mais le choix d’un nouveau DG n’est pas le seul nœud gordien auquel sont confrontés les administrateurs de l’IPRES dont, justement, les mandats ont expiré depuis longtemps. Le problème à ce niveau c’est que la clef de répartition retenue par le ministre de la Fonction publique, M. Mansour Sy, a le don de compliquer sérieusement les choses. En voulant satisfaire tout le monde, le Gouvernement risque finalement de créer beaucoup de mécontents en même temps que des situations ingérables. En effet, les cinq centrales syndicales arrivées en tête lors des élections de représentativité organisées en 2012 totalisent 85 % des voix. Par conséquent, elles auraient dû être les seules à représenter le monde du travail — les employés en tout cas — dans les divers conseils d’administration ou dans les institutions comme le Conseil Economique, Social et Environnemental. En voulant faire entrer tout le monde, on créée une sacré pagaille. Or, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour dire que l’Etat aurait justement dû fixer un seuil de représentativité comme au Bénin. Ce seuil aurait pu, par exemple, être fixé à 5 %, de manière à ce que les centrales qui ne l’atteindraient pas soient exclues. Or, en introduisant une notion de « plus fort reste » comme aux élections législatives, le Gouvernement a, encore une fois, créé un joyeux foutoir qui risque d’entraver le fonctionnement d’institutions comme l’IPRES et la Caisse de sécurité sociale. Et pas seulement elles, malheureusement !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » N° 1125 –Hebdomadaire Sénégalais ( MAI 2013)
« Le Témoin » N° 1125 –Hebdomadaire Sénégalais ( MAI 2013)