L’Afrique a marqué aujourd’hui l’histoire en adoptant un nouveau cadre législatif unique et sans précédent. La Convention de Kampala est le premier instrument régional au monde qui impose aux gouvernements de protéger et d’assister les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.
Un événement historique
Près de 40 % des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays à travers le monde, que ce soit du fait de conflits ou de violence, vivent en Afrique. Le continent africain abrite 9,8 millions de personnes déplacées interne en raison de conflits, soit quatre fois le nombre de réfugiés dans la région. Ce chiffre est encore plus élevé si l’on prend en considération les personnes déplacées pour d’autres raisons telles que les catastrophes naturelles.
La Convention de Kampala constitue un cadre novateur visant à répondre de manière exhaustive aux besoins des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et à les aider à retrouver une vie normale ainsi qu’à satisfaire les besoins des communautés d’accueil.
Une convention exhaustive
Kim Mancini, formatrice et directrice juridique à l’Observatoire des Situations de Déplacement Interne (IDMC), a déclaré : « Aujourd’hui, de nombreuses personnes sont contraintes de fuir leurs foyers pour toute une série de raisons, notamment les sécheresses et les inondations, les expulsions dues à des projets de développement comme la construction de barrages ou dues à des projets d’exploitation forestière, ainsi que les conflits et la violence. La Convention de Kampala est exhaustive en ce sens qu’elle prend en compte ces différentes causes de déplacements; elle constitue donc une étape capitale en vue d’apporter une réponse à la situation désespérée de millions d’Africains déracinés de leurs foyers. »
« Il s’agit d’un commencement et non d’une fin ! »
Sebastían Albuja, responsable du département Afrique à l’Observatoire des Situations de Déplacement Interne (IDMC), a, pour sa part, indiqué : « La Convention met clairement les États face à leurs responsabilités et offre aux personnes déplacées interne un instrument pour se prévaloir de leurs droits et constitue, de ce fait, une réalisation exceptionnelle dont nous espérons qu’elle saura inspirer les autres responsables dans le monde. Cependant elle ne permettra pas, en elle-même, de créer des changements significatifs pour les personnes déplacées interne avant que des mesures de transposition dans leur législation nationale soient adoptées par les 15 pays qu’elle engage juridiquement à ce jour en vue d’en faire une réalité juridique locale. »
Bien que 15 pays soient aujourd’hui juridiquement contraints par la Convention, 37 des 53 pays membres de l’UA l’ont signée sans l’avoir adoptée, ce qui traduit de leur part un engagement vis-à-vis de son contenu ne s’accompagnant toutefois pas d’une contrainte juridique. Monsieur Albuja a ajouté : « Les pays qui n’ont pas encore adopté la Convention se doivent de le faire ; elle représente en effet un cadre juridique constituant la base même qui permettra de garantir les droits et le bien-être des personnes contraintes de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays. »