Tout commence dans les environs de 12 heures lorsqu´elle se présente à l´entrée principale de la gendarmerie nationale. Les procédures d´usage parmi lesquelles, son identification et le but de sa visite qui indique qu´elle va à la rencontre de Michel Thierry Atangana sont déclinés. Détentrice d´un badge, un élément de la gendarmerie en civil l´accompagne vers l´espace (une sorte de véranda) aménagé et servant de lieu où Michel Thierry Atangana (en détention depuis bientôt treize ans) reçoit ses visiteurs et un bain de soleil. Pendant les soixante minutes qui suivent, les échanges sont cordiaux et sans heurts avec le détenu.
« Nous avons discuté de tout et de rien, il m´a fait part de ses conditions de détention, de ses difficultés à accéder à un traitement décent malgré toutes les doléances qu´il a formulées par écrit et envoyées à qui de droit (les personnes qui se sont succédées au poste de SED et celles envoyées au procureur de la République. Nous avons également échangé sur les avancées de la procédure judiciaire, mais davantage sur cette autre audience (une nouvelle affaire qu´on lui colle sur la peau) prévue mercredi prochain et qui risque conduire vers une autre condamnation », explique Nadège Christelle Bowa. Elle affirme par déformation professionnelle, avoir sorti son calepin pour mentionner quelques notes. C´est lorsqu´elle prend congé de celui-ci, en franchissant l´entrée qui mène chez Michel Thierry Atangana, qu´elle fait face à ses premières difficultés.
Il est 13 heures lorsque le gendarme qui assurait la garde, cède son poste de service à son collègue. « Attendez qu´il revienne », lance ce dernier en direction de la journaliste. De retour après être allé s´enquérir du traitement qu´il fallait réserver à « l´impertinente »journaliste, le gendarme ouvre les hostilités d´un interrogatoire doublé de menaces qui vont durer un peu plus de deux heures d´horloge. Nadège Christelle est interrogée sur ses attaches avec le détenu, depuis quand ils se connaissent, ce qu´elle est venue faire, qui l´a envoyée, pourquoi n´a-t-elle pas dit qu´elle était journaliste, ne sait-elle pas qu´il est interdit de communiquer avec un prisonnier sans disposer d´un permis de communiquer, que va-t-elle faire avec le fruit de sa collecte, etc. ? Devant le mutisme de Nadège Christelle Bowa, les gendarmes passent à la méthode forte. Sous l´instigation de l´Adjudant Mvogo Damien, le sac à main de la journaliste est fouillé jusqu´au plus petit colifichet. Les cartes de visite sont explorées une par une, son appareil d´enregistrement est passé à l´écoute pour savoir ce qu´il en est du contenu ; les derniers appels de son téléphone portable sont passés au crible. Le calepin lui servant de bloc-notes est confisqué et lui sera remis plus tard, dépouillé de toutes les feuilles contenant sa collecte. Après avoir passé au peigne fin le contenu de son sac, les gendarmes procèdent à la rétention de tous les documents concernant de près ou de loin Michel Thierry Atangana.
« Il faut bien noter le calendrier des prises de garde, la prochaine fois que tu vas t´amuser à venir ici lorsque c´est mon équipe qui est de garde, je prendrais mes responsabilité